9. Jax

Elle gémit, ne pouvant pas retenir les sons qui sortent de sa bouche. Il sourit, accélérant les coups de rein. Il tire légèrement sur ses cheveux, penchant sa tête sur le côté afin d'avoir accès à son cou. Sa peau est si délicate, si douce, qu'il ne peut s'empêcher de poser ses lèvres pour venir l'embrasser la mordillant frugalement. Son corps en sueur, il se perd dans son regard au moment où il sent venir son orgasme. Elle lui sourit avec les joues rougies par la chaleur de l'instant. Ce moment est empreint d'une douceur qu'il a l'impression de ne pas être à sa place. Qu'est-ce qui l'a poussé à succomber à cet instant de frivolité ?

— Seven, articule-t-il en remettant une mèche de ses cheveux derrière l'oreille. Elle l'embrasse délicatement sur les lèvres.

— Euh... Je ne crois pas. Moi, c'est Cassandre, murmure la demoiselle près de lui qui commence à monter à califourchon.

Il ouvre grand les yeux et s'aperçoit qu'il était dans un rêve. Ce n'est pas Seven qui vient de s'installer sur lui, mais une grande blonde aux yeux bleus avec des énormes seins surement refaits. Il l'attrape par les hanches et la fait basculer sur le côté. Il passe sa main dans ses cheveux en se redressant. Il ne se rappelle pas de sa nuit, seulement des verres d'alcool qu'il a ingurgités les uns à la suite des autres. Seven l'avait mis hors de lui quand elle était venue le soigner à la place de Diego. Il voulait juste qu'elle fasse attention. Il ne faisait pas confiance à Angelo. Elle s'est emportée et elle est partie comme une folle.

Ce rêve est totalement fou pour lui. Il a même l'impression qu'il était réel. Il peut sentir encore la sensation de Seven contre lui, alors que ce n'était qu'une illusion. Debout, il cherche des yeux son caleçon qu'il aperçoit près de la porte. Deux mains se posent sur son dos et le caressent doucement. Il se retourne, l'attrape par la gorge et la bloque contre le mur. Cette fille n'a pas l'air de bien comprendre. Elle rigole en se mordant légèrement la lèvre. Exactement, le genre de filles qu'il a connu toute sa vie. Des filles qui n'ont pas peur de la douleur, de la souffrance et qui aiment le côté animal. Il lui suffirait de serrer un tout petit plus ou plus longtemps pour qu'elle finisse entre quatre bouts de bois.

— Imagine que je sois cette certaine Seven, souffle-t-elle.

Là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Il la soulève du sol et passe chaque jambe autour de son bassin, puis rentre en elle brutalement et sans avertissement. Elle crie de surprise, mais immédiatement son cri devient un gémissement. Ses mouvements sont rapides et secs. Il ne l'embrasse pas. Il ne la regarde pas. Le mur est beaucoup plus intéressant. Il ne peut pas dire qu'il prend son pied seulement pendant quelques minutes, elle n'est pas dans sa tête. Quelques coups de reins de plus, il se retire et file sous la douche. Cassandre se rhabille, laisse un bout de papier avec son numéro dessus. Un numéro qui finira à la poubelle avec les autres. Il ne rappelle jamais une fille et encore moins une qu'il a baisée de cette manière.

L'eau dégouline sur son corps d'athlète alors qu'il se prépare mentalement à perdre le combat de ce soir. Il ne le fait pas pour lui. Il préfère mourir que de perdre un seul combat. Il le fait pour elle. Ce petit bout de femme qui a débarqué dans sa vie ce jour-là. Celle avec ces deux grands yeux noisette qui le poussent chaque fois à bout avec son répondant. Il secoue la tête en voulant faire disparaitre de sa tête son image. Il va perdre ce combat, puis il dira adieu à Angelo et à elle. Il se demande même s'il ne quitterait pas la ville. Pourquoi pas la France. À l'autre bout du monde, il ne connaitra personne et il pourra recommencer une vie en toute tranquillité.

Son téléphone vibre deux fois sur sa commode. Il finit d'enfiler son tee-shirt et regarde le message. C'est l'adresse et l'heure du combat. Il est à vingt-trois heures trente. Il a encore tout l'après-midi. Il envoie un message à Diego qu'il prend son service du jour comme d'habitude. Quatorze heures jusqu'à vingt-deux heures. Il aura ensuite le temps de se rendre sur place et de se préparer mentalement à sa défaite.

Il arrive au restaurant où l'ambiance est très calme. Cela lui permet de se changer, d'enfiler un polo bleu-canard au nom de l'établissement et de mettre un tablier bas. Diego termine de servir une table de trois demoiselles et arrive vers lui.

— J'ai réussi à te couvrir pour hier, concède-t-il. Par contre, ne fais plus le con comme ça. Il ne te laissera pas une troisième chance.

— Après ce soir, c'est fini, avoue Jax. Je rends les armes.

— Tu ne feras plus de combats clandestins ? demande Diego en murmurant.

— Non. Je vais régler ma dette avec Angelo et basta.

— Je vais profiter de celui de ce soir. Le grand Jax Hastings va finir en beauté.

Il n'a même pas le courage d'avouer à son meilleur ami qu'il finira au ras des pâquerettes. Pas d'apothéose, pas de feux d'artifices. Diego retourne à son service en sifflotant. Il va devoir trouver une excuse afin d'éviter de voir son meilleur ami débarquer à ce combat. Il n'a pas envie de devoir se justifier. Il n'a pas envie de lui avouer que c'est pour elle qu'il fait tout ça.

23h15. Un homme d'Angelo bande les mains de Jax. Ce protocole le met dans l'ambiance. Il ferme les yeux pour se mettre dans un état de calme, de sportif de haut niveau. Ce combat est important et il n'arrive pas dans sa tête à finir par une défaite. Heureusement, Diego n'est pas présent. Le chef avait besoin de ces services pour faire quelques heures supplémentaires. 

Les hurlements raisonnent dans le hangar. Cette fois-ci, le combat est en pleine campagne, pas un voisin, rien que des vaches. L'odeur de transpiration et d'alcool émane. Deux hommes traînent le corps à demi conscient du précédent combat. 

L'arbitre demande au rival de Jax de s'installer au milieu de la piste. Il est petit, maigre comme des pattes de coq, dégarni et un œil qui louche. Jax ne peut s'empêcher d'éclater de rire quand c'est à son tour de faire son entrée. Comment peut-il perdre contre ça ? Angelo aurait pu faire mieux, trouver un combattant à sa hauteur. Les paris ne donneront jamais gagnant un maigrelet dans son genre. C'est tout le stratagème d'Angelo. 

Au son de la cloche, Jax se jette sur son concurrent. Les coups de poings fusent en cassant le nez de l'homme. Le sang dégouline. Jax ne prend aucun impact. Il ne transpire pas. La lenteur de son adversaire et la faiblesse des initiatives de coups n'arriveront pas à le faire gagner. 

Il lui suffirait de deux coups bien placés pour gagner. Il voit l'action dans son esprit mais tout devient flou. Le visage de Seven apparaît, le sang dégoulinant entre ses deux yeux suite à une balle. 

Il se prend un coup de poing en pleine joue, puis un coup de pied dans les côtes. N'ayant pas le réflexe de se protéger, Jax titube. Il tombe le visage contre le sable. Il ne doit pas se lever. L'arbitre déclenche le décompte. Un... Jax passe sa langue sur ses lèvres. Deux... Il attrape une poignée de sable. Trois... Son adversaire fait le rigolo. Quatre... La foule acclame le nouveau gagnant. Cinq... Jax amorce sa levée. Six... La voix de Seven tinte dans son esprit. Sept... Il est à nouveau sur ses deux pieds. 

'Tu es fou, Jax.', lui répète sa conscience. En moins de trois secondes, le maigrelet est au sol. Il pleure. Angelo passe son doigt sur son cou en regardant Jax. Il sait exactement le sens de ce geste. C'était plus fort que lui. C'est dans ses gènes de ne pas perdre. Il a le mental d'un vainqueur et qu'importe ce qui va arriver ensuite, il va faire face. 

02h05. Jax est sur sa moto en bas de l'immeuble de Seven. Cela fait une bonne heure qu'il surveille l'entrée et les fenêtres encore allumées. Elle ne dort pas encore. Les rideaux ne sont pas fermés. Il a aperçu sa silhouette alors qu'elle était en train de se mettre en pyjama. 

Une voiture passe près de lui et ouvre le carreau arrière. Angelo en personne. Il a la même tenue qu'au combat, à l'exception de cette minuscule goutte de sang sur son col. 

— Je croyais qu'elle ne représentait rien pour toi, ricane Angelo. Tu es pourtant là à l'observer. Pablo m'a dit qu'elle avait une sublime garde-robe. Il est en ce moment même en train de la regarder dormir. Il me suffit d'envoyer un message et ta demoiselle finira dans une mare de sang. 

Le sourire d'Angelo est insupportable. Ses dents sont si blanches et une fossette plus importante à gauche se dessine. 

— Elle n'a rien à faire dans cette affaire, lui crache Jax. Tu préfères t'en prendre à des innocents sans défense plutôt qu'au vrai responsable. Je suis en face de toi. Il te suffit de me mettre une balle dans la tête. Regarde, il y a personne dans la rue, pas de témoin, aucune trace de ton passage. 

— Tu serais trop content de finir en victime. Je ne vais pas te donner ce loisir. J'aime jouer et ...

Jax ne laisse pas Angelo finir sa phrase alors qu'il se glisse à l'intérieur de l'immeuble à l'instant où un homme en sort. Le concierge le regarde et sort de son comptoir pour l'intercepter. Jax est déjà dans l'ascenseur. Combien de fois devra-t-il monter dans cet ascenseur pour aller la voir ? Il s'était promis de ne plus s'occuper d'elle, pourtant il est là. 

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