Chapitre 4
Sa journée avait été longue. Très longue. Ce soir-là, elle s'était assise aux côtés du garçon en se demandant ce qui l'attendait cette fois-ci.
-Salut, lui avait-elle dit après quelques instants.
-Salut Sarah. avait-il répondu.
Là, elle avait constaté qu'elle ne connaissait même pas son nom.
-Et toi comment tu t'appelles ?
-C'est important pour toi de le savoir ?
-Plutôt, oui. C'est bête de faire connaissance avec quelqu'un dont on ne connaît pas le nom.
-Mais nous ne faisons pas connaissance, nous entretenons des conversations intéressantes. Quand je voudrai être ami avec toi alors tu connaîtras comment je m'appelle.
Sarah qui commençait à être habituée à son comportement singulier n'avait pas bronché. Le garçon avait penché la tête contre la vitre et semblait réfléchir. Elle avait sorti son téléphone. Claire lui avait envoyé une photo, on l'y voyait avec sa petite sœur tapant la pose avec un bonhomme de neige. En souriant elle avait rédigé sa réponse :
La chance ! Moi il ne me reste qu'un jour à surmonter. D'ailleurs je continue de m'asseoir à côté de ce garçon dans le bus. Bonne nouvelle, il n'est pas muet et ne me prend pas pour une psychopathe.
Elle avait tourné la tête vers lui un instant, il n'avait pas bougé d'un centimètre.
Par contre il est bel et bien bizarre, il réfléchit trop. Tu devrais voir ça, il semble carrément venir d'une autre planète !
Elle avait pressé le bouton "envoyer".
-Sais-tu à quel point l'univers est grand ?
Sarah avait tressailli, la coïncidence était beaucoup trop grande.
-J'en ai ma petite idée.
-L'être humain est assoiffé de découverte, il fait tout pour en savoir plus sur cette immensité. Dans ce domaine encore, celui des prouesses scientifiques j'entends, nous sommes insignifiants.
-Je l'imagine bien.
-Pourtant, la plupart du temps nous pensons tout savoir. Comme a dit Albert Einstein, "il n'existe que deux choses infinies, l'univers et la bêtise humaine, et encore, pour l'univers, je ne suis pas certain" .
-Tu sembles passionné par la critique de l'être humain. Toutefois, tu n'oublierais pas que tu en es un ?
-Non Sarah. Je suis humain mais je suis avant tout une âme, et contrairement à l'homme les âmes sont éternelles.
-Spirituel.
-Oui.
-Tu sais tu m'intrigues, tu sembles totalement coupé de la réalité tout en en sachant sur elle plus que n'importe qui d'autre.
-J'intrigue souvent. Mais lorsque les gens m'entendent, ils se lassent vite de mes réflexions trop poussées. C'est la raison pour laquelle je préfère les garder pour moi. Je déteste cette impression d'avoir trop parlé.
Sarah avait été surprise,
-Tu te livre ce soir. avait-elle dit.
-Je ne devrais pas.
-Je n'ai pas dit ça !
-Mais je le pense, je ne devrais pas t'en dire autant. Ce n'est pas une conversation intéressante.
-Moi je trouve que si. Ah ! C'est mon arrêt.
Le bus s'était stoppé près de l'abri vert au centre du quartier résidentiel. Il faisait plutôt beau pour une fois. Le garçon avait répondu dans sa barbe.
-Bonne soirée.
-Merci, à demain monsieur sans-nom !
Et elle était descendue, légère
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