~6~ 10 ans plus tard...
Quand j'ai vue les beaux commentaires du chapitre précédent, j'ai décidé d'écrire un deuxième chapitre aujourd'hui!:)
Mai 1950
-Tu vas dormir dans la chambre de Mike, m'informe Erwin en me conduisant au deuxième étage, lui, il va dormir dans le salon en attendant qu'Armin quitte la maison. Il va bientôt se marier, donc ce n'est pas un gros dérangement.
J'ouvre grand les yeux sous cette annonce. Armin va se marier? Dans ma tête, je l'imagine encore comme le petit blond qui suivait partout Jaeger et Jean. Quelle femme a-t-il réussi à le charmer? Erwin semble lire en moi ma surprise, car il m'explique :
-Elle s'appelle Annie Leonhart. C'est une gentille fille qui vit au village. Tu aurais dû voir à quel point Armin était angoissé de la demandé en mariage, mais elle a accepté. Le mariage est prévu dans deux mois.
-Je suis surpris... et toi, est-ce que tu es aussi fiancé?
Un sourire moqueur se grave sur les lèvres de mon cousin.
-Moi? Jamais je ne vais me marier. Tiens, voilà ta chambre. Mike a mis ses vêtements dans la mienne en attendant. Il n'a pas grand-chose.
Erwin ouvre la porte qui mène dans la petite pièce qui servait de chambre pour la mère à monsieur Smith à l'époque. J'imagine qu'elle est décédée avec le temps. Les murs sont blanc laiteux et le plancher est immonde. Ce lieu contraste drôlement avec la chambre que j'avais chez Kenny qui était spacieux et décoré à la fine pointe de la mode. Cela ne me dérange pas vraiment.
-Tu sais, j'aurais pu dormir dans le salon, affirmai-je, je ne suis qu'un invité.
-C'est Mike qui a insisté pour te laisser la chambre. Tu as besoin d'un espace privé, j'imagine.
Je m'avance dans la pièce pour déposer sur mon lit ma grosse valise que j'ouvre afin d'en sortir ma machine à écrire que j'ai bien enveloppée dans mes vêtements. Je la pose directement sur le bureau de la chambre. Il va falloir que j'aille m'acheter du papier au village, en espérant qu'il y en ait.
-Tu écris toujours à ce que je vois, remarque Erwin.
-Oui. J'ai commencé un roman récemment.
-Ah oui? Est-ce que cette fois tu vas accepter de me le faire lire?
-Dès qu'il sera terminé.
Le grand blond sourit, visiblement heureux que je consente enfin à lui faire lire mes écrits. J'espère seulement que je vais réussir à le terminer cette fois... ce n'est pas la première fois que j'essaie d'écrire un roman, mais vers la fin, je ne trouve jamais le moyen de le terminer et finis par tout arrêter. Je crois que je suis trop difficile avec ma propre écriture pour réussir à devenir un vrai écrivain. Pourtant, j'ai le droit de continuer de rêver.
-Au fait, mon père voulait que je te dise que demain il y a une soirée au village, déclare Erwin, Sasha Braus fête ses fiançailles et tout le monde est invité. Mon père croit que ce serait un bon moyen de revoir des gens que tu connais.
-Hum. Pourquoi pas, même si je ne me souviens pas de cette fille. Je suis curieux de savoir ce que les gens sont devenus.
-C'est eux qui vont être surpris de te voir.
Sur ce, Erwin me laisse seul dans cette pièce en fermant la porte derrière lui. C'est si bizarre de réapparaitre après 10 ans d'absence. Je me souviens à peine des personnes qui venaient à l'école avec moi à l'époque. Il faut dire que je n'avais pas beaucoup d'amis et que les autres ne m'intéressaient pas particulièrement. J'ai beau essayer de me rappeler des noms ou des visages, mais ça me semble impossible. Seul Jaeger me revient... ce monstre qui me faisait la vie dure et dont le prénom m'échappe aujourd'hui. Même ses traits sont devenus flous dans ma tête.
***
Je lendemain matin, j'aide les garçons à faire le train. Cela fait 10 ans que je n'avais pas mis pied dans une ferme, donc cela fait bizarre. Comme je n'ai pas de linges que je peux salir, Erwin me prête un jeans et un chandail beaucoup trop grand pour moi qui les font tous s'esclaffer. Je finis par garder le gilet, mais change de pantalon pour un qui appartient à Armin. Nous avons presque la même taille, donc c'est beaucoup mieux pour moi.
Une fois sortie de la ferme, je m'empresse d'aller chercher la bassine que je remplis d'eau pour la monter à ma chambre afin de faire ma toilette avec une petite serviette et un savon de moins bonne qualité que celui que j'avais en ville. Je devrais penser à aller en acheter. Je suis certain que ça leur ferait plaisir.
Le soir venu, j'enfile mon habit de ville pour aller à la soirée dont Erwin m'a parlé. Mes deux cousins sont prêts, accoutrés de leurs plus beaux vêtements qui ont surement été raccommodés plusieurs fois. J'ai lavé comme possible mes chaussures avec lesquels je suis arrivé hier, mais impossible de faire partir toute la boue. Tant pis, je vais devoir faire avec.
Je suis les garçons jusqu'à la vieille voiture rouillée d'Erwin dans laquelle nous embarquons. Il manque une porte à l'arrière, mais cela ne semble en aucun cas gêner le propriétaire qui fait comme si tout était normal.
-Votre homme engagé ne vient pas avec nous? M'étonnai-je, vous le gardez enfermé?
Je vois le grand blond grimacer.
-Le village est rempli d'imbéciles, répond-il, le taux de chômage est élevé et beaucoup ne supportent pas l'idée qu'un étranger ait un travail plutôt qu'eux. Pourtant, la plupart sont si lâches que les engager serait une perte d'argent!
-Certains ont déjà menacé Mike de le renvoyé dans son pays de force, ajoute Armin qui est plus calme, il vaut mieux ne pas l'amener à ce genre de soirée, au risque de créer un conflit.
Je suis surpris. En ville, je n'ai jamais vue d'étrangers se faire menacer de la sorte, et ce, même si nous avions plusieurs employés provenant d'ailleurs qui travaillaient à l'usine. Le racisme est partout, mais habituellement, je le vois plus à l'encontre des personnes de couleur noire. Je n'ai d'ailleurs jamais compris en quoi les gens les voyaient différemment de nous. Ils restent des humains avec simplement une pigmentation autre que la nôtre. Le monde est fou parfois... Pourquoi chaque fois que quelque chose est différent il faut qu'il soit persécuté? Ça n'a pas le moindre sens.
La fête se déroule à la maison familiale de la famille Braus et Erwin nous gare au travers la foule de voitures qui longe le bord de route. J'ai l'impression que tous les habitants sont présents. C'est un peu embarrassant quand je me dis que je ne me souviens plus de cette Sasha.
-Reste près de nous, affirme Armin, on va te présenter.
J'acquiesce, puis suis les garçons dans la cour arrière de la maison où la fête bat son plein. Des hommes jouent de la musique pour faire danser le public, tandis que d'autres discutent où mangent de la nourriture qui se trouve sur une table, spécialement préparé pour l'occasion. Je ne reconnais personne...
Armin me présente à sa fiancée, une petite blonde au nez plutôt imposant qui semble éprouver une grande difficulté à sourire. Elle n'est pas laide et l'important c'est que mon cousin l'aime.
Je rencontre ensuite plusieurs personnes qui semblent toutes surprises de me voir de retour. Plusieurs me complimentent sur mon physique qui s'est grandement amélioré avec les années. Il faut dire que j'ai pris en muscles et a un peu grandit. La seule chose qui est gênante dans toutes ces rencontres, c'est que je ne me souviens du nom de personne alors qu'eux, ils se rappellent le mien. C'est réellement embrassant, mais ils doivent comprendre.
On me présente aussi à cette fameuse Sasha chez qui cette fête se déroule. Cheveux bruns attachés en queux de cheval, elle semble très joviale, tout comme son fiancé, un certain Niccolo qui tient un petit restaurant dans le coin. Je passe un agréable moment qui me rappelle plusieurs vieux souvenirs et reste même plus longtemps après qu'Erwin soit partie. Je vais marcher. Ça va me faire du bien.
-Livai Ackerman? Je ne pensais pas te revoir un jour.
Je me retourne vers le garçon qui vient de me parler. Tiens, lui je le reconnais. Marco n'a pas changé d'une miette depuis l'époque, si on omet les immenses cernes qui couvent désormais le bas de ses yeux. Son sourire semble plus faible qu'à l'époque aussi. Revoir l'ancien amant de mon frère me rend triste. Je lui fais une poignée de main amicale.
-Salut Marco. Qu'est-ce que tu deviens?
-Je suis un employé au marché Jaeger, rien de passionnant, comparé à toi qui a énormément changé... D'ailleurs, il n'est pas ici puisqu'il m'a donné congé. Tu serais surpris de voir à quel point lui aussi a changé.
-Je préfère ne pas le revoir, je crois.
Je parle un moment avec le garçon jusqu'à ce qu'une femme vienne nous couper, l'air de très mauvaise humeur.
-Marco, je t'ai dit que je ne voulais pas partir tard! Tonne la brune aux cheveux courts, ramène-moi chez nous, maintenant.
L'ancien amant de Jean lève les yeux au ciel, l'air exaspéré. Qui est cette femme pour le mettre dans cet état? Une chose est certaine, elle semble avoir un fort caractère très désagréable.
-Va m'attendre à la voiture, Imir. Je vais te rejoindre dans une minute.
-Ne me fait pas attendre!
La femme part sans me jeter un regard. Elle manque de politesse celle-là. Marco passe la main dans ses courts cheveux avant de soupirer :
-Voici ma femme, Imir.
-Ta femme? Attends, tu me dis que toi, tu es marié?
-Crois-moi, ce n'est pas de choix... mon père a appris que je ne lui ferais jamais de descendance, donc il a réglé le problème en m'arrangeant le coup. Si un jour je disparais, c'est parce que j'ai réussi à m'enfuir loin de cette folle. Bref, excuse-moi... je perds un peu patience dans ces moments. On se revoit une prochaine fois?
Le garçon me salue avant de partir à pas lents. Pauvre lui. J'imagine que ça doit être difficile d'être marié de force à une personne qu'on n'aime pas et qui plus est, n'est pas du sexe qui nous intéresse. Moi-même, j'ai déjà failli me marier sans être amoureux ou même attiré. C'était une jolie fille du nom Petra dont l'alliance allait permettre à notre compagnie une plus grande expansion. C'est finalement oncle Kenny qui m'a fait comprendre que jouer avec le cœur de cette pauvre fille n'était pas une bonne idée, donc j'ai mis un terme à cette mascarade. Aujourd'hui elle est mariée avec un certain Auruo qui semble la combler de bonheur. Moi, jamais je n'aurais pu lui offrir quoi que ce soit.
Après avoir salué tout le monde, je décide de rentrer à la maison Smith à pied. Les mains dans mes poches, je profite de l'air frais que fauche agréablement mon visage. C'est exactement comme dans mes souvenirs, même si certaines choses ont changé. Le seul inconvénient à cette balade doit être les gros nuages qui viennent de cacher le soleil. Il faisait beau quand nous sommes arrivés pourtant?
Je viens tout juste de rentrer dans le rang quand le premier coup de tonnerre gronde, puis un second. En quelques minutes, une pluie torrentielle s'abat sur moi. Merde! Je suis encore loin de la maison et entouré d'arbres. J'ai beau courir dans la boue, mais mes satanées chaussures de villes restent collées et viennent près sortir de mes pieds. Je suis sur le point de les enlever et les jeter à bout de bras. Je vais vraiment perdre patience...
Mes cheveux sont trempés et le vent me glace les os. Comment avoir plus de malchance? Je fais une courte pause pour reprendre mon souffle quand j'aperçois des phares de voitures qui viennent vers moi. Je lève les bras pour lui faire signe d'arrêter, ce qu'il fait.
-Vous voulez monter?
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