IX

Pour atteindre sa vengeance

Côte de Saphar, près de la ville portuaire de Molra,
Sur le Faveur

Le Faveur était arrivé le long des côtes avec une tel facilitée que s'en était suspect. Météore avait laisser entendre qu'il attaquerait de nuit. Une arrivée dans la nuit noire sans lune qui s'annonçait dans deux jours. L'information avait fait mouche et était arrivée aux autorités rapidement. Les matelots du navire sur lequel Faveur avait clandestinement embarqué, avaient été devancé. Le ciel était nuageux et le soleil cacher mais ils étaient bien arrivés en plein jour sans aucun comité d'accueil.

Ils avaient été facilement bernés. 

Le pavillon n'avait eu qu'à être baisser. L'amarrage au port était lui-même un jeu d'enfant. Preuve supplémentaire pour la jeune fille de leur ignorance. 

Elle posa pied à terre aussi vite qu'elle le put. Inutile de passer sur ce maudit rafiot plus de temps que nécessaire. Faveur se devait tout de même encore vérifier toutes ses informations pour ne commettre aucun impair. Être le plus efficace, c'était une des leçons qu'elle avait apprises auprès de Yvir, enfin de ses matelots puisque Yvir  fonçait TOUJOURS, dans le tas. Pour sa part, son esprit avait toujours tendance à s'embrouiller et s'obliger à réfléchir à une chose à la fois, lui permettait de mieux s'y prendre en générale. Et lui éviter les maux de tête assurément.

– Tu es certaine de vouloir partir ? Fit un des hommes du Faveur en sautant à côté d'elle avec enthousiasmes.

Elle lui sourit.

– Ce n'est pas avec ses imbéciles que je risque quelque chose.

Faveur montra de la tête Molra, amusée. L'homme rit avec d'autres qui venaient de le suivre, en guise d'approbation.  Au moins, elle était déjà appréciée par les matelots de son père sans qu'ils sachent que leur employeur était, eh bien, son père... 

La ville était vivante, étonnamment. Pourtant, elle aurait dû être évacuer. Faveur entra dans un des bars où elle avait repéré quelques soldats, qui venait d'y entrer. Elle avait caché ses affaires dans un coin. De tout manière ici les voleurs, avec la frontière d'Altaïr, ce n'était pas vraiment un problème. Et surtout, c'était elle, la voleuse. Elle avait vite passé une jupe haute par-dessus son pantalon, déboutonné sa chemise, et changer ses cheveux en blond. Elle attirait les regards des hommes, dès son entrée. Ça, ça ne changeait pas. Enfin, ici, ils savaient se tenir un minimum.  Plus loin dans le pays, ce n'était pas là même histoire, et les pirates avaient peur de son ancien capitaine. Elle commanda de l'eau et écouta les conversations.

Elle ne s'attarda pas, une fois qu'elle eut toutes les informations qu'elle désirait, elle se dirigea alors vers la grande bâtisse de pierres. Un donjon entourer de bâtiments et de plusieurs petites cours suivies de puissant rempart. 

Alors qu'elle s'y rendait d'un pas déterminé, elle fut stoppée par une main s'agrippant à son bras pour l'attirer dans l'ombre d'une ruelle. Faveur se retourna et déglutit intérieurement en voyant son père. Elle était vraiment très près de lui.

– On ne t'avait presque pas reconnue.

– Normal, je peux continuer mon chemin ?

Elle sourit, amer. Elle devait se dépêcher, le temps défilait. Ce type, ce serait elle qui lui ferait sa peau. Le chasseur de pirate était pour elle.

Même si l'objectif de son père était de récupérer ses hommes enfermés comme appât pour l'attraper, il était trop proche de la vérité pour qu'elle le laisse savoir. Pas maintenant. Pas après tout ce qu'elle avait fait. Sans compter que si les têtes au-dessus tombaient, la désorganisation qu'elle engendrerait serait parfaite pour eux.

– Ne fait rien de dangereux ou que tu regretterais, il prévient d'un air protecteur.

– Ce que je fais ne regarde que moi, pour ne jamais avoir de regrets.

Elle avait envie de finir sa phrase par un "papa" mais elle s'en retenu de justesse.

Sentant la poigne de l'homme se laisser aller sous la surprise, elle en profita et parti, continuant avec assurance son chemin vers la grande entrée. Un jour, il lui faudrait vraiment trouver l'un de ses fameux bracelets de métamorphose. Ils permettaient de changer temporairement l'apparence complète du porteur. Un artefact des plus rares qui devait valoir toute une petite fortune. Mais rare était les informations de ce type.

Elle arrive devant le garde et l'aborda en prenant un air légèrement apeuré, et la voix incertaine. Qui ne craindrait pas de devoir entrer dans une prison remplie de pirates ? Personne de normal, bien sûr.

– Excusez-moi... on m'a demandé de venir identifier un prisonnier...

Son mensonge passait parfaitement, elle avait entendu une femme, blonde, en parler plus tôt dans la taverne, et se faire passer pour elle était parfait. Elle pénétra dans les lieux comme si de rien n'était. Mieux encore, on la conduisit jusqu'au bureau de sa cible. Garre, le commandant des lieux.

La ville était sous l'influence de Altaïr en étant dans le pays de Saphar où les gens étaient bien plus réalistes. Les lieux étaient sombres et sinistre. Probablement qu'ils jugeaient les pirates bons qu'à vivre dans l'ombre. Après tout, les gens de ce pays séparaient tout entre bien et mal avec aucune nuance entre. Eux ne faisait que le bien évidemment. C'était pour cette raison qu'ils étaient venus jusqu'à leur village perdu et avaient tué sa mère qui n'avait rien fait de mal.

Elle prit la tête du soldat au détour d'un couloir et la frappa contre le mur, assommant ce dernier. Elle prit les clés et avança. La jeune fille était allée jusqu'à s'introduire dans divers lieux pour trouver les plans et les étudier. Elle connaissait les lieux par cœur. Tout était prévu, elle s'occupa des trois hauts gradés en les assommant et exécutant, puis elle alla jusqu'au bureau de l'homme qui ignorait encore que sa prison pour pirate risquait bien de tomber ce jour-là. Elle ouvrit la porte après avoir retiré sa jupe et être redevenue brune. Une pirate, c'était comme cela qu'elle se présenta à lui.

L'homme releva la tête, il avait pris quelques rides mais sans plus. Comme dans ses souvenir. C'était bien lui qui était à la tête de ceux qui les avait attaqués. Lui ne semblait pas la reconnaître. Il cria après ses gardes mais personne ne vint. Elle haussa les épaules avec un petit sourire au coin des lèvres et un air coupable.

– Je crois qu'ils dorment, désolé... 

L'homme se leva et contourna le gros meuble en bois qui lui servait de bureau. Il attrapa son épée dans son fourreau poser contre.

– Qui es-tu ?!?

Elle alla se poser contre un mur et observa le ciel bleu par la fenêtre. Attaquer en plein jour était un jeu d'enfants. Personnes ne s'y attendait, son père avait facilement pu accoster au port.

– Une gamine dont vous avez tué la mère, et qui vient vous rendre la pareille.

Elle poigna dans la garde de son sabre.

Comprends sa situation, l'homme dégaina son épée et se mit en garde. Les lames commencèrent à s'entrechoquer. Les lieux exigus ne permettaient pas de bien se mouvoir, désavantageant l'homme arriva à passer du côté de l'entrée et préféra alors aller jusqu'à la cour intérieure. Faveur était fière de la pagaille qu'elle avait fait régner dans les lieux, sans oublier que, visiblement son père était, lui aussi, passer à l'action.  Mais elle devait rester concentrée sur son ennemi. Bien qu'elle sache se battre avec un sabre, ce n'était pas vraiment sa spécialité. Mais elle s'en sortait bien d'après elle.

– Pour un chasseur de pirates, tu n'es pas très fort pour garder le contrôle des lieux, qu'est-ce que ce sera le jour où tu capturas un vrai pirate ? Ton tas de pierres ne tiendra pas un instant.

– Mes hommes vont arrêter Météore, nous savons qu'il va attaquer, et si ce n'est pas aujourd'hui, je l'aurais un autre jour ! Cet animal est patient. Nous l'aurons N'oubliez pas. Vous, les pirates, vous avez tous votre point faible. 

– Tu vas mourir avant d'y arriver !

– On a trouvé le sien, c'est une sentimentale. 

Elle l'attaqua avec hargne, il para ses coups aisément mais elle arriva à tout de même l'égratigner.

– Je ne vois même pas qui tu es.

Elle se redressa, un air toujours plus fier. Des soldats venaient d'entourer leur duel dans la cour et attendaient le signal pour l'éliminer.

– Je te l'ai dit ! Tu as tué ma mère ! On n'avait rien fait, et c'est ça que vous appelez justice. Éliminer des innocents, vouloir tuer une enfant parce que son père a une putain grosse prime sur la tête ! Ma mère n'a jamais été une pirate et pourtant, vous avez fait votre réputation sur son dos ! Saphar n'est qu'une bande d'usurpateur.

L'homme sembla surpris puis sourit. Un sourire sombre. 

– Alors la gamine a survécu et naturellement est devenue une pirate. Preuve que tout est défini par ton père. C'est parfait. Je n'aurais pas pu rêver mieux, la fille du plus dangereux des pirates du grand océan. 

– Si vous nous aviez laissé tranquille, ça ne serait jamais arrivé ! Elle hurla.

– Le sang de leur vilénie coule dans tes veines, tu étais destinée à devenir une pirate.

Elle sera les dents et attaqua l'homme. Il cherchait à la déstabiliser. Elle devait être fière de qui elle était, il le fallait. Elle serra la garde de son sabre un peu plus et continua d'attaquer. La rage ne devait pas non plus la déstabiliser. 

– Tu sais, ta mère est en vie.

Ses mots, eux, la déstabilisèrent. Mais son corps se déplaça seul, par pur réflexe. Le coup manquant de la touchée. Elle le vit de si près qu'elle se reprit. Elle attaqua d'un coup de sabre, entaillant son ennemi qui n'avait pas eu le temps d'enfiler son armure. Il avait négligé sa défense, trop sûre de lui. L'homme recula de quelques pas et posa sa main sur sa tunique trouée pleine de sang.

La suite logique fut que les soldats tentèrent de l'attaquer mais elle se défendit. Ils étaient bien trop nombreux. Elle poussa alors sur le rubis de son gros bracelet au poignet gauche. Un des quelques artefacts qu'elle avait dénichés, celui-ci, elle l'avait trouvé chez un noble qui ne l'utilisait jamais. C'était triste, un tel pouvoir gâcher dans un cabinet de curiosités. Immédiatement tous les soldats se retrouvèrent propulsés plus loin et assommés contre les murs. Seule, à genoux se tenait encore le chasseur de pirates. L'épée plantée dans le sol pour résister. Elle donna un coup de pied dans son épaule, le faisant tomber.

– Je m'attendais à mieux...

Du coin de l'œil en direction du mouvement proche, elle vit son père et ses hommes partir avec d'autres prisonniers. Le capitaine tenait précieusement entre ses bras un corps inerte. Était-ce vraiment elle ?

Elle plaça son arme sous la gorge de l'homme.

– Pour un chasseur de pirates, tu n'es pas très doué.

– Et toi, tu es une tricheuse.

– Je suis une pirate, mon code, c'est moi qui me le dicte. La mort est un châtiment trop doux pour toi, sale ordure. J'ai hâte de savoir ce qu'il arrive quand on est infirme dans ce pays parfait, elle fit ironiquement.

De son sabre était entailla jusqu'à l'os la jambe droite de l'homme, juste comme il fallait pour qu'elle lui soit totalement inutile. Les soldats préféraient la mort que l'infirmité à ce que l'on racontait.

– Voilà qui te fait une belle jambe.

Sur ses mots, elle partit, se fondant à nouveau dans la foule. Elle retrouva ses affaires dans le recoin où elle avait tout laissé. Elle s'appuya contre un mur de maison et soupira. Tout était terminer.

Elle l'avait fait. 

Enfin.

Mais le problème était tout autre. Celle qu'elle croyait morte était en vie. Elle aurait dû se retourner ce jour-là. D'ici peu son père aurait toutes les pièces du puzzle. Elle était énervée contre elle-même, car si elle avait vérifié, si elle n'avait pas été aussi loin pour se cacher. Elle aurait su et pu la sauver bien plus tôt. Faveur se laissa glisser le long du mur, cherchant à trouver ce qu'elle devait faire maintenant que tout semblait avoir une nouvelle fois changé. Les larmes dévalèrent le long de ses joues en silence.

Depuis quand n'avait-elle pas été en proie au chagrin.

Elle ne savait que faire.

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L'affrontement est lancé, sa vengeance est à porter de main.

Retournement de situation, Era est en vie.

Demain :

Et retrouver sa mère...

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Bizzz ma bande de pirates, à demain.
Anarsis ❣️