Partie 15

Ètement folle...

... Savez ce que j'en...

... Jamais dû...

...Morte...

... Sept victimes...

Plus de blessés...

... Seulement possible...

...Incontrôlable...

« Ah, il serait temps que tu émerges. »

J'ouvris les yeux avec difficulté, battis des paupières sans noter de changement. Il me fallut un moment pour comprendre que j'étais dans le noir complet, allongée sur quelques chose de dur et froid... Le sol ? Les souvenirs embrumés qui parvenaient à la surface de mon esprit ne m'éclairaient pas sur la manière dont j'ai pu arriver ici.

« Ils t'ont amenée ici après... l'accident. »

Je grognai, me redressai en position assise. Un cliquetis métallique attira mon attention. Après tâtonnement, j'étais visiblement enchaînée au mur par les poignets.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

« Tu as plus ou moins fait exploser la salle de classe et les gens dedans. »

« Quoi ?! »

« Tu as fais une espèce de crise de panique. J'ai essayé de t'aider mais tu étais tellement loin... Et d'un seul coup, la magie est passée à travers toi et... boum. »

« Oh merde... »

« Hm... »

« Putain de magie de merde, je savais que ça nous attirerait des ennuis ! À quel moment j'ai pu penser que tout allait bien se passer ! »

«... »

« Je suppose qu'on est morts ce coup-ci. »

« Effectivement. Je vois difficilement comment on peut s'en sortir. Tu as tué sept personnes, blessé plusieurs dizaines d'autres... »

« Merci de me remonter le moral. »

« Uh, je veux bien faire un effort, mais là on est au fond du trou. »

Je soupirai, passa une main dans mes cheveux.

« Je commençais à penser qu'on pourrait se plaire ici, c'est dommage. »

Le silence s'étira pour une durée indéterminée.

« Ulrich. »

« Quoi ? »

« C'est mon prénom. Je crois. »

Un rire silencieux me secoua.

« C'est franchement con, tu commences à retrouver la mémoire juste au mauvais moment. En tout cas, je suis contente de t'avoir connue. »

« Moi aussi, Astrid, moi aussi. »

Assise contre le mur, je sentais la présence d'Ulrich à côté de moi. Le temps passa dans un silence familier, confortable. Il ne restait rien à faire à part attendre que le destin se manifeste.

Le bruit sourd d'une porte qu'on déplace dans le lointain me tira de ma somnolence. Des pas résonnèrent ensuite. Une deuxième porte et un éclat lumineux me parvinrent par l'étroite fente à mi-hauteur de ce que je supposai être la porte de ma cellule.

La lumière d'un globe lumineux m'aveugla quand la porte s'ouvrit brutalement. On tira sur les chaînes qui me retenaient. Avant que je comprenne ce qu'il se passe, je trébuchai dans un couloir sombre et humide, une personne de chaque côté, deux derrière et une devant. L'instant d'après, je tombai à genoux dans un espace trop éclairé.

— Laissez-nous.

— Absolument pas ! Je ne comprends même pas que vous la laissiez...

— Dehors !

Les pas précipités me firent presque sourire tandis que mes yeux s'adaptaient à la luminosité. Deux pieds entrèrent dans mon champ de vision puis des genoux et deux mains qui encadrèrent mon visage.

— Déesse, qu'a-t-il pu se passer pour que tu provoques ça ? souffla la Dame blanche.

Elle cherchai des réponses dans mes yeux. Je fermai les paupières, incapable de supporter son regard. J'aimerais lui donner ces réponses. Le besoin de lui parler, de lui confier mes secrets, nos secrets, monta en moi, Je devais lui parler... Il fallait que...

« Non ! »

« Si ! Elle peut nous aider à nous en sortir. »

« Tu ne peux pas faire ça ! On ne sait même pas si ce qu'elle prétend est vraie. »

« Je sais qu'on peut lui faire confiance. Et toi aussi ! »

« Ça ne veut rien dire. Elle a pu t'ensorceler. »

« Peut-être, mais son sort n'aurait pas pu avoir d'effet sur toi, tu es mort. »

« Umpf. »

« Alors ? »

Nous avions déjà eu cette conversation. Plus d'une fois. Mon instinct me hurlait de faire confiance à la magicienne depuis notre rencontre. Ulrich et moi avons tenté de déterminer si cela pouvait être l'effet de sa magie. Mais pour une raison inconnue, il savait que ce genre de magie ne pouvait pas l'affecter car il était déjà mort. J'ignorai comment il avait pu parvenir à cette conclusion, et la façon dont il est décédé, car il refusait de me le dire. Au fond je savais qu'il voulait me protéger, pour ne pas me faire de peine. Comme si je n'avais pas déjà vu toute la misère du monde en vivant dans les rues.

« Très bien. Mais évite de parler de moi dans un premier temps. »

« D'accord. »

Je rouvris les yeux. La Dame blanche m'observait toujours, l'inquiétude sincère que je lisais dans ses yeux acheva de me convaincre. Je me haussai sur mes genoux pour poser mon front contre le sien.

— Je ne l'ai pas fais exprès, vous devez me croire, murmurai-je.

Après de longues semaines de silence, ma voix craquait et glissait. Je n'osai pas prononcer plus de choses. La magicienne écarquilla les yeux et ses mains se crispèrent sur mon visage.

— Mais tu parles... souffla-t-elle.

— Oui, articulai-je.

— Pourquoi... commença-t-elle.

J'entendis toutes les questions qu'elle voulait poser derrière ce mot et j'essayai d'y répondre brièvement.

— Parce que c'était plus simple et moins dangereux. Les gens ici n'avaient pas peur de moi.

Elle soupira avant de rire doucement et de s'écarter pour me regarder.

— Les trois premières semaines que j'ai passé ici, j'ai fait croire à tout le monde que j'étais sourde, me confia-t-elle.

Elle soupira, passa une main dans mes cheveux.

— Je sais que tu ne l'as pas fait exprès, c'est ma faute. J'aurais dû prévoir que ce genre de choses pouvaient arriver. J'ai sous-estimé ton potentiel et la force de tes émotions. Le tout est d'arriver à les convaincre que tu n'es pas une simple d'esprit violente ou une folle tout aussi violente.

Elle se releva, m'entraîna avec elle. Un éclair de magie jaillit de sa paume et mes menottes tombèrent sur le sol dans un tintement métallique. Une chaleur irradia aussitôt de ma poitrine et je portai les mains à mon plexus. La magicienne posa aussitôt ses mains sur les miennes et la chaleur reflua pour se nicher au fond de mon cœur.

— Là, doucement, contrôle-la. Je sais que c'est difficile en ce moment, je vais t'aider.

Nous passâmes plusieurs minutes en silence dans cette position. Quand la Dame Blanche ôta ses mains, ce fut pour m'ouvrir ses bras. Je m'y réfugiais aussitôt. Nichée dans son étreinte, je lui racontai à voix basse ce qu'il s'est passé.

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