Chapitre 21 :

En plein milieu de l'après-midi, Lumi s'amuse sur la balançoire du vieux parc abandonné, encore ravie de la journée qu'elle vient de passer la veille, tandis que la blondinette se préoccupe du lendemain, le moment qu'elle redoute arrive dans quelques heures déjà. Elle ne reculera pas, elle ne flanchera pas, peu importe l'issue de la journée de demain, Ambre ira jusqu'au bout de sa rédemption. Un bruit sec interrompt sa réflexion, comme celui d'un métal qui se rompt, l'instant d'après, elle voit Lumi être projetée dans les airs et retomber soudainement à terre. Ramenée à la réalité, Ambre se lève soudainement pour aller la voir.

— Mon Dieu Lumi, comment ça va ? Tu as mal ?

— Non, non, répond-t-elle en s'esclaffant, je crois que le balançoire a préféré se suicider plutôt que de vouloir me porter encore plus longtemps.

La noiraude plaisante pour rassurer son amie et se nettoie les mains qui ont failli s'écorcher à cause des copeaux de bois au sol. Lumi se lève pour observer son environnement, constatant que le parc de son enfance tombe en ruine. Ou plutôt, il l'était déjà le premier jour où elle était venue ici avec Ambre, elle ne voulait juste pas le voir.

— Ce n'est plus ce que c'était avant ce parc, constate la noiraude.

— Oui, personne n'en prend soin, on ne devrait plus utiliser les manèges ici, ça pourrait être dangereux pour nous.

— Ouais. De toute façon, ça faisait longtemps que j'aurais dû lâcher ce parc. On va plutôt revoir notre bon vieux banc de notre première rencontre et chiller là-bas ?

— Pourquoi pas, ce sera plus sûr.

— Allons-y, allons-o ! Marchons vers notre futur !

Ambre ouvre le grillage rouillé et grinçant pendant que Lumi regarde une dernière fois le parc de son enfance. Elle y a passé un bon moment, il contient tous ses souvenirs les plus innocents et ses rencontres avec d'autres enfants qui pouvaient être aussi éphémères que longues. La prochaine fois qu'elle viendra ici, ce sera juste pour admirer les vestiges d'un temps révolu. Parfois, il vaut mieux ne pas essayer de ranimer quelque chose qui a fait son temps. La recluse part rejoindre son amie et discute avec elle de tout et de rien.

— Byby ?

— Oui ?

— Je me demandais ce que tu as pensé du film de hier ?

— Le film ?

— Oui ! "A Silent Voice", t'en as pensé quoi ? On n'a pas pu en discuter quand on est sorties dehors.

Ambre tente, tant bien que mal, de se rappeler cette histoire. Le début l'avait plongée dans ses pensées et dans son passé, à tel point qu'elle en était presque léthargique. C'est dommage, le film avait une bonne animation et une bande-son incroyable, elle regrette de ne pas avoir su se concentrer davantage. La blondinette soupire intérieurement, mais une autre chose la turlupine :

— Ça te dérange pas ? questionne la blondinette.

— Hein ? De quoi ?

— De discuter du film ? Est-ce que ça ne te met pas mal à l'aise d'en parler ?

— Oh, pourquoi ça me dérangerait d'en parler ?

La parisienne plisse les lèvres. C'est vrai, sa question était bête, elle avait juste fait le lien entre l'héroïne sourde et son amie malentendante. Après tout, c'est Lumi qui voulait voir ce film et c'est Lumi qui souhaite discuter de ça.

— Pardon, pour aucune raison, je me disais que ce film pouvait te rappeler de mauvais souvenir.

— Hm... Je ne suis pas sûre, répond la noiraude en levant les yeux au ciel. Je crois pas que je vis les mêmes problèmes qu'une personne sourde. Ou plutôt, je suis pas sûre que les sourds et les gens comme moi ont les mêmes problèmes.

Immédiatement, Lumi rectifie son propos, avant qu'Ambre puisse en dire quoi que ce soit :

— Enfin, c'est juste mon avis, j'en ai pas vraiment rencontré pour pouvoir l'dire. Mais j'ai l'impression que les malentendants sont dans une espèce de délire bizarre.

— Lequel ?

Lumi agite ses bras de la même manière qu'un pingouin, avec les doigts écartés, tout en marchant, comme si ça lui permettait de mieux réfléchir, même si Ambre devine qu'elle le fait par habitude. Après une longue onomatopée de réflexion, la noiraude finit par donner des explications :

— Si tu veux, comme on n'est pas sourd, on n'est pas exclu des autres, mais comme on n'entend pas assez bien, on ne peut pas être cent pour cent intégré non plus. Tu comprends un peu ce que je veux dire ?

— Oui, je crois que j'ai saisi l'idée, répond Ambre en triturant une mèche de ses cheveux. J'espère que ça ne te met pas mal à l'aise d'en parler.

— Pas du tout, je vois pas pourquoi ce serait dur d'en parler. Je n'ai pas perdu quelque chose, j'ai juste été comme ça depuis ma naissance, donc j'ai eu le temps de m'habituer.

À ces mots, Lumi acquiesce vivement, avec un grand sourire sur le visage. Après tout, elle ne s'attarde pas beaucoup sur son handicap et ne s'en n'est pas vraiment plainte depuis le début de leur rencontre. Si elle l'a depuis sa naissance, il est probable qu'elle a eu le temps de faire avec. Pourtant, Ambre se montre incertaine ; pourquoi son amie semble aussi mélancolique ? Son regard est empreint de regrets. N'a-t-elle vraiment aucune contrariété par rapport à ça ?

— Tu en es sûre ?

— Hein ?

— Tu es sûre de n'avoir aucun regret ? questionne la parisienne.

Lumi ouvre la bouche pour donner une réponse qui lui semble évidente, mais rien ne sort. Elle s'arrête de marcher et se gratte les cheveux, gênée et surprise par son hésitation. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'on lui pose des questions sur son handicap.

— Oh la la, j'imagine que j'ai quand même des regrets, rit-elle nerveusement. J'aurais quand même voulu ne pas avoir des problèmes auditifs, bien sûr. Même si c'est cool de pouvoir écouter de la musique en bluetooth et répondre à des appels avec mes appareils, j'ai l'impression que ma vie aurait été différente si je n'étais pas née comme ça.

— Je vois... Tu penses qu'elle serait différente comment ?

— Différent beaucoup de choses ! Je pense que j'ai peut-être mal grandi à cause de ça. Comme j'entendais pas très bien, j'avais juste la flemme d'écouter et de regarder ce que faisaient les gens. Du coup, ça se cramait que mon comportement était un peu bizarre, et encore aujourd'hui, il l'est.

La voix de Lumi s'adoucit de plus en plus, et l'expression de cette dernière assombrit son expression, laissant voir la tristesse qu'elle éprouve par rapport à ce handicap, anodin en apparence. Ambre ne dit rien, elle voudrait questionner son amie davantage, mais elle ne souhaite pas la blesser avec sa curiosité. Alors, les deux jeunes filles reprennent la route en silence, et la blondinette cogite. Elle n'imagine pas quelle vie cela pourrait être d'entendre le monde à un volume réduit. Est-ce que Lumi entend davantage le silence alors qu'elle voudrait percevoir les chants des oiseaux, le bruissement des arbres ou les petits bruits du quotidien ? La blondinette, en essayant d'y réfléchir, n'en ressent qu'un léger malaise. Elle prend conscience qu'avoir les cinq sens fonctionnels n'est pas donné à tout le monde.

— Hey, Ambre, interpelle Lumi.

— Euh, oui ?

— Je peux te parler d'un rêve que j'ai fait ?

— Oui bien sûr.

Lumi fait de grosses enjambées, posant le talon bien en premier sur la surface, pour avancer. Avant de se plonger dans ses explications, elle se concentre davantage sur sa marche et Ambre remarque, d'ailleurs, que ses mouvements semblent plus crispés, comme si la recluse essayait de masquer son stress. Cette dernière finit par raconter :

— J'étais malade, à ce moment, j'avais une grippe et j'avais fait un rêve un peu différent de ce que je faisais. J'ai fait un rêve normal quoi, explique-t-elle. J'ai rêvé que je me brossais mes cheveux qui étaient frisés, que mes ongles étaient peints d'une jolie couleur et que j'avais l'air d'une jolie fille en me regardant dans le miroir. Je mettais de jolis trucs sur mes cheveux et je me préparais à sortir pour voir des amies et faire des trucs d'ado.

C'est étrange, même si ce n'est pas la première fois que Lumi parle de son passé, Ambre a l'impression que c'est la première fois qu'elle lui dévoile quelque chose d'aussi vulnérable sans essayer de la cacher ou de l'atténuer. Elle avait cette impression étrange que la recluse essayait, immédiatement, d'enterrer les moindres confidences qu'elle lui faisait, comme si elle s'interdisait absolument de se plaindre ou de parler de ce qui lui faisait mal. Cette fois, Lumi parle à cœur ouvert, avec ses bras croisés derrière la tête, et son sourire reconnaissable, bien que mélancolique.

— J'ai l'impression que c'est cette vie que j'aurais pu avoir si j'étais née avec des oreilles normales. J'aurais voulu faire tout ça. J'aurais voulu faire des trucs d'ado quand même. C'est bête. J'suis devenue un dindon moche, quoi.

Son interlocutrice ressent un pincement au cœur. Finalement, le handicap de Lumi la peine bien plus qu'elle ne voudrait le croire. Alors Ambre reste un moment silencieuse, cherchant les bons mots pour pouvoir réconforter son amie sans que cela paraisse creux ou vide de sens.

— Tu peux toujours faire tout ça, non ? finit par répliquer Ambre.

Lumi grimace.

— Bof, c'est compliqué, j'ai du mal avec les gens et les gens ont du mal avec moi.

— Non, je veux dire, porter des jolies choses et tout ça. C'est quelque chose que tu peux faire.

— Non, non, impossible, y a rien qui va sur moi. Mes cheveux sont super moches, ils gonflent tout le temps et j'ai même pas de joli vernis chez moi. J'ai l'impression que tout m'irait mal et que les gens se moqueraient de moi.

— Les vêtements que je t'ai choisi t'allaient très bien. T'étais jolie dedans.

— Hein ? répond Lumi surprise. Tu dis ça pour être gentille avec moi ?

— Non, pas du tout, si je ne le pensais pas, je n'aurais rien dit, explique son interlocutrice. Je pense que tu es une très jolie fille. Tu as un joli visage.

La recluse met un moment à réagir. Quand les informations montent enfin au cerveau, elle se met à rougir et affiche un sourire qui s'étire jusqu'aux oreilles. Sa marche paraît beaucoup plus chaotique, et elle se met à agiter ses bras beaucoup plus frénétiquement, cachant mal son rire.

— Merci, c'est la première fois que j'entends ce compliment en dehors de ma famille, bégaye-t-elle de joie.

— Oh, ce n'est rien. C'est plutôt évident.

— Eh, pas vraiment.

— Comment ça ?

— On va dire que ce n'était pas l'avis de tout le monde. En même temps, je portais des pulls moches et pleins de trucs avec des racoons dessus. C'est bizarre quand t'as treize quatorze ans de porter des trucs pour bébé.

— Je les trouve rigolos. C'est original, je reconnais que c'est de toi.

Lumi l'aurait mal pris si elle l'avait entendu de la part de n'importe quelle autre personne, pourtant, elle affiche un large sourire quand elle entend ces mots. Elle sait, elle sent qu'Ambre le dit d'une manière honnête et qu'il s'agit d'un compliment.

— En fait, tu es trop cool. Tu pourrais être une héroïne de shonen, dit la recluse en se tenant les joues.

— Ah bon ? Je sais pas si j'aurai fait une bonne héroïne, mais c'est gentil...

— Moi je trouve que la Ambre d'aujourd'hui aurait fait une excellente héroïne ! J'aurai acheté tous ses mangas et j'aurai suivi son aventure.

Ambre ressent un sentiment réconfortant envahir tout son être, bien que cela rentre en contradiction avec sa culpabilité. Pourtant, elle accepte ce compliment comme il lui vient et se met à sourire. Elle s'est faite une étrange amie. Aussi étrange qu'extravagante, aussi étrange qu'imprévisible. Ces vacances au côté de Lumi étaient chaotiques, sens dessus dessous, et même très singulières. Ambre a même cru frôler l'arrêt cardiaque une fois, mais elle s'est attachée à elle, sans s'en apercevoir. Elle répond, avec un sourire sincère :

— Merci Lumi. Tu es gentille. Je ne sais pas si je mérite toute ton admiration après ce que j'ai fait. Mais ça me touche.

— Je pense qu'à partir du moment où tu fais l'effort pour être une meilleure personne, ça mérite tout le respect du monde, répond son interlocutrice. Personne n'a comme ambition de devenir quelqu'un de meilleur, genre personne n'écrit ça dans ses objectifs de vie, à part devenir astronaute ou ingénieur pour gagner un maximum de flouz. Alors il faut célébrer chacune de tes améliorations, car c'est de l'or !

— Célébrer ? Tu abuses un peu, répond Ambre avec un petit rire.

— Non ! Il faut célébrer toutes les bonnes actions.Déterminée, Lumi s'approche de son amie pour s'exprimer avec toute la conviction du monde.

— Sourire à une personne, aider une mamie à faire ses courses, ramasser un crayon par terre pour le rendre, tu dois célébrer chacune de tes bonnes actions ! Si tu les écris quelque part et que tu les relis, tu verras la grosse avancée que tu as fait depuis ton ancien toi.

Dans un premier temps, Ambre penserait que c'est trop tiré par les cheveux, mais à y réfléchir, peut-être qu'elle devrait songer à les faire. Elle serait curieuse de constater son évolution s'il y en a une. Alors elle se contente de hausser les épaules et répond :

— Je vais essayer de faire ça, si j'y pense.

— Seulement après avoir joué à Apromauro, ok ? C'est la première de tous les priorités.

— Ok, après avoir joué à Apromauro si j'y pense.

— Yay !

Lorsque le silence s'installe, Ambre se sent plus légère et sereine, même si la journée de demain la préoccupe toujours autant. La présence de Lumi l'aide bien plus qu'elle aurait cru, et pourtant, elle ne s'attendait pas à grand-chose de cette rencontre. À y réfléchir, quand elle est tombée sur son compte d'écriture, elle n'avait aucune raison de lui parler, ni de lire ce qu'elle faisait, ni de lui proposer une sortie. C'était juste ce chapitre sur le tournesol qui l'a interpellée.

Un chapitre tout bête avec comme titre "culpabilité et rédemption", Ambre avait eu l'impression d'entre-apercevoir ce qu'elle supportait au quotidien, seule chez elle, dans ses journées chez ses grands-parents. Hantée par les mêmes questions, les mêmes scènes, les mêmes paroles, c'était certainement pour fuir ce quotidien anxiogène qu'elle a souhaité rencontrer Lumi quand elle a su que cette auteure n'habitait pas loin. C'est ironique qu'une action aussi hasardeuse ait débouché sur une si bonne chose. Elle n'aurait pas cru qu'une relation purement construite sur Internet puisse avoir des bienfaits, à ses débuts. À son tour, Ambre s'exprime sur ce qui lui pèse, actuellement :

— J'ai peur pour demain. J'espère que ça se passera bien.

— Oh, tu veux dire pour Miku ?

— Miki, rectifie-t-elle, mais oui, par rapport à elle. Je ne reculerai pas, j'irai jusqu'au bout de mes excuses. J'espère que les choses se passeront bien.

— Bien sûr ! Je pourrai t'accompagner là-bas, Byby ?

— Hein ?

— Je pourrais t'accompagner là-bas ? répète-t-elle. Je veux t'encourager ! C'est comme dans les rings de boxe, avant chaque combat, un coach est là pour aider le boxeur, non ?Ambre laisse échapper un rire.

— Je ne vais pas aller me battre avec elle.

— Non, tu te bats avec toi-même, donc c'est important que je vienne t'encourager !Vu sous cet angle, Lumi n'a pas tort. Ambre hausse les épaules, mais elle ne compte pas l'empêcher de venir. Après tout, ça ne risque pas de poser un problème, elle devra juste la mettre à distance pour que son ancienne camarade ne se sente pas prise dans un traquenard face à deux personnes. De plus, ça rassure la blondinette de savoir que son amie ne sera pas loin.

— Ok, tu peux venir, mais je risque de me lever tôt, on devra prendre le train de huit heures.

—Eh... Terrible désillusion pour la joueuse Lumi, mais je tiendrais le coup, j'encouragerai mon amie même si je dois ramper pour ça, répond-t-elle d'un air faussement dramatique.

— Ne fais pas ça.

— Héhé, t'inquiète c'est une image.

— Pas sûr que c'était une image quand t'as grimpé l'arbre la dernière fois.

— Roh, encore avec ça ? C'est bon, je l'ai fait qu'une fois, j'ai pas réfléchi. C'est pas un truc que je fais souvent... réplique Lumi avant de gonfler sa joue pour exprimer sa bouderie.

— Je te taquinais, je le sais.

Au loin, la lumière du jour indique que la sortie du sentier n'est pas très loin. Le banc ne se trouve plus qu'à quelques pas de là, mais Lumi s'arrête quand elle se rend compte que son amie doit partir dans deux jours. Cette dernière s'arrête quand elle s'aperçoit que la recluse ne la suit plus.

— Ça va, Lumi ? Tu me fais pas la tête, car je t'ai parlé d'arbre, hein ?

— Hein ? Non, non, je me disais qu'on devait faire un truc demain.

— Ah ? Tu dois m'accompagner voir Miki, oui.

— Non ! Je veux dire, faire une grosse journée ensemble toi et moi, réplique Lumi en faisant un gros rond avec ses bras. Manger ensemble, faire des trucs marrants dans un parc, dormir chez moi la nuit ! Tu vas partir après-demain, alors ce serait bien qu'on se fasse une giga-fiesta, non ?

— Oh... Pourquoi pas, je pense que mes grands-parents ne seront pas dérangés si je passe la soirée chez toi.

Cette réponse satisfait pleinement Lumi, elle sautille sur place pour montrer son excitation. Pourtant, une partie en elle se sent mal, mais elle enterre ce sentiment pour vivre le moment présent et se sentir pleinement heureuse de la situation. La recluse agite ses poings, s'imaginant déjà plein d'activités à faire.

— C'est super génial ! En plus, j'ai acheté une tente de camping pour aucune raison sur Amazon, ça te dirait qu'on dorme dehors sous la belle étoile ?

— T'as acheté une tente sur Amazon ? répète Ambre perplexe. Tu fais souvent du camping, c'est ça ?

— Absolument pas ! J'achète souvent un truc dont je me servirai jamais de ma vie parce que je suis un pigeon du consumérisme. Mais là, ma tente va servir ! On pourra faire un camping dehors, griller un chamallow et... Oh, oh ! Faire brûler des cierges magiques ? Ce serait trop bien !

— Des cierges magiques ? Tu es sûre qu'il y a ça en stock en magasin ? Ou vous en avez chez vous ? M'enfin, moi ça me va.

— Il y a eu les trucs du 1er août y a pas longtemps, donc y a certainement des restes de feux d'artifices avec des réductions aux magasins. On va faire l'affaire du siècle.

Lumi se souvient qu'elle n'avait pas du tout entendu les feux d'artifice dehors, car elle portait un casque et était beaucoup trop aspirée par son jeu vidéo. Lorsqu'elle a fini sa partie du soir, il n'y avait déjà plus aucun bruit dehors. Alors l'idée de pouvoir profiter d'un petit feu d'artifice avec son amie l'excite au plus haut point. Cette dernière acquiesce.

— Très bien, alors on préparera des choses pour notre camping du soir.

— Blblbl, je suis trop contente ! C'est la première fois que je vais faire ça. J'ai déjà hâte d'être à demain ! J'espère qu'on trouvera plein de trucs et qu'on se fera un gros stock de snack !

Ambre regarde son amie sauter dans tous les sens. L'enthousiasme de Lumi est tellement contagieux que même la blondinette est impatiente de passer au lendemain, malgré le stress de la rencontre. Demain, ce sera la dernière journée qu'elle passera en Suisse, elle se demande pourquoi ça ne l'enchante pas plus que ça, elle qui s'impatientait tellement à l'idée de partir de là. Mais la Parisienne sourit, elle doit vivre le moment présent et ne pas partager ses craintes à son amie. Cette dernière s'assoit sur le banc, gigotant excessivement, rejointe très vite par Ambre.

— D'ailleurs, je te prépare une petite surprise demain, Bybychon ! lui dit Lumi lorsqu'Ambre s'assoit.

— Ah ? Quel genre de surprise ?

— Héhé, ce serait pas une surprise si je te le disais.

— Tu ne montes pas d'arbre hein ?

— Eh oh, ça suffit avec les arbres. Je vais aller grimper un sapin si tu forces encore avec ça !

Les deux amies éclatent de rire ensemble avant de regarder la rivière s'écouler paisiblement devant elles. À cet instant, Lumi et Ambre le savent, ce sera la dernière fois qu'elles verront ce paysage. Donc elles en profitent, le cœur serré, malgré leur sourire de façade.

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