Chapitre 12
La cloche sonnait plusieurs fois dans la demeure du vicomte. Anthony qui était dans son bureau soupira attendant qu'un majordome aille ouvrir. Exaspéré par le temps que ça prenait, il hurla :
— Bon Dieu Albert ! Qu'est-ce qui vous prend autant de temps pour aller ouvrir ?
Au bout de deux minutes, n'en pouvant plus, Anthony se leva et alla lui-même ouvrir la porte. Alors qu'il atteignait cette dernière, le majordome arrivait au même instant.
— Veuillez me pardonner milord, nous n'entendions pas depuis les cuisines.
D'un geste agacé, Anthony le renvoya et ouvrit en grand la porte prêt à lâcher ses nerfs sur la personne qui prenait un grand plaisir à casser ses oreilles. Il se stoppa net, les poumons gonflé, lorsqu'il vit qui se tenait devant lui.
— Mademoiselle Margaret ? Que faites-vous ici ? Ce n'est pourtant pas là où habite Tom !
— Veuillez me pardonner milord, c'est que...
Elle éclata en pleurs et cacha son visage dans ses mains. Anthony fut surpris et souffla l'air qu'il avait pour prendre Margaret par le bras et l'accompagner chez lui. Il la fit asseoir sur la canapé et ordonna qu'on serve du thé. Il lui caressait le dos mais ne savait que faire de plus.
— Voulez-vous que je fasse venir Tom ? Est-ce à propos de lui d'ailleurs ? En quoi puis-je être utile ?
— Il faut que vous la sauviez !
— Sauvez qui ? s'étonna Anthony.
— Jane ! Son père la retient captive dans sa chambre jusqu'au mariage.
— De quoi parlez-vous voyons? Pourquoi retenir quelqu'un contre son gré chez soi ? demanda-t-il perdu. Reprenez depuis le début je vous prie.
— André, le majordome, est venu prévenir une de mes servantes que Jane ne pouvait être disponible avant la fin du mois. Elle a tenté d'en savoir plus et il a tout révélé.
— Oui et ? s'impatienta Anthony en tapotant du pied, pressé d'avoir la suite.
— André lui a expliqué que le baron s'était mis dans une colère noire concernant la semaine passée chez vous, l'ouverture du bal. Il a demandé aux serviteurs de sortir de la pièce pour s'entretenir avec sa fille. Plutôt pour la battre oui !
— Pourquoi venir me voir moi ? Ne serait-ce pas son père qu'il faudrait aller voir ?
— Elle a tenté d'annuler les fiançailles milord ! Jane ne ferait pas ça sans une bonne raison. Elle a toujours été droite et respectueuse de la marche à suivre. Depuis le décès de sa mère, son père l'a éduquée pour qu'elle soit digne d'un marquis ou plus. Je ne sais ce qui s'est passé entre vous le soir du bal mais j'ai vu qu'elle n'allait pas bien. Je vous en prie milord, sauvez-la. Elle ne doit pas épouser Daniel. Tom m'a tout raconté sur lui et ses années à l'université. Ne la laissez pas gâcher sa vie, je vous en conjure.
Anthony ne savait que faire. Il avait fait une promesse à Jane en assurant qu'elle ne le verrait plus jamais. Mais entendre les mots de Margaret expliquant que son père la battait le mettait dans une colère noire qu'il dissimulait au plus profond de lui. Voyant Margaret continuer à pleurer, il s'approcha d'elle et s'accroupit.
— Je vais tenter quelque chose. Je vous le promets mais je vous en prie ne pleurez plus.
— Vous êtes parfait. Merci du fond du coeur milord, murmura Margaret en l'agrippant autour du cou. Tom a de la chance de vous avoir.
Anthony accepta ce câlin de force et tapota doucement dans le dos ne sachant que faire de plus. Il la raccompagne une heure après chez elle puis passa chez son meilleur ami.
— Tom, j'ai besoin de toi.
— Tout ce que tu veux. Il faut taper des gens ?
— Secourir une demoiselle en détresse te convient ?
Anthony expliqua le plan à son camarade. Ce dernier devait faire le guet autour de la maison des Shirley et voir quand le baron quitterait sa maison. Une fois fait, il préviendrait Anthony qui pourrait pénétrer dans la maison en toute sérénité. Le lendemain, Tom lisait son journal sur un banc juste en face de la demeure des Shirley. Lorsqu'il vit le père quitter et ne pas rebrousser chemin, il se leva et alla prévenir son ami. Anthony se dirigea vers le côté de la maison et vit la fenêtre de la chambre de Jane ouverte, Margaret lui ayant indiqué où elle se trouvait. Il retira sa veste qu'il confia à Tom et s'engagea à l'ascension du mur à l'aide des grandes fenêtres et des pierres avancées. Une fois arrivé en haut, il passa le parapet facilement et observa la chambre. Jane était assise à son bureau, dos à lui et semblait écrire quelque chose.
— Jane...
Elle se retourna en poussant un cri et se levant mais se tut en le reconnaissant. La demoiselle posa une main sur sa bouche et s'avança vers lui. Elle posa les mains sur ses épaules, et le tâtonna pour être sûre de ne pas être dans un songe.
Anthony l'observa et remarqua le bleu violacé sur sa joue, il leva sa main et caressa délicatement ce bleu. Elle se recula légèrement sous la douleur.
— C'est vous... C'est bien vous. Je ne rêve pas ?
— Non, vous ne rêvez pas. Venez, nous n'avons pas de temps à perdre !
Anthony lui prit la main et se dirigea vers la porte de sa chambre. Il sentit une résistance derrière lui et se retourna. Jane regardait la porte avec effroi. Il la prit dans ses bras et lui murmura des mots rassurants dans son oreille.
— Vous ne craignez plus rien avec moi Jane. Votre père est sorti et en a pour toute la journée d'après nos renseignements. Rien ne vous empêche de sortir par la porte d'entrée.
Jane acquiesça de la tête et ensemble, ils descendirent l'escalier jusqu'à la porte d'entrée. Anthony ouvrit délicatement la porte, vérifiant que personne ne les regardait puis il marcha rapidement pour rejoindre l'autre côté du trottoir où Tom l'attendait.
— Tiens voilà ta veste. Mademoiselle Jane, dit-il en s'inclinant devant elle. Je suis heureux de vous revoir.
— Merci Tom pour ton aide ! Préviens Margaret qu'elle n'a plus rien à craindre et que son amie est avec moi. Je l'emmène dans ma demeure.
Il se dirigea vers son cheval et monta dessus. Avec l'aide de Tom, il cala Jane devant lui et ensemble ils partirent vers Bassett Road, lieu de sa résidence. Le trajet s'effectua en silence jusqu'à sa demeure où Anthony fit descendre Jane. Il ordonna à des servantes de préparer la chambre de ses parents tandis qu'il dirigeait la jeune femme vers l'entrée.
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