Chapitre 3
— Vous... murmura-t-il les yeux écarquillés par la surprise.
Jane regarda dans tous les sens étonnée qu'il l'ait reconnue avec le masque.
— Moi.
— Oh vous vous connaissez déjà Jane et vous ? s'étonna Margaret les mains jointes.
— J'ai eu le plaisir de rencontrer mademoiselle Jane dans ...
Jane secoua légèrement la tête pour lui demander de ne pas en parler. Dans la tête d'Anthony, un dilemme se créa : devait-il en parler pour mettre mal à l'aise la jeune femme et avoir sa vengeance ou bien devait-il se taire et gagner sa confiance ?
— ... Près de chez la modiste. Je l'ai bousculée car avec mon grand bouquet de fleurs, je ne la voyais pas.
— Des... fleurs ? s'étonna Jane en le regardant.
Anthony se tourna vers elle de nouveau et lui fit un petit sourire, pour montrer qu'il n'avait pas oublié l'épisode chez la fleuriste. Jane fronça les sourcils et serra discrètement les poings.
— Et ensuite ? demanda Margaret, désireuse d'en savoir plus.
— Ensuite... commença Anthony.
— Ensuite nous sommes chacun parti de notre côté. Fin de l'histoire. Margaret, peux-tu venir avec moi s'il te plaît ?
— Oh mais cela avait l'air si intéressant, murmura Margaret dépitée.
— Je t'assure que cela ne l'est pas.
Jane prit le bras de son amie et avança de quelques pas vers le centre de la salle mais Anthony se plaça devant elles pour les empêcher de passer. Il eut un sourire en coin lorsqu'il vit le regard noir que la jeune femme lui lançait. Il tendit la main dans l'espoir de l'attraper mais il fut interrompu par une voix masculine.
— Ma Jane ! Enfin vous voilà. Je vous cherchais parmi toutes ces personnes.
Anthony se retourna tandis que Jane s'inclinait légèrement devant le jeune homme qui s'avançait vers eux. Daniel de Normanby. Fils du marquis de Normanby. Famille ancienne, très appréciée de la Couronne anglaise mais aussi par toute la noblesse. Le marquis de Normanby avait la réputation d'être un homme bon avec ses paysans mais aussi un très bon trésorier. Il avait permis à l'Angleterre de financer plusieurs guerres. Anthony se redressa, fier.
— Vicomte, je ne pensais pas vous voir ici, dit Daniel. N'êtes-vous pas un adepte des clubs ainsi que des bras féminins à Gropecunt Lane.
— Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas vu milord. La dernière fois c'était à Oxford et vous tentiez de gagner le plus de billes possible pour en faire la collection. Avez-vous réussi à la compléter par ailleurs ?
Les deux hommes se lancèrent des regards noirs tandis que Jane les observait à tour de rôle. Elle soupira et prit le bras du fils du marquis et sourit au vicomte.
— Milord, permettez-moi de vous présenter mon fiancé !
— Votre.... Fiancé ?
— Ce n'est pas parce que vous êtes un libertin que tous les hommes le sont. Certains veulent fonder une famille et ainsi perpétuer leur lignée.
— Étonnant venant de vous alors...
— Et si nous allions danser milord ? demanda Jane en tournant de force son fiancé vers la piste de danse.
Anthony ne lâcha pas des yeux le couple et les observa danser pendant plusieurs minutes avant de détourner le regard. Alors qu'il se dirigeait vers le buffet, il tomba nez-à-nez avec un de ses camarades : Tom Gordon. Ce dernier sourit et lui tapa l'épaule en le voyant.
— Anthony ! Heureux de te revoir. Cela fait plusieurs mois. Que racontes-tu de beau ? Comment se porte tes frères ?
— Il en est de même pour moi Tom ! Écoute, Alix m'aide énormément à gérer le domaine depuis le décès de nos parents...
— J'ai appris la nouvelle... Je suis désolé pour ta famille.
— Auguste et Alexandre sont à Oxford et ne devraient pas tarder à sortir des études. Et Arnaud part à la fin de la saison à Eton.
— Ça y est ? Il devient adulte ?
—Il le faut ! La mort de nos parents n'a pas aidé et il s'est renfermé sur lui-même. Il ne parle plus, ne joue plus, ne sort quasiment plus. Je l'ai emmené chasser mais il ne répondait que par des mots simples. Pas de longues phrases.
Un silence s'installa entre les deux camarades et Anthony se sentit soudain mal à l'aise. Pourtant Tom était son meilleur ami et ensemble, ils partageaient tout. Mais le fait de parler de ses frères lui faisait un pincement au cœur.
— Tom, j'ai besoin de toi ! Vois-tu la jeune femme qui danse avec Normanby ?
— En effet, tu veux que je danse avec elle ?
— Non, je souhaite que tu danses avec son amie. Margaret d'Albany.
— La fille du duc d'Albany ? s'étonna Tom Gordon.
— Non la fille du baron Malborow. Bien entendu la fille du duc. Elle est la confidente de cette jeune femme qui danse, une certaine Jane.
— Ah oui la fille du baron de Shirley. Je connais sa mère.
Anthony tourna rapidement la tête vers son camarade et lui empoigna l'épaule pour la serrer.
— Tu connais sa famille ? Pourquoi ne me l'as-tu pas dit plus tôt ?!
— Peut-être parce que tu viens juste de m'en parler ? Cela fait des années que je n'ai pas vu sa mère. Je ne sais même pas si elle se souvient de moi. Mais son amie, la fille du duc, est jolie. C'est pour quoi, c'est avec joie que j'accepte ta demande et me sacrifie volontiers pour l'inviter à danser.
— Je savais que je pouvais compter sur toi !
Anthony serra la main de Tom Gordon et l'observa s'avancer vers la jeune brune, s'incliner et lui tendre la main en murmurant quelques mots. Il vit Margaret devenir rouge et poser sa main au creux de celle de son ami. Un sourire sur les lèvres, il but quelques gorgées de ce délicieux liquides qu'était le champagne. Son plan allait fonctionner, il en était certain. Il tourna son regard vers la piste et vit l'orgueilleux Daniel et sa jolie fiancée quitter le centre un sourire aux lèvres. Il était temps de passer à la deuxième étape : inviter la demoiselle.
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