« Où est passé Bang ? » demande Felix qui attend déjà depuis une heure son amant dans son lit.

« Je ... » hésite Daehyun qui est chargé de sa sécurité. « Il est ... »

« Ne me dits pas qu'ils sont partis à la banque ... »

« Je suis désolé Lix ... Tu sais que Bang aime avoir le contrôle sur les choses ... » se sent-il désolé pour lui.

« Il me l'avait promis. Cette fois-ci ne passera pas. » s'énerve le plus jeune.

« Je comprends ton agacement, mais sois patient. »

« Non Daehyun. Tu es mon seul allié ici, tu dois me comprendre. Tu sais très bien qu'il est hors de question que je le laisse faire ça. Il va tuer Chan ... » Un sanglot se bloque dans sa gorge.

« Chuuut ! »

Aussitôt coupé par Daehyun, Zelo traverse l'encadrement de la porte, passant simplement dans le couloir. Felix s'en veut énormément sur le coup, puis respire un bon coup quand son homologue lui fait signe que Zelo portait des écouteurs.

« C'était moins une ... » sort le blond tout bas.

« Oh oui, ça tu l'as dit. Si un jour ils apprennent que tu ... »

« Je subirais de nouveau une thérapie à la douleur. Et toi, tu serais ... »

« Mort. Tu peux le dire. »

Felix regarde avec compassion son ami. La vérité cachée derrière cette longue année passée avec Bang se trouve en Daehyun. Bang Yung Guk, le dirigeant sadique du clan, est tombé sous le charme du jeune australien, à son grand malheur. Il aurait tant préféré subir le même sort que Minho. Felix sait que son ami est encore en vie, malgré les dits de Youg Guk, et c'est pour ça qu'il continu à jouer la comédie. Depuis tout ce temps, il n'a jamais été enchaîné à ce clan. Il n'a jamais été sous l'emprise de Yong Guk.

Au commencement de la thérapie à la douleur, où Felix a subit viols et tortures, Daehyun l'a toujours ramené à la réalité. Cette méthode marche à 99% pour laver le cerveau d'une personne en lui enlevant toute satisfaction physique de soi-même. A part si une personne extérieure, ne serait-ce qu'en éclaire, vous apporte du soutient, vous ramène à la réalité, en vous parlant de faits divers qui arrivent dans la vraie vie, alors que vous êtes enfermés dans une bulle, dans une dimension propre à vous. Propre à vous faire devenir fou.

Mais malgré l'aide apporté par Daehyun, une partie de Felix reste totalement dévouée à Yong Guk. Une infime partie de lui doit même l'aimer un peu, dû au syndrome de Stockholm. Mais la plus grande partie est toujours en éveille, à la recherche d'une faille, qui fera tomber un jour son bourreau. Qui fera sortir le blond de cette prison, avec Minho à son bras évidemment.

« Felix ? »

« Oui, désolé. J'étais dans mes pensées. »

« Non Felix, quelqu'un s'est infiltré dans la maison. » lui répète-t-il, en alerte.

« P-Pardon ?! »

De l'autre côté de la grande muraille qui sépare la rue du jardin de la résidence Bang, se trouve trois personnes, deux garçons et une fille, en train de trafiquer le générateur de courant de la résidence. La jeune fille est assise en tailleur, en train de trifouiller un énorme boitier entre ses mains.

« Tu as bientôt finis Dahyun ? » demande l'un des deux garçons.

« Encore deux petites secondes, maintenant qu'ils savent qu'il y a une infraction, je vais les envoyer à l'opposé de la résidence. »

« Parfait. »

D'un commun accord, les trois jeunes gens escaladent la façade et s'infiltrent dans le jardin. L'un des deux garçons s'allonge dans le gazon et examine la pente qui l'emmène à l'immense villa en contre vallée.

« Marchez exactement aux mêmes endroits que moi. » ordonne-t-il.

Les trois jeunes gens cagoulés se dirigent donc vers la piscine, de pas précis et lents. Et c'est au bout de cinq minutes de calvaire qu'ils posent enfin un premier pied sur les dalles qui contournent la piscine.

« Plus de dangers, allons-y. »

Les trois se séparent donc. Deux se dirigent vers l'arrière de la maison, la jeune fille et un des deux garçons, pour accéder aux souterrains, endroit réservé uniquement à Bang Yung Guk en temps normal. La jeune fille pirate l'accès, ce qui leur permet de se faufiler entre deux passages de gardes dans les escaliers.

« Il fait sombre ici. » finit par dire Dahyeon après s'être pris le pied de son homologue.

« Ce n'est pas la première chose qui me choque. Tu sens cette odeur de moisie ? »

« Oui ... Qui sait dans quel état nous allons le retrouver. » ose-t-elle.

Le jeune homme ne lui répond pas, il presse juste un peu le poignet de son amie, puis la dirige dans les escaliers, ayant une meilleure vue qu'elle. Ils arrivent enfin devant une grande porte en bois. Puis tous les deux se taisent, essayant d'entendre quelque chose ...

« J'ai entendu ! » le surprend-elle. « J'ai entendu sa respiration ! »

Le garçon expire de soulagement, et se laisse glisser contre la porte. Il a besoin de reprendre ses esprits. Des mois qu'ils préparent ça, sans savoir s'il avait survécu un jour de plus. Il avait tellement peur ... L'adrénaline est telle qu'il est au bord de l'évanouissement.

« Relève-toi, c'est lui qui va avoir besoin de toi. » lui intime la jeune fille.

Il acquiesce et se relève d'un bon, puis ils enfoncent la porte. Grâce à des mouvements lents, puissants et précis, ils arrivent à ouvrir la porte sans faire de bruit. Une fois la porte ouverte, une odeur nauséabonde de sang et de moisis emplie leur narine.

« Quelle odeur infecte ! » s'écrit le garçon.

« Il est là ! » lui indique-t-elle d'un doigt pointé vers le centre de la pièce.

Le jeune homme plisse les yeux pour s'habituer à la pénombre de la pièce où ils se trouvent actuellement, puis prend un pas de recul quand il arrive enfin à apercevoir ce qui se tient en face de lui.

« Impossible ... » dit-il tout bas, mettant une main devant sa bouche, empêchant un haut le cœur.

D'un point de vue extérieur, la pièce n'a rien d'exceptionnel. C'est une cave presque basique, hormis deux trois objets comme une batte de Baseball et des câbles avec une générateur électrique dans un coin de la pièce. Les murs sont abîmés de la vieillesse et du manque d'entretien, et la tuyauterie percée explique l'odeur de moisissure.

Mais au milieu de la pièce, simplement assis sur une chaise, se trouve une personne, endormie apparemment. Les deux envahisseurs ne peine pas à comprendre qu'ils venaient de trouver la personne qu'ils cherchaient. Et il n'est pas forcément dans l'état qu'ils espéraient.

« Min ... Minho ... »

La personne concernée finit par sursauter à l'entente de son prénom. Ou du moins, à l'entente de sa voix. Il est au pas de la mort, il le sait. Et pourtant, son cœur vient de reprendre ses battements, juste par ses mots. Juste par sa voix.

« Je ... suis mort ? » demande-t-il désespéré, car pour lui, il est évident qu'il ne réentendrait sa voix que dans l'au-delà.

« Non Minho ... » finit par dire le plus jeune en se penchant vers lui, étouffant un sanglot. « Tu n'es pas mort, c'est moi qui suit ici. »

« Jisung ... »

Ce dernier fond en larme, enlaçant Minho, qui est toujours attaché à la chaise. Il a bien vite compris que son ami était tellement sans espoir qu'il était plus probable pour lui qu'il le revoit chez les morts que chez les vivants.

« Que ... »

« Chut Minho, on doit vite partir d'accord ? » lui demande Jisung en lui attrapant le visage pour qu'il le regarde.

Minho ne sachant plus quoi penser, finit par se laisser faire. Le jeune homme et son amie le détachent, puis partent de la pièce. Ils finissent sur le chemin du retour par croiser des gardes, mais ils sont maîtrisés sans mal par Jisung, confiant Minho à Dahyeon. Puis soudain.

« C'était quoi ce coup de feu ? » s'écrit-elle, très inquiète pour leur ami qui est parti sur une autre mission à l'étage.

« Nous nous sommes entendus avec lui, la priorité est de sortir Minho d'ici, donc d'abord on sort, puis si à l'heure que nous avions prévus ils ne sont toujours pas là, nous appelons les flics et nous nous cassons. »

C'est donc d'un commun accord, non sans peurs, qu'ils se dirigent vers la sortie, emmenant leur ami en lieu sûr. Minho peine à respirer et à rester éveillé, il se laisse donc bouger sans poser plus de résistance, si ce n'est le fait qu'il ne gaine pas son corps, devenant un poids mort pour eux.

« Ji, je ne veux pas jouer les pessimistes mais il est vraiment dans un sale état. Nous devrions l'emmener à l'hôpital maintenant. »

« Nous devons l'attendre ... Je ne peux pas le laisser ici ... »

Si nous remontons au moment où notre jeune groupe se sépare, l'un d'eux n'est pas descendu au sous-sol avec les autres, mais est plutôt parti aux étages supérieurs. Il a dû se dissimuler sans mal pour éviter les gardes en alerte par l'intrusion. Il se faufile dans les couloirs tel un serpent cherchant sa proie. Il regarde dans chaque pièce furtivement, espérant trouver ce qu'il est venu chercher jusqu'à que ...

« PREND-CA FOUINEUR ! » s'écrit quelqu'un derrière lui en essayant de l'assommer.

En moins de temps qu'il n'en faut, l'agressé attrape de justesse l'arme (une lampe de chevet) qui allait finir sa course sur sa nuque, puis attrape l'autre main de cette personne pour l'immobiliser à son tour. C'est sans surprise qu'il se retrouve avec le visage de Felix à seulement quelques centimètres du sien.

« Qui ... » finit-il par dire, réalisant que sa tentative a échoué.

Le blond finit par remonter ses yeux pour regarder son homologue dans les siens, puis une étincelle jaillie entre eux. Sa réaction déstabilise le plus grand, car au lieu de se mettre à crier comme il s'y attendait, Felix s'évanouie aussitôt dans ses bras. Le choc étant trop grand. Il improvise vite en le soulevant et le transportant dans une chambre, qui est en fait la sienne. Il le dépose sur le lit et regarde par la fenêtre discrètement, s'informant de ce qu'il se passe à l'extérieur, après avoir retiré sa cagoule.

« Tu ... » finit par entendre l'intrus, quelques temps après être resté devant la fenêtre à contempler le paysage.

Il finit par se retourner pour lui faire face. A peine a-t-il commencé à se retourner qu'il a senti que le plus jeune réagissait physiquement à ça. Il finit par le fixer du regard. Felix tremble. Ses yeux sont vides, et pourtant il y lit toutes ses émotions.

« Oui, c'est moi Felix. »

« Je ... Hyunjin ? »