Chapitres 5
Regina regardait son téléphone comme si la réponse y serait inscrite. Son mari venait de lui demander si elle consentait à laisser une partie de sa salle d'exposition à une autre peintre. Celle-ci fit une entrée remarquable, il y a quelques années, Agnès Martin n'avait jamais percé pour de vrai.
Quel serait son avantage à partager l'avant-scène de son vernissage avec un amateur? Que voulait vraiment Robin avec cette demande? Connaissait-il cette femme avant ça? Une amie... ou plus? Regina n'arrivait plus à se sortir cette Agnès Martin de la tête.
Elle se rappelait que quand elle connut son mari, il formait déjà un couple avec une femme de renom. Certes plus âgée qu'elle, mais de quelques années de plus jeune de son mari. Robin avait-il retrouvé une autre artiste pour prendre sa place?
Le vent emmêlait les cheveux d'une blonde, elle courrait dans Central Park tous les matins au levé du jour. Ce matin ne faisait exception, après une heure de jogging matinal, elle rebroussa chemin vers son appartement. Elle effectua un minuscule crochet vers sa galerie préférée, elle savait que la nouvelle horaire serait affichée à la porte de celle-ci.
Emma arriva à la galerie essoufflée, mais heureuse de son entrainement. Elle reprit son souffle un moment et regarda le petit cadre à la gauche de l'entrée. En effet, la nouvelle feuille y était placardée, Emme de son doigt, elle suivait les noms et dates des prochaines expositions.
Un prénom retient son attention, Regina Mills, elle se souvenait d'une Regina, elles avaient partagé un casier ensemble à l'école primaire. Elle ne se rappelait pas son patronyme, ce prénom la fit sourire. Cette petite brune ne souriait jamais et semblait avoir quelque peu de difficultés à se mêler aux enfants.
Un souvenir lui revient à la mémoire, Regina avait une grande sœur, qu'elle protégeait continuellement. Ces deux sœurs retrouvaient souvent dans les bras l'une de l'autre, comme si le monde pesait sur leurs épaules.
Emma poursuivit sa lecture, elle balaya d'un simple geste de la main la Regina de son enfance. D'autres artistes de renoms retiennent plus longuement son attention. Elle prit une photo de la feuille et partie à son appartement d'un pas rapide. Sa journée en salle de presse commençait ce matin avec une entrevue avec le dernier artiste de rue à la mode.
Zelena rejoignit sa sœur de l'autre côté des grandes portes.
- Regina! Appela-t-elle. Elle voyait la confusion et le désarroi sur le visage de sa sœur. Robin t'a dit quoi pour te perturber ainsi? Enchaina-t-elle
- Quoi? Robin? Regina regarda encore son cellulaire au creux de sa main. Il m'a demandée, non presque exigé, que je permette à une autre artiste de partager l'espace principal de la galerie, lors de mon exposition à New York!
Regina hoquetait de colère et de frustration. Robin ne pouvait lui faire ça, elle lui avait donné sa confiance. Il lui avait promis cette exposition avec elle en vedette. Toute sa vie, elle avait attendu ce moment-là.
Zelena ne pouvait que hocher la tête à l'occasion, car Regina déversait son venin sur le dos de son mari. Elle entrevoyait une fêlure dans la carapace de sa sœur, mince, mais bien là. Son univers venait de voler en éclats, elle avait tout misé sur son couple.
- Regina! Susurra-t-elle. Puis elle s'approcha doucement de sa sœur. Regina! Regarde-moi? Exigea-t-elle de sa sœur. Calme-toi un peu! Reprenons depuis le début.
Après une douche bien méritée, Emma sortit rapidement de son studio. Elle avait juste prit ses clés et son manteau de cu®ir rouge, il était devenu son veston fétiche lors de ses interviews importants.
Elle prit les escaliers pour rejoindre le stationnement quelque cinq étages plus bas, cette routine lui permettait de bien visualiser sa prochaine entrevue.
- Le con! S'exclama Zelena à la fin du récit de sa sœur.
Elle aurait aimé avoir Robin sous la main et lui tordre le cou. Elle voyait sa sœur au bord du gouffre. Zelena savait les efforts de Regina pour s'affirmer en tant que peintre de valeur, rester sous l'aile de son mentor peut se révéler plus difficile qu'anticipé.
- Je te comprends, mais ne peux-tu pas changer ta date d'exposition et que cette Agnès-la prenne cette date? Questionna-t-elle.
Elle ne voulait pas contrarier encore plus sa sœur, mais elle ne pouvait pas la laisser s'enflammer comme ça.
La mise en place des tableaux, que Regina avait conçus pour créer une continuité de son esprit créatif et qui se juxtaposait bien avec celles, que Benjamin avait mis à sa disposition. Pour Regina, une rétrospective se composait d'une symbiose entre les toiles et l'univers artistique. Alors, comment intégrer des œuvres qui n'abordaient pas le même sujet?
- Je me vois pas plier comme ça devant Robin. Je dois consulter Benjamin, il m'a prêté quelques toiles personnelles pour compléter mon exposition. Clarifia-t-elle à sa sœur.
- Appelle-le! Demanda-t-elle à Regina. Zelena tendit le téléphone à sa sœur.
Regina prit quelques minutes de réflexion, elle devait se concentrer, Robin lui avait précisé qu'elle lui devait tout, sa carrière, sa position sociale et son train de vie. Elle exposait avec cet artiste ou il lui retirait tout. Elle le savait capable de le faire, sans aucun remord.
- Non! Je ne l'appelle pas! S'exclama une Regina avec colère.
- Soeurette! Zelena voulait toute l'attention de Regina pour bien se faire comprendre. Qu'est-ce que Robin t'a véritablement dit au téléphone? Demanda-t-elle.
La surprise de Regina amena un petit sourire en coin sur le visage de Zelena. Sa sœur pensait-elle que sa comédie d'indignation pouvait vraiment la confondre.
- Alors? Insista-t-elle auprès de la brune.
Regina se décida à se confier un peu à sa sœur.
- Robin... il m'a menacé de tout me retirer si je n'acceptais pas la participation de cette fille-là.
- Pourquoi exiger que cette femme expose avec toi? Questionna-t-elle sa sœur.
- Je pense qu'elle pourrait devenir sa nouvelle flamme. Tu te souviens, quand je l'ai rencontrée, il formait déjà en couple avec une autre artiste? Demanda-t-elle.
Zelena confirma à sa sœur qu'elle se souvenait.
- Je crois qu'il recherche l'admiration des jeunes femmes, ça lui est nécessaire. Reconnu-t-elle.
- Tu crois vraiment qu'elle pourrait être sa nouvelle maitresse? Demanda Zelena.
- Non! Pas encore! Il est plus discret que ça dans ses manœuvres d'approche. Remarqua Regina.
Regina prit une grande inspiration, puis la relâcha doucement.
- OK! Parlons de Benjamin. S'entêtâ Zelena pour détendre un peu l'atmosphère.
- Que vient faire Benjamin là-dedans? Questionna Regina.
- Écoute, que tu le veuilles ou non, ce type en pince pour toi.
- Oui, tu as raison. Confirma la brune.
- Alors, tu reconnais qu'il est amoureux de toi? Insista la rousse.
Regina soupira et prit son courage à deux mains.
- Amoureux est un peu excessif, non? Répliqua-t-elle. De toute façon, je ne l'ai pas encouragé, je suis restée distante avec lui sur ce plan-là. J'ai l'impression que ses ardeurs se sont calmées un peu dernièrement. Il a certainement sentit que Robin n'appréciait pas vraiment qu'il me tourne autour.
Zelena réalisa que Regina se détendait lentement.
- Pour en revenir à ton mari, comment vas-tu régler ça avec lui. Il t'a menacé, ne te voile pas la face. Demanda-t-elle.
- Je le sais bien, mais j'ai un As dans ma poche. Remarqua-t-elle avec un ricanement sarcastique.
La belle rousse vit naître une lueur de défi et de joie dans le regard de la brune ce petit signe de rébellion ne pouvait que la réjouir, la rassurer sur bien-être de sa sœur.
De retour à la maison, Regina ne trouvait pas facilement le sommeil les semaines suivantes. Le chantage de Robin la perturbait encore. Chaque bruit dans la nuit l'éveillait, de sa somnolence, le tic tac de la pendule coucou de la grand-mère de Robin, les gouttes de pluie frappant les vitres de sa chambre ou simplement le chien du voisin qui jappait à la lune.
Regina repoussa draps et couvertures à coups de pieds, le sommeil la désertait encore une fois cette nuit. Elle descendit à la cuisine se faire réchauffer du lait. La brune attendit les premiers signes d'ébullition pour le verser dans un verre. Elle décida d'aller dans son bureau au lieu de rejoindre le lit conjugal et se coucher près de son mari devenait de plus en plus difficile pour Regina.
Regina prit ses lunettes de lecture à monture noire, les apposa sur son nez. Et de la main elle se repoussa ses cheveux derrière ses oreilles. Elle regarda le tableau installer sur le chevalet, qui lui avait été confié pour une estimation.
Elle remplit le formulaire avec ses commentaires et ses remarques, puis à la dernière ligne, elle devait y inscrire un prix à ce tableau. Les heures défilaient rapidement sans que la travailleuse acharnée constate le lever du jour.
Son travail devenait son refuge malgré l'étroite surveillance de Zelena. La rousse remarquait les cernes qui apparaissaient sous les yeux de la brune au fil des semaines.
Le samedi matin Zelena reçut un coup de téléphone de sa sœur.
- Je viens d'avoir une idée, si je te demandais de m'accompagner à New York pour mon exposition, serais tu d'accord? Questionna Regina.
Zelena sentait la fébrilité de Regina, comme une supplication, de l'accompagné à New York. Elle ne prit pas de temps d'y réfléchir.
- Évidemment que je viens! S'exclama-t-elle joyeusement la rousse.
Elle entendit, le profond soupire de soulagement, qu'émit Regina, ce qui confirma encore plus l'inquiétude de Zelena. Le comportement de Regina depuis leur rencontre à Benjamin avait radicalement changé. Regina lui rendait visite plus souvent en semaine et restait souper une fois sur deux. Elle lui donnait l'impression de ne pas vouloir rejoindre le domicile conjugal.
- Formidable! S'exclama Regina.
Elle venait de sentir un lourd poids se retirer de ses épaules. Elle appréhendait tellement ce voyage, Robin lui mettait la pression pour qu'elle revienne sur sa décision et accepte de se plier à sa demande. Elle les entendait au téléphone et ils conservaient, matin et soir.
- Tu crois que Robin va être d'accord pour que je vous accompagne à New York. Questionna Zelena.
- Cela ne le concerne en rien. Répliqua-t-elle d'un ton presque cassant.
Elle ne voulait pas penser à son mari pour l'instant. Sa seule préoccupation est, était et sera son exposition dans les semaines à venir. Elle se promettait de régler ses problèmes conjugaux en temps et en heures, elle réservait son As pour ce moment-là.
Zelena ressentait une grande joie, une nouvelle visite dans le Big Appel lui permettrait de revoir Éric. Elle s'obligea à redescendre sur terre et à retrouver sa concentration, car sa journée de travail se terminera dans quelques heures seulement.
De retour à la maison, la jeune femme se dirigea directement à la cuisine, son auxiliaire à domicile Mary s'y trouvait certainement à cette heure.
- Mary! Appela-t-elle, avant d'entrer dans la cuisine. Regina m'a demandé de l'accompagner pour son exposition en septembre. Claironna-t-elle à son amie.
Mary souriait, Zelena ne sortait pas régulièrement de son appartement, sauf avec sa sœur, alors de percevoir ce regain de joie lui réchauffa le cœur.
- Je suis heureuse pour toi! Déclara-t-elle à la rousse.
Elle constatait maintenant que les deux Mills recréaient de forts liens entre elles. Elles se voyaient plus souvent et leurs discussions semblaient plus confidentielles et mystérieuses.
Zelena, elle aussi songeait à leur nouvelle relation que Regina et elle retrouvaient au fil des semaines. La brune avait toujours joué un rôle de premier plan dans sa vie. Sa soeur est, était et serait son ange gardien, puis sa protectrice et le substitut de leur mère, l'instinct de protection de l'artiste, c'est intensifiée après l'accident de voiture qui a laissé Zelena handicapée à vie.
Leur génitrice s'empressa de se remarier à la mort du père de Regina. Son choix fut déterminant pour les deux fillettes, homme de peu d'égards, violent, buveur et consommateur de drogues. Il battait femme et enfants avec une forte préférence pour la brune.
Leur seul parent vivant ce n'est jamais interposé entre son amant et ses filles.
Une nuit Regina brassa Regina dans son sommeil.
- Zelena! Réveille-toi. Murmura-t-elle à l'oreille Zelena enfant.
- Quoi! Je dors. Contrecarra Zelena.
- Viens! Ordonna Regina. Elle ouvrit brusquement le lit et tira la rousse de celui-ci. On part toute les deux. Cette nuit.
Zelena pouvait voir les marques de coups sur son visage encore une fois. Sa décision fut vite prise et elle débarqua prestement de sa couchette.
- OK! On s'en va sœurette. Les deux petites filles se donnèrent la main et sortirent pour toujours de cette demeure des horreurs.
Elles marchèrent longuement dans le noir pour arriver à destination, soit chez leur tante Christiane qui les accueillit avec ferveur et sensibilité. Pour la première fois de leur vie, les deux sœurs se sentirent à la maison, c'est-à-dire que l'amour, l'affection et les câlins parsemaient maintenant leurs journées et mettaient du baume sur leurs cœurs déjà meurtrit.
Cette femme aida ses nièces à se reconstruire, à retrouver leur estime de soi et surtout elle les aima comme les siennes. Regina décida d'étudier les Beaux-arts et Zelena amorça une carrière de chanteuse, quand survient l'accident. Un banal changement de voie changea pour toujours le destin de deux adolescents, Zelena dans un fauteuil roulant et son guitariste de chum allongé dans un lit depuis ce jour fatidique.
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