Tout-à-l'heure tu m'as regardée. On était en plein cours d'histoire. Puis moi, je fixais les lignes de mon cahier ; je voyais flou. Ma tête tournait, comme si je n'avais pas mangé depuis des jours. Alors je regardai mon ventre : il était plus plat qu'à son habitude. 

J'ai souris, puis j'ai senti une goutte chaude ruisseler sur ma joue. 

J'avais faim, très faim. Faim de ton amour, faim de ton attention. 

Mais j'avais également très faim. 

Parce que l'autre jour tu m'as dit que tu aimais les personnes minces. Les personnes qui était si fines que la peau leur léchait les os. Et tu sais quoi ? Je suis prête à tout pour que tu me voies. 

Et puis quand le professeur s'est tourné vers moi en rajustant ses binocles, j'ai regardé le tableau : le tableau de ma vie, tout plein de craie blanche. 

Je me suis évanouie. 

Mais hier Maman m'a dit que je ne devais pas gaspiller ces choses précieuses pour toi. Parce que tu ne les mérites apparemment pas. Et ces choses précieuses, elles commencent par un L. 

L comme  l a r m e s