II 💎 Seule face au monde
II
Seule face au monde
Royaume d'Altaïr, Village Port Deepmore
Huit jours, elle s'était éloignée autant qu'elle pouvait de son village natal. Elle avait marché longtemps dans la forêt avant de rencontrer un ruisseau qu'elle avait suivi, on vivait près de courant d'eau, sa mère le lui avait expliqué longtemps au paravent. Elle s'était lavée dans la rivière plusieurs fois, avait manger des choses qu'elle avait cueillis, ou volé, lorsqu'elle passait par un village. Faveur s'était découvert un talent incroyable pour le vol, c'était mal mais elle n'avait pas le choix. Autour d'elle tout le monde vivait une vie normale sans problème, notamment d'argent. Les orphelins et personne à la rue n'existait pas non plus à Altair. Ils n'étaient pas suspects à être voler. Qui aurait fait cela ? Personne, des gens comme elle n'existait pas.
Elle croqua dans la pomme, assise sur le bord d'un quai d'un village côtier où elle venait d'arriver. Ses pieds se balançaient dans l'air alors qu'elle espionnait les conversations.
Elle avait bien réfléchi. Elle voulait retrouver son père. Il était capitaine, avec sa tête mise à prix, les informations pouvaient être facilement trouvables. Il lui suffisait de trouver les bons navires pour l'orienter vers lui. Elle était jeune et mince, embarquée clandestinement ne serait pas si compliquée. Le mieux aurait été de trouver un navire pirate. Mais eux étaient trop discrets.
De plus, on ne parlait pas beaucoup de malheur et pirates dans les environs. A croire qu'ils ne passaient pas dans le royaume, ce qu'elle avait difficile à croire au vu combien elle avait facile de voler. Les pirates n'étaient-ils pas des pilleurs ? La sécurité du pays était bien trop légère pour qu'ils n'en prennent pas parti.
Il lui faudrait du temps pour trouver un navire. Sa mère lui avait toujours appris qu'il fallait commencer par petit et ne pas chercher à attraper la lune directement. Elle avait toujours été d'un naturel patient et calme, bien que curieux. Beaucoup la trouvait trop mature pour son âge, peut-être parce qu'elle n'avait pas grandi dans la même prison dorée que les autres enfants, aussi insouciant que leurs parents. Depuis toute petite, elle cachait la vérité sur son père, elle savait très bien mentir, il suffisait d'y croire et de ne jamais hésiter.
Une conversation arriva à ses oreilles. Quelque chose d'intéressant et de banale. Un navire marchand ne tarderait plus à partir, ses cales était pleine de nourriture à envoyer à un port à deux jours de voyage. Ce n'étaient pas loin et probablement ce dont elle avait besoin. Un trajet court pour se tester.
C'est ainsi que Faveur monta pour la première fois, clandestinement qui plus est, sur un navire. Au milieu des caisses et tonneaux, dans la calle, elle se fit une petite place, ce n'était pas très confortable mais elle s'en accommoderait. Pendant le trajet, elle se familiarisa avec l'eau qui venait frapper la coque, le bateau qui tanguait. Elle volait dans les provisions discrètement. Personne n'avait remarqué sa présence. Elle trouvait qu'elle s'adaptait plutôt bien de manière générale. Allant jusqu'à se faire un petit coin assez confortable bien cacher. Tel une fouine, elle se déplaçait pour écouter les conversations sur le pont, à l'affût de la moins piste sur son père.
Lorsqu'elle posa pied à terre, elle n'était pas si avancée qu'elle l'avait espéré, hormis qu'à force de voguer sur les mers, elle pourrait tomber sur des pirates. C'était la hantise des marins, tombés sur un bateau pirate. Ces derniers ne faisaient pas dans la dentelle d'après ce qu'elle avait entendu. Les marins en discutaient beaucoup sur le navire.
Il y avait aussi une rumeur, ce n'était pas la première fois qu'elle l'entendait. Selon certains, les pirates cachaient parfois leur navire le long des côtes pour aller discrètement se réapprovisionner dans des villages. Faveur se doutait que cela était des plus simples pour eux au vu de sa propre facilité à les voler comme elle l'avait identifié plus tôt.
Elle marcha un moment sur les quais remplis de vie de la petite ville portuaire, un petit baluchon en toile grossière sur le dos à peine rempli. Sans trouver ce qu'elle cherchait et se doutant qu'elle aurait plus facile sous le couvert du soir, elle finit sur le petit marché où tous criaient pour vendre leur poisson. Elle vola quelques fruits et légumes, c'est comme le mensonge, ne pas hésiter, détourner l'attention avec doigter et ne jamais agir discrètement. Personne ne semblait la remarquer, elle avait pris bien soin de laver ses vêtements. Il fallait qu'elle se fonde dans la masse. Elle y arrivait plutôt bien. C'était visiblement pareil partout dans le royaume.
Sur un étalage se trouvait de petits livres à la couverture en cuir très travaillé et coloré. Il y avait aussi de belles plumes ainsi que des encriers. Voilà ce qu'il lui fallait. Elle s'approcha de l'échoppe et profita qu'un homme discutait avec le vendeur pour prendre ce qu'elle désirait avant de partir comme si de rien n'était.
Faveur n'était pas plus douée que cela, ses gens ne connaissaient pas le mot misère, ni le mot vol. Ils ne pouvaient pas la comprendre, eux n'avaient jamais été menacé par des soldats, ni vu leur mère se sacrifier pour eux. Non, personne dans ce pays ne s'imaginait cela. Ils étaient tellement dans un monde parfait, où rien ne pouvait leur arriver, qu'ils ne remarquaient même pas qu'elle passait sous leur nez en se servant de ce dont elle avait besoin.
Elle voulut tester leur crédulité et vola deux robes d'un coup sans éveiller les soupçons. Une fois dans la foule, tout le monde cru qu'elle avait tout acheté avec l'argent de ses parents. Mais elle n'avait pas de parents.
Elle trouva une petite crypte où elle déposa sur un rocher plat et sec, son butin du jour, des fruits, des légumes et quelques morceaux de viande. Il y avait le beau manuscrit encore vierge dont la couverture en cuir était finalement travaillée avec des renfoncements où se trouvait des couleurs créant un motif complexe et abstrait lui rappellent les murs des chapelles où l'on priait les dieux. Elle n'avait jamais cru là-dedans car sinon, elle aurait pu grandir avec ses deux parents s'ils existaient.
Il y avait aussi une belle plume foncé facile à transporter, un petit pot d'encre noir en verre. Puis les deux robes, l'une, plus longue, lui servirait à se fondre dans la masse et l'autre plus courte et simple servirait lors de ses voyages en navire pour être plus à son aise. Elle se dit qu'user de vêtements de garçons pourrait aussi lui convenir.
Elle se déshabilla et plongea dans l'eau de mer pour se rafraîchir avec de se changer. Elle fit un petit cercle de pierres, imitant sa mère, plaça quelques brindilles et alluma un petit feu. Tout cela, c'était à sa mère qu'elle le devait. Une fois convenablement lancer, elle s'attela à cuire la viande récupérer sur des branches. Elle l'avait fait tout de seule quelques jours avant, quand elle n'avait pas encore pris la mer. Elle mangea en observant le soleil se coucher derrière la mer, mais seulement unes parties de ses rations.
Il était temps pour elle de chercher des informations.
Elle se figea, alors qu'elle rangeait ses maigres affaires, quand elle vu un groupe de cinq hommes arrivés sur la petite plage de cailloux. Leurs vêtements n'avaient rien avoir avec ceux du royaume. C'était coloré mais vieilli par les longs voyages en mer. Ils dénotaient clairement avec le restant de la population. C'est la première fois que la fillette se retrouvait face à de vrais pirates, ils étaient intimidants. Elle refoula comme elle put sa peur.
Elle était cependant certaines qu'il s'agissait bel et bien de pirates, pour sûr.
L'un d'entre eux se détacha du petit groupe et s'approcha d'elle. Un jeune homme aux cheveux blond tenu vers l'arrière par un foulard, il portait un grand manteau bleu vert en lainage. Il s'accroupit une fois devant elle et lui sourit gentiment.
– Que fait une fillette de ton âge seule avec feu de camp...
Elle le regarda et ne répondit pas. Elle ne savait pas quoi faire, elle se savait très bien incapable de se défendre. Elle était à leur mercis. S'ils lui voulaient du mal. Enfin, peut-être que s'auto-proclamé fille du Capitaine météore, ce qui était la vérité, pourrait lui sauver la vie. Enfin, à compter que ce soient bien des pirates et qu'ils soient en bon terme avec son père.
On est peut-être des pirates mais ça ne fait pas de nous de si horribles personnes.
Je sais, elle le coupa le plus fermement qu'elle put.
Ces deux mots venaient de leur couper le souffle. Après tout, elle ressemblait à n'importe quel enfant de ce stupide pays. Elle devait se montrer forte alors elle redressa le dos et plongea ses yeux bleus dans le regard bleu gris du grand blond. Le marin se reprit.
– Tu es bien la première à nous le dire.
– Je veux devenir pirate, moi aussi, elle déclara avec assurance.
Ce fut la première fois qu'elle prononça se désir enfuit en elle, elle était fille de pirate. Elle voulait retrouver son père. Elle voulait voguer librement.
Les hommes derrières rirent de bon cœur. Non, ses hommes n'étaient pas méchants, ils ne se moquaient pas complètement d'elle. Ils étaient plutôt surpris. Elle avait vu de la peine dans leur regard à tous quand ils étaient arrivés.
Est-ce que comme son père, ils avaient laissé derrière eux leur famille ? Probablement, les pirates n'étaient pas très appréciés pour leurs esprits de libre.
– Le royaume a tué ma mère car elle était proche d'un pirate.
Déformer la réalité, ne pas tout raconter. C'était une excellente technique. Mais aussi pour se protéger, nommer son père n'était peut-être par très judicieux comme elle l'avait pensé. Elle venait tout de même de les figer net. Personne à Altaïr ne connaissait le mot orphelin, ses pirates devaient très bien le savoir.
– Tu n'as plus de famille ?
Faveur se leva et continua à ranger son petit campement improvisé. Il fallait qu'elle se renseigne à tout prix, mais pas aussi directement. Elle était consciente d'avoir des problèmes déjà auprès des autorités qui devait chercher la fille du capitaine Météore qui s'était enfuit. Une fille de dix ans, rousse aux yeux bleus, qui se baladait seule, ce n'était pas banale. Si la prime pour son père était élevée, Elle-même devait valoir son pesant. C'était logique.
Elle secoua la tête pour ne plus y penser et visiblement ses réflexions intérieures avait marqué son visage, empêchant les pirates de lui poser plus de questions. Mais une arriva tout de même.
– Donc tu es seule ? Et ton papa ?
– Il est mort, il y a longtemps en se battant pour le royaume.
Ce mensonge, elle le connaissait par cœur, c'était comme une vérité dans son esprit. Elle connaissait même le lieu, de la bataille qui avait bien exister. Sa mère avait tout fait soigneusement.
– Et donc tu veux devenir pirate... Fit le blond pensif. Tu es jeune et sache qu'on ne devient pas pirate comme ça. Et ne cherche pas à te venger non plus petite, ça ne te servirait à rien.
– Je voudrais aller aux îles des pirates, loin de ce pays minable.
– Il y a des endroits bien plus appropriés pour une enfant qu'un repère d'ivrognes...
– Je m'en fiche, si vous ne m'aidez pas, bah j'y arriverai toute seule, elle prononça fièrement. Vous verrez !
Une ville de pirates, voilà qui lui permettrait de trouver plus d'informations sur son père. Voir le rencontrer directement.
– Je n'ai pas besoin de votre aide, laissez-moi.
Le jeune inconnu la dévisagea un long moment. La fillette était jeune mais pleine de détermination, semblant faire face au monde qui n'avait rien de reluisant à ses yeux. Elle était consciente de ce qui l'entourait, de ce vers quoi elle allait. Il passa une main sur son visage. Elle cherchait quelque chose, c'était certain mais elle savait très clairement bien tenir un secret, continuer à se battre face à cette tête brûlée était idiot. En plus, ils avaient à faire et peu de temps. Cette enfant s'en sortira tout de seule, ça il en était certain.
– Je m'appelle Yvir, j'espère te recroiser un jour fillette. Vit, c'est tout ce que j'ai à te dire. Et autre chose, on ne devient pas un pirate, on est pirate.
Sur ses mots, il reprit son chemin avec ses hommes. Elle passa son baluchon sur son épaule et l'un d'entre eux en passant à côté d'elle lui ébouriffa ses cheveux roux presque rouge.
– J'espère que notre capitaine à raison de te faire confiance... Fait attention tout de même gamine.
Ils partirent et elle ne put s'empêcher d'observer le grand blond, il devait avoir à peine plus de sept ou huit ans en plus qu'elle. Il était vraiment déjà capitaine ? Yvir, elle avait déjà entendu ce nom, ou du moins lu quelque part.
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Faveur est débrouillarde mais ne risque-t-elle pas gros à agir ainsi ?
Vous vous souvenez de Yvir ? Il vous a fait bonne impression ?
Demain :
Passant de navire en navire...
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À demain pour l'abordage !
Bizzz ma bande de pirates
Anarsis ❣️
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