Chapitre 7 :

Des hommes d'affaires se dépêchent d'emprunter le même trajet pour se rendre sur leur lieu de travail ; ils regardent leur montre et s'excusent rarement en se frayant un chemin au milieu de cette immense foule, assaillis par les bruits intempestifs des klaxons des voitures pressées. Le décor est sombre, accentué par sa multitude de lampadaires qui illuminent les trottoirs, plombé par des gratte-ciels si haut qu'ils en cachent le ciel. Aux pieds des passants, Lumi et Nouki, dont la taille est réduite à celle d'un rongeur, évitent tant bien que mal de se faire piétiner, perdus au milieu de tous ces géants, paniqués. En zigzaguant, les deux amis courent pour leur vie, cherchant dans ce chaos un potentiel abri.

Après plusieurs expériences de mort imminente, Nouki remarque une drôle de brèche dans le mur d'un de ces immenses immeubles. Il n'hésite pas à tirer sa créatrice pour l'entraîner dans sa direction et à s'abriter dans ce qui ressemble à un trou de rat. L'endroit n'est ni trop grand, ni trop étroit, suffisant pour que les deux amis puissent s'y allonger et en faire le tour. Plongés dans la pénombre, ils trouvent leur seule source de lumière à l'extérieur, bien qu'elle soit instable en raison du nombre de gens qui passent devant la brèche. Le raton laveur reprend son souffle après une hyperventilation, couché sur le dos, tandis que sa créatrice jette un regard vers cette étrange ville en plein essor, à l'entrée de cette cavité. Tous les piétons semblent être des salariés toujours en mouvement, ne s'arrêtant qu'aux feux, non sans montrer leur agacement, avant de reprendre leur démarche une fois le feu au vert.

— Tiens, ça fait longtemps qu'on n'a plus eu un noyau aussi complexe que celui-là, fait remarquer Lumi.

— Bon sang, j'ai l'impression qu'on est passé d'Animal Crossing à Dark Soul d'un coup et pourtant, je devais m'y attendre, soupire l'animal en venant au même niveau que Lumi. Dis-moi, ta mémoire te dit quelque chose ?

— Non, elle est très silencieuse.

— Étonnant, normalement, on devrait avoir un objectif de départ vu toute cette vie.

— C'est pas plus mal, franchement, avec le monde qu'il y a dehors, ça me dérange pas qu'on fasse un uno ici et qu'on attende la fin du rêve, rétorque la jeune fille en s'éloignant de l'extérieur.

— Non mais, on s'est tapé des rêves tellement éclatés, on devrait essayer de faire un truc pour celui-là, on sait pas si le prochain sera aussi vivant qu'un rat mort- Ah ok, d'accord.

Nouki s'arrête dans son discours lorsqu'il aperçoit sa créatrice accroupie contre le mur une aura défaitiste émanant de tout son être. Cette dernière n'a jamais été très courageuse et perd tout son cran une fois sous pression, semble-t-il qu'elle n'a jamais su affronter les situations difficiles. Malgré l'image d'une personne impulsive qu'elle renvoie, Lumi n'a jamais aimé sortir de sa zone de confort et supporte mal les changements trop importants ; alors, comme à son habitude, elle se roule en boule et attend que les choses s'améliorent d'elles-mêmes. Habituellement, le raton laveur aurait fait une remarque, la traitant de lâche ou de grosse fainéante, mais Nouki garde le silence et s'en va dans un coin pour se coucher sur le côté. Lumi observe les ombres que projettent les multitudes de piétons sur le mur. Spectatrice de ce monde extérieur à travers cette vague représentation, elle peine de plus en plus à vouloir quitter ce lieu ; la jeune fille baisse la tête, attristée.

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— Hum...

Nouki remarque la déception de sa créatrice. Il racle de la gorge pour briser le silence, cherche ses mots et se lance maladroitement dans son discours.

— Lumi, on pourrait discuter de quelque chose ? l'interpelle l'animal.

— Hein ? Oui, par rapport à quoi ?

La jeune fille tourne la tête vers lui, plutôt surprise de son changement de ton.

— Tu te souviens, dans un des précédents rêves, tu m'avais dit que j'ai jamais cherché à te comprendre.

— J'ai dit ça moi ? réplique-t-elle perplexe.

— T'as déjà oublié ?

— J'oublie ce qui se passe en rêve, il se passe trop de trucs ou pas assez. J'ai peut-être dû dire ça, mais c'est pas rare qu'on se crache dessus pour n'importe quelle raison, répond-t-elle en haussant les épaules.

Le raton laveur émet un soupir silencieux ; sa créatrice n'aime pas beaucoup réfléchir, ce qui est assez ironique, étant donné à quel point sa mémoire est développée. Il fait abstraction de sa nonchalance et reprend là où il en était :

— Bref, tu m'avais dit ça et j'ai réfléchi depuis.

Le raton laveur s'étrangle à la fin de sa phrase, il détourne les yeux pour ne pas affronter le regard interrogatif de sa créatrice et continue avec une voix un peu plus basse.

— Au début, je me disais que tout ce que je te disais était pour ton bien. J'étais dur, mais c'était pour t'éviter d'être moquée par des gens peu scrupuleux. Alors, je m'efforçais de t'aider du mieux que je pouvais. Cependant, avec le temps, je crois que je suis devenu de plus en plus... beaucoup plus vache dans mes propos. Je reconnais que je t'ai empêché de te lancer dans des projets que tu voulais entreprendre pour des raisons parfois stupides. À force de vouloir te protéger, j'ai fini par faire l'inverse, explique Nouki avec un regret dans sa voix. Je suis vraiment désolé, j'aurais dû t'encourager à certains moments.

Malgré le vacarme extérieur, les paroles de la créature résonnent en écho dans la cavité, mais Lumi ne semble pas tant réagir. Au fond d'elle, le comportement de son ami ne sort pas de nulle part, elle a sa part de responsabilité. La jeune fille baisse le regard, sous une lumière artificielle instable. Elle finit par émettre un petit rire, bien plus amusée qu'autre chose.

— Pourquoi tu t'excuses ? C'est pas d'ta faute tu sais ?

— Un peu quand même ? rétorque son interlocuteur avec un rire nerveux.

— Bof. Peu importe ce que tu me disais, je faisais que de te contredire. Avec le temps, t'es juste devenu de plus en plus vache, car tu te disais qu'avec des mots plus forts, ça me ferait agir.

— Ce n'est pas que ça, je pense...

— Peut-être qu'il n'y a pas que ça, mais j'ai des choses à me reprocher aussi. Il y a des moments, j'aurais voulu être différente, car ça nous aurait permis de ne pas finir dans ce trou à rat pour commencer.

L'adolescente pouffe de rire en terminant sa phrase, son ami également, mais d'un rire bien plus nerveux. Une ambiance pesante règne, l'animal essaye de la détendre.

— Arrête Lumi, ça te ressemble pas d'être aussi pessimiste, qu'est-ce qui se passe, t'es devenue sentimentale, car je le suis ?

— Ouais, je crois que ce rêve nous file un bad mood.

Dans ce silence qui creuse la distance entre les deux personnages, Lumi regarde de nouveau le mur où se reflète les ombres des travailleurs au dehors, pendant que son ami observe directement l'extérieur. Ils ne se détestent pas ; ils ne peuvent pas se haïr. Pourtant, leur crainte respective finit par parasiter leur compréhension, essentielle pour la santé de leur relation. Bien qu'ils en soient conscients, l'appliquer s'avère difficile. Nouki essaye de terminer cette introspection sur une note positive, en serrant son poing victorieux :

— De toute façon, on a tous les deux été débiles, mais on peut toujours essayer d'améliorer ça.

Par exemple, j'essaierai de moins te tacler et t'encourager un peu plus.Souriante, Lumi rétorque avec un poing serré également.

— Ok, je vais essayer de beaucoup plus t'écouter sans te dire que tu cherches ta nourriture dans les poubelles.

Les deux amis se sourient mutuellement. Chacun de leur côté, ils méditent. Durant ce moment de silence, le raton laveur rajoute un détail.

— Je t'encourage, mais si tu me reparles de cette histoire de dropshipping, je serais obligé de t'insulter pour te remettre sur le droit chemin hein, qu'on soit clair.

— Non, ça c'était une idée débile, j'ai ni la popularité, ni les capacités de faire ça.

— Je parlais d'éthique, mais bon, tant mieux si tu le fais pas, marmonne son interlocuteur.

— Par contre, tu m'encourageras pour mes livres hein ?

À cette question, le raton laveur fixe sa créatrice droit dans les yeux. Cette dernière attend une réponse positive, mais seul le bruit extérieur plane en ce lieu. Les secondes passent, et Lumi arbore un sourire crispé lorsqu'elle constate l'absence de réponse de Nouki.

— Tu m'encourageras pour mes livres, hein ? répète-elle de nouveau.

— J'ai dit que je faisais des efforts pour t'encourager, mais pas pour t'induire encore plus dans un mauvais chemin, tu sais ? répond-t-il avec un sourire benêt.

— Alors toi t'es vraiment le roi des bouffons hypocrites.

Bien qu'il s'agisse d'une petite boutade pour détendre l'atmosphère, chacun reste dans son coin, attendant certainement la mise à jour de la mémoire onirique. Nouki observe la vie en dehors de leur trou. À l'exception des bruits désagréables, il n'aperçoit que des chaussures de travail ou des talons hauts noirs, à croire que tout le monde travaille dans cette ville. Comme promis, il ne mettra pas de pression sur sa créatrice, même si cela fait longtemps qu'ils n'ont pas eu un rêve de cette complexité. Ils auront certainement d'autres occasions.

Mais Lumi se lève d'un coup, ils ont fait une promesse ensemble, alors autant faire un effort également. Sous le regard intrigué de Nouki, la jeune fille marche jusqu'au seuil de la brèche et, comparé à leur taudis, le monde extérieur semble tellement immense que ça lui provoque des vertiges. Une foule immense, un trafic intense, des bâtiments gigantesques, tous grisâtres et moroses, la jeune fille se souvient pourquoi ils ont fui par ici. Un sourire nerveux colle ses lèvres, et Lumi tourne le dos à l'entrée. Pourquoi devrait-elle sortir dans ce monde terrifiant alors qu'il n'y a aucune obligation ordonnée par la mémoire onirique ? Autant rester dans ce trou à rat avec Nouki et jouer à compter le nombre de cafards qui passeront là.

— C'est rien Lumi, la réconforte Nouki, c'est pas le meilleur rêve qu'on ait eu.

— Je sais, soupire-t-elle.

Pourtant, une drôle de mélodie résonne dans les oreilles de l'adolescente, une mélodie familière même. Elle se retourne perplexe, d'où est-ce qu'elle provient ? Au milieu de cette pénombre, et dans ce vacarme assourdissant, à l'autre bout de la rue, Lumi aperçoit des tournesols lumineux recouvrant les proximités d'une autre brèche, les mêmes qu'elle a aperçus dans l'un de ses précédents rêves. Le raton laveur remarque son changement de comportement et se redresse.

— La mémoire s'est mise à jour ? questionne-t-il.

— Non... Tu vois les tournesols là-bas ?

— Des tournesols dehors ?

Nouki arrive au côté de son amie, plisse ses yeux pour voir aussi loin que possible, mais secoue la tête.

— Désolé, c'est trop loin pour moi, je vois rien. Ils sont loin où ces tournesols ?

— Genre, après deux passages piétons, ils sont au pied du bâtiment en face. Y a des fleurs de tournesols près d'une autre brèche.

— C'est... Très très loin quand même. Pas étonnant que je ne les ai pas vu, fait remarquer Nouki. Mais pourquoi t'en parles, tu veux aller en cueillir là-bas ?

— Tu penses qu'on devrait ? questionne Lumi en jouant avec ses mains.

— Malheureusement c'est toi la cheffe ici, c'est toi qui prends les décisions.

— Comment ça malheureusement ?

Nouki émet un sifflement pendant que Lumi lui tire la langue, mais il pose une bonne question : pourquoi ces tournesols l'interpellent ? C'est la seule chose qu'elle remarque dans cette ville qui pourrit dans le gris, de jolies fleurs blanches qui illuminent chaleureusement une petite parcelle de ce lieu lugubre, différemment de ces lampadaires vieillots qui émettent des rayons fades. L'adolescente s'accroupit, au seuil de la brèche, troublée par son dilemme : doit-elle y aller juste pour satisfaire sa curiosité ou rester ici par sécurité ? Pour mieux réfléchir, Lumi tripote son visage, créant différentes grimaces, sous le regard perplexe de son ami qui ne comprend pas vraiment ce qui se passe. Ce dernier se racle la gorge.

— Lumi, tu fais quoi en fait ?

— Je réfléchis.

— Pour de vrai ou comme ces derniers mois ?

— T'as dit que t'arrêtais de me tacler, réplique-t-elle en tirant la tronche. T'as pas tenu longtemps.

— Oh bah tu sais, je t'interdirais pas de me traiter de moche des poubelles ou de fraude de la nature hein ? répond-t-il avec un sourire narquois.

— J'accepte ce deal, répond-t-elle satisfaite. Mais sinon, je sais pas si j'ai envie d'y aller là-bas ou pas.

— Juste pour aller cueillir les tournesols ?

— Un truc du genre je crois, tu n'as pas envie d'y aller ?

— Je vois rien d'ici et si je devais réfléchir, aller là-bas juste pour des tournesols, je doute que ça vaille la peine.

Une réponse compréhensible, pourtant Lumi veut rejoindre ces tournesols pour une raison qui lui échappe encore. Elle se lève, et plus elle observe ces fleurs, plus elle s'emplit de courage et serre ses poings.

— Allons-y Nouki, on y va.

— Hein ? Attends, où ? Vers les tournesols, là-bas ?

— Oui, allons-y, ça fait longtemps qu'on n'a plus fait un rêve aussi challengeant.

Nouki fronce les sourcils, mais préfère émettre un soupir avec un sourire ; malgré les années, le raton laveur ne comprendra jamais entièrement sa créatrice, même s'il partage sa chair, métaphoriquement parlant. Sur la ligne de départ, Lumi se tapote les joues et fixe son objectif, partagée entre anxiété et adrénaline.

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Au coup de feu imaginaire, elle entame un sprint au milieu de tous ces titans, talonnée par son ami. Le cœur battant, la jeune fille fait attention à ne pas se faire écraser par ces géants. Elle s'arrête in extremis devant le premier passage piéton où aucun des PNJ ne bouge, attendant que le feu passe au vert, un moment de répit dans ce monde extérieur, ce qui permet à Nouki de reprendre son souffle. 

— J'ai vraiment plus de cardio aujourd'hui, dit-il essoufflé.

— Reprends vite ton souffle, va falloir courir de nouveau lorsque ça passera au vert.

— Je sais...

Sans crier gare, la foule s'avance pour traverser le passage piéton. L'adolescente esquive de justesse une personne qui manque de la piétiner et se met à courir, sentant que Nouki traîne davantage derrière elle, mais il y a trop de monde, elle ne peut pas l'attendre. Paniquée et les yeux fermés, la jeune fille traverse la première route avant de se sentir choir. D'un monde grisâtre, Lumi finit engloutie dans les ténèbres, et le vertige manque de la faire se réveiller dans sa chute. En ouvrant les yeux, la jeune fille se rend compte qu'elle est tombée dans une bouche d'égout. Plusieurs fois, elle tente d'appeler son ami, mais seule sa voix résonne dans ce lieu
lugubre.

La jeune fille perd son sourire et se met à se recroqueviller, terrorisée pour la suite ; un rêve complexe n'existe pas sans cauchemar complexe. Paralysée, Lumi reste sous la faible lumière artificielle qui traverse la bouche d'égout, en s'accroupissant pour devenir aussi petite que possible. Son regard se fixe sur son ombre, sans vouloir regarder autour d'elle, par peur d'y trouver des choses effrayantes. Le seul son qui sort de sa bouche n'est qu'un long soupir fatigué. Elle voulait voir ces tournesols, et maintenant, elle se retrouve six pieds sous terre. Aurait-il fallu rester dans son trou à rat ? Elle aurait été avec Nouki, toujours mieux que seule dans un lieu potentiellement hostile.

— Je suis vraiment trop débile, pense-t-elle.

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Seule, une mélodie familière retentit en ce lieu. Lumi lève la tête avant de regarder vers la source. Elle se lève timidement afin d'essayer de voir, à travers le néant, d'où provient ce son, mais il est difficile d'y voir quoique ce soit. Guidée par son oreille, Lumi s'avance et s'éloigne de la lumière pour s'enfoncer dans l'obscurité. Les yeux fermés, elle crispe son corps au fur et à mesure avant de ressentir une drôle de lueur sur son visage. Une fleur de tournesol se trouve juste devant elle, et la jeune fille recule subitement avant de s'apercevoir qu'elle se trouve dans un lieu rempli de ces fleurs-là, chassant la pénombre qui croulait dans les égouts.Grâce à elles, un chemin se forme, et Lumi ressent l'intuition qu'elle doit le suivre. Les égouts paraissent moins terrifiants en leur présence ; la jeune fille n'avait d'ailleurs pas remarqué qu'il y avait un cours d'eau qui s'écoulait paisiblement ici. Au bout du chemin, dans ce vaste labyrinthe, une échelle se présente, donnant accès à la surface. Lumi quitte les égouts pour affronter la lumière artificielle de cette énorme ville, une chose qu'elle pourrait presque regretter. Pourtant, elle a atteint son but, elle a atteint les tournesols et cette brèche ; il s'agit d'une grosse victoire.

Elle se penche alors pour inspecter la petite brèche et voir si elle peut s'y glisser avant de ramper à travers un étroit passage. À sa sortie, le bruit assourdissant de la foule disparaît, laissant place au calme bienvenue d'un jardin floral. Lumi en tombe bouche bée, regrettant de ne pas voir cet endroit avec Nouki. Pas d'énormes titans qui se pressent, pas de voitures qui klaxonnent pour avancer, juste la nature et des fleurs aussi lumineuses que blanches. Dans le ciel, habituellement noir, Lumi aperçoit quelque chose qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps : une magnifique lune. Attirée, la jeune fille s'y concentre jusqu'à ce que l'astre lunaire arbore une forme rectangulaire, avant de se rendre compte qu'il s'agit de l'écran de son téléphone allumé. Encore dans les brumes de son rêve, Lumi se rend compte qu'elle s'est endormie pendant sa discussion avec Shadowhite. Cette dernière l'a interpellée plusieurs fois avant de conclure qu'elle devait dormir. C'est aujourd'hui qu'elle doit rencontrer son abonnée. Après avoir tourné la tête, l'adolescente observe par les stores entrouverts de sa fenêtre la faible lumière de l'aube naissante.

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