Chapitre 8
Margaret tapa dans ses mains en sautant tandis qu'elle rejoignait son duc. Jane, quant à elle, était désespérée. Ce n'était pas du tout ce qu'elle avait prévu. Son plan n'allait pas fonctionner tout cela à cause de son amie. A croire qu'elle faisait exprès. Peut-être avait-elle marqué le nom du vicomte sur tous les papiers. Elle s'apprêtait à demander lorsque celui auquel elle pensait l'interrompit.
— Avec qui suis-je ?
— Mademoiselle Jane mon vieux. Tu es fichu ! D'après ce que me disait mademoiselle Margaret, elle gagnait toujours lorsqu'elles jouaient au pensionnat.
— Ah... Mais je suis le plus intelligent entre toi et moi. Donc, la balance s'équilibre !
Les deux compères partirent dans un éclat de rire tandis que les deux femmes se regardaient. Jane attrapa les boules et en tendit quatre au vicomte, en le frappant presque. Anthony eut un sourire en coin et l'observa. Elle était concentrée et semblait prête à en découdre. Le tout était de savoir pour quoi ou pour qui.
— Très bien, le couple qui perdra aura un gage, déclara le vicomte. Que la partie commence !
— Pourquoi serait-ce à vous de commencer ? s'offusqua Tom.
— Parce que je suis le plus âgé et que surtout, vous êtes chez moi.
— Mais milord, ne serait-ce pas l'honneur aux invités ? demanda Jane en se redressant et en le regardant droit dans les yeux.
— Ne voulez-vous pas gagner mademoiselle ?
— Si ! Mais sans tricher. Tout le monde n'a pas besoin d'aide pour réussir. Pour en revenir à qui devrait commencer, normalement c'est la plus jeune. Je pense l'être.
Les yeux se tournèrent vers elle, surpris. Margaret eut un petit sourire envers Jane et acquiesça de la tête.
— Malheureusement milord, elle a raison. Les règles du pensionnat étaient comme cela. Honneur au plus jeune. En l'occurrence, ma chère amie est née fin décembre et a 21 ans.
Anthony eut un grand sourire et railla son meilleur ami annonçant qu'ils avaient déjà gagné la partie. C'est ainsi que Jane lança la toute première boule. Le but du jeu étant de s'approcher d'un piquet planté dans le sol en plein milieu du terrain. Cela se jouait en trois manches, l'équipe qui s'approchait au plus près du piquet après le lancer des 8 boules par équipe, gagnait.
Une heure plus tard, la dernière manche était décisive pour les deux équipes. Il restait une boule par personne dans l'équipe du vicomte et une dans la main de Tom. C'était au tour d'Anthony de lancer sa dernière en main.
— Je parie que vous lancerez la boule trop loin du piquet et que c'est moi qui vais nous faire gagner, murmura Anthony à l'oreille de Jane.
— Si je gagne, vous me devrez une faveur milord, répondit-elle troublée par ce rapprochement.
Anthony s'écarta de la jeune femme et se concentra pour viser juste. Il devait réussir à déloger la boule de Margaret d'Albany pour pouvoir gagner et la partie, et son pari avec sa demoiselle. Il ferma un œil et s'apprêta à lancer.
Jane l'observa et ne put s'empêcher de le détailler. Grand et musclé, il dégageait une aura qui devait rendre toutes les femmes folles de lui. Ses cheveux châtains donnaient envie d'y passer la main. Ses yeux auraient autant envoûtés ses amis que ses ennemis. Et ses lèvres. Elle avait remarqué que lorsqu'il se concentrait, il plissait ses yeux et se mordait les lèvres. Augmentant son charme.
Elle s'approcha discrètement de ce bel homme, se haussa sur la pointe des pieds et souffla délicatement sur son oreille alors qu'il lançait sa boule. Comme elle s'y attendait, la boule dévia de sa trajectoire initiale et alla atterrir trop à gauche. Anthony se tourna vers elle, estomaqué tandis que Jane partait dans un fou rire.
— Vous avez triché ! Vous qui parliez d'honnêteté et du fait de réussir sans aide.
— Il fallait que je vois si vous auriez réussi malgré ma présence.
— Mademoiselle Jane Shirley est donc fourbe ! Je note pour une prochaine partie.
Il fit quelques pas vers elle, l'air menaçant mais Jane recula tout en riant aux éclats.
— N'approchez pas milord. Il ne reste que ma boule pour gagner. Si vous me faites dévier, vous devrez vivre avec notre défaite sur la conscience.
Anthony secoua la tête en souriant et se mordant la lèvre mais leva les bras pour prouver sa bonne foi. Tom cria et enlaça Margaret. Il venait de réussir à mettre sa première boule proche du piquet, donnant ainsi du fil à retordre à l'équipe adverse. Margaret le félicita tandis qu'Anthony et Jane se jetaient un regard noir.
— Voyez-vous pourquoi il ne fallait pas me distraire ?
— Ne vous inquiétez pas, nous allons gagner !
Jane se plaça au point de lancer et se prépara à tirer. Elle calcula mentalement à combien de centimètres elle devait tirer un peu plus à gauche pour que sa boule pousse celle du duc et ainsi prendre sa place. Elle calma sa respiration, ferma une seconde les yeux. Elle leva le bras, cala son regard sur l'objectif et lança. Mais alors qu'elle effectuait le mouvement, elle sentit un effleurement au niveau de sa hanche qui lui fit tourner la tête pour regarder ce qui se passait. Elle vit la main du vicomte passer de son ventre jusqu'à son dos furtivement. La boule n'atterrit pas à l'endroit escompté mais à l'arrière du piquet. Elle se retourna, rouge, les mains sur les hanches.
— Comment avez-vous pu ?
— Vous trichez ? Je le fais aussi alors, répondit-il avec un grand sourire et en croquant dans une pomme qu'il venait de prendre sur un plateau.
Jane était devenue écarlate. Le frisson qu'elle avait ressenti lorsqu'il l'avait touchée, son ventre qui s'était contracté, rien n'allait. Elle avait lamentablement échoué en voulant lui faire comprendre qu'elle était fiancée. Si même son corps la trahissait et se tournait vers lui.
— J'ai quand même gagné le pari. Une de mes boules est la plus proche du piquet !
— Très bien, que voulez-vous ?
— Ne m'approchez plus tant que je ne vous en ai pas donné l'autorisation.
Anthony haussa un sourcil, moqueur et allait parler mais Jane lui avait tourné le dos, rejoignant d'autres jeunes femmes. Le vicomte se tourna vers son ami, ne comprenant pas ce qu'il venait de se passer. Tom, leva les épaules lui expliquant qu'il n'avait pas compris non plus. Il prit la main de Margaret et ensemble, quittèrent le terrain pour chercher une boisson fraîche.
— Ah les femmes ! Grommela Anthony en secouant la tête.
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