CHAPITRE 53 : Caresses d'eau, de vent et d'air.
Pdv Livaï
Je reprend enfin connaissance...
Des sons indistincts me parviennent, lointains... Je ne fais aucun effort pour essayer de les comprendre. Je suis bien trop fatigué et loin de la réalité pour essayer...
Je reste perdu entre l'éveil et les songes pendant un très long moment. Ne me souvenant plus de ce qu'il s'est passé. En fait, je ne me souviens plus de rien... Et étrangement, je me sens bien...
Au loin, des sirènes me tirent un peu plus de mon sommeil conscient. M'éveillant davantage à la réalité... Les éclats de voix deviennent un peu plus distinct au fur et à mesure que les minutes passent.
Ses voix ont l'air... tendu ? Désespéré ? Paniqué ? Peut être un peu tout ça à la fois...
Mais...
Pourquoi ?..
Avec une immense difficulté, j'ouvre un oeil. D'abord aveuglé par la luminosité, je le referme aussitôt. À plusieurs reprises je le ré-ouvre pour tenter de m'habituer à l'éclat du soleil... Au début, je ne distingue rien...
Puis petit à petit, mon oeil s'adapte et seul le ciel se présente à moi.
Je me trouve couché à même le sol, le cou enserré dans une minerve, le torse fermement bandé et imbibé de sang. Je ne comprend pas ce qui m'arrive. Je n'arrive pas à me souvenir de ce qui m'est arrivé... Le surf... La vague... Beaucoup trop d'eau... Puis plus rien...
J'ai beau réfléchir, rien ne me vient à l'esprit...
Alors j'abandonne.
À la place j'essais de regarder tout autour de moi, cherchant désespéremment à retrouver du regard Farlan et Isabelle. Ils sont ici. Je le sais. Mais je ne sais pas où exactement. Une drôle d'impression me saisit. De l'angoisse ? Peut être bien... Je ne sais pas trop...
De nombreuses personnes sont là. Il y a les médecins et les pompiers tout d'abord. Puis des passants qui sont venus voir ce qu'il se passait. Et des journalistes rapidement dépéché sur les lieux. Les flashs de leurs appareils photos m'éblouissent, m'obligeant à fermer les yeux à chaque détonation.
Je grogne mon mécontentement, incapable de prononcer le moindre mot...
Une image passe rapidement dans mon esprit, me provoquant comme une décharge. Farlan ! Isabelle !
Cette fois je ne cherche plus à faire attention à moi. Je m'agite pour tenter de me relever et de regarder autour de moi. Deux infirmiers courent vers moi pour tenter de me calmer. Mais je me débat d'avantage, quitte à me faire davantage souffrir.
Je crois me souvenir de ce qu'il s'est passé. Mais c'est impossible... C'est impossible ! Ça n'aurait jamais put se produire ! Et pourtant, le souvenir en moi est bien présent...
Je me débat malgré les protestations des secours. Ça m'est bien égale d'avoir mal alors que... Eux... Ils sont...
Mon regard jongle d'un point à un autre... Puis je les voit... Un médecin qui prend le pou d'Isabelle... Je la fixe, priant de toute mon âme pour qu'elle bouge ne serait-ce qu'un cil. Puis le médecin semble désolé, lachant le poignet de mon amie. Pour ensuite refermer le sac mortuaire dans lequel elle se trouve. Elle est ensuite conduite à côté d'un autre sac mortuaire qui, j'en ai la certitude, contient la dépouille de Farlan...
Ceux qui ont été pendant toutes ses années comme mon frère et ma soeur, n'étaient plus désormais... Et à cause de moi...
Je me calme enfin, pleurant toute la peine qui me ronge le coeur. Les aides soignants me laissent seul un instant, le temps de digérer un peu l'information que je venait d'apprendre par moi même. Après un moment qui me semblait interminable, je décide de mourir moi aussi. À quoi bon continuer à vivre après ce qu'il vient de se passer. Surtout que, d'après la douleur que je ressent, mes jambes ne me seront guères utiles dorénavant...
Alors, discrètement, et terriblement lentement je me relève, laissant la douleur irradier dans tout mon corps, me brisant un peu plus à chaque mouvement. Je me lève sans que personne autour de moi ne le remarque. Lentement, j'enlève la minerve qui me retient le cou et la laisse tomber à mes pieds dans le sable.
Je regarde autour de moi pour être sûr que personne ne m'a remarqué. Ils sont tous bien trop occupé à regarder les restes de mes deux camarades... Mon coeur se serre à cette pensée. Que c'est douloureux...
Mon coeur me fait bien plus mal que mes jambes...
Je détourne le regard, incapable d'en supporter plus. Mes yeux tombent sur les morceaux de ce qu'il reste des planches de Farlan et Isabelle, posé dans le sable.
La mienne, juste à côté, est toujours entière. Ironie du sort il faut croire...
Je vais la récupérer, ne pouvans me résoudre à la laisser ici. C'est désormais tout ce qu'il me reste de mes deux amis disparu...
Et comme ci de rien n'était, je m'en vais. Laissant derrière moi tout ce qui fut ma vie de surfeur...
Je me fond dans la masse de personne, la tête baissé vers le sol. Je retourne à ma voiture pour me changer. J'y arrive malgré la douleur qui commence à m'engourdir les membres.
Je me tourne une dernière fois vers la mer en me disant que plus jamais je ne reviendrais à cet endroit maudit...
Aujourd'hui, le Caporal est mort...
Je regagne mon véhicule et y monte avec peine, grognant de douleur à chaque mouvement.
De mince filets de sang s'échappent encore de ma blessure à l'abdomen. Je ne sais pas et ne saurais probablement jamais ou j'ai trouvé la force de mettre le moteur en marche et de conduire jusqu'au gite que nous avions reservé Farlan, Isabelle et moi.
Quand j'arrive enfin à destination, mes yeux commencent à se fermer tout seul. Je ne pense plus à rien, l'esprit engourdit par la fatigue et la douleur. Avec difficulté je parviens à mettre la clef dans la serrure et à ouvrir la porte. Je me dirige directement dans la chambre et je m'écroule sur le lit, ne sentant plus mes jambes.
Alors que je commence à m'endormir, une image se place devant mes yeux.
Farlan...
Isabelle...
Je suis désolé...
Tout est ma faute...
...
...
...
-Aï... Vaï... Livaï...
J'entends une voix que je connais. Elle est lointaine et me tire peu a peu de mon sommeil. Lentement j'ouvre les yeux pour voir un visage effrayé.
Hanji.
-Qu'est-ce que tu fous là quatre z'yeux ? J'articule avec difficulté.
Elle ne répond rien et fond en larme. Je tente de me retenir. Mais c'est trop dur. Je me laisse aller à ma peine. Et je pleure en silence avec elle la perte de nos deux amis.
Nous pleurons pendant un moment qui me semble interminable. Si bien que je fini par replonger dans un sommeil sans rêve.
Je ne sais plus ce qu'il c'est passé ensuite. Mais une chose est sur j'ai été rapatrié en France. Et je me trouve chez Erwin. Ce dernier est assis dans une chaise à côté du lit, les mains croisés sous son menton et le regard perdu dans le vide. Hanji est là elle aussi. Elle regarde par la fenêtre.
Il pleut.
Aucun de nous n'ose dire quoi que se soit. Le temps ne fait rien d'autre que passer. Nous avons tous été choqué par le mort de nos deux amis, et moi encore plus...
-Il faut que tu vois quelqu'un... lâche tout d'un coup Hanji. Tu ne peux pas rester ainsi avec un tel traumatisme sans en parler.
-Je t'en ai parlé.
-Avec un professionnel Livaï. Une personne qui pourrait vraiment t'aider...
Je n'ai plus rien dit...
Je ne faisait que fixer un point sans le regarder, ignorant les supplications de mon amie.
Au final je n'ai pas été voir de spécialiste cette fois là...
Ni aucune autre...
Et ceux pendant viens longtemps...
Plusieurs fois Hanji m'a supplié de voir des médecins. Plusieurs fois j'ai refusé. Jusqu'à ce que la douleur devienne trop insupportable.
C'est là que l'on m'a annoncé les mauvaises nouvelles.
J'avais eut enormément de chance de survivre lors de la collision avec ce rochet. Mais ma colone vertébrale en avait pris un sérieux coup. Quoi de plus normal ? J'aurais donc à partir d'aujourd'hui des douleurs constantes dans les jambes, parfois accentué lors de crises si j'effectuai un trop plein d'effort.
Crise qui, si trop violentes, pouvaient également me couter la vie...
Je me retrouve donc en fauteuil roulant pour un temps totalement indéterminé. Hanji et Erwin me poussent à la réeducation. Chose que je ne veux pas faire mais que j'effectue quand même uniquement pour qu'ils cessent tous deux de m'embêter avec ça...
Erwin tente même de me faire renouer avec le surf. La discipline qui a coûté la vie à mon frère et à ma soeur... Quel idiot...
Le temps passent lentement. Bien trop lentement...
Que c'est long la vie...
Quelques mois plus tard alors que je suis en train de regarder la télévision sans grand intêret, il y a un reportage commémoratif sur le Caporal qui passe. Et là, je vois les quelques membres de ma famille encore en vie qui témoignent...
Je vois ma petite cousine, d'ordinaire si peu expressive, pleurer toutes les larmes de son corps...
Mais je ne pleur pas. Je suis mort. Le Caporal est mort. Alors pourquoi devrais-je encore pleurer sur son sort ?...
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Et voilà la dernière partie du flashback de Livaï. J'avoue que le coup de "je me barre sans qu'on me voit" est un peu gros mais bon... Fallait bien quelque chose... Donc voilà !
C'est drôle en y repensant... Ces trois chapitres sont les trois premiers que j'ai écrit pour cette fic. Je pensais en faire mon intro... Et puis je me suis dit "Nan. Faut les faire patienter un peu ces petits lecteurs..." Du coup il arrivent en position 50 x)
J'espère que celui ci vous aura plus. En tout cas moi j'aime beaucoup ce passage.
Sur ce, gros gros bisous à tous et a très bientôt 😘😘
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