Chapitre 9
À Hanala, la fête battait son plein. Carmen essayait en vain de se détendre, dansant avec Hayden.
« Ton instinct te dit de rester sur tes gardes, c'est ça ? devina Hayden.
— Oui, et je n'arrive pas à me détendre... désolée.
— Tu n'as pas à t'excuser, au contraire. Cela veut dire que tu tiens à notre peuple et que tu préfères privilégier leur sécurité à la fête.
— Je te l'accorde, mais elle est en l'honneur de mon père. Il aurait préféré que je m'amuse.
— Il aurait surtout voulu que tu agisses comme tu le souhaites. Aller viens ! »
Hayden lui prit la main et la tira à l'écart de la fête. La lumière était plus faible mais la future Alpha voyait clairement ce qui ressemblait à un cercle de gardes tout autour de la clairière.
« Et si on allait patrouiller ? proposa Hayden.
— Mais...
— Ne me sors pas d'excuses, je te connais. Au lieu de faire semblant d'être joyeuse, fais ce que tu sais faire, c'est-à-dire défendre les autres. Ce sera mieux que rien. Si on sait où les Vadisimos vont attaqué, on pourra renforcer la sécurité à cet endroit-là.
— Tu as raison, mais ils pourraient s'attendre à ce qu'on fasse ça et, du coup, attaquer ailleurs. En tout cas, s'ils osent nous attaquer aujourd'hui, je n'hésiterai pas à faire de même lors de la fête de la Lune Rouge, affirma Carmen avec un air sérieux.
— Je n'en doute pas, mais concentrons-nous sur l'instant présent, pour l'instant.
— Oui, je vais aller patrouiller et je te ferai savoir dès que j'ai du nouveau. Tu m'excuseras auprès de Maman.
— Pas de soucis, je suis certain qu'elle comprendra. »
Carmen sourit légèrement et se transforma en louve avant de s'enfoncer dans la forêt, aux aguets. Elle se dirigeait lentement dans la direction d'Infernio, puisque c'était de là que les soldas Vadisimos débarqueraient. Mais, en dehors des sons et odeurs habituels à la forêt, elle ne détectait rien d'anormal.
Soudainement, elle se stoppa et huma l'air, persuadée d'avoir détecté un parfum inhabituel.
« C'est bizarre... je connais cette odeur... »
Elle reprit sa forme originelle et utilisa de nouveau son odorat pour essayer de reconnaître cette senteur. Elle écarquilla les yeux en comprenant ce que cela impliquait et courut en suivant la piste odorante. Elle dut grimper un peu et ses yeux émeraudes virent Elric, malgré l'obscurité. Il avait une vue imprenable sur la clairière où avait lieu la fête et semblait être attentif à ce qui se déroulait en contrebas.
Se transformant de nouveau, elle se jeta sur le futur Alpha des Vadisimos, sortant des fourrés. Surpris, Elric ne put se défendre et finit couché au sol, surplombé par l'Amazone transformée. Cependant, il ne la reconnut pas.
« Sale loup ! »
Carmen grogna mais se prit une attaque dans le ventre, qu'Elric avait lancé pour se dégager. Elle roula au sol, devenant une nouvelle fois humaine au passage. Il se releva et vit la rousse allongée au sol. Cette dernière se releva, plus sonnée qu'autre chose par l'attaque.
« Bien joué, je reconnais que j'ai baissé ma garde. Qu'est-ce-que tu fais ici ? », demanda Carmen calmement mais dont la voix était pleine de menaces.
Elric soupira, sachant très bien qu'elle n'allait pas le croire.
« Tu nous espionnes pour faciliter l'attaque de ton peuple, c'est ça ? Je sais parfaitement qu'ils vont attaquer !
— Alors, tu l'as senti. Autant te dire la vérité alors, même si tu ne me croiras pas. Mon peuple va effectivement vous attaquer, avec une immense armée et la capitaine de la garde, Kabria. Sauf que j'ai un peu plus d'éthique que mes semblables, tu sauras !
— Mais bien sûr, marmonna Carmen.
— Écoute, j'ai beau détester ton peuple, je ne tiens pas à rompre le respect tacite qui existe concernant nos fêtes d'hommages. C'est pour ça que je suis là, pour faire échouer cette attaque et essayer de te convaincre de ne pas nous renvoyer l'appareil.
— On n'a pas besoin de toi pour faire échouer l'attaque je te signale. Et je ne vais pas me gêner pour lancer une grande attaque lors de la fête de la Lune Rouge.
— Fais comme tu veux, mais elle faillira, puisque je suis au courant. », rétorqua Elric.
Carmen émit un grognement de contrariété, lâchant un « Et zut ! ». Il avait raison.
« Pourquoi tu voudrais faire échouer cette attaque ? Après tout, tu détestes ma famille autant que je détestes la tienne !
— Je suis sûr que tu comprendras quand je dis que ce ne sera pas une vengeance si je ne t'élimine pas de moi-même. Je compte la faire rater parce que c'est à moi de te vaincre, et uniquement à moi.
— Cela me fait une belle jambe, tiens ! ironisa la rousse.
— Peu importe. », soupira Elric, agacé. « Débrouillez-vous tout seuls.
— Mais c'est bien ce qu'on compte faire, tu crois quoi ? riposta Carmen.
— Ce n'est pas un secret pour toi, mais il suffit que tu terrasses les ennemis les plus puissants pour que les sous-fifres abandonnent la bataille.
— Je le sais, merci. Contrairement à toi, je ne suis pas une débutante !
— Je ne suis plus un débutant !!
— Je vais faire comme si je te croyais, adieu l'ordure ! J'ai autre chose à faire. »
Carmen s'éloigna pour continuer sa patrouille et Elric leva les yeux au ciel, agacé par la jeune fille. Il décida de changer ses plans. Il voulait éliminer la rousse, alors autant profiter de l'attaque pour se joindre à la fête et en terminer avec elle. Il ne devrait avoir aucun mal à la tuer, d'autant plus que son toutou et Kabria seront trop occupés à se battre l'un contre l'autre, comme à chaque fois qu'ils se voyaient.
Il rangea ses affaires et attendit patiemment que la bataille éclate. Il entendant déjà l'arrivée de l'armée obscure qui partait à l'assaut des Amazones. Cependant, ces derniers le ressentirent aussi et Carmen se précipita à la clairière pour arriver à temps. Elle rejoignit Hayden qui prenait les choses en main avec l'Alpha actuelle. Les Amazones les plus faibles furent mis en sécurité et tous prirent les armes.
Tout bascula en un instant. L'armée obscure leur sauta dessus pour les égorger, croyant les prendre par surprise. Aussitôt, des champs de force s'élevèrent et la garde et les Amazones se répartirent pour contrer un maximum d'ennemis. Ils avaient l'avantage numérique, mais les sanguinaires en face étaient infiniment plus cruels qu'eux.
Comme toujours, Kabria s'attaqua à Hayden mais il contra aussitôt, soutenue par Carmen. D'après la nature, c'était la seule Vadisima « puissante ». S'ils la poussaient à battre en retraire, il y avait fort à parier que les autres de son peuple s'en aille.
La capitaine riait de folie et la soif de sang se lisait dans ses yeux. Ses attaques étaient violentes mais Hayden et Carmen combattaient en parfaite harmonie et n'avaient aucun mal à riposter avec tout autant d'ardeur.
Entre les loups, la garde des Amazones et les Amazones eux-mêmes, les gardes Vadisimos et leurs propres loups se retrouvèrent rapidement submergés. La partie n'était pas encore gagnée, mais la balance penchait en faveur des protecteurs de la nature.
Puis, quand les deux amis s'apprêtèrent à en finir avec Kabria, une attaque désarma Carmen avant qu'une silhouette n'atterrisse aux côtés de Kabria. La rousse regarda un instant sa lance, plantée au sol, avant de se concentrer sur le nouveau venu, peu étonnée au final de sa présence.
« Je savais que tu finirais pas arriver. Tu sous-estimes ma perspicacité.
— Elric, qu'est-ce-que tu fiches ici ? grogna Kabria.
— Je suis venu en finir avec ma pire ennemie. Il est temps de voir qui est le plus fort entre nous deux, Carmen.
— Tu as désobéi à ton oncle !
— Et alors ? C'est exactement ce qu'on m'a appris à faire. Et puis, cela t'arrange au final : tu vas pouvoir achever ce brave toutou sans être dérangée par cette rousse à la noix.
— Si tu crois que je vais vous laisser toucher à un cheveu de Hayden ! menaça Carmen.
— Crois-moi, tu ne t'en rendras même pas compte ! »
Pour mieux appuyer ses propos, il l'attaqua avec férocité pour l'éloigner au maximum du capitaine de la garde. Carmen mit ses bras en croix devant son visage pour parer l'attaque, qui la poussa en arrière.
« Tu frappes fort, mais c'est dommage que ton cerveau ne suive pas.
— Je me suis amélioré depuis notre dernier combat, je te signale !
— Prouve-le ! »
Elric lui envoya une spirale enflammée, que Carmen éteignit facilement avec l'élément de l'eau. Cependant, elle n'avait pas remarqué que les flammes cachaient une attaque empoisonnée et n'eut le temps que de se jeter au sol pour l'esquiver. Cela fut vain car un peu de poison atterrit sur son bras. Serrant la mâchoire sous la douleur, elle se releva quand même.
« Dans quelques minutes, mon poison te tuera. Tu ne peux plus échapper à la mort, Carmen. »
Il dégaina son sabre, ayant visiblement l'intention d'en utiliser les pouvoirs pour l'anéantir. La rousse se mordit la joue pour ne pas crier à cause du poison qui la brûlait de l'intérieur. La seule solution qui lui restait était d'augmenter la température de son corps avec l'élément du feu, mais elle ne le contrôlait pas suffisamment et elle avait peur de ce que son utilisation engendrerait.
Rassemblant ses forces, elle attendit qu'il s'approche assez d'elle pour donner un coup de pied dans le katana et réussit à le rattraper. En revanche, cette action lui fit lâcher un léger cri de douleur qui se perdit dans le tumulte des épées et des sons de bataille.
« Cries, petite Amazone. Si j'avais su qu'il suffisait de t'empoisonner pour que tu sois à ma merci, je l'aurais fait bien plus tôt !
— Ordure !
— A ton avis, comment vont réagir les autres quand ils verront le corps mort et ensanglanté de leur dernier espoir contre mon peuple, hein ? Ils viendront tous à Infernio, et on les tuera tous sans exception ! », ricana Elric.
Furieuse, Carmen se releva et lui fit son plus beau regard noir. Elle se redressa, n'ayant plus aussi mal tout d'un coup.
« J'espère que tu es content ! Tu m'as mis en colère !! Je suis furieuse ! »
Comme pour appuyer ses propos, son corps s'embrasa sous le regard choqué d'Elric, qui ne comprenait pas.
« Carmen, arrêtes ! Les flammes vont te consumer ! », lui cria Hayden, qui la regardait du coin de l'oeil.
Mais Carmen l'ignora et il dut se concentrer sur son propre combat. Eliska essaya de communiquer avec l'Amazone mais la rousse restait sourde à ses paroles.
« Que les flammes de l'Enfer consument cette arme ! », s'écria-t-elle en levant le katana au ciel.
Aussitôt, l'arme explosa et fut réduite en un tas de cendres. Elric ne put réagir car un cercle magique se dessina sous ses pieds et il commença à se tordre de douleur, alors que Carmen ordonnait aux pouvoirs du feu du Vadisimo de le détruire de l'intérieur.
« Je croyais que les Amazones étaient contre le fait de faire souffrir autrui !!
— Personnellement, cela ne me dérange nullement de faire du mal à ceux qui font souffrir les autres !! Que le feu du Dragon purifie ton âme et te fasse quitter ce monde, Vadisimo ! »
Elle renforça son emprise sur lui et il cria à son tour de douleur. Autour d'eux, la bataille avait cessé, chacun observant qui, des deux futurs Alphas, l'emporterait sur l'autre. Les Vadisimos étaient paralysés, comprenant qu'il y avait de fortes chances que leur futur leader périsse ce soir-là, et les Amazones ne savaient comment calmer le fureur de Carmen.
Ce fut finalement Hayden qui se secoua et qui reprit ses esprits. Il accourut vers la future Alpha, qui ne le remarqua pas. Il lui attrapa vivement les poignets et, avant qu'elle ne puisse réagir, scella leurs lèvres. Cela la calme aussitôt car elle papillonna des yeux, revenant à elle. La douleur insupportable se stoppa pour Elric, qui rejoignit Kabria.
« Rentrons. Cette attaque est un vrai fiasco, mais nous n'en resterons pas là, ordonna Kabria.
— La prochaine fois, je la brûlerai de mes mains ! », grogna Elric, furax, avant de suivre la capitaine et ses troupes.
Rapidement, les Vadisimos ne furent plus dans la clairière. Silvana se précipita alors sur sa fille et la serra dans ses bras.
« Espèce d'idiote, tu sais ce qu'il se passe quand tu utilise le feu pour te battre. C'est un élément trop destructeur pour que quelqu'un de notre peuple l'utilise en combat ! Alors ne refais plus jamais ça, tu m'entends ?!
— Je... désolée. Je ne voulais pas... mais c'était plus fort que moi, souffla Carmen avant de s'évanouir sous la douleur qui meurtrissait son être.
— Il faut commencer par retirer le poison de son corps. La douleur est souvent un des facteurs qui conduit à faire de mauvais choix. », dit Hayden, pragmatique. « Jacob, organise des rondes afin de s'assurer que les Vadisimos ne sont plus dans le coin.
— Bien reçu ! répondit Jacob avant de s'éloigner avec la garde.
— Il faut emmener Carmen chez Angelica, elle saura sûrement comment la guérir, fit Eliska.
— Oui, c'est l'experte numéro une de notre pays concernant les anti-poisons Vadisimos, approuva Ciara.
— Hayden, Ciara, Eliska et Gwen, rentrez avec Angelica. Je vais rester ici pour vérifier s'il n'y a pas trop de dégâts. »
Tous les quatre hochèrent la tête et rejoignirent la spécialiste en anti-poisons, une jolie brune ayant dans la quarantaine. Une fois chez elle, Angelica se mit au travail, tentant d'identifier le poison qui l'avait touché.
« Je suis désolée, mais je ne peux pas l'aider. », annonça finalement Angelica. « Le poison qui l'a touché m'est encore inconnu à ce jour.
— Ce n'est pas étonnant, cet Elric a au moins autant de capacités que Carmen. Je n'arrive pas à croire qu'il ait eu le dessus sur elle si facilement, souffla Hayden.
— C'était un jour sans. Tu sais pertinemment que Carmen est plus fragile les jours de fête ayant un rapport direct avec Derek. Qu'il le sache ou non, Elric a attaqué au bon moment, le rassura Gwen.
— Si nous n'avions pas été en supériorité numérique, je pense que le résultat final aurait été différent. On a eu une chance incroyable, soupira Ciara.
— Je ne te le fais pas dire. Il n'y a vraiment rien que tu puisses faire pour la guérir Angelica ? insista Eliska.
— Crois-moi, j'aimerai. Mais c'est impossible pour le moment, et même la mixture qui est dans la fiole que tous les loups portent autour du cou ne pourrait la sauver : elle n'a été créée que dans le but de contrer celle des Vadisimos et d'agir sur la nature. Elle ne peut guérir les gens, nous avons déjà essayé.
— Alors, y a-t-il un moyen de lui retirer ce poison du sang ?
— Il y en a effectivement un Hayden, mais cela impliquerait que quelqu'un d'autre meure à sa place. Pour le moment, notre magie ne peut que retarder les effets du poison. Même en lui prélevant du sang pour mettre au point un antidote, elle mourrait bien avant qu'il ne soit terminé, révéla tristement Angelica.
— Et Daphné alors ? se souvint Eliska.
— Eliska, ce n'est qu'une légende qu'on raconte aux enfants pour qu'ils soient sages et prennent soin de la nature, soupira la blonde.
— Mais non ! Nous, nous l'avons déjà vu plusieurs fois. Tous les ans, à l'anniversaire de chaque couple Amazone/loup, elle vient leur rendre visite pour s'assurer qu'ils s'entendent bien et sont l'égal l'un de l'autre. Les Amazones ne la voient pas mais nous, les loups, la voyons toujours, affirma Ciara.
— Elle existe vraiment Gwen ? s'étonna Hayden.
— Bien sûr, mais je ne sais pas s'il est possible de l'invoquer. Il faudrait regarder à la bibliothèque d'Hanala.
— Dépêchez-vous alors, allez-y. Au mieux, je ne pourrais ralentir la progression du poison que d'un jour ou deux.
— Ciara, va prévenir Silvana. Eliska, reste avec Carmen. Gwen, on va à la bibliothèque, tout de suite ! », ordonna Hayden.
Les trois loups hochèrent la tête et se séparèrent. Ils n'avaient pas beaucoup de temps, d'autant plus que la bibliothèque de leur ville était immense !
« Daphné, si vous entendez nos prières, aidez-nous à sauver Carmen. », songea Eliska en observant sa meilleure amie, qui semblait souffrir dans son inconscience malgré les soins d'Angelica.
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Cette histoire, tout comme son univers, sont mes créations. Merci de ne pas vous en inspirer, ou copier des passage, ça en revient à voler.
Je rappelle que le plagiat est punie par la loi.
Tous droits réservés.
AngelAndDarkness
(message original provenant de )
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