Chapitre 4

Plusieurs jours après, à Hanala, Carmen se détendait un peu. Elle avait beaucoup travaillé pour réussir à contrôler le pouvoir en elle et Hayden avait décidé qu'elle devait se reposer un peu car elle l'avait bien mérité.

« Je suis fière de toi Carmen, tu progresses rapidement ! , la félicita Eliska.

— J'ai un bon entraîneur. », lui sourit la jeune fille. « J'ai vraiment mérité de me reposer je pense, les entraînements m'épuisaient de plus en plus.

— J'avais cru remarquer. Heureusement que tu n'as pas été attaqué.

— Crois-moi, si ce Vadisimo pointe de nouveau le bout de son nez, je l'attendrai de pied ferme.

— Bon, que veux-tu faire aujourd'hui ?

— Je ne sais pas trop... je n'ai pas envie de rester enfermée mais je n'ai pas non plus envie de faire quelque chose de fatiguant, réfléchit l'Amazone.

— Nous n'avons qu'à aller au Croc du Loup. », lui proposa Eliska.

Carmen sourit à cette idée. Le Croc du Loup était un petit lac situé à l'extérieur d'Hanala, à l'opposé de la clairière magique. Il avait la forme d'un croc de loup, ce qui lui avait valu son nom. C'était un endroit calme et peu fréquenté généralement.

« Excellente idée ! Allons-y. »

Elle attrapa sa lance et se mit en route vers le lac, accompagnée de sa louve. Il ne leur fallut alors qu'une vingtaine de minutes pour arriver au ledit lac. La rousse planta son arme dans l'herbe tendre avant de s'allonger à environ trois mètres de la rive pour profiter des rayons du soleil. Le son de la nature l'enfermait dans une bulle dont elle n'avait pas envie de sortir. Elle écoutait le chant des oiseaux, la brise du vent, le doux bruissement des feuilles d'arbres, les clapotis de l'eau... c'était vraiment le paradis pour elle.

« Qu'y a-t-il de mieux que cela au monde ? , souffla doucement l'Amazone.

— Rien, c'est certain.", affirma sa louve.

Eliska s'allongea dans l'herbe et offrit son ventre blanc aux rayons réconfortants du soleil.

« C'est vraiment le paradis sur terre... », soupira Eliska de bien-être.

La veille, de l'autre côté, à Infernio, Elric étudiait assidûment et même les manigances d'Octavius pour écourter le cours ne le résolurent à quitter son professeur. Il voulait prendre sa revanche sur l'Amazone, et pour cela, il devait devenir plus sérieux, plus stratège, plus calme.

Lorsque ses cours particuliers furent terminés, il remonta directement dans sa chambre avec Darkness afin de noter sur son carnet les éléments les plus importants. Aucun Vadisimo ne l'avait vu aussi studieux depuis... depuis toujours en fait. Il était attentif à tous ses cours et étudiait jusqu'à très tard dans sa chambre.

Ce soir-là, son oncle décida de lui rendre visite dans son antre. Il déposa un plateau repas sur le lit pour son neveu et laissa au sol une gamelle d'eau et une autre avec une tranche de viande pour Darkness.

« On m'a dit que tu travaillais dur ces derniers jours.

— Je veux pouvoir me venger de cette Amazone et lui montrer ce qu'il en coûte de m'humilier de la sorte, répondit simplement le jeune homme sans lever la tête de ses cours.

— C'est tout à ton honneur. Octavius m'a dit que tu avais fait d'énormes progrès en peu de temps. Je suis fier de toi. Continue comme ça, et tu n'auras aucun mal à la vaincre.

— Cela fait quelques jours que je me demande si tu ne connais pas cette Amazone... , ajouta calmement Elric.

— Vu l'état dans lequel tu es rentré, je n'ai eu aucun mal à déduire son identité.

— Alors qui était-ce ?

— C'était Carmen, la future Alpha des Amazones. C'est la plus puissante de la tribu, tout comme son père avant elle. Mais ton père a trouvé le moyen d'en finir avec lui, ce qui a affaibli toute la tribu pendant de longues semaines. »

Le jeune homme se détourna de ses livres et se tourna vers son oncle afin de lui donner toute son attention. Ce qu'il était en train de dire était une vraie mine d'informations.

« Comme tu t'en doutes, nous en avons profité pour tenter de prendre le dessus sur haut, mais cette gamine était tellement furieuse qu'on ait tué son père que ses pouvoirs n'ont cessé de se manifester pour nous repousser dès qu'on s'approchait de leur territoire. Et quand les Amazones ont passé la période de deuil, ils étaient encore plus forts car ils étaient animés par le désir de rendre justice à leur chef défunt. Je n'ai revu la gamine que trois ans plus tard. Ses pouvoirs étaient devenus encore plus puissants que la première fois que je l'avais vue. Elle les maîtrisait à la perfection et sa grande sagesse faisait qu'elle évitait tout acte inutile. Elle a toujours réussi à repousser nos troupes. Elle était déjà une fine stratège pour son jeune âge, et cela n'a fait qu'empirer avec le temps. Quand elle était dans les parages, les Vadisimos repartaient humiliés. »

Bien qu'il ne le montrait pas, Elric était secoué par ce qu'il venait de lui dire. D'après ce que son oncle disait, il n'avait aucune chance de la vaincre.

« Mais toi, tu es différent des autres. Tu es différent car, contrairement à eux, tu es capable de la vaincre. Tu es bien plus puissant que nous, tu l'es même sûrement autant que Carmen. Et plus vite tu auras acquis les connaissances dont tu as besoin et plus vite nous pourrons vaincre les Amazones.

— Dis-moi ce que je dois faire, demanda Elric.

— Continue de travailler avec ardeur, et essaie de trouver son point faible avant d'engager le moindre combat avec elle. Parce que, même si tu peux l'affaiblir en détruisant la nature, elle est assez puissante pour se passer de son soutien. Trouve son véritable point faible. Et quand tu l'auras vaincu, on pourra enfin éliminer les Amazones. »

Elric hocha la tête et son oncle quitta la pièce. Le jeune homme mangea rapidement avant de se coucher. Il n'avait pas cours le lendemain, alors il allait mettre sa journée de liberté à profit pour espionner cette Amazone casse-pieds.

« Je te vaincrai Carmen, tôt ou tard. », se promit-il avant de s'endormir.

Le lendemain, il scrutait la fenêtre sans relâche. Il avait envoyé un corbeau en reconnaissance, pour savoir où se trouvait la jeune Amazone. Quand le sombre oiseau revint enfin, il lui indiqua la position de Carmen et Darkness lui traduit le pépiement de l'oiseau. Elric se mit aussitôt en route vers le lac du Croc du Loup.

Aidé du raccourci souterrain, il atteignit les alentours du lac au bout d'une demi-heure. Il se cacha derrière d'épais buissons qui lui permettaient de se cacher facilement et d'avoir une vue imprenable sur Carmen. Il la voyait de face, allongée sur l'herbe et profitant du calme alentour. Rien ne semblait pouvoir troubler sa sérénité.

Pendant plusieurs heures, Elric observa la jeune fille sans que cela ne lui apporte quelque chose. Elle se détendait simplement au bord du lac, en se reposant ou en jouant avec sa louve. Elle semblait toujours forte, sûre d'elle, sans point faible apparent.

Le soleil finit par se coucher, Carmen et Eliska décidèrent de rentrer chez elles tandis que Elric et Darkness choisirent de faire de même. Sa journée n'avait servi strictement à rien, et heureusement qu'il ne s'était pas fait repérer.

Une fois de retour dans sa chambre, il repassa en revue ce qu'il avait observé dans la journée. Il avait le sentiment que cette journée avait été inutile. Il n'avait rien appris sur cette jeune fille, hormis sa connexion très forte avec sa louve. Mais tous les Amazones avaient cette relation avec leur loup protecteur.

« Elle cache vraiment bien son point faible, même quand elle est seule. Il me faudra bien plus qu'une journée d'observation pour pouvoir le trouver... », pensa Elric.

Il se remit à ses cours, espérant en terminer rapidement pour pouvoir commencer sa mission. Ainsi, il ferait d'une pierre deux coups : il prendrait sa revanche et il le vengerait.

Le lendemain, aux extrémités des deux royaumes, dans une grotte, un sorcier terminait de préparer ce qui serait sa vengeance sur les deux clans. De ses marques d'appartenance à un camp ne restait que la couleur de ses yeux.

Il mélangea la mixture du chaudron avant de prononcer une formule ancestrale de magie noire.

« Magicam titanes invehitur ira telluris ! », récita-t-il.

Il sortit alors de son antre et vit le brouillard noir s'abattre sur les deux royaumes, tandis que des titans sortirent de terre, la faisant trembler. Ils prirent lourdement la route vers les deux contrées, détruisant tout sur leur passage, tandis que le sorcier ricanait. Sa vengeance allait enfin être accomplie.

« Vitalis, Deathlis, vous n'échapperez pas à ma fureur ! », grogna-t-il en regardant la frontière entre les terres des deux clans.

A Hanala, justement, Silvana et sa fille venaient de sortir de leur maison avec leurs louves, affolées du tremblement de terre et de la soudaine brume noire qui s'était abattue sur Vitalis.

« Hayden, que se passe-t-il ?, demanda Carmen quand elle le croisa.

— Des sentinelles viennent de m'annoncer la venue de gigantesques monstres. Ils seront bientôt là, lui répondit le capitaine de la garde.

— Il faut mettre tout le monde à l'abri. Que la moitié de la garde mène tout le monde à la clairière enchantée, c'est le seul endroit où nous serons en sécurité, et que l'autre moitié reste ici pour assurer la défense de la ville et de nos terres. Faîtes tout pour les repousser ! , ordonna Silvana.

— A vos ordres cheffe ! , s'exécuta Hayden en allant avertir ses troupes.

— Maman, d'où viennent ces monstres d'après toi ? , l'interrogea Carmen.

— C'est sûrement un petit cadeau de nos ennemis. Carmen, va aider la garde à mettre les habitants en sécurité, en priorité les enfants et leurs loups.

— Et toi ?

— Je vais aider Hayden et la garde à défendre nos terres. Jusqu'à preuve du contraire, je suis l'Alpha. Et je suis certaine que tu aurais fait la même chose à ma place. »

Carmen hocha la tête et courut avec Eliska pour mettre tout le monde à l'abri. Les monstres avaient pris de l'avance et avaient déjà atteint le cortège des habitants. Les gardes, Carmen et la plupart des Amazones hommes sortirent leurs armes pour défendre le reste du groupe. Les adultes restants mirent à l'abri les enfants et les louveteaux et dressèrent une barrière protectrice que la magie de la clairière renforça. Suite à cela, ils retournèrent auprès des autres pour les aider à chasser les monstres.

Carmen observait en esquivant les attaques. Les monstres étaient en réalité des titans qui pouvaient déchaîner les forces les plus destructrices et dangereuses de la nature, que même le plus audacieux des Amazones n'oserait utiliser contre les Vadisimos.

« Ces monstres ne proviennent pas de Deathlis, j'en mettrai ma main au feu... », pensa la rousse.

Elle se tourna vers le bras droit de Hayden, Jacob.

« Jacob, je vais essayer de voir d'où viennent ces monstres pour pouvoir les arrêter à la source.

— Je n'aime pas cette idée, mais nous n'avons pas le choix, nous ne tiendrons pas longtemps.", répondit Jacob en esquivant une nouvelle attaque violente. "Sois très prudente, tu sais que ta mère n'a plus que toi.

— Je n'oserais pas être imprudente dans de telles circonstances, je te le garantis ! », le rassura-t-elle avant de s'élancer vers la frontière des deux clans, Eliska sur ses talons.

Carmen dut utiliser ses pouvoirs pour arriver le plus vite possible à la frontière. Une fois sur place, elle regarda autour d'elle mais ne vit rien, hormis le fait que la ligne de végétation détruite marquant la limite des deux royaumes était plus noire que d'habitude et qu'elle laissait s'échapper la brume de la même couleur.

Elle continua à observer autour d'elle, jusqu'à ce que sa louve grogne. Elle regarda alors dans la même direction qu'Eliska et vit alors celui qui l'avait attaqué quelques jours auparavant, accompagné de son loup.

« Que fais-tu ici ? », lui dit-elle, sur ses gardes.

Elric releva la tête et vit alors Carmen, qu'il n'avait pas remarqué jusqu'à présent. La jeune fille, bien qu'attendant sa réponse, continua à regarder autour d'elle tout en gardant un oeil sur lui.

« A voir la façon dont tu sembles chercher quelque chose, la même chose que toi je suppose, répondit Elric.

— Qui me dit que ce n'est pas ton peuple qui a envoyé ces montres ?!

— Pour la simple et bonne raison que nous avons aussi la brume noire et des sortes de titans. Tous pensent que cela vient de ton peuple.

— Pareil. », marmonna Carmen.

Elle réfléchit quelques instants. Son ennemi allait dans le sens de ce que lui soufflait son instinct, ce qui était une première. Elle n'aimait vraiment pas cette idée mais elle n'avait pas le choix.

« Ecoute. Je ne t'aime pas, tu ne m'aimes pas, on le sait. Mais je te propose une alliance, le temps que tout rentre dans l'ordre.

— Une alliance ? Et pourquoi ? Je pourrais aussi bien laisser mourir ton peuple.

— Justement. Toi, tu veux nous exterminer, et nous, on veut tous faire pour vous empêcher de tout détruire, quitte à vous éliminer. Mais personne n'aura ce qu'il veut si ces monstres nous détruisent. », lui expliqua Carmen. « Tu en dis quoi ? »

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Cette histoire, tout comme son univers, sont mes créations. Merci de ne pas vous en inspirer, ou copier des passage, ça en revient à voler.
Je rappelle que le plagiat est punie par la loi.

Tous droits réservés.

AngelAndDarkness

(message original provenant de plume_songeuse)

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