Chapitre 13 :

Au seuil de la porte, Ambre se chausse avant de prévenir ses grands-parents qu'elle quitte le domicile pour un moment. Faiblement, sa grand-mère lui répond de faire attention, avant de reprendre son feuilleton avec son mari. La blondinette reste un moment immobile, écoutant les voix parasitées par la qualité médiocre de cette vieille émission pré-enregistrée et regardée tant est plus. Parfois, la jeune fille se demande pourquoi ses grands-parents semblent trouver une satisfaction à revoir les mêmes épisodes sans se lasser, alors que les nouvelles émissions contemporaines apportent leur lot d'intérêts et de nouveautés.

Pendant le jingle de fin, Ambre quitte la maison et descend les longs escaliers, laissant la vieille musique être remplacée par le silence de la nature. Quelques fois, elle fait une pause pour s'accouder sur la barrière en bois, pour réfléchir à ses mêmes pensées, avant de reprendre la route quand elle se souvient qu'il y a un rendez-vous qui l'attend. Le ciel est encore bleu, mais plus pour longtemps. Il ne lui faudra qu'un quart d'heure avant d'arriver. Devant la porte de la demeure de Lumi, Ambre sonne, en faisant attention à ne pas piétiner Grominet qui se prélasse toujours sur le paillasson. Pourtant, personne ne l'ouvre, elle entend plutôt une voix dans l'arrière-cours, Lumi semble y provenir.

— Euh, attends Ambre. Viens pas vite. Je dois vite finir un truc

— Il se passe quoi ? Tu as besoin d'aide ?

La voix semblait provenir de derrière un portillon en fer, sur sa gauche, qui la sépare d'un jardin dont elle ne voit qu'une portion.Un portillon de fer la sépare du jardin, elle doit encore tourner à gauche pour voir à quoi elle ressemble.

— Non... Enfin si. Enfin, attends... Voilà, c'est bon. Ouvre le portillon et viens ici !

Perplexe, la blondinette longe le mur de la maison et accède enfin au jardin. Ses yeux s'écarquillent de surprise : elle voit un gâteau aux chocolats sur la table, une bouteille de boisson gazeuse, des gobelets en plastique et des assiettes d'anniversaire en carton. Trop de choses se bousculent dans sa tête, qu'est-ce qui se passe ? Il y a une fête aujourd'hui ? Peut-être l'anniversaire de sa camarade ? Bouche bée, Ambre ne sait pas quoi dire pendant que Lumi semble s'acharner sur un vieux pétard qui ne veut pas s'activer alors qu'elle a tiré sur la languette. Elle finit par abandonner au bout d'un moment, préférant agiter ses bras.

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— Ouais, devine quoi ! Aujourd'hui, on fête un jour très important !
— Ah bon ? On fête quoi ?

À son tour, Lumi se montre déboussolée. C'est bien l'anniversaire de son interlocutrice, mais elle ne semble pas le savoir... Peut-être qu'elle a oublié ? En feuilletant le classeur de sa camarade, la noiraude n'est plus très sûre du mois de son anniversaire.

— Haha, ton anniversaire c'est le 8...

— Le 8 mai, rétorque Ambre.

— Hein ?

— ... C'est le 8 mai mon anniversaire... Pourquoi ? On fête pas mon anniversaire aujourd'hui, si ?

Lumi se mure dans le silence pendant que son pétard s'active enfin, explosant pour projeter des confettis et des serpentins. Elle s'est bien trompée de mois, mais en même temps, elle n'a pas eu le temps de bien regarder. Dans ce silence gênant, la jeune fille agite ses bras avant d'attraper la plaquette "joyeux anniversaire Ambre" marqué dessus et le gobe d'un coup, savourant la douceur du chocolat blanc avec la pointe acidulée, mais amère du chocolat noire.

— Non, c'est une fête de remerciement pour le théâtre de hier ! Tu vois ?

— Ah bon, c'est pas un peu trop ?

— Non, non, pas du tout ! Assis-toi, faut manger le gâteau de remerciement, boire le verre de remerciement et manger des trucs de remerciements, explique Lumi en incitant Ambre à venir s'asseoir sur la chaise du jardin devant la table remplie de collation. La recluse attrape le couteau sur la table avant de le céder à sa camarade.

— Maintenant comme le veut la tradition, tu dois prendre le couteau de remerciement pour couper la part de gâteau de remerciement.

— C'est beaucoup de remerciements ça ? demande Ambre perplexe.

— ... Non.

La parisienne se doute que son interlocutrice a organisé un anniversaire surprise, mais elle ignore comment elle pense avoir la date, surtout que ce n'est pas la bonne. Mais vu toutes les préparations, elle joue le jeu et saisit la manche du couteau pour couper sa première part. À ce geste, Ambre vient de se souvenir qu'elle n'a pas souhaité fêter son anniversaire cette année, malgré le fait que ses parents aient insisté pour avoir une petite fête au moins. Mais elle a refusé, elle ne voulait juste pas le faire et la voilà en train de couper le gâteau d'un pseudo anniversaire, c'en est ironique. La blondinette se réveille de cette réflexion avec les applaudissements hystériques de Lumi qui ne peut s'empêcher de sautiller. L'hôtesse de la maison présente l'assiette en carton où se pose la part de gâteau avant de la donner à son invitée.

— Crois-moi, le gâteau est délicieux. Il vient d'un chef pâtissier et tu n'en mangeras pas des aussi bon que ça.

À son tour, la noiraude se coupe une part pendant qu'Ambre goûte la sienne sans grande attente. Pourtant, c'est très bon, même vraiment très bon, la blondinette ne s'y attendait pas quand bien même son interlocutrice l'avait prévenu. La texture est moelleuse avec une touche légèrement acide, un mélange audacieux entre le chocolat noir et des bonbons acidulés, qui aurait cru que ça puisse aussi bien se marier ? Sa camarade déguste sa part avec beaucoup d'entrain, heureuse de pouvoir le déguster.

— C'est bon hein ? demande Lumi.

— C'est très bon oui, je crois pas que j'ai goûté quelque chose de ce genre, admet Ambre en touchant la texture moelleuse du bout de sa fourchette.

— Normalement, j'en ai droit qu'à un seul gâteau de ce genre chaque année, pour mon anniversaire. Mais aujourd'hui, j'ai pu avoir une exception !

Lumi s'empresse de rajouter un détail.

— Pour la fête de remerciement, tu vois ?

— Je vois, répond Ambre avec un sourire poli. C'est très bon en tout cas. J'aime beaucoup.Dans ce bref échange, Lumi saisit un sac caché à l'arrière de la table avant de le présenter à son invitée. Cette dernière n'a pas eu le temps de dire quoique ce soit que son interlocutrice la coupe avec son discours habituel.

— Oui, c'est le cadeau de remerciement pour le théâtre de hier. En plus, t'as du payer mes stuffs dans l'épicerie asiatique.

— Je suis pas sûre de pouvoir l'accepter, rétorque la parisienne nerveusement.

— Mais si, mais si, ouvre la boîte juste. Tu vas voir.

Ambre le prend devant l'insistance de Lumi et, en regardant à l'intérieur, elle aperçoit une petite boîte rose pâle décorée et fermée par un ruban noir. Ça doit être du carton, à priori, rien de très onéreux. En dénouant le nœud de manière délicate, elle ouvre la boîte avant d'apercevoir deux jolies boucles d'oreilles éclatantes, représentant un raton laveur en noir et blanc. C'est joli, peut-être trop joli. C'est un cadeau qu'elle aurait peut-être adoré auparavant, mais elle se sent pourtant mal à l'aise de l'accepter, elle ne peut pas, elle ne le mérite pas. La blondinette ferme la boîte, cachant difficilement sa nervosité.

— Merci beaucoup Lumi, mais je crois pas que je puisse l'accepter. Je ne mérite pas de recevoir un cadeau aussi beau, juste pour un cours d'élocution.

— Hein ? Pourquoi pas, j'ai été trop contente d'avoir trouvé ce cadeau, t'aimes pas les racoons ? questionne Lumi abasourdie et dépitée.

Son interlocutrice ne peut pas s'empêcher de se crisper. Ça lui fait du mal d'accepter ce cadeau, mais ça lui fera encore plus de mal de blesser sa camarade en le refusant alors qu'il a été choisi spécialement pour elle. Ambre finit par soupirer intérieurement, résolue à devoir l'accepter.

— Je l'accepte alors. Ce n'est pas poli de le refuser, surtout que tu as mis de l'effort dans cette fête de... de remerciement.

— Super ! Merci ! J'ai beaucoup aimé chercher les assiettes et tout ça. Ça fait longtemps que j'ai pas fait une fête d'anniversaire comme ç- une fête de remerciement, je veux dire, se rattrape-t-elle de justesse avant de reprendre. Bref, une fête de remerciement pour quelqu'un. C'est ultra amusant en fait !

Ambre montre un sourire de politesse, bien qu'elle se sente étrangement blessée. Quant à Lumi, cette dernière continue de manger sa délicieuse tranche de gâteau, avant de se lever subitement.

— Oh, une fête n'est pas entière sans chips. C'est ça que j'avais oublié. Tu veux un truc en particulier ?

— Pop-corn... J'aime bien.

— Super, alors je vais chercher ça !

La parisienne la regarde partir avant de soupirer. Elle ouvre la boîte, de nouveau, pour contempler ces deux beaux bijoux. Rien qu'à l'œil, ça se voit que ce n'est pas du toc. Elle n'aurait pas dû l'accepter, mais elle l'a fait quand même. Est-ce qu'elle le voulait secrètement et ce prétexte de fête bidon lui donne une excuse pour avoir un cadeau gratuit ? Ambre plisse les lèvres et range la boîte dans un sac en carton. Elle le posera dans un coin, mais n'y touchera pas. L'hôtesse de maison revient avec un paquet de pop-corn XXL.

— Yay ! Je l'ai trouvé, au moins on en a beaucoup.

— Ah oui, c'est beaucoup, admet Ambre surprise.

— Je suis tellement excitée. On dirait que c'est mon anniversaire, dit-elle avec enthousiasme.

— Tu as déjà fêté ton anniversaire ?

— Ui, y a un ou deux mois déjà, répond-t-elle en essayant d'ouvrir le paquet.

— Tu as quel âge si ce n'est pas indiscret ?

— Oh, quinze ans et toi ?

— Ah, quinze aussi.

Lumi ouvre subitement ses yeux et ne faisant plus attention à ses mains, explose le paquet, en se recevant une projection de pop-corn sur le visage.

— Attends quoi, t'as mon âge ? répète Lumi confuse.

— Oui, j'ai bien quinze ans...

— C'est impossible, pour moi t'es plus petite que moi, je pensais que tu fêterais un truc comme douze-treize ans, je peux pas croire que tu sois plus vieille d'un mois.

La noiraude ne peut s'empêcher d'exprimer sa surprise, en se tenant les joues. Ambre paraît si petite, autant en âge qu'en taille, Lumi la prenait comme sa petite-sœur, flattée d'avoir presque quelqu'un sous son aile, surtout d'aussi adorable. Qui aurait pu croire que cette petite blondinette était en fait plus grande qu'elle ? Par défaut, la place d'Ambre serait celle de la grande-sœur. Un retournement de situation bien plus imprévisible que tous les mangas qu'elle a pu lire. Ce qui est assez ironique, puisque la parisienne pensait également que son interlocutrice était plus jeune qu'elle avec sa manière de parler et sa manière de penser. Ça surprend, autant l'une que l'autre, de savoir qu'elles ont le même âge.

— Ah non, j'ai bien quinze ans. Je suis née en 2005, répond Ambre.

— Tu es ma onee-chan alors ?

— Onee-chan ?

— Ma grande-sœur en japonais, précise Lumi.

— J'imagine ?

— Oh la la, j'ai jamais vu un retournement aussi fou depuis l'Attaque des Titans. C'est trop triste, je voulais trop une petite sœur. Enfin, t'es pas ma petite-sœur, mais j'aurais fait genre que j'en avais une.

— Ah, t'es fille unique ?

— Oui, mais je veux une petite-sœur. Ma mère me dit toujours d'attendre et d'attendre, mais j'attends trop longtemps. C'est trop nul, se plaint Lumi en s'affaissant légèrement de l'avant.

— Il faut que tu sois patiente Lumi.

Cette voix n'était pas celle d'Ambre, Lumi sursaute et les deux jeunes filles se tournent vers la source de la voix. Il s'agit de la mère au foyer, au seuil du cadre de la baie vitrée, les mains pleines de pinceaux, assez souriante sous la lumière du coucher du soleil. La blondinette baisse légèrement de la tête, saluant discrètement la quarantenaire.

— Hein ? Maman, tu fais quoi ici ?

— Je cherchais des pinceaux dans la réserve en bas, et je me suis dit que je pouvais souhaiter un joyeux anniversaire à ton amie.

— Non, non, tu veux dire fête de remerciement hein ? s'exclame Lumi en agitant ses bras. Car oui, aujourd'hui, on fait une fête de remerciement, car Ambre m'a aidé hier et c'est pas son anniversaire aujourd'hui.

Un message subliminal pas très discret, même Ambre a fini par comprendre que cette fête était censée être une fête d'anniversaire. Ceci dit, où est-ce que son hôtesse a trouvé sa date erronée ? C'est une bonne question. La mère au foyer acquiesce devant les mouvements agités de sa fille, elle jette un regard à l'invitée d'honneur de la maison qui paraît assez soignée.

— Oui, oui, c'est une fête de remerciement, rectifie la mère. D'ailleurs, qu'avez-vous fait hier pour avoir cette fête ?

— Ambre m'a fait un cours de théâtre et tout. On a même fait une pièce. C'était super drôle, ça s'appelait "L'amaryllis noir de mon cœur." J'ai beaucoup aimé !

— Oh super ! Tu fais du théâtre alors ? demande la quarantenaire.

— Euh oui, je me débrouille. J'aime bien ça.

Appuyée contre le cadre de la baie vitrée, la mère au foyer constate que son invitée ne semble pas bien à l'aise en sa présence. Elle ne s'attardera pas bien longtemps, elle était plutôt curieuse de voir avec qui sa fille, de nature très casanière, sortait dehors ces temps-ci. Comme quoi, elle n'avait pas d'inquiétude à se faire.

— D'ailleurs, Lumi, pourquoi tu ne lui ferais pas un cours de dessin à ton amie pour lui rendre la pareille ?

Soudainement, la noiraude se lève de son siège et tente de pousser sa mère à l'intérieur de la maison, très mal à l'aise. Ses joues rouges montrent que ce sujet ne l'enthousiasme pas des masses. La mère émet un rire en voyant à quel point sa fille est gênée.

— Ouais, tu sais, on n'a pas beaucoup de temps pour discuter pour cette fête et tout, car Ambriche doit partir avant la nuit. Du coup va peindre ton tableau maman ! prétexte-t-elle dans la précipitation.

— Pense quand même à ma suggestion, continue sa mère.

— Raah, va continuer tes tableaux s'il te plaît, laisse-moi avec Ambre.

Lumi ferme immédiatement la baie vitrée en agitant ses poings dans le vide comme si ça lui permettait d'exprimer sa frustration, elle marmonne dans sa barbe pendant qu'Ambre se montre assez surprise. C'est la première fois qu'elle entend parler de cette histoire de dessin, même en privée, Lumi ne lui en a jamais fait mention. Maintenant que cela a été mis en lumière, la blondinette se montre curieuse de savoir à quoi ça pourrait ressembler.

— Tu dessines Lumi ? demande-t-elle curieuse.

— Wah ! N'écoute pas ma mère, elle en fait des caisses, je ne dessine pas aussi bien qu'elle. Enfin, elle peint, mais tu comprends le truc.

— Je savais pas que tu dessinais, tu ne veux pas me montrer ce que tu as fait ?

— Ils sont nuls, archi-nuls, je veux pas trop les montrer, c'est ridicule. En plus, j'ai arrêté le dessin, c'est vraiment pas mon truc, maintenant j'écris.

— Je vois, je trouve ça dommage, ça m'aurait intéressé de les voir.

Ambre n'insiste pas plus, son but n'est pas de mettre sa camarade mal à l'aise, pourtant cette dernière montre une légère hésitation avant de revenir s'asseoir devant la table pour se verser du pop-corn dans son assiette en carton, en faisant attention à ce que ça ne déborde pas. Lumi aperçoit sa mère sortir du sous-sol avec des pinceaux et lui faire un signe de petit bisou avant d'aller rejoindre son atelier. Une scène aussi touchante qui laisse une légère pointe d'amertume, une légère pointe d'amertume. Une amertume aussitôt effacée grâce à la délicieuse touche acidulée de la pâtisserie dans son assiette. La blondinette trouve vite un autre sujet de discussion pour ne pas laisser ce silence planer trop longtemps.

— Et toi, le 3 juin, tu as eu quoi comme cadeau ?

— Une gamecube neuve ! J'étais trop contente, avec plein de jeux rétros aussi, ils étaient difficiles de trouver sur Internet, mais mon papa a pu en trouver. Là je suis actuellement sur Paper Mario, le meilleur jeu de la saga et les graphistes sont incroyables quand tu sais que c'est un jeu de 2003, plus vieux que moi, explique-t-elle enthousiaste.

— Oh super, tu as dû beaucoup apprécier.

— Ui, confirme-t-elle en applaudissant avec ses phalanges. Et toi, c'est quand ton anniversaire ?

— Le 8 mai.

— Ah mais oui, j'suis bête, tu l'avais déjà dit en plus. T'as reçu plein de cadeaux ou pas ?

Ambre presse le pop-corn entre ses doigts. À part un paquet de chips de la part de sa meilleure amie, elle n'a pas reçu grand-chose, car elle a tenu à ce que ça ne se sache pas trop et que ça s'oublie. Elle reste un moment silencieuse, buvant son verre de boisson sucrée, avant de répondre.

— Des vêtements, des chaussures, ment-elle. C'était assez bien.

— Ouais, c'est trop cool les fêtes d'anniversaire. C'est le seul jour dans l'année où on a l'impression d'être le centre du monde et que tout le monde nous aime. En plus, c'est la première fois que je fais l'anniversaire d'une autre personne- Enfin, une fête de remerciement avec quelqu'un comme ça.

— Oh... Tu n'as pas...

La blondinette se mure vite dans le silence, se rendant compte de son manque de finesse. Par chance, elle l'a marmonné et son interlocutrice ne semble pas l'avoir entendu, bien trop occupée à se goinfrer de pop-corn avant de boire un coup pour bien digérer. Le ciel orangé commence à se teinter de rose. En terminant son gâteau, Ambre ne se doutait pas de trouver une forme de beauté dans la simplicité, dans un moment aussi banal que de manger un gâteau autour de la table. Ça la surprend tellement qu'elle se demande à quand remonte la dernière fois où elle avait constaté quelque chose de ce genre.

— Merci pour l'anniversaire en tout cas.

— Hein, mais non, c'est une fête surprise...

— Oui, oui... Ce n'est pas grave que tu te sois trompée dans la date. L'intention compte.

Lumi soupire. De toute façon, c'était aussi visible qu'un camion volé.

— Je suis pas très douée.

— Où est-ce que tu as cru voir ma date d'anniversaire, juste pour savoir ?

— Dans ton classeur, j'ai vu un 8, mais je crois que j'ai mal vu le mois. Enfin, j'ai vraiment mal vu le mois pour le coup.

— Ah, ça me semble logique maintenant.

Les deux jeunes filles se mettent à sourire, amusées par cette petite erreur et continuent encore à papoter de tout et de rien, autour des collations pour cet anniversaire de remerciement. Quelques minutes plus tard, le soleil part se cacher derrière les montagnes, annonçant à Ambre qu'il est bientôt l'heure de rentrer. Cette dernière s'en aperçoit lorsque les rayons disparaissent.

— Ah, je dois rentrer, il va faire nuit.

— Oh, c'est vrai. Au moins c'était drôle aujourd'hui, répond-elle en s'avachissant sur la table. Tu veux que je t'offre le reste des gâteaux ?

— Je prendrai juste une part, accepte Ambre, mais le reste tu peux le manger toi.

Une chose que Lumi ne discute pas, elle part chercher un mignon récipient avec des cœurs esthétiques imprimés sur la couverture et y fait glisser une part de gâteau consistant avant de le céder à son invitée.

— Merci encore, je vais rentrer. J'essayerai de t'offrir quelque chose en retour, explique-t-elle en se levant.

— Attends !

— Oui ? s'arrête Ambre surprise.

— Par rapport à mes dessins... Je peux te les montrer demain si tu veux. Ça me dérange pas vraiment, c'est juste que je les trouve pas très beaux, explique-t-elle en froissant son T-shirt.

— Oh, ne te sens pas forcée, mais je suis curieuse de les voir en vrai.

— Alors reviens demain à la même heure devant ma porte. Je te mènerai dans ma chambre pour te les montrer.

— Très bien alors, sourit son interlocutrice. Je te revois demain Lumi, bonne soirée.

Ambre ouvre le portillon et quitte la maison avec un dernier au revoir. Lumi reste un moment, assise sur le siège du jardin. Elle va devoir se bouger avant la venue de son invitée demain, car sa chambre pourrait être une parfaite représentation d'un après-guerre et elle ne souhaite pas trop faire fuir son abonnée. Quand bien même ça ne la dérange pas de vivre dans son chaos artistique, Lumi n'est pas aussi stupide pour croire que c'est le cas de tout le monde, à commencer par sa mère qui lui fait souvent remarquer l'état de sa chambre. Qu'est-ce qui lui a pris d'ailleurs ? Le dessin devait être une histoire ancienne, Lumi peine à comprendre son impulsivité par moment. Elle coupe un morceau de son gâteau avec sa fourchette, le monte à sa bouche avant de reposer le couvert.

— Faut que j'aille rendre ma chambre présentable, se dit-elle avant de ranger rapidement les ustensiles sur la table du jardin. 

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