Partie 26
Je me réveillai en sursaut quelques heures plus tard.
— Astrid ? souffla la voix de Wendy.
Je me détendis et encerclait sa taille avec mon bras.
— Je suis là, affirmai-je.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle, déboussolée.
— Trois membres du conseil ont essayé de te faire du mal. Je les en ai empêchés.
— Je veux bien que tu sois doué, Astrid, mais trois magiciens expérimentés...
— Je les ai frappés. Avec mes poings. Fort.
Elle pouffa avant de s'interrompre et de grimacer.
— Comment te sens-tu ? l'interrogeai-je en me redressant.
— J'ai mal partout, avoua Wendy.
— Ça ne m'étonne pas trop. Ils ont dit que tu risquais de déguster.
— Je suis presque sûre qu'ils n'ont pas employé ce terme, ricana la magicienne. J'aurais aimé voir leurs têtes.
Je levai les yeux au ciel. Mon inquiétude devait se lire sur mon visage car elle redevint sérieuse.
— Ce n'est pas grave, Astrid. Toi comme moi avons traversé bien pire que ça.
— Ce n'est pas une raison.
— Je ne peux pas changer le monde sans souffrir un peu au passage. Si tu n'es pas prête...
— Ça n'a rien à voir. Je t'ai déjà dit que je me tiendrai à tes côtés. Mais te voir comme ça je... Tu comptes pour moi...
— Viens-là.
Elle m'attira sur elle, la tête nichée sous son menton, un bras autour de ma taille, l'autre entre mes omoplates et une main dans mes cheveux. Je soupirai, me détendit.
— Astrid, je... Depuis que tu es ici, tu as remis en question mes plans et mes priorités. Nos cœurs portent les mêmes cicatrices, battent au même rythme. Tu comptes plus pour moi que n'importe qui a compté dans ma vie. Tu es... Tu es de ma famille.
Elle me serra plus fort et je répondis de la même manière.
— Mais pour que plus personne n'ai à vivre le même enfer que nous, il faut que nous fassions des sacrifices. poursuivit-elle.
— Ne me sert pas le discours des martyrs de l'Église, grognai-je.
— La cause est plus noble, tu admettras.
— Peut-être, mais mourir en cours de route ne mène à rien.
— Je n'en ai nullement l'intention, ne t'inquiète pas.
Un bruit dans la pièce voisine nous fit sursauter.
« C'est Gilda. Et Maya te cherche. » se manifesta Ulrich.
— Quelqu'un vient, je...
— C'est Gilda, m'interrompit ma protectrice.
Elle se redressa et je m'extirpai des draps pour m'assoir en tailleur au bout du lit. Quelques secondes plus tard, ma tutrice entrait et elle afficha tout de suite une mine soulagée en voyant la Dame Blanche éveillée.
— Ma Dame, c'est un soulagement de voir que vous allez mieux. Une collation est prête à être servie si vous le souhaitez et les conseillers souhaiteraient vous voir dès que possible.
Wendy hocha la tête, un sourire factice aux lèvres. Je voyais au fond de ses yeux qu'elle souffrait, mais elle ne laisserait rien paraître devant d'autres personnes.
— Très bien, je les recevrais dans une heure dans la salle de conférence. Le temps de me préparer et de me restaurer.
Gilda s'inclina et repartit sans bruit. Wendy s'assît au bord du lit et se leva. Elle tenta de masquer sa grimace, mais je ne fut pas dupe.
— Tu es sûre que ça va aller ?
— Il faudra bien, je ne peux pas me permettre de paraître faible, cela donnerait des idées à ceux qui n'osaient pas agir auparavant. De plus... il va probablement nous falloir accélérer nos plans. Je crains que le Cardinal ne quitte bientôt cette terre et il ne pouvait pas choisir pire moment.
— Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ? demandai-je.
Elle resta silencieuse, commença à s'habiller. Je voyais qu'elle réfléchissait.
— Comment as-tu su que j'étais en danger ? m'interrogea-t-elle. Tu étais avec Gilda à l'autre bout du bâtiment.
Je détournai les yeux, prise au dépourvu. Avec toute l'agitation autour de son agression et la supposée sensibilité à la magie noire, j'avais oublié de trouver un mensonge à lui servir.
— Astrid ?
— Je... disons que... j'entends et je vois des choses que les autres ne semblent pas voir.
— Depuis combien de temps cela dure-t-il ?
— Je ne sais plus exactement... Peut-être deux ans.
— Bien avant que tu arrives ici, donc, songea-t-elle. Je te demanderais bien plus d'explications, mais je n'ai pas vraiment le temps. Prends le reste de la journée à ta guise, je risque d'être occupée jusqu'à une heure avancée.
J'opinai, soulagée qu'elle ne pousse pas le sujet plus loin. La présence d'Ulrich était ténue dans mon esprit, j'ignorai s'il tentait déjà de convaincre Aurore ou s'il parcourait l'Abbaye.
Je quittai la pièce et me rappelai l'avertissement de mon colocataire à propos de Maya. Je laissais mon esprit travailler sur les dernières infos qu'il avait obtenu tout en parcourant les couloirs désormais si familiers. C'était étrange de trouver dans ma mémoire des souvenirs et des connaissances que je n'avais jamais acquis. Même après plusieurs semaines, je n'étais pas vraiment habituer à « recevoir du courrier » comme s'amusait à dire Ulrich.
De ce que j'eus le temps de comprendre, les conseillers avait tous été surpris par la tournure des événements. À priori, seuls les trois que nous avions assommés faisaient partie du complot. Néanmoins, Ulrich se méfiait de deux autres, qui manigançaient à priori quelque chose. Je notai leurs visages dans un coin de mon esprit et me retrouvai devant la porte de la chambre de Maya.
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