Chapitre 2

Quelques jours plus tard, un bal était donné au palais pour fêter les 19 ans de la nièce de la reine Victoria. Le thème de la soirée était : bal masqué. Ainsi, toutes les jeunes filles avaient, pour l'occasion, sorti leur plus beaux masques vénitiens. Certaines avaient choisi le rouge passion, d'autres le blanc de la pureté. Les hommes avaient quant à eux, opté pour la plupart d'entre eux, pour des masques noirs en velours. Deux jeunes filles, l'une habillée de rose et l'autre de blanc, pénétrèrent dans la grande salle de réception. Au centre, de jeunes couples dansaient sur un quadrille.

— Tu te rends compte Jane de la chance que nous avons d'être conviées à cette fête d'anniversaire.

— Oui, encore une bonne raison pour nos parents de nous marier.

— Dois-je te rappeler qu'il est trop tard pour toi ? Tu es fiancée, alors autant profiter de la soirée pour faire ce que bon te semble non ?

— On verra Margaret. Si nous prenions un verre et allions sur le balcon.

— Ce n'est pas comme ça que je vais trouver un mari, chuchota la dénommée Margaret en prenant le bras de son amie.

— Ne t'inquiète pas, tes parents s'en occuperont bien assez tôt pour toi.

En riant, les deux jeunes femmes se dirigèrent vers le buffet où plusieurs coupes de champagne se trouvaient. Elles prirent chacune un verre puis allèrent sur le balcon où elles trinquèrent à leur amitié.

— Il faut absolument que je te raconte ce qui m'est arrivé dans la boutique de fleurs l'autre jour.

— Tu sais très bien que ce n'est pas un quartier pour les jeunes femmes voyons ! Que dirait le fils du marquis de Normanby, ton fiancé, s'il te savait là-bas ?

— Tu sais très bien que son avis m'importe peu. Tant que je ne suis pas mariée, j'en profite pour faire ce que je veux. Avant d'être suivie tout le temps par les majordomes. Maintenant, est-ce que je peux te raconter je te prie ?

D'un hochement tête, tout en buvant sa coupe, Margaret lui fit signe de continuer. Jane commença donc son récit. Elle tentait de décrire du mieux qu'elle pouvait le jeune homme qui l'avait embrassée. Elles furent interrompus par un gentleman qui s'avança sur le balcon.

— Mesdemoiselles, dit-il en inclinant la tête, je vous vois, seules, une coupe à la main. L'une d'entre vous me ferait-elle l'honneur de danser avec moi ?

Jane observa la main tendue au-dessus du sol et leva son regard. Ses yeux s'agrandirent lorsqu'elle reconnut le jeune homme de la boutique. Discrètement, elle tenta de prévenir son amie mais Margaret avait les yeux rivés sur le vicomte qui attendait patiemment une réponse. Intérieurement, Jane soupira, et poussa le dos de son amie afin qu'elle se lève.

— Je pense que mon amie sera ravie de danser avec vous, milord.

Margaret la regarda, surprise, mais reprit rapidement ses esprits lorsque le vicomte d'Aldborough l'accompagna jusqu'au centre de la piste. Jane vida d'une traite son verre avant de le poser et de rejoindre les spectateurs. Elle entendit les commentaires des différentes mères.

— Regardez, le vicomte est aisément reconnaissable sous son masque. Saviez-vous qu'il a perdu il y a peu ses parents et doit s'occuper à présent de quatre garçons ? En plus de gérer le domaine, il doit s'occuper de l'éducation de ses frères. Au moins, rapporteront-ils de belles dots. Ils sont tous dotés d'un charme fou. A commencer par le vicomte.

— Son épouse aura bien de la chance malgré ses désirs de rester un grand libertin. Leur demeure est située au centre de Londres et est vraiment belle. Une vingtaine de domestique s'occupent du domaine.

— Quel âge à le dernier ? demanda une femme un peu plus âgée.

— Quatorze ans si j'ai bien compris. Il ne devrait pas tarder à partir pour Eton. Deux y sont déjà. Le second de la famille vit actuellement avec son frère et l'aide à gérer au mieux les comptes.

— Je pense qu'il sera temps de présenter nos filles rapidement aux deux aînés mesdames, gloussa l'une des mères en battant devant elle son éventail.

Jane roula des yeux et reprit une coupe de champagne sur un des plateaux des serveurs tout en continuant d'observer les danseurs.
Anthony, une main posée sur la taille de Margaret, ne pouvait s'empêcher de penser la jeune femme blonde.

— Votre amie n'a pas l'air d'aimer danser. Elle vous a poussée dans mes bras.

— Oh non milord, ce n'est pas une de ses passions. Elle préfère observer plutôt que d'être observée. C'est une jeune femme qui est cependant très bien élevée. Sans elle, je ne me débrouillerai pas aussi bien.

— Que voulez-vous dire ? s'étonna Anthony.

— Nous avons fait notre entrée dans le monde ensemble, et elle m'a appris toutes les danses qu'il pouvait y avoir afin que je ne sois pas mise à l'écart. Jane préfère être mal vue plutôt que je souffre. N'est-ce pas être une amie formidable ?

Anthony acquiesça et chercha du coin de l'oeil cette « amie formidable ». Il croisa son regard au milieu des mères avides de célibataires. Il fronça les sourcils et se demanda où il avait bien pu la voir. Ces cheveux blonds clairs si bien coiffés étaient mis en valeur avec cette robe blanche. Lorsque la musique s'arrêta, il était bien décidé à inviter la jeune femme pour danser. Qu'elle le veuille ou non, il fallait à tout prix qu'il discute avec elle.

— Et si nous allions rejoindre votre amie mademoiselle... ?

— Margaret d'Albany, milord.

— La fille du duc d'Albany ?

— Oui milord. Est-ce quelque chose de mal ?

— Votre père a été d'un grand soutien à la perte de mes parents. Il a su m'aider dans la gestion du domaine. Est-il présent ce soir ?

— Non milord, il a préféré rester travailler à la maison. Ma mère en revanche est présente.

— Je vous raccompagne auprès de votre mère dans ce cas là, dit Anthony avec un grand sourire.

Il tendit son bras que Margaret prit avec un grand sourire et ensemble, ils quittèrent la piste de danse pour rejoindre les convives. Anthony ne pouvait s'empêcher de jeter des regards pour trouver la blonde qui avait réussi à captiver son regard, la dénommée Jane. Après avoir salué la duchesse, il commença à discuter avec elle du passé, comme elle avait su être une seconde mère pour ses frères.

— Margaret, viens nous allons...

Anthony tourna son regard vers la jeune femme qui venait de les interrompre et déglutit difficilement en reconnaissant la jeune femme de chez le fleuriste. Malgré son masque doré qui s'accordait si bien avec sa robe rose.

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