Chapitre 1 : Rencontre
L'histoire commence là où l'on ne s'y attend pas. Elle commence devant la grande porte d'entrée de la faculté de droit la plus renommée de Corée. Cette grande battisse à la sculpture aux origines occidentales, convoitée par les architectes les plus fous du continent.
Une légende raconte que l'école était un refuge de mafieux, où les dealers de l'ancienne génération y convoquaient les plus frêles des drogués. Un endroit secret mais connu de tous, où la justice n'arrivait pas à sévir, puisqu'il n'y avait jamais de preuves, jamais de témoins. Parce que les trafiquants étaient attendus beaucoup plus vieux, cachés parmi les professeurs. Et non les élèves.
Un jeune homme se faisant appeler Felix, âgé d'une vingtaine d'années, se trouve devant les portes en fer forgé de l'école. Il est immobile, le regard dans le vide. Il réfléchit à ce qu'il fait ici, comment en est-il arrivé là, dans cette situation précaire. Noiraud à la coupe au mulet, il ne passe pas inaperçu à côté des Coréens qui n'ont pas sa peau halée par le soleil, offerte par ces heures à dorer sous les rayons à n'en plus compter dans son pays d'origine.
Sa particularité, à cet instant, c'est qu'il se trouve à devoir faire une rentrée des classes bien deux mois après le début des cours de l'année. Sa mère ayant divorcé, elle a déménagé sur un coup de tête, emportant avec elle son fils, qui n'a pas eu mot à dire. Il se retrouve donc dans cette fac avec un retard considérable.
« Euh, tu comptes rester longtemps devant la porte à la regarder ? Je suis assez en retard comme ça. »
« Que ... » commence-t-il, sans avoir le temps de continuer sa phrase que le garçon ne lui passe devant et ouvre la porte, tout en lui la refermant au nez. MAIS QUEL ENFOIRÉ LE MEC !
Il reste stupéfait, les yeux ronds hiboux, ne bougeant pas d'un millimètre. Il se donne une claque mentale et ose enfin faire le premier pas pour entrer dans le hall de la faculté, reconnaissant qu'il n'allait pas passer la journée à contempler une porte. Mais c'est avec émerveillement qu'il découvre la beauté du décor entre les murs.
La porte débouche sur une grande place intérieure, déserte aux vues de l'heure, offrant l'accès à trois grands couloirs supportant chacun à leur entrée une arche sculptée d'arabesques et de diverses ornements religieux. Mais la plus grande surprise se trouve au plafond, verrière aux vitraux clairs reproduisant une scène de la Bible. Elle inonde la place d'une lumière naturelle, jaunis par la couleur des vitraux.
Une fois la stupeur passée, il s'engage dans l'un des couloirs, partant à la recherche de la vie scolaire, endroit où toute la paperasse des étudiants se fait. C'est sans compter le manque de sens de l'orientation de Felix qu'il se perd dans les dédales de couloirs, tous aussi bien décorés les uns des autres. C'est un étudiant qui a fini par avoir pitié de lui et qui l'a emmené à bon port.
« Vous êtes le nouveau c'est bien ça ? » lui demande une dame en chemise bien décolletée sans décrocher son regard de son ordinateur où elle tape sur le clavier inlassablement.
« Oui, c'est bien moi. » lui répond le jeune homme assez sèchement.
« Le directeur va vous recevoir, patientez s'il vous plaît. » termine-t-elle en finissant par lever les yeux vers lui.
Felix s'appuie donc sur le mur du couloir devant la vie scolaire, avant de remarquer les nombreux posters dessus. Inscris-toi au club de danse ! – Viens profiter de ton temps libre pour déverser ton art sur une toile blanche ! – L'équipe de basket n'attend plus que toi ! Il rigole du nombre de club qui recrute, même si le noiraud se doute qu'il est maintenant trop tard pour lui, la rentrée étant déjà passée depuis deux bons mois.
« Alors, monsieur LEE, que nous vaut cette arrivée soudaine dans notre établissement, en quoi, plein milieu de l'année ? » demande le directeur une fois tous deux assis à son bureau.
« Désolé mais ce sont des raisons personnelles, en revanche je peux vous assurer que je n'ai raté aucun cours jusqu'à présent. » se défend le plus jeune.
« Je n'en doute pas, vous aviez des résultats excellents dans votre ancien établissement. Vous savez que nous vous faisons une fleur de vous accueillir à cette période-ci, sans vous faire refaire votre troisième année. »
« Je le sais monsieur Oh, je ne vous décevrai pas. »
« Bien, je l'entends d'une bonne oreille, tu peux y aller. Demande à la surveillante de la vie scolaire de te passer ton emploie du temps. Elle t'emmènera à la bibliothèque récupérer tes bouquins. Tu intègres ta classe à 13h, après le déjeuner. »
Felix le remercie et après les dernières salutations, repart enfin de son bureau. La secrétaire et lui se dirigent vers la bibliothèque, pour finalement faire un tour de la cours centrale, des toilettes, de la buvette, de l'amphithéâtre, et pour finir du réfectoire. Tout compte fait, elle n'est pas si méchante que ça la surveillante, pense-t-il. Elle lui a fait une visite guidée alors qu'elle n'était pas obligée. Felix finit par rentrer dans le réfectoire, désert puisque l'heure du déjeuner n'est pas encore arrivée.
« De la salade s'il vous plaît madame. »
« Oh mais tu es au régime mon petit ? Tu n'en as pas vraiment besoin vu ta silhouette, allé, prends plutôt ces bonnes nouilles. » lui donne-t-elle sans que le noiraud ne prenne le temps de protester. Bon bin la salade c'est mort pour aujourd'hui.
Le jeune homme lui fait un sourire et part s'asseoir à une table en fond de réfectoire. Il n'a aucune envie de se faire remarquer. Le noiraud n'a pas planifié de se faire d'amis, et c'est donc une bonne raison pour ne pas se frotter au peuple.
La sonnerie retenti enfin et le vrai calvaire commence pour le jeune homme. Il entend les chaises racler le sol pour accueillir des élèves affamés, les bavardages et rires casser la tranquillité installée plus tôt. Il ne lève pas la tête, se contentant de manger pour ne pas être interpellé par le fait qu'il est nouveau.
« Hum. » entend Felix au-dessus de lui, le faisant sursauter.
Il relève sa tête et vois un visage au-dessus du siens. Debout, derrière lui, son plateau en main, sa tête lui est étrangement familière. Où l'a-t-il déjà vu ...
« Mais je te reconnais toi ! » cri Felix tout en se levant de sa place. « C'est toi qui m'a refermé la porte au nez tout à l'heure ! »
Le jeune homme arque un sourcil, essayant d'accueillir convenablement la colère de son vis-à-vis. Le noiraud reconnait que la beauté du garçon en face de lui ne le laisse pas indifférent. Visage fin avec une mâchoire virile, des yeux ténébreux volant la vedette d'une bouche bien dessinée, des cheveux bruns avec une coupe bien longue pour un garçon.
« Alors comme ça, tu as une grande gueule hin ? »
« Je ... » commence Felix, avant de s'interrompre lui-même. « Une grande gueule ? »
« Calme-toi, je ne veux pas me disputer avec toi, tu m'as l'air sympa. Juste tu es à notre table là. »
« Votre table ? Il est écrit quelque chose quelque part qui stipule ça ? »
« Hey ! » entend le noiraud, le forçant à se retourner pour voir de qui il s'agit. « C'est qui lui ? »
« Oh, beh je ne sais pas du tout Ji. Je viens juste de le croiser deux fois dans la journée mais je ne le connais absolument pas. »
Felix observe discrètement le nouvel arrivant, détaillant chacun de ses traits. Un peu plus fin que l'autre mais aussi plus petit de taille, il porte également des cheveux bruns beaucoup plus courts et de manière moins extravagante, mais qui marque cette air de ressemblance entre les deux garçons, où Felix en déduit qu'ils sont sûrement frères.
« Attendez, vous savez que j'existe quand même ? Vous pouvez vous adresser à moi directement. » Appui-t-il tout de-même, reconnaissant qu'il est peu mêlé à leur débat alors qu'il en est le sujet principal.
« Il parle beaucoup. » Finit par dire Jisung à son frère, provoquant son hilarité.
« Oui ... Je sais Ji ... Je sais ... » Lui répond-il.
« C'est une blague. »
« Comment tu t'appelles ? » Lui demande le plus petit, lui sortant un joli sourire.
« Je ... » Bloque le noiraud, sans qu'aucun autre mot ne sorte.
« Ah beh il a perdu sa langue maintenant, pour une fois qu'elle pouvait nous servir. » Ajoute le plus grand, un sourire en coin.
« Je vais te faire bouffer la tienne oui, sale castor. J'ai juste été surpris de sa question. » Sort Felix en détournant la tête.
« Ah ! Il a retrouvé sa langue ! Dommage que ce soit seulement pour insulter. » Lui confit le plus grand, pleins de suspicions. « Et mon nom c'est Hyunjin, pas castor. »
« M'en fou, tu m'as refermé la porte au nez. »
« Je rêve ! Tu restes bloqué sur ça ?! »
« Oui. »
Le plus petit pouffe de rire. Pour une fois qu'une personne tient tête à son frère. Il comprend bien vite que ce nouvel élève doit avoir un sale caractère. Mais ça le rend très intéressant tout à coup. A part les premiers années, cela faisait très longtemps qu'aucun nouvel arrivant n'intégrait leur école dans leur tranche d'âge.
« Bon, laissez-moi manger, je ne demande rien d'autre ... » Finit par faire profil bas le noiraud, en se rasseyant et reportant son attention sur ses nouilles déjà froides.
« Le truc, c'est que ça fait déjà plus de cinq minutes que vous vous insultez tous les deux, et les autres ne vont pas tarder à débarquer. » Lui confie le dernier arrivé, gêné.
« Mais vous êtes combien sérieux ? »
« Juste sept. » Lui réponds Hyunjin à la place de son frère.
« Haha, juste. » Ironise Felix tout en détournant le regard vers son plateau.
« Il n'a qu'à manger avec nous ! » Demande Jisung à son frère.
« Euh ... Mauvaise idée, tu connais Minho ... »
« Il peut bien faire un effort pour une fois ! On ne mange jamais avec une nouvelle personne. »
« Je ne suis pas un spectacle, si il le faut, je change de table. Et puis, je n'ai pas envie de manger avec vous, vous avez l'air trop bruyant. » Termine Felix en prenant son plateau, décidé à changer de table.
Alors que ce dernier se lève rapidement sans attendre la réponse de ses camarades, il n'entend pas les signalements de Jisung. Felix entre donc violemment en collision avec le plateau d'une personne dans son dos, la renversant. La personne, qui se trouve être un étudiant au nom de LEE Minho, se retrouve étalé au sol, son déjeuner sur son uniforme. Le visage fermé et ses cheveux de couleur automne recouverts de nouilles, il se relève pour faire face au maladroit.
« Ou ... Oups ... » N'arrive-t-il qu'à dire, choqué.
« Oups ? C'EST TOUT CE QUE TU AS À DIRE ?! » S'énerve le rouquin.
« Je ... Excuses moi ! Je ... Je n'ai pas vu que tu arrivais ... » Bafouille Felix, stressé et désespéré.
« C'EST NORMAL QUE TU NE ME VOIS PAS ... J'ÉTAIS DANS TON DOS ! »
« PAS LA PEINE DE GUEULER, JE NE SUIS PAS SOURD ! » S'écrit le plus jeune à son tour, de sa voix grave qu'il avait réussi à dissimuler jusqu'à présent.
Le garçon toujours en colère se rapproche du noiraud, et le prend par le col de sa nouvelle veste d'uniforme, le défiant du regard. Felix regrette alors son saut d'humeur, remarquant qu'ils ont l'attention de tout le réfectoire, chose qu'il voulait éviter à tout prix. Et surtout qu'il ne connait pas la personne en face de lui.
« Tu es sûre que tu es en bonne position pour la ramener, gamin ? »
« Gamin ? C'est qui le gamin des deux ? C'est toi qui t'énerve pour un accident, ça peut arriver à tout le monde. »
« Non, pas aux personnes qui réfléchissent un minimum et qui font attention. Surtout quand elles doivent se faire petites. »
« Tu insinue quoi là ? » Recommence à s'énerver le plus jeune.
« Que tu es con. »
Personne ne s'attendait à ce que l'intouchable et impénétrable Minho se prenne une gifle. L'assemblée n'en est pas moins choquée, connaissant celui-ci avec un caractère de cochon, le pitbull du groupe de garçons qui ne laisse personne rentrer dans leur cercle d'amis.
« Tu veux mourir ?! » Lui sort ce dernier en lui pointant son poing devant le bout du nez, bloqué par une main.
« Laisse tomber Min, il n'en vaut pas la peine. Et puis, il est plus jeune que toi, ça ne va pas à l'encontre de tes principes ? » Lui enquit Hyunjin.
« Pars. » Lui ordonne Jisung, plus comme un conseil que comme un ordre.
Le jeune garçon fait profil bas, ne prenant pas la peine de récupérer son plateau. Felix sort donc sous le regard amusé des étudiants du réfectoire, en direction de sa future salle de cours. Il voit à sa montre qu'il n'est que midi passé, il a donc plus de trois quart d'heure à attendre. Mais la chance lui souriant enfin, le noiraud découvre son professeur déjà à son bureau dans la salle.
« Bonjour Monsieur, puis-je m'installer dans la classe ? » Ose l'élève en passant la tête dans l'entrebâillement de la porte.
« C'est toi le nouveau ? »
« Oui, c'est moi le nouveau. » Dit-il les dents serrées, un peu agacé, tout en appuyant bien sur la positive.
« On a dû te le demander souvent, désolé. Je suis ton nouveau professeur principal. Tu as bien cours dans cette classe ? » Lui indique le vieille homme la pièce où il se tient du menton, où Felix acquiesce pour confirmer son dit. « Allé viens, tu ne vas pas attendre assis seul dans le couloir, installe-toi en classe. »
Reconnaissant, le noiraud s'installe au fond de celle-ci, puis colle ses écouteurs à ses oreilles pour se reposer jusqu'à la reprise. Seulement, la sonnerie ... il ne l'a pas trop entendu. Il s'est endormi sur son bureau, laissant le stresse des derniers événements retomber.
« Pssst. »
« Hmmm.. » Émet-il enfin, sortant doucement de son sommeil.
« Bah le prof t'appelle depuis tout à l'heure mais tu ne réponds pas, il serait temps de te réveiller marmotte. »
Felix ouvre immédiatement ses yeux, faisant peur à son interlocuteur. Il voit en face de son visage Hyunjin, très hilare de la situation. Le noiraud lève ses écouteurs, s'apercevant que le reste des étudiants déjà installé est mort de rire également. Il remarque de-même qu'il se trouve dans la même classe qu'Hyunjin. Mais aucun autre du groupe du déjeuner n'a l'air d'être présent.
« Monsieur LEE ? Maintenant que vous nous faites l'honneur de sortir de votre sommeil, voulez-vous bien vous présenter à la classe ? »
« Bien sûr ... » Lui répond le jeune homme honteux, le rouge aux joues.
Il en profite pour jeter un regard noir à Hyunjin, qui le lui rend par un sourire sadique. Il se dirige donc au bureau du professeur, puis se retourne pour faire face à sa nouvelle classe.
« Alors bonjour, je m'appelle LEE Felix, je viens d'Australie, plus précisément de Brisbane, et j'ai changé d'horizon pour des raisons personnelles. Je parle trois langues, le coréen évidemment, l'anglais, et le français. J'ai vingt-et-un ans, et on m'a accordé une chance de finir ma troisième année de Droit dans cet établissement sans la recommencer puisque je n'avais perdu que deux mois de cours dans mon ancienne école, j'espère donc que vous prendrez soin de moi. »
« Sérieux ? Tu parles trois langues ? » Lui demande Hyunjin alors que Felix retourne à ses côtés après sa longue tirade.
« Oui, tu as bien entendu. »
« Alors c'est pour ça tu parles autant ! Ça explique tout ! »
« Enfoiré ... »
« Hyunjin, Felix, vous n'allez pas commencer à bavarder pendant le cours, sinon je vous sépare tous les deux. » Leur intime le professeur.
« Fais pas attention, monsieur Park est trop gentil pour nous punir. » Lui fait le brun avec un clin d'œil.
Felix lui répond par un sourire, avant de se souvenir de sa phrase dit plus tôt au déjeuner « il n'en vaut pas la peine. ». Le noiraud ne veut pas se faire de faux espoirs, il n'est pas ici pour se faire des amis. Mais le sourire innocent d'Hyunjin et ses vannes pourris pour le faire rire le décoince un peu malgré lui.
La fin de la journée s'est donc déroulée sans encombre. Le jeune homme se doute que bon nombre de rumeurs doivent déjà circuler sur lui. Mais Felix relativise, se disant que ce n'est pas catastrophique puisqu'Hhyunjin n'a pas arrêté de lui parler de l'après-midi.
Le noiraud a appris que son groupe est formé de sept garçons, avec deux quatrièmes années, Chan et Minho, deux troisièmes années, lui et Changbin, un deuxième année, Seungmin, et pour finir deux premières années, son frère Jisung et Jeongin. A aucun moment Felix ne se doute qu'il est bien la première personne à parler à l'un d'eux.
« LEE Felix, viens me voir s'il te plaît. » L'interpelle son prof de justice après que la dernière sonnerie n'ai retenti, le sortant de ses pensées.
« Qu'y a-t-il monsieur SUNG ? »
« Et bien, étant donné que tu as déjà raté pas mal de cours, j'aimerai t'interroger quelques minutes pour voir ton niveau. »
« Maintenant ? » Demande-t-il avec surprise, quoiqu'un peu agacé aux vues de l'heure tardive.
« Oui, maintenant. » Lui répond-il à la positive, d'un sourire sarcastique.
« Bon, je vois que tu avais un très bon niveau en Australie. Je pense aussi que dans ton ancienne école, tu as vu un peu plus de chapitres qu'ici, et vis-versa. Donc je te donnerai les chapitres à voir quand nous étudierons ceux que tu as déjà faits. Sur ce, bonne soirée. » Termine le professeur en sortant de la classe, laissant en plan son élève.
« C'est une blague. » Se dit le noiraud à lui-même.
Il regarde l'heure et remarque qu'il est déjà dix-neuf heure passé. L'interrogatoire a duré plus que vingt minutes en y repensant. Felix expire bruyamment, fatigué de cette journée, et se dirige vers la sortie de la faculté.
Le jeune homme marche donc nonchalamment jusqu'à sa voiture, qui se situe sur le parking de l'université. C'est sans surprise qu'il s'aperçoit qu'il est le dernier élève sur la place déserte.
Felix ouvre la portière de sa voiture, et y jette son sac à dos, sort ses lunettes de son sac pour les mettre sur ses yeux, et s'installe enfin sur son siège non sans lâcher une expiration de soulagement. Il est épuisé, et c'est irréfutable. Mais au moment où il est sur le point de fermer sa porte, il sent une tension la bloquer. C'est alors que ...
« Tiens tiens tiens, qui nous voilà, une jolie demoiselle. »
« Tu me veux quoi ? » Remonte son regard sévère Felix sur l'intrus. « J'aimerai bien rentrer chez moi. Et puis merde, je suis un mec. » Garde-t-il tant bien que mal son sang froid, alors que son cœur s'emballe.
« Tu peux venir chez-moi si tu veux. » Finit tout de même le vieil homme en tirant un sourire farouche, accentuant les rides de son visage marqué.
Le sang lui monte au joue, une boule se forme dans son ventre. Felix ressent le danger. Mais il fait semblant de sourire à sa blague si c'en est une. L'élève essaie de lui taper trente seconde la causette en lui demandant où il habite, le sourire niais collé au visage, pour insérer ses clés sur le contact. Il n'a plus qu'à la tourner et ...
« Tu crois faire quoi là ? » S'exclame l'inconnu en lui attrapant sa main.
« Lâche-moi ! »
« Même pas en rêve. »
Le vieille homme le sort brusquement de la voiture, lui cognant la tête contre la portière. La cognant très fort. Étourdi, Felix n'a pas le temps de lui faire quoi que ce soit qu'un autre homme sorti de nulle part lui prend les jambes.
« Vous êtes des faibles ... Je suis un mec putain, vous vous rabaissez à ça ? » Siffle le jeune garçon pour les déconcentrer, sans succès.
« Faible ? C'est toi qui se fait enlever. » Lui sort surpris son agresseur.
« Vous mettre à deux contre un étudiant ... ce n'est pas honnête ! » Articule tant bien que mal Felix alors qu'il se débat pour se sortir de là.
« Je ne préfère pas prendre de risques. Et qui te dis que nous ne sommes que deux ? » Finit-il avec un sourire dont Felix se souviendra toute sa vie, alors qu'un filet de sang fait son chemin jusqu'à ses yeux.
Sa tête a peut-être tapée trop fort le coin de sa portière. Emmené au fond d'une ruelle, le noiraud voit trois autres silhouettes attendre. Et il ne voit aucune échappatoire. Felix comprend très vite qu'il va se faire violer, dans la nuit, par cinq inconnus. Alors, pris d'un dernier espoir, il hurle à la mort.
« AUUUU SECOUUUUUURS ! »
« Mais putain faites le taire les gars ! »
Un coup dans sa bouche ne l'arrête pas, colorant ses dents pourtant blanche de couleur pourpre. L'étudiant continue tout de même à garder espoir et à crier de toutes ses forces. Evidemment, c'est sans contestes qu'il se prend une déferlante de coups dans le ventre et dans la tête pour le faire taire, et l'affaiblir. Ces hommes n'ont aucune pitié puisqu'il est un garçon, et donc un peu plus robuste. Une fois le passage à tabac, Felix se voit retirer sa veste pour être enfoncée dans sa gorge.
Un homme, profitant de sa faiblesse, lui fait respirer quelque chose qui le plonge dans un état second. Mi-conscient, il se retrouve les jambes écartées, tenues par un homme déjà déshabillé face à lui.
Felix savait qu'il plaisait à toute gente confondue. Petit au visage fin et métisse, à la limite de l'androgyne, ce soir-là, son seul pêché est d'être au mauvais moment, au mauvais endroit.
Maman, désolé, mais je crois que les anges ne m'ont pas entendu cette fois ...
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