Chapitre 12 :
Assise sur une vieille balançoire qui grince au moindre mouvement, Lumi observe le parc de son enfance, abandonné depuis le temps. La jeune fille venait ici avec ses parents, elle pouvait y trouver quelques enfants avec qui jouer et rigoler. C'est étrange de voir ce lieu vide aujourd'hui, certainement squatté par des dealers ou drogués la nuit. Lumi ressent un malaise, à l'exception d'un cheval à bascule vandalisé et quelques graffitis, quelque chose semble avoir changé, elle ignore encore quoi. Perdue dans ses pensées, la recluse s'éveille lorsqu'un portillon rouillé crisse à son ouverture et elle aperçoit l'arrivée d'Ambre. Elle saute immédiatement sur ses deux pieds et part à sa rencontre en agitant son bras.
— Hey Ambriche, t'es là !
— Hello, je suis arrivée un peu en retard, s'excuse-t-elle platement.
— Ça va, dix minutes c'est pas en retard, une heure c'est en retard.
— Tu as tendance à arriver en retard, c'est ça ?
— Non, c'est l'inverse même, je déteste arriver en retard.
— Une raison ? questionne hasardeusement Ambre en posant son sac près d'un tronc qui sert de banc.
— Bof, j'sais pas, des trucs j'imagine, rétorque son interlocutrice en tournant le buste de gauche à droite.
Par cette discussion, à première vue sans intérêt, Ambre sort son vieux classeur de son sac. Elle y rangeait ses notes, ses pièces de théâtre et bien d'autres choses. Ça fait longtemps qu'elle n'y a plus touché d'ailleurs, revoir ses petits dessins sur la technologie lui fait étrange. En cédant ce classeur à sa camarade, cette dernière montre beaucoup d'enthousiasme en feuilletant ces vieilles pièces de théâtre. En réalité, la noiraude était plus intriguée par ses petits dessins mignons sur les feuilles. Pendant qu'Ambre part regarder quelque chose dans son sac, Lumi tombe sur une page avec une photo attachée dessus par un trombone.
Elle croit reconnaître Ambre, avec des cheveux plus longs et une tenue plus extravagante. C'est étrange, elle a beaucoup changé, elle avait l'air plus pétillante auparavant. D'ailleurs, pourquoi a-t-elle autant coupé ses cheveux ? Ils étaient plutôt magnifiques. Sur l'image, deux autres filles l'accompagnent, des amies certainement. Il y a du texte en bas, semblable à une espèce de journal intime de la sortie qu'elles ont faite le jour où elles ont pris la photo. Si c'est Ambre qui l'a écrit, alors le langage employé semble très différent de celui de la personne réservée et calme qu'elle incarne aujourd'hui. Lumi remarque une date de naissance, en lisant en diagonale, mais sa camarade revient voir où ça en est, alors elle se met soudainement à changer de page.
— Tu as choisi une pièce ? questionne Ambre.
— Euh, oui, celui-là, dit-elle en choisissant au hasard.
— "L'amaryllis de mon coeur", il est plutôt simple celui-là.
Lumi acquiesce, mais cache son anxiété. Il n'y avait aucune raison d'agir de cette manière, mais la noiraude avait l'impression qu'elle faisait une bêtise. Quant à son interlocutrice, cette dernière extrait la feuille et le lit rapidement pour se rappeler ce qu'il en était. Elle fronce des sourcils, ce n'est pas la meilleure pièce de théâtre qu'elle aurait voulu revoir, mais elle est là pour faire un cours d'élocution seulement. Après avoir posé le classeur sur le banc, la blondinette commence les explications en tendant la feuille à son élève pour cette journée.
— Il faut savoir que dans le théâtre, c'est très important que le public te comprenne. Alors on apprend à articuler chaque mot et à parler assez fort pour être compris.
— Un peu comme Google trad' ?
— Google trad' ? répète Ambre interrogative.
— Google traduction, tu vois ?
— Euh oui, si tu veux. Tu dois parler comme Google Traduction. Au début, il faudra parler de manière monotone, en articulant chaque syllabe, explique-t-elle avec ses mains. Puis petit à petit, tu peux commencer à lire plus vite et à apprendre à mettre de l'intonation dans les mots.
— Je pense que je vais faire la première étape pour commencer, répond Lumi en se grattant la tête, nerveuse.
— Oui, oui, on prend le temps avec la première étape. Alors je te laisse lire.
— Okeoke, Qulbutoke.
Appliquée, la noiraude commence à lire le texte à voix haute. De temps en temps, Ambre vient corriger certaines prononciations ou lui donne des conseils pour certaines phrases, mais le reste du temps, elle se contente de l'écouter. Agacée par les rayons du soleil, Lumi décide de se mettre dos à lui et recommence plusieurs fois sa lecture. Sa camarade croise les bras, attendant que la journée se termine, toujours tiraillée par le même dilemme qui la hante depuis quelque temps. Il faudra plusieurs minutes pour que la noiraude réussisse à lire le texte, sans buter sur un mot ou bégayer, ce n'est pas parfait, mais c'est correct pour une débutante. Fière, Lumi sautille d'enthousiasme.
— Je me débrouille bien, non ? D'habitude, j'arrive pas à lire sans coincer sur un mot. Tu penses que j'arriverai à parler sans bégayer ou me tromper dans les mots ?
— Oui je pense, tout est une question d'exercice, explique Ambre en haussant les épaules. Dans notre groupe, on avait quelqu'un qui bégayait beaucoup et au bout de quelques exercices, il arrivait à s'exprimer sans bafouiller.
— Hein ? Comment il faisait ? C'est quoi cette sorcellerie ? s'exclame Lumi en s'approchant d'Ambre sur un ton dramatique.
— J-Je crois qu'il a dû apprendre à parler plus lentement de mes souvenirs, rétorque la blondinette en reculant.
— Oh, je savais pas qu'il me suffisait de parler plus lentement... Je devrai faire ça alors.
La recluse regarde sa feuille de théâtre. Les textes ne sont pas du tout compliqués et elle a appris à les lire sans bégayer. Alors l'adolescente lève la tête vers son interlocutrice, avec un sourire crispé.
— Hum... Je pourrai essayer de faire la pièce ?
— Hein ?
— On pourrait essayer de faire cette pièce ? Elle m'a pas l'air compliquée. Je veux voir comment ça fonctionne, j'aimerai être une actrice même si je risque d'être la pire actrice possible, je veux voir comment ça se fait !
Ambre ne s'attendait pas à ce petit service, elle crispe son sourire de nervosité et ne veut pas refuser pour ne pas contrariée sa camarade.
— On peut, mais tu veux pas une autre pièce ? demande-t-elle.
— Non, non, celle-là, c'est celui que j'ai appris à bien lire.
— Très bien, on peut faire avec celle-là alors.
— Youpi, youpi ! Alors je fais Dolorès et toi Romain ok ?
— Ok, pas de souci, j'aimerai juste lire pour me rappeler un peu du texte ?
— Oui, oui, tiens ! s'exécute Lumi en lui tendant le script.
D'un coup d'oeil, Ambre lit ce texte, replongée dans le passé. Elle n'a pas interprété cette pièce, mais a dû l'apprendre. Alors, la parisienne essaye de se concentrer, en mémorisant ce qu'il y avait à savoir pour le protagoniste du nom de Romain. Les yeux fermés, elle se remémore certains détails par rapport à ce personnage et tend le script à Lumi.
— C'est bon.
— Ok, ok ! Je m'entraîne encore et je te dis quand on peut commencer !
Concentrée, Lumi relit encore ses phrases plusieurs fois, mettant parfois ou non de l'émotion, sous la supervision de la parisienne qui l'écoute de moins en moins. Cette dernière se perd dans ses pensées, elle se trouve dans une situation assez désagréable, Dieu sait combien elle aurait voulu que les choses se déroulent autrement. À cet instant, Ambre se sent presque noyée dans ses pensées sombres.
— Je ressens la douleur de ces années passées, mais je sens aussi une lueur d'espoir dans tes mots. J'espère sincèrement que tu as trouvé la clarté et la sagesse dans ce voyage intérieur.
— Hein ?
— Oui ? J'ai dit un truc qui fallait pas ?
— Ah non, désolée, je pensais que tu parlais à moi, s'excuse Ambre avec un sourire nerveux.
— Non, non, je lisais mon texte, désolée ! Mais c'est bon, je crois qu'on peut commencer, je suis archi-prête !
Ambre fait des exercices de respiration pour faire le vide dans son esprit. Elle n'est plus Ambre, elle est Romain, un grand-frère jaloux par la réussite de sa soeur, ayant été jusqu'à la rabaisser pour rendre son quotidien dur. Après des années, le jeune homme s'excuse sous les poids des remords, en face de celle qu'il a tourmenté quelques années auparavant, dans le jardin de leur enfance. Dans un silence, sous un ciel orange et rose, la blondinette prend une inspiration.
— Oh, ma sœur bien-aimée, s'exclame-t-elle d'une voix forte et concise, je me tiens devant toi aujourd'hui, humblement, pour te demander pardon. Pardon pour toutes les blessures que j'ai infligées à ton cœur, pour tous les mots durs et cruels qui ont jailli de mes lèvres sans réfléchir.Lumi écarquille des yeux, à cet instant, son interlocutrice dégage une aura différente, ses paroles lui font gagner beaucoup de charisme et elle en oublie presque de lire son texte. En essayant de répliquer son texte avec la même prestance que sa partenaire, la recluse hausse la voix avec la feuille juste devant elle :
— Romain, mon cher frère, tes paroles touchent les fibres les plus profondes de mon être. Je t'écoute avec tout mon cœur.
Avec des précisions sur la manière dont le texte est dit, la noiraude ne brille pas par son jeu d'acteur, mais fait de son mieux pour qu'il y ait un semblant de vie dans sa réplique. Son interlocutrice sent sa bouche devenir sèche, mais elle suit son rôle, avec des grands gestes, elle prend l'espace de ce parc pour en faire un théâtre à ciel ouvert et accapare de ces rayons du coucher de soleil pour en faire son projecteur.
— Dans ma folle jeunesse, j'ai succombé à l'envie amère de te rabaisser, de ternir ton éclat éblouissant. J'étais aveuglé par ma propre jalousie, mon incapacité à reconnaître la valeur de ton talent et de ta réussite. Mais maintenant, à genoux devant toi, je me repens de toutes mes actions irresponsables.
— Romain, je ressens la douleur de ces années passées, mais je sens aussi une lueur d'espoir dans tes mots. J'espère sincèrement que tu as trouvé la clarté et la sagesse dans ce voyage intérieur.
— Oui, ma sœur, continue Ambre en mettant une main sur son cœur, le visage sombre, j'ai parcouru un chemin difficile pour en arriver là. J'ai scruté mon âme avec une honnêteté impitoyable et j'ai reconnu mes fautes. Je réalise maintenant que ta réussite n'atténue en rien la mienne, que notre amour fraternel ne peut pas être érodé par l'ombre de la jalousie.
Les deux jeunes filles prennent leur texte au sérieux, Lumi se fait surtout envoûter par le jeu d'acteur d'Ambre, prise dans son élan et dans sa lumière. La noiraude oublie qu'elle n'a jamais eu une bonne élocution et malgré ses erreurs de lecture, elle se prend au jeu et y met tout son cœur. Pendant ce bref instant, Lumi est devenue et a compris son rôle, grâce au talent de sa partenaire.
— Oh, Romain, ces paroles sont comme une douce mélodie à mes oreilles. Tu as grandi en homme, en un être capable de se repentir et de chercher la rédemption. Je te pardonne, mon cher frère, et je te demande de me promettre que tu ne t'égareras plus jamais dans l'obscurité de l'envie.
— Dolorès, ma promesse-
Ambre lève le regard, sa prochaine ligne doit être livrée avec beaucoup de conviction, mais lorsqu'elle croise le regard de Lumi, elle finit tétanisée et n'arrive plus à terminer son texte. Le rôle de Romain se dissipe devant un fantôme du passé qu'elle a cru apercevoir en regardant sa partenaire. Ambre reste immobile, pétrifiée, livide et peine à se sortir de cette situation, foudroyée par moult souvenirs. En cet instant, la parisienne ne songe à rien d'autre que du vide. Son interlocutrice se montre surprise devant cet arrêt soudain, elle regarde la feuille pour voir si c'était prévu, mais il y avait bien une suite, alors est-ce que c'est une improvisation ? Mais si c'en est une, devrait-elle faire pareille ? Lumi ne s'y connaît pas du tout en théâtre, surtout dans le langage employé. Alors, cette dernière s'élance pour reprendre le texte avec l'envie de bien faire, malgré ses lacunes.
— Romain, ton cœur paraît souffrant, malgré mon pardon, il me semble que tu ne te sois pardonné toi-même, improvise-t-elle en ouvrant ses bras comme pour donner une image salvatrice. Le chemin de ta propre rédemption s'avérera longue, mais j'accepte de t'accompagner dans cette fastidieuse route afin de t'aider à voir la lumière en toi.
— Je... bégaye Ambre surprise et confuse, mais se laisse prendre au jeu, réveillée soudainement. Pourquoi accompagner un être qui t'a blessé et réduit en état de souffrance ma chère sœur ? Ne devrais-tu pas me haïr ou du moins, me laisser dans cette situation inconfortable ?
— Qui suis-je pour prétendre ne jamais avoir fauté ? Qui serai-je pour refuser de tendre la main à mes anciens bourreaux, mais supplier qu'on m'en tende une le jour où je m'éloignerai de la lumière ? Il est d'un courage d'admettre qu'on s'est perdu dans l'obscurité, davantage devant l'être à qui on a causé du tort. Alors, cher frère, mettons nos différends de côté et voyons notre avenir ensemble, dans la lumière, termine Lumi en tendant la main.
En cet instant, la lumière du soleil illumine Lumi d'une couleur dorée et Ambre écarquille les yeux. Une lumière, quelque chose de si serein. Cette dernière, avec les larmes aux yeux, délivrent enfin le texte qu'elle devait dire de base :
— Alors, ma promesse te sera donnée avec la plus grande solennité. Je te le jure devant le ciel et la terre, devant notre famille et tous les témoins de notre amour fraternel. Je serai ton soutien inconditionnel, ta force lorsque tu flancheras, et je t'encouragerai à chaque étape de ton chemin.
Lumi s'avance, avec conviction, poser une main sur l'épaule de sa partenaire.
— Alors, Romain, mon cher frère, nous marcherons ensemble main dans la main, unis par les liens du sang et du pardon. Que ce jour marque le début d'un chapitre nouveau, où l'amour et la compréhension guideront chacun de nos pas.
Le temps semble ne pas exister, si Ambre arbore un sourire pour cette fin de texte, Lumi quant à elle se dit surtout que c'est un miracle qu'elle se soit souvenue de sa dernière ligne, car elle n'était pas loin de casser une si belle scène avec un soleil couchant pour conclure tout ça. Elle enlève enfin la main de son épaule et agite ses mains avec excitation.
— Elle était incroyable ! Je veux faire des pièces de théâtre si c'est aussi cool que ça ! admet-elle, en sortant de la scène. D'ailleurs, mon impro' était plutôt bien, non ? Je savais pas que je pouvais faire des répliques aussi crédibles.
— Oh... C'était de l'impro' ?
— Beh oui, tu voulais que j'improvisais pour me tester non ?Encore dans le floue, Ambre revient sur terre, elle émet un sourire et acquiesce.
— Effectivement, je voulais que tu improvises.
— C'était bien ?
— Très bien.
— Youpi ! C'est génial le théâtre en fait, en plus, je me suis pas mal débrouillée, je peux garder la feuille ? Attends, je regarde qui a écrit cette pièce, peut-être que je vais aimer ce qu'il a fait d'autre ?
Pendant que la jeune fille s'excite sur son téléphone pour trouver les autres travaux de cet auteur, Ambre l'observe, elle a cru voir une lumière douce s'émaner de son interlocutrice et la caresser comme une brise chaude d'un été paisible. Pendant un instant, elle s'est sentie en paix avant que les fourmillements désagréables reviennent.
— Tu peux garder la feuille si tu veux, je pense pas que j'en aurais besoin.
— Super, super, je le garderai en souvenir !
Les deux jeunes camarades décident de faire une pause après cette riche interprétation de cette pièce de théâtre. Chacune assise sur une balançoire, Lumi continue toujours de scruter sa feuille de théâtre comme si c'était la meilleure chose qu'elle ait pu recevoir depuis ces dernières années. Elle revoit ces mignons dessins sur la bordure.
— C'est mignon ce que t'as fait là. J'aime bien les petits poussins, là.
— Ah oui, c'est vrai que j'aimais bien faire ce genre de truc avant. Je crois que mon classeur doit avoir beaucoup de dessins de ce style, j'ai plus trop regardé depuis.
— Tu fais plus trop ça maintenant ?
— Non, pas trop, j'y pense moins en tout cas.
En réalité, la blondinette regarde ailleurs pendant ses cours, pour ces derniers mois. Elle n'avait plus la tête à dessiner, bien que ça puisse lui arriver. Son interlocutrice la regarde, en tapant le sol avec ses pieds.
— T'étais comment avant ? demande Lumi.
— Hein ? Comment j'étais avant ? répète Ambre perturbée.
— Ui, genre, tu étais comment, tu t'habillais comment ?
— Ah ça... J'aimais bien me vernir les ongles. J'aimais bien le vernis rouge, même si je préférais le vert. J'aimais aussi beaucoup les accessoires, comme les colliers, les bracelets et les bagues. C'était une autre époque quand j'y repense, je crois même que je voulais me faire un piercing au nez. Mais heureusement j'ai pas fait ça, j'en remercie mes parents.
— T'avais des cheveux longs avant, ou pas ?
La blondinette se triture une mèche de ses cheveux.
— J'avais des cheveux longs oui. Je les faisais friser pour que ce soit plus joli, mais ça fait longtemps que je les coupe régulièrement maintenant.
— Ah, y a une raison à ça ?
Le regard de son interlocutrice se vide. Comme si à cet instant, elle était partie très loin, dans un monde morose. Lumi arrête de se basculer en remarquant ce visage sombre, mais Ambre reprend son sourire poli avant de donner la raison :
— Mes goûts ont changé depuis, c'est tout. J'ai grandi je pense.
Une phrase que Lumi déteste entendre, mais se contente d'acquiescer et triture la corde de sa balançoire à son tour, ne sachant pas trop quoi rajouter. Ambre émet un soupir intérieur, cette douce lumière qui avait su chasser ses égoïstes ténèbres s'en est allée. Sa boule au ventre est revenue, déjà. Le soleil montre ses derniers rayons avant de commencer à se cacher derrière les montagnes, ne laissant qu'un ciel rose pour annoncer la nuit imminente. En le remarquant, Lumi soupire, le temps semble passer de plus en plus vite.
— Oh non, il va faire nuit, on va devoir repartir chez nous. C'est nul, j'ai l'impression que le temps passe trop vite.
— Le temps se raccourcit, je pense que c'est pour ça qu'il a l'air de passer vite, essaye d'expliquer rationnellement Ambre.
— En vrai, ça va, j'aime bien l'hiver. Je trouve ça plutôt cool quand il fait très souvent nuit, en plus y a Noël. Alors j'accepte de rentrer chez moi plus vite, en me disant que c'est pour la bonne cause, acquiesce Lumi sur un ton assuré avant de se lever de sa balançoire.
Mais d'un coup, la noiraude écarquille des yeux, se rappelant d'un bref détail et sort son téléphone pour voir la date d'aujourd'hui. Elle reste un moment perplexe et interpelle sa camarade.
— Ambriche, demain, tu pourrais venir chez moi ?
— Hein, oui ? De quoi ? Passer chez toi demain ?
— Oui, c'est pour un truc. Pose pas de question, t'inquiète que c'est pour un truc, explique-t-elle sur un ton très suspect en croisant ses bras derrière la tête.
— Si tu veux ? répond Ambre plutôt perplexe avant de se lever à son tour. Du coup, je viens à la même heure chez toi ?
— Oui, fais gaffe à Grominet. Vie d'ma mère que je sens qu'il sera encore sur le paillasson.
— Ne t'en fais pas, je sonnerai, répond-t-elle avec un sourire nerveux.
— Oui parfait ! Alors on se voit demain hein ? Soit bien à l'heure, interdiction de ne pas venir, sinon le dieu de la RNG va te punir !
Lumi explique tout ça en se dépêchant de quitter le parc comme si elle manquait de temps, d'un coup, et agite son bras pour dire au revoir à sa camarade. Cette dernière reste hébétée, sa camarade est bien imprévisible. À son tour, elle va chercher son sac sur le banc-tronc et une photo tombe de son classeur sur le sable. Elle s'en aperçoit et la ramasse. Pourtant, son regard s'attriste et s'assombrit en voyant laquelle c'est. En évitant de regarder plus longtemps, Ambre la range dans son classeur et quitte le parc abandonné, laissant la balançoire grincer longuement encore.
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