Réveil en douceur
La fatigue ne me ménagea point mais mon sommeil fut tout de même vaincu par un cauchemar. Depuis la mort de mes parents, jamais je n'ai fait de vraies nuits. Je me réveillais toujours après avoir vécu un cauchemar des plus horribles.
En ouvrant les yeux j'ai instinctivement poussé un cri. C'est alors qu'Ethan débarqua tel un éclair dans ma chambre et lorsqu'il me vit sangloter et mon visage enfoui dans mes mains, il se rapprocha de moi. Ses bras m'avaient accueillie et des mots doux et chaleureux se diffusaient dans mes oreilles. Il me berçait et je pleurais dans son cou.
Lorsque je passai mes bras autour de son cou pour sangloter à nouveau, mes doigts se déplaçaient sur sa peau et je remarquai alors qu'il ne portait pas de tee-shirt. Un garçon généreux et magnifique me prenait dans ses bras alors qu'il était torse-nu. Que se passait-il ?
Une fois calmée, je me détachai de lui mais ses mains ne voulaient partir de ma taille. Instantanément, mon regard se reporta vers son corps plutôt bien sculpté. Il était un peu musclé, mais pas trop. Son corps était beau mais normal, il en prenait soin sans non plus vouloir ressembler à un des célèbres dieux de la mythologie grecque.
Ethan paraissait avoir remarqué que je l'observai car je le sentais nerveux.
Tout en déposant ma main sur l'un de ses bras, je murmurai un faible remerciement, la tête baissée, honteuse. Je ne voulais pas qu'Ethan me perçoive telle une fille faible et triste. Jamais je ne l'aurais imaginé auparavant mais je veux paraître forte et courageuse devant lui.
Malgré le fait que j'apprécie son contact, c'est trop tôt. Je ne suis pas prête. Ethan est parfait avec moi depuis le début mais mon esprit n'est pas encore apte à découvrir ce qu'est l'amour. Car, je dois bien l'avouer, ce garçon me plaît. Il sait faire abstraction de mon chagrin et de ma pauvreté pour apprendre à connaître la personne que je suis et non celle que je montre. Savoir qu'une créature aussi originale mais étrangement proche de la perfection puisse exister me réchauffe le cœur et me donne envie de revivre, de profiter de la vie.
Malheureusement, la réalité nous rattrape toujours pour se montrer impitoyable et incroyablement cruelle. Car le monde est composé d'êtres tous les plus vicieux les uns que les autres, voulant anéantir toute forme de joie, toute forme d'humanité. Certains sont différents ; certains préfèrent avantager les qualités de chacun afin que tous ceux qui ne connaissent que mélancolie et colère puissent découvrir le bonheur qui est pour tous une raison de vivre et d'avancer.
Soudain, Ethan me prit la main et m'entraîna dans le salon, plongé dans l'obscurité de la nuit. Il chercha puis trouva la pochette qu'il désirait dans l'étagère avant de la glisser sur le tourne-disque et de diffuser une musique entraînante. Je la reconnus immédiatement, il s'agissait de Do It Again de Röyksopp & Robyn.
Mon colocataire m'attira tout à coup vers son corps à moitié dénudé et posa ses mains sur mes hanches. Il commença alors à me faire danser calmement mais sûrement. Nos pas étaient en rythme avec les battements de la musique. Nos corps étaient si proches que nos peaux s'effleuraient sans cesse, ardemment. Nos respirations saccadées se rencontraient au milieu d'une mélodie forte en émotions.
Lorsque la chanson approcha de sa fin, nous nous rapprochâmes et nous dansâmes plus doucement. Je déposai ma tête dans son cou et il fit de même. Son souffle chaud me caressait la peau et me procurait des milliers de frissons. Cette proximité était agréable, chaleureuse.
Un morceau différent s'enclencha. Happy de C2C. Alors, nos instincts nous poussèrent à danser à nouveau. Les iris d'Ethan brillaient de bonheur dans l'obscurité. Il était heureux, tout comme moi à cet instant. Nous nous amusâmes encore une demi-heure avant de sentir la fatigue.
- On devrait probablement dormir, on travaille demain, déclarai-je.
- Oui, tu as raison, approuva-t-il.
Je me dirigeai alors vers ma chambre mais son bras me retint et me retourna vers lui. Ses lèvres approchèrent dangereusement de mon visage puis se déposèrent une énième fois sur ma joue.
- Bonne nuit, Laura.
- Bonne nuit, Ethan, répondis-je gênée.
Le lendemain fut une journée des plus banales. Ethan m'avait préparé le petit déjeuner puis avait parlé un peu avec moi avant de partir à la librairie pour travailler.
Mes habitudes ne furent point changées et ma guitare fut grattée la matinée avant que mon travail de serveuse soit achevé pour la journée. Je n'avais eu aucune nouvelle de mon colocataire avant qu'il ne rentre à l'appartement le sourire aux lèvres, comme à son habitude avais-je remarqué.
Lorsqu'il m'aperçut, il vint instantanément à ma rencontre pour m'embrasser la joue.
- Ce soir, cela te dirait que l'on commande des pizzas et que l'on regarde la télé ?me proposa-t-il après s'être dévêtu de son manteau.
- Oui, j'adore les pizzas ! Je faisais souvent ce genre de soirée avant d'emménager ici donc cela me convient parfaitement.
- Super ! Je vais appeler pour commander, tu veux prendre quoi ?
- Une Regina s'il te plaît, mais je te préviens que je ne la mangerai pas en entière.
- Très bien, alors une Regina pour nous deux, ce sera parfait.
Suite à un quart d'heure d'attente, le livreur sonna enfin à la porte. Je m'apprêtai à aller ouvrir mais Ethan arriva le premier et lui ouvrit la porte avant même que j'atteigne l'entrée.
Le livreur était un jeune homme grand, les yeux verts et portait une casquette de l'enseigne pour laquelle il travaillait ce qui m'empêchait de déterminer la couleur de ses cheveux. Ethan lui prit le carton et le paya.
Il s'apprêtait à refermer la porte quand l'inconnu déclara assez fort pour que je puisse l'entendre :
- Vous formez un joli couple, tu en as de la chance mon pote.
Ethan devint alors rouge de honte. Le livreur me glissa un clin d'œil appuyé avant de partir. Ses paroles étaient gênantes, nous n'étions pas un couple mais de simples colocataires qui apprennent à se connaître. C'était troublant.
Nous passâmes malgré tout une agréable soirée devant un film puis nous partîmes nous coucher.
Comme chaque nuit, un cauchemar interrompit mon sommeil. J'avais également hurlé puis éclaté en sanglot. Je voyais mes parents mourir sous mes yeux et j'étais toujours impuissante. Leurs cris me parvenaient aux oreilles et m'arrachaient le cœur.
Ethan entra tout à coup dans la chambre comme la veille et me prit dans ses bras. Il me murmurait des mots doux tout en me serrant contre lui. Peu à peu, mes pleurs s'éteignirent et la fatigue revint à grand pas. Mes paupières étaient closes et une odeur sucrée et fruitée parvint mes narines. Je m'endormis petit à petit dans les bras de mon colocataire.
Il était sept heures. Mon réveil retentit alors et me sortit brutalement de mon sommeil. Un gémissement se fit entendre. Ce n'était pas moi.
Lorsque j'eus assez émergé, je sentis un bras autour de ma taille et un léger souffle chaud sur la nuque. Qu'était-ce ? J'ouvris les yeux et me retournai pour découvrir Ethan endormi contre moi et torse nu. Non, ce n'était pas possible. Que s'était-il passé la veille ?
Tout à coup, je me souvins. Je m'étais seulement endormie dans ses bras. Mais lui, que faisait-il dans mon lit ? Pourquoi n'était-il pas retourné dans sa chambre ? Tant de questions travaillaient mon esprit à peine éveillé.
Le réveil sonnait encore depuis environ cinq minutes mais je ne m'étais pas résolue à l'éteindre. J'étais pétrifiée et ne savais comment réagir. Lorsque retentit une nouvelle plainte d'Ethan, je me décidais à le couper.
Et soudain, Ethan ouvrit les yeux. Lors des premières secondes il ne remarqua rien. Puis lorsqu'il m'aperçut clairement ainsi que son bras toujours en train de m'enlacer, il fut surpris. Il ôta doucement son bras et se releva un peu avant de poser son doux regard dans mes yeux. Son visage affichait un faible sourire. Il ne savait pas comment réagir non plus.
- Bien dormi ?demanda-t-il faiblement en se grattant l'arrière du crâne, embarrassé.
Je mis plusieurs secondes avant de reprendre le contrôle de moi-même et d'organiser une phrase simple et cohérente dans ma tête et de la prononcer.
- Ou...oui et...et toi ?bégayai-je tout de même.
- Aussi.
Un long silence s'imposa où nos regards semblaient plongés l'un dans l'autre. Nous étions affreusement gênés de cette situation. Puis ses yeux se déplacèrent vers l'écran de mon réveil avant de s'agrandir.
- Bon... je crois qu'il vaut mieux qu'on se lève et qu'on se prépare sinon on va être en retard, déclara-t-il en se levant rapidement. On reparla de tout ça ce soir.
Je n'eus pas le temps de répondre qu'il s'était déjà éclipsé. Ses paroles étaient justes. Nous devions nous préparer. Nous parlerons de ce qui venait de se passer ce soir. Mais que venait-il de se produire ?
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