chapitre 3
-Alors, tu as médité ?
Sarah s'était assise et soupirait.
-J'avais d'autres choses à faire.
-Telles que ?
-Prendre un goûter, regarder deux vidéos sur le net, bosser.
- Et selon toi, tout ça est plus important qu'un instant de réflexion?
- Oui.
- Tu te trompes.
Elle avait levé les yeux au ciel. Ce jour là le bus était encore plus vide que la veille, il restait deux jours avant les vacances de noël. Claire l'avait appelée, elle était déjà au ski.
-Donne-moi donc ton propre avis sur ta fameuse citation... L'homme est un quoi déjà?
-"Un miracle sans intérêt". Et je pense que Rostand a raison, nous sommes un miracle ; personne ne sait d'où nous venons. Nous avons un jour "popé" sur Terre et depuis plus rien. Enfin si, beaucoup, mais rien qui n'ait de l'intérêt.
- Je ne te suis pas.
- Ce que je veux dire c'est que nous ne servons à rien. Nous détruisons tout ce que nous possédons en pensant créer, innover où améliorer. Mais nous ne faisons que détruire. Nos ressources, notre planète, nos semblables, nos vies. Tout nous dépasse, nous sommes minuscules. Certes, nous sommes un miracle, mais c'est tout. Des créatures inachevées, incomplètes, sottes et inutiles.
Sarah qui l'avait attentivement écouté avait haussé un sourcil.
-C'est bien toi le gars qui refusait de m'adresser un mot il y a deux jours ?
-Que penses-tu de ce que je viens de dire ?
- Tu as peut-être raison. Je ne pense pas souvent à ce genre de choses.
-Il est bien là le problème, nous sommes tellement pris par ce standing de vie, cette routine, que nous ne pensons plus. Nous ne sommes plus conscients. Nous ne pensons pas au fait que des personnes meurent à l'instant où je te parle, que d'autres naissent, que certaines pleurent, que certaines souffrent. Nous sommes là assis dans ce bus, et voilà où notre de monde prend fin. Il prend fin le soir avec un plat chaud devant la télé, le matin en posant ses fesses sur la chaise du lycée le midi entouré de nos amis. Et nous nous en satisfaisons. Nous perdons notre conscience en banalisant la situation. Tout nous semble éternel au moment où nous le vivons, mais regarde le ciel, pense à ce qu'il y a derrière, pense-y, nous sommes minuscules. Et dénués d'intérêts.
Suite à ça le garçon avait remit son casque sans plus de mots en indiquant la porte d'un signe de tête. L'arrêt de Sarah. Elle était descendue du bus le regard tourné vers les nuages, vers le soleil qui allait se coucher et vers dame lune et demoiselle du berger qui sortaient tout juste de leur sommeil.
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