12. Le bonheur d'oublier
- Aaah... vous êtes... dieu merci... sanglota une petite voix.
- Malaisie ? Mais qu'est-ce que tu...
- Je suis... l'assistante... d'ASEAN... hoqueta-t-elle.
Je croisais son regard. Elle était en tailleur, une fleur d'hibiscus sur la tête.
- Si vous saviez à quel point je suis... heureuse... E.U, il me... il m'a... menacé de me tuer et de tuer toute ma famille si je... ne faisais pas passer l'annonce que vous avez entendue hier...
Elle était sur le point de fondre en larmes.
- C'est vrai, (t/p), maintenant, c'est toi qui décide ! s'exclama Japon.
- Je...
- Laissez-moi l'annoncer à tout le monde... je suis sûre qu'il seront très... très heureux. Supplia Malaisie.
- D'accord, mais...
Elle courut et nous la suivîmes. Nous nous retrouvâmes dans le hall. Elle s'installa derrière le bureau de l'accueil, tordit le micro entre ses doigts, puis annonça d'une voix forte :
- Je suis heureuse de vous annoncer que le nouveau, ou plutôt la nouvelle dirigeante, n'est autre que... (t/p) !
- Non, c'est trop d'honneur... merci, merci, Terre, vraiment, je... !
Puis des pas précipités. Des cris. Des larmes, aussi. Mais tous étaient heureux.
- (t/p) ! C'est magnifique ! Je... je suis fière de toi... me dit France en essuyant une larme au coin de son œil.
Ah...
Maman ?
En ce moment... elle doit... je dois rentrer. Je dois rentrer. France... ah. Je... est-ce que je... non. Je... je dois rentrer.
- (t/p), tu pâlit à vue d'œil... tu es sûre que ça va ?
Je la prends dans mes bras.
- Oui, France, je vais bien. Tu sais, tu es comme...
Les mots ne veulent pas sortir.
- Comme ?
- ... une mère pour moi. Même si j'en ai déjà une. Je voudrais rester ici pour toujours. Mais... je vais devoir partir, bientôt. Si seulement...
- Merci, (t/p). Je me souviendrais de toi et de cette phrase toute ma vie. Moi aussi, je suis triste que tu doives partir.
Je regarde le cristal. Est-ce qu'il pourrait... effacer la mémoire de ma famille humaine ?
Je n'ai qu'à essayer.
Je veux que ma famille, là-bas, dans le monde des hommes, ne se souvienne plus de moi.
Le cristal brille faiblement. Puis une image s'impose à moi. Ma mère, mon père et ma sœur, s'amusant ensemble et ayant complètement oublié que j'existe. Je soupire de soulagement.
- Tu sais France... finalement je vais pouvoir rester.
- Ah oui ? Si tu savais comme je suis heureuse !
- Grâce... au pouvoir du cristal... ah, c'est trop d'honneur, Terre, que de me l'avoir donné.
Je souris.
- Tu as l'air heureuse, (t/p), tu as un sourire radieux ! Me dit Amé.
Ah. Le sourire... j'ai découvert son secret, je crois. C'est la reconnaissance envers la vie. Ils sont tellement reconnaissants envers Terre que leur sourire même en est impacté. Je suis... comme eux. J'éclate de rire. Je pense n'avoir jamais été aussi heureuse de toute ma vie ! Tout le monde me regarde. Je m'exclame :
- Merci ! Merci à tous ! Je vous promets que je ferais de mon mieux pour que vous ne manquiez de rien ! Je le jure ! Vous avez tant fait pour moi, je dois vous rendre la pareille...
Je suis heureuse, certes, mais reste tout de même un soupçon de questions.
Qui suis-je vraiment ?
Terre voulait peut-être parler des moments, où, quand je regarde Amé, j'ai l'impression qu'une autre personne parle en moi et me dit : "Aime-le, possède-le, dans sa chair, dans son sang, son esprit et ses pensées. Fait qu'il n'aie plus que toi de vivant à ses yeux, et que tu puisses, enfin, soulager ta soif d'amour, toi qui ne l'as jamais connu." C'est malsain. Je suis sûre que ça, ce n'est pas de l'amour. C'est une sorte d'obsession malsaine. Ça me dégoûterait que quelqu'un ait les mêmes sentiments pour moi. Non, de toute façon, Amé est avec Russie, et ils sont très heureux ensembles. Je ne veux pas briser mes amis.
Je resterai. Je me soucierai de la question de mon identité plus tard. Maintenant, je veux juste profiter de l'ivresse du bonheur. Mon carnet... c'est lui. C'est lui qui m'a amenée jusqu'ici. Je remercie la moi de il y a quatre d'avoir été curieuse. Je me contente de sourire aux "Merci !", aux " Qu'est-ce qu'on aurait fait sans toi !" et aux "T'es la meilleure, tu vas y arriver !". Quel sentiment de plénitude... merci. Maintenant, je vais pouvoir me reprendre.
- Tu veux qu'on rentre, (t/p) ? me demande Canada.
- Avant que je m'évanouisse au milieu de la foule ? Oui, merci, ce serait gentil.
Je vois Allemagne passer dans mon champ de vision.
- Eh ! Tu serais pas avec Pologne, des fois ?
Il rougit. C'est donc un oui.
- Un conseil : apprends le polonais.
- Hein ?
- Tu verras, ça te sera utile plus tard.
- ... Si tu le dis.
- Si, si ! Bon, moi, j'y vais !
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