☆ Chapitre - 07 ☆


Zoé

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Zaïna est enfin partie.

Je vais pouvoir prendre place sur mon rebord de fenêtre, bien calée contre les coussins et rêver. La chaleur de mon bol de chocolat me réchauffe les mains, et me console, car Zackary n'est plus là, il est parti avec Zaïna.

En bon gentleman qu'il est, il a proposé à ma sœur de la conduire en voiture au lycée, pour lui éviter d'être en retard. Je crois qu'elle aurait tout accepté, plutôt que de rester une seconde de plus, dans cet appartement. C'est tout juste, si elle est arrivée à cacher sa panique, quand Héra est venue se frotter, contre les jambes de Zackary.

Le coup d'œil qu'elle m'a lancé était aussi tranchant qu'un poignard affûté. Le danger que j'avais ressenti m'en avait glacé le sang sur place, me statufiant, et m'empêchant de faire ce pas qui m'aurait permis de sortir de mon anonymat.

Au lieu de ça, j'ai regardé ma chatte se faire caresser, avec un plaisir non dissimulé, par Zackary. Je n'ai pu que subir la réaction de Zaïna, face à cet élan de tendresse et de communion, entre eux. La rage pouvait se lire sur ses traits, quand elle a engueulé Héra. Colère, que Zackary n'a pas comprise, et qu'il n'a pas laissée passer.

— Tu n'as pas honte de la traiter ainsi ? l'accuse-t-il

Tenant Héra dans ses bras, afin que Zaïna ne lui fasse plus de mal.

Ma chatte était restée blottie, contre son torse en n'ayant pas espéré, autant de ce moment. De son regard intrigué, elle ne l'avait pas lâché, jusqu'au moment où ma sœur l'avait accusé en braillant :

— C'est une squatteuse et une profiteuse. Alors non, je n'ai pas honte, elle n'a que ce qu'elle mérite.

Le regard de Zackary, sur elle, avait changé en une fraction de seconde. Zaïna ne s'en était même pas rendu compte, tant sa colère était en train de la dominer. Elle venait de se tirer une balle dans le pied, sans en évaluer les conséquences, sur leur nouvelle relation.

Zaïna la charmeuse avait fait place à Zaïna la venimeuse.

Le masque était tombé. Il était en train de révéler le vrai visage de Zaïna, celui que peut de personne connaissait. À en juger par la réaction de Zackary, il n'avait pas apprécié cette nouvelle facette d'elle.

J'étais sûre, que quand Zaïna allait se rendre compte de sa bévue, elle allait forcément chercher un fautif à ce fiasco, et de ce fait me rejeter la faute sur le dos. Parce qu'elle, elle n'était jamais responsable de rien. Il lui fallait un coupable tout désigné, c'est-à-dire : moi.

Elle n'allait jamais me croire, quand j'allais devoir lui expliquer, que c'était elle, qui avait fait une erreur. Que dans la précipitation, elle avait mal fermé la porte ; et qu'il avait suffi à Héra, un coup de patte pour l'ouvrir, pour ensuite se faufiler, afin d'atteindre le salon de sa démarche féline.

Zaïna ne me croira jamais.

Je l'entends déjà me traiter de menteuse, d'affabulatrice. Me dire que je cherche à présenter les faits comme ça m'arrange. Que je n'ai fait cela, que dans le but de lui nuire, afin de la mettre dans l'embarras face à Zackary. Que je me suis servie de Héra pour la faire disjoncter...

D'ailleurs, où est-elle ?

Avec toute cette agitation, je n'ai pas fait attention où Héra était partie se planquer. Un tour dans ma chambre, rien. Dans la cuisine, non plus. Elle ne peut pas être dans la chambre de Zaïna, vu qu'elle la ferme à clés en son absence, de peur que j'aille fouiller ou emprunter ses fringues.

Héra n'est dans aucune de ses cachettes habituelles. Je me décide à l'appeler et dois m'y reprendre à deux fois pour que ma voix soit autre chose qu'un murmure :

— Héra !

Aucun mouvement dans l'appartement ou bruit, ne m'indique sa présence. Je tente à nouveau, tout en fouillant chaque recoin :

— Allez, viens ma belle, le dragon est parti...

Quand ma sœur s'emporte après elle, Héra est capable de très bien se planquer, mais là, elle est introuvable. La panique commence à me gagner.

Et si elle était sortie en même temps qu'eux ?

Je file vite à la fenêtre pour voir si je la repère.

— Non ! lâché-je tétanisée par la peur.

Héra est bien là dans la rue, elle a failli se faire écraser pas une voiture, alors qu'elle était en train de la traverser. J'ouvre la fenêtre en espérant que ce mouvement sera suffisant pour attirer son attention. C'est le cas, elle me regarde, mais ne bouge pas.

Mais à quoi joue-t-elle ?

Elle reste assise sur le trottoir d'en face, les fesses dans la neige. Les signes désespérés, que je fais envers elle, ne servent à rien, Héra n'a aucune réaction.

Je l'appelle, mais ma voix n'a plus l'habitude de crier, j'ai perdu cette force le soir de mes onze ans sur ce parking. À croire, que j'y ai laissé mes cordes vocales, en même temps que mon innocence, ainsi que ma foi en l'espèce humaine, en la vie et en l'amour.

Depuis, je n'ai plus la voix nécessaire. Le filet qui sort de ma bouche n'est pas suffisant, pour qu'elle m'entende. Le froid est saisissant, alors que je suis à la fenêtre à me demander comment la faire revenir. Les bourrasques de neige portées par le vent fait frissonner mon corps tout entier.

Est-ce de froid ou bien de peur ?

La peur me tenaille, et me fait prendre conscience, de ce que je vais devoir faire si elle ne se décide pas, à rentrer d'elle-même. J'attrape son jouet dans son panier et le secoue, mais je n'ai pas plus de succès. 

Sa boîte de croquette...

Mais oui ! La voilà la solution, Héra ne pourra pas résister à l'appel de son repas. Je file à la cuisine la récupérer, quand je m'aperçois que dans sa colère Zaïna a oublié de prendre la liste des courses aimantée sur le frigo. Il ne reste qu'une poignée de croquettes, et si les courses ne sont pas faites d'ici ce soir, la pauvre n'aura plus rien à manger.

« Bon, chaque chose en son temps », me fais-je la réflexion, afin de me raisonner pour de ne pas perdre de vue l'urgence de la situation.

En premier, il faut que j'arrive à la faire rentrer, ensuite pour sa bouffe, j'aviserai au moment. La boîte presque vide à la main, je me dirige vers la fenêtre restée ouverte. Je secoue frénétiquement les quelques croquettes qu'il lui reste. Cette chipie regarde dans ma direction cette fois-ci, et je sais qu'elle ne résistera pas longtemps.

« C'est gagné », m'écrié-je mentalement, mais au moment où elle entame la traversée de la rue, une question s'impose à moi, en même temps qu'elle me tord le ventre.

Comment va-t-elle rentrer dans l'immeuble ?

Dois-je attendre l'arrivée d'un voisin ?

Aura-t-elle assez de temps pour se faufiler à l'intérieur sans se faire remarquer, sans être refoulée ?

Les animaux sont interdits dans l'immeuble. C'est aussi à cause de ça, qu'elle ne doit pas être vue. Nous sommes vouées à être les plus discrètes et transparentes possibles, afin de ne pas attirer l'attention. Si ça venait à se savoir, Zaïna n'hésiterait pas une seule seconde à se débarrasser de Héra, et à s'en prendre à moi par la suite.

Un regard à la pendule de l'entrée m'indique, qu'il n'est que huit heures quarante-neuf. Je fais rapidement un récapitulatif dans ma tête des emplois du temps de chacun :

« Le voisin du rez-de-chaussée ne revient du travail qu'à midi ».

« La dame du deuxième ne rentre pas de la journée, ses voisins de palier non plus ».

« Quant à notre voisine, elle est partie faire ses courses et elle en a encore pour au moins une heure ».

C'est sans doute à cause d'elle, que Héra a dû pouvoir s'enfuir. Le temps qu'elle passe son chariot à provisions en travers du seuil, elle laisse toujours le vantail grand ouvert, pour plus de facilité. Largement assez pour que Héra se faufile à l'extérieur, et s'échappe dans la rue.

Héra ne va jamais dehors, elle passe tout son temps avec moi d'habitude. Pourtant, quand je l'ai découverte dans le grenier, elle devait forcément sortir pour chasser, afin de se nourrir, mais depuis plus de trois mois, elle n'était pas sortie, et encore moins dans la rue. Alors dans la neige... 

Mais, qu'est-ce qui lui a pris, de s'enfuir ?

Ce n'est pas la première fois qu'elle subit le courroux de ma sœur. Alors pourquoi prendre de tels risques ? A-t-elle voulu suivre Zackary sans penser au danger que représentait la rue ?

J'ai beau tourner la situation dans tous les sens, je ne sais pas comment faire. Je lui jette un regard et la suis en espérant qu'elle arrive entière devant la porte, en espérant qu'aucune voiture ne la heurte. Je ne supporterais pas de la voir se faire renverser sous mes yeux.

Elle est tout pour moi.

Allez courage Héra, tu vas y arriver.

Plus qu'un mètre et tu seras sur le trottoir.

Du courage, voilà ce qu'il me faudrait !

Du courage, pour ouvrir la porte de l'appartement.

Du courage, pour descendre les escaliers.

Du courage, pour ouvrir la lourde porte d'entrée.

Du courage, pour affronter...

Pour affronter son regard qui me dévisage.

Pour baisser au plus vite le mien tant l'intensité du sien est forte.

Pour savoir quoi faire face à un Zackary complètement paumé.

Pour cacher derrière mes cheveux cette particularité qui pourrait me trahir.

Il tient Héra dans ses bras et j'en sourirai presque, face à cette habitude qu'il a de tout le temps la porter, si la situation n'était pas aussi dramatique.

Mon Dieu, il me regarde et me dévisage, il est si beau. Ses yeux essayent de comprendre et d'analyser, ce qu'il voit dans les miens. Il va vite s'apercevoir que je ne suis pas Zaïna.

Elle va me détester si elle apprend, que j'ai enfreint toutes les règles, pour sauver Héra. Je suis foutue. Je ne sais pas ce qu'elle serait capable de me faire. De m'enfermer pendant des jours ? De me renvoyer chez mon père ?

Non, non, je refuse de même y penser une seconde. Je ne dois pas paniquer ni laisser l'angoisse se propager dans mon corps. Je commence à trembler, alors que le flot d'hypothèse ne se tarît pas, et qu'il traverse ma tête sans que je le contrôle.

J'étais tellement aveuglée par ma peur pour Héra, que je suis descendue, sans prendre le temps de réfléchir, à ce que ce geste pouvait avoir comme conséquence. Dans ma réflexion et analyse de la situation, je ne devais rencontrer personne, et normalement, c'est ce qui aurait dû se produire.

Mais je n'avais pas pris en compte l'inconnue de cette équation, qui est : Zackary.

Je ne l'ai pas vu revenir du lycée, il a dû le faire pendant que j'étais à la salle de bains. Heureusement, que je ne suis pas descendu en pyjama.

Mais dans la précipitation de mon geste, je n'ai même pas réfléchi, à passer un pull. Je suis juste en jeans et tee-shirt à manches courtes.

Et... En chaussons ?

Oh non, la honte, je suis en chaussons.

Ceux avec les oreilles de lapins en plus. Il va me prendre pour une folle avec ma crinière de cheveux détachée et indomptée.

Ce n'est pas comme ça, que j'avais rêvé de faire sa connaissance. Héra a perçu ma détresse et ma peur, elle me connaît par cœur. Je la vois gigoter dans les bras de Zackary pour qu'il la lâche. Elle sait, qu'elle doit venir me réconforter, avant que mon angoisse ne monte en flèche. Je ne veux surtout pas, que ça arrive devant Zackary. Il ne me lâche pas du regard. Il doit se demander ce qui doit bien pouvoir m'arriver.

Mais Héra bouge assez pour attirer son attention. Alors Zackary la laisse descendre en la dirigeant vers l'entrée, mais c'est dans mes bras qu'elle atterrit, et son ronronnement est comme magique. Il lui suffit de ça pour m'apaiser. L'avoir dans mes bras, la serrer fort, pour me rassurer tout en me laissant guider, par la douce mélodie qu'elle émet. Je me sens à nouveau protéger, elle a chassé mes mauvaises pensées, et quand je lève mon regard, je tombe sur un Zackary totalement médusé.

Trop d'informations viennent le parasiter, mes yeux vairons, ma présence dans cette entrée, Héra dans mes bras qui ronronne, et que je cajole. Mon silence, ma peur, ma tenue, ainsi que ma timidité, doivent tellement le dérouter, qu'il tente une question :

— Zaïna, mais qu'est-ce qu'il t'arrive ?


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🌸 Kty.Auteure 🌸

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