VIII💎Jusqu'à tomber face à son père
VII
Jusqu'à tomber face à son père
Grand Océan, sur le Faveur
On la bousculait légèrement. Elle grogna, on la faisait bouger en lui disant de se réveiller. Ce qui arriva inévitablement.
– Viens.
Elle regarda Naos d'un œil endormi. L'homme était debout, éclairée par la lumière d'une bougie qu'il tenait. Elle passa une main dans ses cheveux en grognant. Elle n'aimait pas être réveillée, ça avait toujours été comme cela.
Elle finit par se lever en ronchonnant, un jour on apprendrait à ne pas la réveiller, et enfila un pantalon en y rentrant sa chemise. Elle suivit tout de même le second du capitaine dehors, jusqu'à la proue du grand navire. Il s'arrêta, elle alla s'appuyer contre le garde-corps. Écoutant les vagues frapper la coque de bois.
– Je veux des explications.
L'homme tendit le carnet à la jeune fille. Faveur le récupéra sans attendre d'un geste vif. Ce n'étaient décidément pas des pirates pour rien, ils avaient fouillé ses affaires, les traîtres. Il avait dû profiter qu'elle dormait profondément, ce qui arrivait souvent quand elle était en pleines mers quand elle voguait sur les Crocs de givre, le navire d'Yvir, pour s'emparer de la seule chose qu'il n'aurait jamais dû toucher.
– Je pourrais te lancer par-dessus bord mort ou vif, elle fit fermement.
– Tu n'en feras rien.
Faveur serra les dents et ses mains agrippèrent la couverture de cuire travailler. Elle était dans une impasse et elle n'aimait pas cela, elle évitait toujours de se retrouver dos au mur, ça lui avait jouer trop de mauvais tout par le passé. On apprenait de ses erreurs.
– Le capitaine m'a demandé d'essayer de me renseigner sur toi. Tu es très intrigante, je dois avouer. Je n'avais rien trouvé à ton sujet, du moins jusqu'à ce que je remarque ce livre que tu gardes soigneusement sur toi. Ça n'a pas été facile de l'avoir.
– Tu as lu quoi, exactement ? Elle fit froidement.
– Les deux premières pages, après ce n'était plus très intéressant. Là où tu as écrit rechercher ton père et que tu inscrits toutes les informations sur lui que tu as déjà. De vieilles informations, datées d'il y a environ six ans, si je ne me trompe pas.
Elle avala sa salive discrètement, personne n'avait oser fouiller son plus précieux objet, le seul qui avait essayé parmi les hommes du Crocs de givre avait retrouver un poisson dans son hamac, une idée enfantine qui avait fait ses preuves.
– J'ai tout inventé. J'étais seule et perdue.
– Non, certainement pas. Nous sommes très peu, mais nous savons que le capitaine est marié mais aussi que sa famille lui manque terriblement, il appuya bien sur ses derniers mots.
– Tais-toi ! Elle grogna, le coupant dans son élan de lamentation.
Elle était appuyée au garde-corps, le visage à l'abri de son regard, les larmes se déversant sur ses joues, sa tête penchée vers l'avant. Son visage se crispait de douleurs invisibles. Entendre la vérité faisait tellement mal.
– J'ignorai cependant qu'il avait une fille.
– Il ne le sait sûrement pas lui-même, vu qu'il est parti, et c'est mieux ainsi ! Il a fait ça pour le bien de ma mère et le mien au passage.
– Ça ne change rien, il a le droit de savoir.
Elle se tourna vers lui, la colère l'avait envahi, et attrapa le col de l'homme, ses yeux étaient rougis et son visage fermer. Faveur cligna des yeux pour contenir sa propre rage.
– Il a surtout le droit de ne pas savoir !
– Il s'en fichera de savoir qui tu es devenue. Mais tu l'as déjà impressionné quand il t'a trouvée dans cette calle. Bon sang, sa fille est sur son navire et il ne le sait même pas ! S'énerva Naos. Toi et ta mère, vous lui manquez !
Il respira profondément pour reprendre le contrôle et continua. La jeune fille ne le lâchait pas, cherchait en silence à le convaincre de se taire.
– Il faudrait que tu aies une très bonne raison pour ne rien lui dire. Alors dis le moi et je me tairais, si j'en juge nécessaire.
Le visage de la jeune pirate s'était encore plus fermé, ce qui paraissait impossible jusque-là. Lia faisait froid dans le dos, elle n'était pas arrivée là par hasard conclu Naos. Elle le lâcha net et serra son livre contre elle de son autre bras, c'était la première fois qu'elle allait dire la vérité à voix haute à quelqu'un d'autre. Parce qu'elle n'avait plus le choix et ses cinq dernières années n'auraient servi à rien si Naos parlait à son capitaine.
– Si tu lui dis, tu vas détruire ton capitaine, et tout ce que j'ai fait pour le protéger jusqu'à aujourd'hui.
L'homme resta interdit face à sa détermination. La jeune fille semblait tenir de son père sa franchise bien qu'elle soit une excellente menteuse. Il y avait aussi son regard bleu déterminer à franchir n'importe quel obstacle.
Elle avala sa salive.
– Il y a cinq ans, je suis arrivée à Cap Fortune et je l'ai retrouvé. Je n'ai pas simplement pu. Jamais, j'aurai. Il était heureux, merde quoi ! Il riait de bon cœur avec vous, et moi, comme une fleur, je serai arrivée et j'aurais tout démoli comme un ouragan !
Sa voix s'était cassée alors que les larmes ravageaient son visage, encore et encore. Tout comme sa tristesse qui semblait sans fin. Elle aussi souffrait en silence.
– Je ne pouvais pas, tu comprends ? Je ne pouvais pas aller le voir comme si de rien n'était et lui dire que maman était morte, il la croyait en sécurité, ça m'était impossible. J'allais le détruire, il aurait voulu se venger. Alors j'ai choisi de ne pas aller le voir, je suis resté éloignée, et je l'ai observé.
Naos la regarda, figé. Incrédule, cette fille n'avait pas plus de seize ans et avait fait preuve d'autant de force que de maturité. Combien à son âge se serait croulé en se retrouvant seul. Elle avait eu de la chance aussi de tomber sur de bonnes personnes. Elle s'était sacrifiée pour son père, comme lui l'avait fait pour sa famille. Ils n'y avaient aucun doute sur leur lien de parenté.
– Le capitaine ne tombera pas aussi facilement dans le cercle vicieux de la vengeance.
Elle essuya ses yeux avec la manche de sa chemise en reniflant avant de se redressée.
– Il nous a abandonné pour qu'on vive paisiblement, j'avais dix ans, j'étais qu'une gamine quand ma mère m'a forcé à fuir et qu'elle a fait face aux soldats venus pour elle. Tout ça parce qu'il était un pirate. Mais je sais désormais qui était à la tête de cette troupe et je vais la lui couper.
Elle serra contre elle son livre, les yeux rougit d'avoir pleuré, mais rempli de détermination.
– Il vaut mieux ne pas contredire la fille du capitaine, fit l'homme légèrement amusé.
Elle ressemblait à son père, complètement.
– Je ne lui dirai rien, conclut Naos. Mais il pourrait te reconnaître, tu ressembles à ta mère je suppose... Mais tu as surtout, le regard de ton père.
Elle sourit.
– J'utilise un artefact pour mes cheveux, je fais attention.
– Et ton nom, Lia, je suppose que c'est un mensonge aussi.
– C'est Faveur.
L'homme se figea de surprise. La jeune fille rit aux éclats, amusée de sa réaction.
– Comme... il murmura.
– Eh oui, comme ce navire.
Elle appuya ses mots en frappant le bois du garde-corps, comme s'il s'agissait d'un vieil ami. La pirate avait retrouvé complètement son sourire.
– Je comprends mieux... Il réfléchit à voix haute.
– De quoi ?
– Pourquoi il a baptisé son navire Faveur.
– On n'en sait rien, ma mère a très bien pu choisir ce nom, car c'était celui du navire de son époux.
– Impossible. Je m'en souviens très bien. Quand tes parents se sont rencontrés, on venait de faire naufrage. Plusieurs royaumes s'étaient alliés contre nous car nous avions de plus en plus de pouvoirs sur l'océan, on n'était pas les pires mais ils nous ont attaqué, à trois pour nous écraser, notre bateau a été détruit. On était peu à avoir survécu. Nous avons échoué sur une plage d'Altaïr. Ta mère nous a soigné et aidé.
Faveur resta sans voix, jamais personne ne lui avait raconté la rencontre de ses parents. Elle ne connaissait pas cette histoire, sa mère ne cherchait pas en parler car ça n'avait aucune importance selon elle. Faveur avait toujours vu cela comme un sujet tabou, malgré le fait qu'elle avait tenté bon nombre de fois de connaitre l'identité de son père.
– On est resté un moment coincé avant de voler un bâtiment nautique tout neuf sous leur nez, Altaïr était déjà facile à piler. Quand il a fallu choisir un nom, il a dit que ce serait Faveur avec tant de fierté, mais Météore n'a jamais voulu y donner une seule petite explication. Maintenant tout s'éclaire. Il sait parfaitement que tu existes. Mais c'est ton choix.
Elle se mordit la lèvre inférieure. La jeune fille pouvait très bien courir frapper à la porte de la cabine du capitaine, c'était à porter de main. Elle ne devait pas céder, surtout pas. Tout ce qu'elle avait fait aurait été vint. Pourtant ce n'était pas l'envie, elle pouvait aller le réveiller, peut-être serait-il aussi grognon qu'elle a son réveille, et tout lui avouer. L'appeler Papa. Mais elle aurait tout saboté. Elle devait tenir bon. Encore quelques jours, il lui suffirait d'éviter son père.
Le capitaine.
Tâche qui ne fut pas toujours simple, très difficile. Elle aida sur le pont se sentant mal à l'aise de ne rien faire. Être l'invitée n'était pas pour elle. Lors des repas, elle essayait d'éviter discrètement Météore. Mais elle passa de bons moments, les hommes du navire étaient de bon vivant, ils aimaient jouer aux cartes et au dés quand ils en avaient le temps. Elle en pluma d'ailleurs plus d'un. Bleffer devait être un don. Elle se fondit rapidement dans la masse. Si bien que plusieurs lui demandèrent, la supplièrent, de rester à bord et rentrer avec eux.
D'ailleurs, elle les trouvait bien insouciant au fur et à mesure qu'ils s'approchaient toujours plus de Molra. Un peu comme l'équipage d'Yvir pouvait être constamment. C'était une ville portuaire où se tenait quelques navires du royaume de Saphar. Le roi actuel menait une vaste politique contre la race des pirates. C'est pour cela aussi qu'elle était passée par un navire marchand en plus de brouiller les pistes. Avec leur navire, ils seraient reconnus tout de suite. Surtout qu'avec la prison et cette histoire de marins captifs, ils devaient avoir renforcer leur vigilance.
– On ne risque rien, ton père s'en ai assuré.
Il leur restait un jour de voyage et jusqu'à présent pas un bateau de la flotte royale n'avait été vu. Elle n'arrivait pas à fermer l'œil et était donc sortie voir l'océan et le ciel étoilé de la nuit. Elle laissa Naos venir s'appuyer au garde-corps à côté d'elle.
– Néanmoins, ton inquiétude prouve que tu es un bon matelot.
– Ce n'est pas compliqué, tout le monde l'a probablement compris que la ville serait vide. Du moins du coté proche de la prison. Vous avez traîné exprès pour fatiguer l'ennemi. Après que je sois montée, vous avez grandement accéléré pour faire croire au survivant dans la chaloupe que vous arriveriez vite mais on a trois jours de retard au moins. Avec la magie, on peut envoyer des courriers rapides. Vous, vous êtes tous reposés, alors qu'en face ils sont occupés à perdre leur attention à force de tour de garde.
– Je vois...
– Pardon ?
– Tu analyses tout, comme un bon capitaine, c'est étonnant que tu ne sois pas encore à la tête d'un équipage.
Elle haussa les épaules, n'y aillant jamais passer. Sa place de mousse était assez inhabituelle.
– Yvir à laisser partir un de ses meilleurs éléments je pense...Il suffit de t'entendre parler pour comprendre comment tu as pu t'en sortir jusqu'à présent. Tu devrais te trouver un bâtiment, il termina sa réflexion.
Faveur soupira.
– Je m'occuperai personnellement de notre cher Garre, le chasseur de pirates. Il va regretter le jour où il a posé un pied chez moi.
Elle était déterminée à mettre un point final à cette histoire. Peut-être qu'elle voulait se venger, mais depuis qu'elle le cherchait, elle s'était vite rendu compte que six ans au paravent, il n'était pas un homme aussi haut gradé. Personne ne l'appelait "le chasseur de pirates". Il n'était même pas de Altaïr, Garre était de Saphar, il avait franchi la frontière pour les trouver.
En réalité cela avait débuté avec sa mère, ils l'avaient fait passer pour une pirate. Il s'en était pris à d'autres cas similaires. Des cibles faciles. Des familles massacrées. Il avait acquis sa réputation ainsi, avant d'avoir de plus grosse troupe pour face à de plus grand nom. Puis il était passé aux vrais pirates. Ses succès n'étaient pas nombreux, ils n'y avaient apriori que quelques hommes de Météore. Le gouvernement l'avait placé à la prison pour pirate de Molra par facilité. Il était de plus en plus un problème.
Pour les siens, elle lui règlera son compte.
💎☠️💎
Météore est prudent, où aurait-il des doutes ?
Naos va-t-il rester silencieux ?
Il voit déjà dans Faveur la future capitaine pirate qu'elle sera.
Demain :
Pour atteindre sa vengeance...
💎☠️💎
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Bizzz ma bande de pirates, à demain.
Anarsis ❣️
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