☆ Chapitre - 06 ☆
ZACKARY
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Pour éviter à Zaïna d'être en retard au lycée, j'ai emprunté la voiture de ma mère, pour l'y conduire rapidement. Elle est arrivée juste à l'heure, et est sortie en trombe de la voiture, sans même me remercier. Concluant ainsi, le silence qu'elle m'a imposé, depuis que nous sommes sortis de chez elle. Zaïna n'ayant pas apprécié, mes remarques sur le traitement, qu'elle a fait subir au chat.
Je ne supporte pas, que l'on agresse gratuitement, les gens ou les animaux. De plus, Héra n'avait rien fait de mal. Au contraire, elle avait réclamé des caresses tout en ronronnant. Cela faisait longtemps, que je n'avais pas été aussi proche d'un animal, depuis mon chat... Je ne sais pas trop pourquoi, mais quelque chose dans son attitude et dans sa façon de miauler, m'a fait cogiter. On aurait dit qu'elle parlait... Comme si elle voulait me faire passer un message.
De retour chez moi, je gare la voiture dans l'allée et rentre déposer la clé.
— Ah te voilà, ronchonne ma mère depuis la cuisine, alors que je viens à peine de passer le seuil de la porte.
Je m'y dirige, pour lui glisser les clés sur la table, avant de retourner dans ma chambre. Je n'ai pas envie de parler ni de me prendre la tête avec elle, surtout pour si peu. Je ne lui ai emprunté sa putain de bagnole, que quinze minutes. Ça va ! Ce n'est pas un drame. Mais pour ma mère en ce moment, apparemment si.
Elle est sur les nerfs...
Je ne sais pas si c'est l'emménagement, son nouveau poste ou ses rapports difficiles avec mon père, mais elle est chiante, et fait constamment la gueule. Je sais, que j'ai ma part de responsabilité, mais de la voir ainsi, ça me gonfle.
J'attaque la montée des premières marches, quand elle m'appelle en me demandant de la rejoindre à la cuisine.
Qu'est-ce que je disais !
Elle ne va pas me faire chier pour un truc aussi insignifiant tout de même ?
J'entre dans la pièce en râlant et déclare :
— C'est bon, je te l'ai emprunté qu'un quart d'heure. Ok, j'aurais dû te le demander, mais je ne pouvais pas savoir, que tu en avais besoin de si bon matin.
— Là n'est pas la question, me répond-elle sèchement avant de me demander de m'asseoir face à elle.
Grand-mère est aux fourneaux, et nous tourne le dos. Je la trouve bien silencieuse, et sa réaction m'interpelle, alors, je m'approche d'elle avant de lui embrasser la tempe.
— Ça va grandma ?
— Oui gamin, ne t'inquiète pas pour moi. Va parler avec ta mère et ne sois pas désobligeant, me confie-t-elle.
C'est quoi encore ce bordel.
Qu'est-ce qu'elle a encore ?
Je me retourne vers ma mère et la trouve bien blanche. Elle triture un mouchoir entre ses mains, alors que sa tristesse me touche malgré tout. Je m'assois face à elle, comme elle me l'a demandé en attendant, qu'elle se décide à parler. J'allonge mes jambes de tout leur long sous la table, avant de croiser mes bras sur mon torse.
Je la sens mal cette discussion.
Ça ne peut pas être le lycée, me fais-je la réflexion, le directeur a plutôt été cool avec moi hier. Il y a bien ma discussion houleuse avec l'autre con. Mais le copain de Zaïna n'aurait pas fait des vagues pour si peu tout de même ? Ensuite, j'ai passé le reste du temps dans ma chambre pour la ranger, démonter et remplacer mon lit. Mater la voisine. Accrocher mon sac de frappe. Mater la voisine derrière sa fenêtre. Jouer de la guitare en la regardant...
J'étais parti dans mon monde, quand ma mère se rappelle à moi.
Triste retour à la réalité.
— Zack, tu m'écoutes ?
— Heu, pas vraiment. Tu disais ?
Je la sens se tendre et plisser les yeux avant de me répéter :
— Ton père est parti tôt ce matin, il ne veut plus de nous.
Elle me balance l'info le plus rapidement possible, comme si les mots lui brûlaient la langue au passage.
— Tu m'as entendu ?
— Oui.
— Et c'est tout ce que ça te fait ? s'étonne-t-elle.
— Tu veux que je fasse semblant d'être triste pour te faire plaisir ?
Je la vois gigoter sur sa chaise, tellement elle est mal à l'aise face à cette situation, et à ma réaction, ou plutôt à mon manque de réaction.
— Gamin, écoute ce qu'elle a, à te dire, c'est bien assez dur comme ça pour ta mère. Et je peux te dire, que si j'avais vu mon fils ce matin, je n'aurais pas manqué de lui dire le fond de ma pensée.
Grandma pose sa main sur l'épaule de ma mère pour lui apporter son soutien, avant d'aller s'asseoir dans son fauteuil, face à la fenêtre. Sa tête se tourne légèrement vers la gauche pour regarder un point précis en hauteur. Est-ce qu'elle aussi cherche à voir la mystérieuse voisine ? Elle se recule dans son fauteuil, puis reprend son tricot.
Ma mère, entre-temps, s'est servie une tasse de café en attendant, que je sois à nouveau attentif.
— Ok, je t'écoute. Qu'est-ce qu'il a encore fait ?
— Il refuse de rester vivre ici avec nous.
— Fallait sans douter ! lancé-je avec indifférence.
Le regard interrogateur que pose ma mère sur moi me peine. Je comprends alors, qu'elle vient de découvrir la vérité sur la situation. Mais je vais y aller doucement, ne sachant pas précisément, ce qu'elle sait où ce qu'il a bien voulu lui dire.
— Comment ça ?
— Ben à cause de son boulot, non ?
Elle souffle et se passe les mains sur le visage, avant de me répondre :
— Oui à cause de son boulot, tu as raison. En fait, j'ai découvert qu'il n'avait jamais fait sa demande de mutation.
Elle fait une pause, boit une gorgée de son café fumant, et reprend.
— Il m'a fait croire que sa mutation prendrait du temps. Qu'en attendant, il allait rester vivre dans notre maison, et qu'il serait venu nous voir ici, de temps en temps.
— Tu ne m'apprends rien, dis-je en haussant les épaules.
Avant de me mettre mentalement une gifle en voyant les larmes couler sur ses joues.
— Je suis désolé, Mam.
— Tu savais ?
— Je m'en doutais. Souviens-toi, je t'en avais même parlé.
— C'est vrai, tu avais raison. Il n'avait aucune intention de venir vivre ici, avec nous et sa mère.
— Il n'allait pas venir s'enterrer vivant dans cette petite ville...
Je m'arrête de parler, quand je vois la stupéfaction sur le visage de ma mère. Merde, j'en ai trop dit.
— En fait tu es au courant de tout ! C'est ça ? sanglote-t-elle.
Je me lève et vais m'accroupir devant sa chaise. Je lui prends les mains et l'oblige à me faire face.
— J'ai surpris une conversation, lui avoué-je, entre une femme et lui.
Elle s'écroule dans mes bras avec autant de désespoir que s'écroule son monde.
J'essaye de la réconforter du mieux que je peux en attendant qu'elle se reprenne. Mais je suis mal à l'aise, ce n'est pas souvent que cela nous arrive, et j'ai peur d'être encore plus maladroit, avec mes gestes, qu'avec mes mots.
— Mam, arrête de pleurer pour cette ordure. Il ne le mérite pas.
— En effet, il ne le mérite pas, renifle-t-elle. Ce salopard m'a menti ! Elle marque un temps d'arrêt puis reprend. Il m'a trompé... Mais je suppose que tu le sais ?
Je hoche la tête pour le lui confirmer.
— Tu sais maintenant, pourquoi on s'engueulait la dernière fois.
— Je suis désolée Zack...
J'embrasse ses mains, je ne veux pas qu'elle soit malheureuse à cause de lui. Il n'en a rien à foutre de nous, et il était temps qu'elle le sache. Mon frère est parti à cause de lui, et maintenant c'est notre tour.
— Il a tant insisté pour qu'on vienne ici !
— Comment ça ? s'étonne grandma.
— Oui, il m'a convaincue que c'était mieux pour nous tous.
— Ouais, sauf pour lui, grogné-je.
Tu m'étonnes que ce soit mieux pour lui, il s'est débarrassé de tous ses problèmes en une fois. Il laisse ma mère s'occuper de la maladie de grandma, il me dégage de sa vie ,et en fait de même avec ma mère. Faisant place nette de son ancienne vie, afin d'être libre de la refaire avec sa nouvelle pouffe.
— Tu vas faire quoi Nicole ? Je ne veux pas que tu te sentes obligée de rester ici pour moi, la rassure grandma.
Ma mère pose ses coudes sur la table, et prend sa tête entre ses mains pour réfléchir. Ah non, elle ne va pas retourner avec lui ? Avec tout ce qu'elle vient d'apprendre sur lui, elle se pose encore la question ?
Après tout, elle fait ce qu'elle veut, mais moi il n'est pas question que je parte.
— Mam, ne me dis pas que tu vas partir ? Que tu vas le rejoindre ?
— Je n'en sais rien Zack, pleure-t-elle, je suis perdue...
— Nicole, prend le temps des fêtes pour y réfléchir. Quelques jours de séparation te permettront d'y voir plus clair.
— Je te préviens Mam, je reste ici. Je ne vais pas changer d'avis ! l'informé-je.
Ma mère me regarde dans les yeux, pour essayer d'y voir sans doute des réponses. Je ne pense pas en avoir, je ne suis pas à sa place. Par contre, elle pourra y lire ma détermination.
— Tu ne peux pas m'abandonner toi aussi, sanglote-t-elle. D'abord ton frère, maintenant ton père... Je ne veux pas te perdre toi aussi.
— Alors tu as ta réponse, car je ne veux plus vivre avec cet homme.
— Mais c'est ton père, et je ne peux pas te priver...
— Tu ne me prives de rien, Mam. Putain, mais il s'en fout royalement de moi.
Je sais que mes mots vont lui faire mal, mais il est temps qu'elle comprenne que notre famille n'existe plus, et ça depuis longtemps.
— Écoute-moi, on va être bien ici. Sans le savoir, il te fait un cadeau, il t'offre un nouveau départ Mam. Alors saisit cette chance. Tu as le droit d'être heureuse !
Ma mère m'écoute et reste bouche bée, face à ma fermeté. Mais elle sait que j'ai raison, elle l'a toujours su, mais ne voulait pas l'admettre, et maintenant je sais pourquoi.
— Tu es restée avec lui pour moi ? la questionné-je avec stupeur.
— Je ne voulais pas que tu vives sans lui. Tu avais besoin d'une figure paternelle, dans ta situation...
— Mais tu n'as rien compris, Mam ! m'emporté-je.
— Gamin, vas-y doucement, ta mère a déjà beaucoup encaissé, tu ne crois pas ?
Grandma a sans doute raison, mais il est temps qu'elle entende ce que je ressens, depuis des années. J'essaye tout de même de me calmer, parce que je ne veux pas aggraver les choses, et lui dis d'une voix plus posée :
— Il s'en tape royalement de moi ou de ce qui peut bien m'arriver.
— Tu ne peux pas dire ça Zack, s'insurge-t-elle.
— Tu rigoles ? Tu es tellement aveuglée par ton schéma de famille parfaite, que tu n'as jamais rien vu ! Pas étonnant qu'il soit allé...
Ma grand-mère se lève et me foudroie du regard.
— Arrête Zackary ! m'intime-t-elle. Tu vas regretter tes mots, tu parles sous le coup de la colère, et ce n'est jamais bon, crois-moi.
— Ta grand-mère a raison, monte dans ta chambre, cela vaut mieux. Je dois discuter avec Rosa de toute façon.
— Je n'ai pas fini de...
— Je pense au contraire que tu en as assez dit ! me tacle-t-elle.
Je balance mon pied dans la chaise qui me barre le chemin, et me casse, avant d'exploser pour de bon. Une fois dehors, mes poumons crépitent face à ce vent froid, mais je m'en fous. Ils vont devoir s'y habituer, car ma mère fera ce qu'elle veut de son côté, ma décision est prise.
Je vais rester vivre ici.
Mon regard se pose sur la porte d'entrée d'en face, en apercevant qu'elle est entrouverte.
Mais que fait Héra dehors ?
Je traverse la rue pour la récupérer, quand mes yeux rencontrent ce regard.
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😍 Bonne lecture à tous, rendez-vous sur wattpad pour échanger 😍
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🌸 Kty.Auteure 🌸
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