« Non mais tu casses vraiment les couilles Hyunjin ! Tu y arriveras au moins une fois à ne pas oublier quelque chose ?! »

« Rho ça va Ji ! Et puis je ne l'ai pas oublié, je l'ai perdu, ce n'est pas pareil. »

« Ah oui c'est vrai, ce n'est pas pareil effectivement ... C'est PIRE ! » Finit le plus jeune des frères en se tapant la tête d'agacement.

Hyunjin a une fâcheuse habitude d'être tête en l'air et de perdre les choses. Et surtout oublier. Ça, Jisung ne peut que le confirmer, il oubli beaucoup trop de choses. Très jeunes, les deux jeunes frères ont dû se débrouiller tout seul car leur mère avait des problèmes psychologiques. A la perte de son mari, cette femme enchaînait bar et conquêtes tous les soirs, délaissant ses enfants à leur sort. Hyunjin a donc pris le rôle de père pour Jisung malgré les trois seules années qui les séparent. Par exemple, le plus vieux l'emmenait et allait le chercher à l'école tous les jours. Seulement, tête en l'air, il oubliait souvent son jeune frère le soir. Et ça, Jisung ne se gêne pas de le lui répéter à chaque moment qu'il peut le tirer à son avantage.

Les deux frères ont deux personnalités différentes. Le plus vieux est intrépide, attitude de je m'en foutiste, sec dans ses paroles et perfectionniste. Mais forcer de constater qu'une chose le lie à son frère est qu'ils sont tous les deux de gros farceurs.

Jisung, lui, est plutôt vulnérable émotionnellement, prenant tout à cœur, mais est doté d'une intelligence hors pair, alliant sa force à sa capacité à s'adapter à n'importe quelle situation. Avec son frère, ils sont à eux deux une arme de guerre. Hyunjn étant la rapidité et la précision, Jisung le cerveau de l'improvisation.

« Putain Jinni tu es lourd ! Bouge-toi qu'il fait déjà nuit. »

« C'est bon c'est bon, je chercherai demain grincheux. » Lui fait-il finalement en se relevant de derrière le casier qu'il fouillait depuis cinq minutes déjà.

Les deux jeunes frères se dirigent donc enfin vers la sortie, alors que toutes les lumières de la fac commencent à s'éteindre derrière eux. Le ventre de Jisung, émettant des crissements de faim, fait comprendre au plus vieux qu'il les a tout de même fait partir à une heure très tardive.

« Hyung, tu n'as pas entendu ? »

« Entendu quoi ? »

« AU SECOUUUURS ! »

« Il y a quelqu'un qui appelle à l'aide ! » S'écrit en alerte Jisung pour faire bouger son frère.

« Ouais et alors ? »

« Comment ça, tu ne comptes rien faire ? » S'étonne le plus jeune, ne pensant pas ça de son frère.

« Ouais, tu as oublié ce que nous a dit Chan ? Pas d'emmerdes avec d'autres clans pendant un moment. Tu veux nous mettre tout le groupe en danger ? »

« S'IL VOUS PLAÎT, AU SECOU.... »

« Et mais je reconnais cette voix ... Hyung, c'est la voix du gars de ce midi ! »

Jisung voit une réaction dans le visage de son frère. Il sait à ce moment-là qu'il le suivra. Donc sans le concerter, il commence à se diriger vers l'endroit d'où il a entendu les cris.

« Ji, je t'ai dit que ce n'est pas le moment de voler au secours de jeunes femmes en détresse. Ton moment de super héros, il va se finir en barbecue, et ça sera toi la viande ! »

« Pas si tu viens avec moi. Et puis c'est un mec je te signal ! » Finit par dire le plus jeune, le sourire en coin.

« Je ne sais pas ... Où tu vas ? JISUNG ! »

« Pas le temps de discuter ! Il est hors de question qu'il lui arrive ce que j'ai déjà vécu ! »

« Que ... »

Le plus jeune s'élance donc dans une course effrénée sans se retourner. Il ne voit donc pas le visage coléreux du plus vieux, forcé de le suivre. La dernière phrase lui a retourné le cerveau, mais il essaie de ne rien laisser transparaître, même si son frère le sait au fond que parler de ça évoque toujours de la culpabilité chez Hyunjin.

Mais la scène qui les attend est des plus effrayantes. Malgré les hurlements à la mort du jeune homme, mélange de sanglot et de peur, les passants s'enfuient en courant. Le monde perverti par l'égoïsme et la peur ne laisse point de place aux courageux. Ça, Jisung l'a très vite compris. Et les cris de Felix ne fait que confirmer ses pensées.

Les deux garçons arrivent enfin dans la ruelle sans fin d'où viennent les cris. Ils sont essoufflés, mais ils sont arrivés à temps de ce que comprend le plus vieux quand il arrive à dissimuler ce qu'il se trouve au fond de la ruelle en cul de sac.

« Ji ? »

« Ils sont au fond. On fonce tête baissée ? »

« C'est une mauvaise idée je pense que ... »

« Tant pis. » Le coupe finalement le plus petit tout en s'élançant dans la ruelle.

Hyunjin lève les yeux au ciel, désespéré, puis s'élance à son tour dans la pénombre qu'offre la nuit. Il constate qu'ils ne pouvaient plus attendre, donnant raison à son frère. Le jeune homme est pratiquement nu, tenu fermement par un homme. Un autre se tient devant lui, dos à eux, pas très loin de le pénétrer tout en immobilisant ses jambes écartées. Les pupilles dilatées difficilement visible de Felix confirment également les hypothèses d'Hyunjin d'un shoot à l'extasie pour qu'il se tienne tranquille. Le brun est même étonné que Felix arrive encore à crier. Un troisième homme est présent, se tenant à côté du violeur, tout en se branlant, il attend surement son tour. Enfin, le dernier fait le guet, les ayant d'ailleurs remarqué. Il comprend bien vite que le sauvetage va être très compliqué.

« Jinni, ils sont en chaleur là, un coup de pied dans les couilles et ils ne se relèvent pas jusqu'à demain. »

« Entendu. »

Analyser la situation en une seconde, puis réagir. C'est cette liaison entre les deux frères qui leur est enviée. Le plus vieux ne perd donc pas plus de temps à constater la scène et s'élance sur le guetteur, étant surement le plus dur à assommer puisqu'il n'est pas en chaleur comme les autres.

Le plus jeune se jette donc à son tour sur l'un des deux autres qui ont à peine eu le temps de se retourner. Evidemment, le plus proche était celui debout en se branlant, il commence donc par lui, profitant de la surprise pour lui donner un premier coup de poing dans la mâchoire, le projetant sur le côté, suivis d'un coup de pied bien placé dans les couilles. Et de un dans les bras de Morphée.

Mais ce que Jisung n'avait pas prévu, est que le présumé violeur de Felix, prit de panique en voyant son coup du soir s'envoler, la pénètre de force. Un cri de douleur retourne l'estomac des deux frères, constatant qu'ils n'ont pas réussi à le sauver à temps. Le plus jeune, rongé de culpabilité, ne laisse pas le temps au violeur de faire un aller-retour qu'il le tire par les cheveux en arrière, tout en s'emparant de sa virilité pour la tordre. Bientôt les cris de douleurs du violeur recouvrent les cris de la victime.

Les yeux amplis de rage de Jisung l'empêchent de voir que le dernier homme qui tenait le jeune homme s'est délecté de lui pour l'attaquer par derrière. Mais ne perdant pas le nord, Felix se relève et attrape son poignet avant de lui faire une clé de bras, forçant tellement dessus qu'il se retrouve tête contre terre. Il donne un coup de genoux dans ses fesses assez fort pour qu'il bascule et se tape de plein fouet le crâne contre le goudron encore humide de la pluie de l'après-midi. Jisung l'achève avec un dernier coup de pied dans la tête.

Une fois les trois garçons à terre, Felix regarde son sauveur, puis ses jambes finissent par céder quand il comprend qu'il est enfin en sécurité. Le brun réagit assez vite pour la rattraper.

« Emmène ... le ... loin d'ici ! » s'écrit Hyunjin quand il voit la scène d'un œil alors qu'il est toujours en train de se battre contre son opposant.

Jisung comprend très vite que malgré le sang dégoulinant de la bouche de son frère, il a le dessus, en observant le visage défiguré du dernier homme. Il ne va donc pas l'aider à l'achever mais soulève plutôt Felix qui est encore sous l'emprise de la drogue pour l'emmener loin d'ici. Il attrape au passage les habits de Felix jetés plus loin et s'élance loin de cette scène.

Sur le passage, l'assaillant a essayé tant bien que mal de s'emparer du poignet du jeune homme, mais c'était sans compter de la réactivité d'Hyunjin, qui profite de ce moment d'inattention pour lui shooter dans la figure de son pied. Il finit par tomber KO, mais le plus jeune des frères ne se retourne pas. Il veut juste sortir le Felix endormi et choqué se trouvant dans ses bras de cet endroit.

« Tu as une voiture ? » Lui demande-t-il sur le trajet, espérant une réponse positif de sa part.

Le jeune homme finit par hocher de la tête confirmant la chose, Jisung se dirige donc vers le parking de la faculté, essayant de rapidement la trouver. C'est alors sans problème qu'il aperçoit au loin une voiture ouverte, prête à partir.

Une fois assuré que c'est bien sa voiture, il le dépose à l'arrière de la voiture, l'encourageant à se rhabiller tout en lui donnant sa propre veste pour qu'il se couvre alors que les effets de la drogue commencent à faire effet sur sa température corporelle.

« Je suis là, on peut y aller. » Entend Jisung en se retournant devant son frère couvert de sueur et de sang pas encore séché.

« Tu as bien mis du temps ? »

« J'ai ... je me suis assuré qu'ils dormaient tous bien. » Ment le plus vieux.

« Tu as surtout regardé qui c'était. » Comprend le plus jeune.

« Oui ... »

« Et ? On les connaît Jinni ? »

« Connaître non, mais ça fait un moment que je les vois roder autour de l'établissement et même dans tout le quartier. Ils doivent être en dépendance d'un grand clan. Ici c'est tranquille en comparaison du centre-ville, je me demandais ce qu'ils foutaient ici. Maintenant je sais. »

« Ils voulaient juste se vider les couilles ? »

« Je ne penses pas qu'ils voulaient juste ça. » Finit Hyunjin en regardant le noiraud à l'arrière de la voiture, commençant à s'endormir.

Les deux frères rentrent finalement chez eux avec Felix, ne sachant pas vraiment qui il est. Ils l'ont nettoyé comme ils ont pu sans le dénuder de son T-shirt et de son sous-vêtement, et l'ont couché sur le canapé, bien bordé.

Mais c'est en plein milieu de la nuit que le plus jeune des frères a entendu des sanglots, comprenant très vite qu'il s'est réveillé. Il se lève donc, prenant son courage à deux mains.

« Hey, qu'est-ce qu'il se passe ? » Lui demande-t-il, le faisant sursauter.

Il le découvre allongé en boule sur le canapé, ses bras entourant ses petites jambes repliées sur lui-même. Il voit dans ses yeux, alors que Felix le regarde intensément, qu'il est mort de peur. Il ne sait pas où il est. Et il ne les connait pas.

« J'ai peur. » finit-il par dire sans honte. « Et je n'arrives pas à me lever ... Mes jambes ne répondent pas. »

Sa voix tremble mais ne faibli pas. Felix fait preuve d'une force ne lui connaissant pas pour ne pas totalement sombrer.

« Tu ne devrais pas avoir peur, tu es en sécurité ici. » Souffle Jisung, de peur de brusquer son vis-à-vis.

« Mais je suis où ? » Lui demande le noiraud en se relevant pour s'asseoir face à lui, cassant un peu la distance de sécurité que s'est permis de construire le maître des lieux.

« Chez moi. Enfin, chez moi ET mon frère. » Lui répond Jisung avec un sourire coincé au visage.

« Pourquoi m'avoir emmené chez vous ? »

La question légitime de Felix déstabilise le plus jeune des frères.

« Bah, tu dormais et on ne savait pas où tu habitais. Je ne sais même pas quel âge tu as ! »

« Vingt-et-un. » Lui répond-il au tac au tac.

« Voilà, et ... bah du coup j'ai oublié la fin de ma phrase. » S'apitoie Jisung, déboussolé.

Felix souri faiblement. Il reconnait bien le garçon qu'il a rencontré le midi. Le jeune frère d'Hyunjin. Puis son cœur rate un battement, quand il réalise qu'il est chez Hyunjin, justement. Il replonge son regard dans celui scrutateur de Jisung. Il ne veut pas le brusquer, ça se voit. Pourtant, Felix a toujours vécu dans le danger de part le métier de sa mère. Il est choqué, chaque image dans sa tête tourne sans cesse. Mais il est en sécurité ici, il le sent. Alors il essai de détendre un tant soit peu l'atmosphère. Il n'est pas mort. Il relativise.

« Poisson rouge ! »  Se moque-t-il timidement de Jisung. « Il fait le tour du bocal et il a oublié ... »

« Non, ça c'est plutôt mon frère. » Rigole dans sa barbe le brun.

Felix se prend finalement un fou rire, le stress s'échappant comme il peut, et Jisung le suit sans combattre. Il l'observe dans son hilarité, remarquant sa beauté naturelle et mystérieuse à la fois. Effectivement, Felix bouscule les codes, en plus de plaire aux femmes, il doit sûrement plaire aux hommes. Cela ne fait aucun doute que ces sous-hommes qui on tenté de le violer n'y voyait aucun inconvénient qu'il soit un garçon, le plaisir allait rester le même de part son mignon visage et de son corps chaste.

« Merci et désolé ... » Lâche finalement Felix après s'être arrêté de rire, reprenant son sérieux.

« Désolé de quoi ? »

« De ... de m'incruster chez vous comme ça ... Au final, tant mieux que vous ne m'ayez pas ramené chez moi ou à la police. Je ne préfère rien dire à ma mère, elle risque de culpabiliser. »

Le jeune frère se lève après l'avoir rassuré pour retourner se coucher, mais une main délicate s'agrippe à son bras pour le retenir. Il se retourne surpris pour lui faire face.

« Tu ... Tu peux rester un peu avec moi ? »

Il marque un temps de pause pour réfléchir à sa proposition. Il sait que certains seront réticents, mais quand il voit la détresse du noiraud, il n'hésite plus. Jisung se glisse alors derrière lui dans le canapé et colle son dos à son torse tout en calant sa tête sur son épaule. Il n'a aucune arrière-pensée, et sait que Felix non plus. Ils sont deux garçons après tout ... Son seul but est de l'apaiser dans cette épreuve très compliquée, où dès que Felix fermera les yeux, il revivra ses démons.

Mais alors que le matin pointe son nez, un cri de protestation ampli le petit appartement, cassant toute tranquillité.

« JISUNG ! »

« Ah, l'asperge est réveillée. »

« Tu l'appelles souvent comme ça ? » lui demande Felix, son visage en face du siens, mort de rire.

Le brun rougis, s'apercevant de la proximité qui le sépare de son invité, où il aperçois pour la première fois ses tâches de rousseur qui embelli encore plus ce qui est propre à lui. Jisung secoue sa tête pour se remettre les idées en place et se recule, se racle la gorge, et répond à son frère en criant aussi fort que lui.

« JE SUIS DANS LE SALON GROSSE FÈVE ! »

« Vous avez dormi ensembles ? » Constate Hyunjin en arrivant dans le salon.

« Bah ouais, comme tu as pu le remarquer. »

« Et tu trouves ça normal ? »

« Rho ça va Hyung, ce n'est pas comme si j'avais tenté quoi que ce soit. » Se défend le plus jeune.

« Installe le petit déjeuner, je vais me laver. » Finit le plus vieux, ignorant totalement Felix.

« Je lui ai fait quoi à ton frère ? On s'entendait bien hier pourtant ... »

« Je n'en sais rien. Il est un peu beaucoup protecteur envers moi, du coup je ne sais pas, il a dû flipper sur le coup quand il m'a pas vu dans son lit ce matin. »

« Tu dors dans le même lit que lui ? » Lui demande le noiraud, surpris.

« On est très proche ? » Essaye-t-il en soulevant ses épaules. « Et pauvre haha. »

« Ouais mais quand même, vous êtes des mecs quoi. Comment vous faites quand vous vous disputez ? »

« Bah un des deux, souvent le plus énervé, va sur le canapé. Et quand c'est la grosse dispute, on va chez un du groupe. »

« Ah, c'est vrai que vous êtes un groupe de potes ... »

« Ouais, on est un peu sept frères. » Ajoute Jisung, remarquant le malaise dans les yeux de son nouvelle ami.

A force de parler, Jisung se rend compte que Felix est très réservé, et très mystérieux. Ils parlent beaucoup de lui et son frère, mais au final, très peu du noiraud. Et il comprend la solitude qui se cache derrière sa gueule d'ange.

« Je pars voir Chan. » Déclare Hyunjin en sortant de la salle de bain, torse nu.

Felix, sans rien dire, observe le beau brun. Il remarque les bleus sur son torse et ses côtes, ainsi que celui recouvert d'une croûte en coin de bouche. Le plus jeune le trouve irrésistiblement beau à ce moment-là, comme la veille quand il le découvrait pour la première fois.

« Comment ça Jinni, tu ne prends pas ton petit dej ? »

« Je prendrai un en-cas sur la route. »

Jisung accoure derrière son frère qui est déjà sur le palier de la sortie, sous le regard effarouché de leur invité. Il ferme la porte, pour que Felix n'entende pas ce qu'ils vont se dire, mais voit le regard discret mais qui en dit long de son frère vers le noiraud, avant que la porte ne se ferme.

« Qu'est-ce que tu as ? »

« Ça m'énerve que tu fasses comme s'il ne s'était rien passé hier soir ! On a peut-être mis en danger tout le groupe là ! Faut que je prévienne sur le champ Chan. » Revient-il à ses esprits.

« Et le téléphone ça n'existe pas peut être ? »

« C'est plus grave que ça Ji, ne fais pas le malin avec moi. » S'énerve le plus vieux.

« Mais c'est toi qui pète une durite là ! Tu crois que ce n'était pas nécessaire de le sauver ? Je t'ai vu tourner de l'œil quand il a crié hier soir ! »

« Je soupçonne que c'était un coup monté ... Peut-être qu'il s'est fait embaucher pour nous tendre un piège. C'est trop un pur hasard que le midi on se confronte à lui comme ça, et que le soir, c'est lui qui se fait kidnapper. Certes il n'y a beaucoup de filles dans le bahut, mais tout de même, un garçon enlevé pour être violé ! »

« Tu es beaucoup trop parano. Regarde le ! » S'écrit Jisung, telle une boule de nerf, tout en ouvrant la porte d'entrée pour qu'Hyunjin voit le jeune homme en boule sur lui-même, toujours aussi tendu que la veille. « Il s'est quand même fait violé malgré qu'on était là. Et ça, c'est de notre faute. Tu ne penses qu'à prévenir Chan ? Tu ne veux pas savoir que Felix a quand même pleuré toute la nuit malgré qu'il était dans mes bras ? Certes c'est un garçon mais aujourd'hui, les violeurs ne reculent devant rien, ET TU LE SAIS TRÈS BIEN ! »

Le plus vieux ne répond pas, assez coupable de n'être pas arrivé à temps. Il s'est déjà lié au noiraud malgré lui, et ça, il ne veut pas se l'avouer. Alors pour équilibrer cette faiblesse, il se monte l'esprit que c'était un coup monté de sa part. Il part donc sans dire mot, laissant comme un con son frère sur le pallier de leur appartement.

Une fois revenu dans le salon, désolé pour son nouvelle ami de vivre tout ça malgré lui, il lui prête un uniforme puisqu'ils ont le même gabarits, puis part avec lui à la fac. Il le prévient juste qu'il ne reste qu'une étape à son calvaire, et le fait rentrer dans un gymnase inutilisé depuis longtemps une fois arrivés aux abords de leur école. Puis Jisung repère très vite son ami, Chan, entouré des autres du groupe, où il emmène Felix devant eux.

« Vous pouvez sortir les gars ? J'aimerai m'entretenir avec lui. » Demande Chan, très vite obéis par les garçons sauf un.

« Mais ... »

« Pas de mais Jisung. Ton frère m'a tout raconté, je veux lui parler à lui maintenant. Et je ne veux en aucun cas que vous soyez là pour l'influencer. Ok ? »

« D'accord ... » S'avoue vaincu le plus jeune en suivant le groupe à la sortie du gymnase, refermée par Seungmin.

« Il est où ? » Demande Minho en arrivant.

« Et ça peut te faire quoi ? » Lui répond sur le qui-vive le brun.

« Tu t'es pris pour son garde du corps ? » Se surprend le rouquin par le ton qu'a pris le plus jeune.

« Je peux savoir ce que ça peut bien te faire ? À ce que je sache, tu n'en as toujours eu rien à foutre de ma vie, je me trompe ? »

« T'imagines que tu aurais pu y passer hier ? Toi et ton frère. Tu es vraiment con quand tu veux. » Le sermonne-t-il avec une pointe d'inquiétude dans sa voix.

« Va te faire foutre Min, je n'ai pas envie de me prendre la tête avec toi. Au final, il ne s'est pas fait violer, et c'est le principal, même si on a un peu failli à notre tâche. »

« Ouais, et maintenant on a un clan qui va nous coller au basque. » S'agace Jeongin, assis sur un muré derrière lui.

« Les gars, vous ne savez pas ce que ça fait de se faire violer ... Il était hors de question que je le laisse vivre cette horreur. Quitte à y passer. Et on devrait tous réagir comme ça, c'est normal putain. Ne normalisez pas le viol, merde ! » Se défend Jisung en ne comprenant pas comment ils peuvent être aussi inhumains.

« Parce que toi tu sais, toi, peut-être ? »

Il ne répond rien, et sent son frère se raidir derrière lui aussi. Face à son silence, les garçons commencent à comprendre la réponse qu'il veut leur faire passer, Hyunjin se décomposant qu'encore plus.

« Ne me dis pas que ... » Recommence Minho, qui plonge son regard dans le siens, pensant tout savoir de lui.

« Oui. J'ai été violé à l'âge de treize ans. Donc oui, il était hors de question que je laisse Felix subir ça. Et c'est hors de question que qui ce soit subisse ça devant moi tout court. »