4) Un Vendredi Parfait
Michelle vérifie une fois de plus le contenu de sa valise. Tout y est pour ce week-end, ce foutu week-end. Elle observe la housse à vêtements posée sur son lit et prend soin de ne pas oublier ses chaussures et son petit sac assorti. Une angoisse sordide lui tord le ventre, elle n'a vraiment aucune envie de se rendre à cette réception. Le mariage a lieu demain en début d'après-midi, puis les festivités continueront jusque au soir et dans la nuit.
Afin d'être au mieux, elle a décidé de partir aujourd'hui en fin de journée, il faut environ quatre heures de route, et elle ne veut pas les parcourir demain matin et devoir se changer rapidement elle ne sait où, et être décoiffée ou encore toute froissée pour la cérémonie.
Elle inspire et expire pour tenter de calmer son stress, tout va bien se passer, de plus, Peter sera là, elle ne regrette plus du tout d'avoir fait appel à lui. Ils ont mis les choses au clair, pas de sexe, mais beaucoup d'amour, l'illusion doit être parfaite. Au cours du dernier mois, ils se sont vus énormément, leur histoire est impeccable, et elle doit bien l'avouer, il est parfait, pas seulement pour son rôle de super petit ami, non parfait tout court, tous les jours. Cet homme est incroyable.
Michelle secoue sa tête, elle doit reprendre ses esprits et arrêter de penser à Peter de cette façon, après ce week-end, ils ne se verront plus. À cette pensé elle est un peu chagrinée mais c'est le contrat, elle l'a embauché pour ce week-end et c'est tout.
Elle regarde l'heure sur son téléphone posé sur son lit, dix-sept heures quarante-cinq, il ne devrait pas tarder à arriver. Ils doivent se retrouver en bas de chez elle, ils prendront la voiture de la jolie métisse, elle a réservé un hôtel tout près du lieu du mariage, ils y passeront la nuit et pourront se préparer demain matin tranquille, ou presque. Par ce que Michelle le sait, elle ne sera tranquille d'esprit que quand tout ça sera fini et qu'elle sera rentrée chez elle dimanche soir.
Son interphone sonne et elle sursaute, elle ferme sa valise et se dirige vers ce dernier.
-"C'est Peter." Lui dit-il quand elle répond. "Tu veux que je monte t'aider ?" Il est vraiment galant, pas étonnant qu'il plaise autant.
Il est payé pour ça ! Il est payé pour ça ! Se répète-t-elle.
-"Non, non, c'est bon je descends." Elle refuse qu'un homme vienne chez elle, elle ne laissera plus jamais aucun mec s'incruster dans sa vie et la trahir comme la dernière fois. Elle attrape sa valise, sa robe soigneusement bien rangée, ses clés et son sac. Éteint les lumières, ferme sa porte à clé et file vers l'ascenseur en vitesse. C'est parti pour deux jours d'angoisse.
Peter patiente debout, les mains dans les poches, le dos posé contre le mur. Pour le voyage il a opté pour une tenue plus décontractée mais qui lui va à ravir.
La brune sort du hall de son immeuble et immédiatement Peter se redresse. Même s'il ne l'avoue pas, il est enchanté de retrouver Michelle, pour tout dire, il avait hâte de passer le week-end avec elle.
Les valises dans le coffre, la brune au volant, ils s'en vont tous les deux vers le mariage tant redouté.
Deux heures plus tard et Peter conduit, la jolie métisse se retrouve du côté passager, elle a travaillé toute la journée et avec le stress omniprésent ces derniers jours, elle a eu beaucoup de mal à garder sa concentration sur la route. Fatiguée, elle s'endort doucement, la tête posée sur son bras appuyé sur le côté de la portière.
Discrètement Peter lui jette un coup d'œil, il a bien compris au fil de leurs rencontres que quelque chose n'allait pas dans ce mariage et qu'elle était vraiment très mal à l'aise et plutôt assez nerveuse de s'y rendre, elle est restée discrète sur qui se marie et pourquoi tant de difficulté avec cet événement.
Deux heures de plus et l'hôtel est en vue, Peter se dirige vers le parking à l'arrière et gare la voiture sur une place pas trop loin de l'entrée. Il tire le frein à main et défait sa ceinture. Il regarde Michelle durant plusieurs minutes, il n'a pas le cœur à la réveiller, la pauvre a l'air si épuisée, avec énormément de tendresse, du dos de sa main il lui caresse la joue.
Reprends-toi Peter, tu ne dois pas ! Tu ne peux pas ! Elle est ta cliente et c'est tout.
Cette pensée lui fait pousser un soupir de lassitude, c'est bien la première fois qu'il craque pour une femme qui l'a embauché. Mais il est bien au courant de la règle d'or. NE JAMAIS TOMBER AMOUREUX D'UNE CLIENTE. Le règlement le lui interdit, après tout c'est sa vie, c'est ce qu'il fait pour gagner son salaire plus que correcte, si ça devait lui arriver, il devrait quitter son emploi et oublier l'agence Escort-Love. Personne ne l'a forcé à être escort boy, c'est son choix, ça l'a toujours était. L'argent et le plaisir tout en même temps, qui ne le voudrait pas ? Bien sûr au début c'était difficile, toutes les femmes ne sont pas Michelle, mais avec l'expérience vient le pouvoir, le pouvoir de choisir avec qui il veut bien "travailler" libre de choisir les femmes à satisfaire. Tout l'argent que l'agence ramasse grâce à lui, aujourd'hui, il peut bien décider s'il veut ou pas travailler avec les femmes qui le demande. D'où l'astuce du téléphone, quand une cliente l'attend au café, il l'appelle sur son portable et il peut ainsi la voir et décider si oui ou non il va l'aborder.
-"Michelle." Chuchote-t-il. Alors qu'il a posé sa main sur le bras de la métisse, il la secoue doucement. "On est arrivé."
La jolie brune se réveille quelque peu désorienté, elle est un moment perdue mais aussitôt l'angoisse revient. Elle se souvient d'où elle se trouve. Et pourquoi.
-"Oh !" Dit-elle alors qu'elle se redresse. "Je me suis endormi." Elle défait sa ceinture et regarde Peter, il a l'air un peu fatigué. "Je suis désolée, tu as conduit tout seul."
-"Ne t'excuse pas." Répond-il en haussant les épaules. "Ce n'était que deux heures de route." Il l'observe alors qu'elle passe un petit gilet gris sur ses épaules. "Tu vas bien ?" Ne peut-il se retenir de demander quand il voit les mains de la femme trembler alors qu'elle essaie de fermer les premiers boutons.
-"Ça ira mieux dimanche." Dit-elle alors, mais si pour elle cette simple réponse ne signifie que le soulagement de ne plus avoir à faire aux mariés, pour Peter cette phrase est un coup de poignard dans le cœur. Effectivement, dimanche ils se sépareront et il ne la reverra plus.
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