Chapitre 13

Jane buvait tranquillement son thé sur le canapé observé par Anthony, penché en avant. Au loin, l'orage se faisait entendre prédisant une pluie diluvienne pour bientôt.

— Serait-il possible d'arrêter de me fixer de cette manière je vous prie ?

— Voyons ! Vous ne pouvez sortir une phrase pareille. Je viens de vous enlevez de chez vous, votre père va se demander où vous êtes, votre fiancé va être hors-de-lui mais vous, vous me demandez seulement d'arrêter de vous fixer ?

— En effet, dit Jane posément.

— Mais enfin, que se passe-t-il dans vos têtes, à vous les femmes ? Margaret est venu me trouver en pleurs pour me dire que vous étiez enfermée chez vous contre votre gré, battue par votre père tout cela pour avoir insinué le fait que vous ne souhaitiez plus vous marier avec Normanby ?

Jane acquiesça de la tête et ouvrit en grand les yeux en pensant à quelque chose. Pour quoi elle devait se marier. Les dettes contractées, la réputation de la famille, les menaces de la famille du marquis. Elle se leva brusquement, posa sa tasse et remercia le vicomte pour l'accueil fait.

Anthony se leva désemparé et la suivit jusque dehors. Elle marchait d'un pas rapide et il avait du mal à la rattraper malgré ses longues jambes. Diantre, lorsqu'une femme était déterminée, elle savait y mettre de la ferveur. Les nuages devenaient de plus en plus noir et Anthony se demandait à quel moment le tonnerre allait éclater.

— Jane... Jane. Mademoiselle Shirley ! hurla-t-il.

Jane s'arrêta et se retourna, les mains sur les hanches. Elle qui était si hésitante quelques instants plus tôt, qui semblait traumatisée par ce qui venait de lui arriver avait un air certain et ses sourcils froncés le prouvaient.

— Oui milord ?

— Je ne comprends rien de ce qui se passe. Où diable allez-vous ?

— Je retourne chez moi.

Anthony n'en revenait pas de ce qu'elle lui disait. Il s'approcha un peu plus près mais elle reculait, voulant mettre de la distance entre eux.

— Chez vous ? A l'endroit où votre père vous séquestre et vous bat ? Qu'est-ce qui ne va pas chez vous ?

— Tout va très bien milord mais comparé à vous, les hommes, j'ai des devoirs. Si je ne les respecte pas alors ma famille tombera dans la ruine et notre réputation ne sera plus. Vous avez la chance de choisir qui vous souhaitez pour vivre à vos côtés. Il n'en est pas de même pour nous, les femmes.

— Ne me dites pas que vous comptez toujours épouser Normanby ?! Vous ne le connaissez pas comme moi je le connais ! Il est vicieux, c'est un soûlard et il aime faire du mal aux autres et ...

— Comme beaucoup d'hommes milord.

— Stoppez avec vos milord Jane ! Je suis Anthony. J'ai un prénom alors appelez moi de cette manière.

— Je ne suis que fille de baron. Je n'oserai me permettre.

L'orage éclata accompagné de la pluie. Les deux personnes regardèrent en haut et sentirent l'eau dégouliner sur leur visage, les refroidissant. Anthony baissa la tête et observa Jane qui fermait les yeux, en proie à des dilemmes. Il s'approcha d'elle et attrapa ses bras pour les serrer.

— Ne me dites pas que vous retournez auprès de lui parce que vous l'aimez. Je ne le supporterai pas !

— Je ne l'aime pas milord. Mon cœur appartient à un autre, murmura Jane en plongeant son regard dans le sien.

Anthony la regarda, ne sachant que comprendre. Aussi lorsqu'elle posa une main sur sa joue, se défaisant de son emprise, il ne sut quoi faire.

— Mon coeur vous appartient milord et ce depuis la première fois que je vous ai vu mais... j'ai un devoir envers ma famille. Mon père a des dettes envers la famille du marquis. C'est pourquoi je dois l'épouser. Pour sauver l'honneur des Shirley, je dois me sacrifier.

— Et vous... vous êtes prête à le faire ?

— Oui milord. C'est pour cela que je dois rentrer chez moi et accomplir mon devoir.

Elle lâcha sa main et lui tourna le dos pour continuer à marcher vers la grille de sortie. Anthony resta derrière, les bras ballants mais reprit bien vite ses esprits. Il devait lui prouver que peu importait les dettes ou autres soucis, il les résoudrait. Pour elle, et seulement pour elle. Il courut, résolut à la rattraper et l'empêcher de faire une bêtise. Il l'empoigna de toutes ses forces et la retourna pour qu'elle soit de nouveau face à lui.

— Jane, non ! Vous ne pouvez pas, vous n'avez pas le droit. Je...

Elle se débattait entre ses bras, les larmes coulant le long de ses joues.

— Lâchez-moi, je n'ai pas le choix.

Un éclair zébra le ciel et le tonnerre se fit entendre si fortement que Jane prit peur et se débattit de manière plus virulente encore. Anthony essayait de la maintenir du mieux qu'il pouvait. Il la serra entre ses bras puissants et l'obligea à relever le visage. Il déposa ses lèvres brutalement sur les siennes l'empêchant de faire un mouvement. Lorsqu'il se recula et desserra son emprise, il la vit tomber en arrière. Il la rattrapa juste avant qu'elle ne tombe sur le sol.

— Il fallait que vous vous évanouissiez juste quand je vous embrasse, dut-il avec un sourire.

Il plaça un bras sous ses genoux et un autre sous ses aisselles et la ramena à l'intérieur de la maison. Une fois à l'intérieur, il monta les marches deux à deux et arriva jusque dans sa chambre à lui. Le vicomte déposa délicatement sa demoiselle sur le lit et remit une mèche mouillée derrière son oreille.

— Je vous promets d'arranger les choses mon ange.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top