Chapitre 33 : De l'espoir
Avril laissa très vite la place à Mai, mettant tous les élèves - particulièrement ceux de cinquième et de septième années sous pression. Dans moins d'un mois, les examens seraient arrivés.
Et Hermione n'avait toujours pas trouvé de solution à ses problèmes.
Elle soupira, constatant dans son morceau miroir - celui que lui avait donné Harry - qu'elle avait rarement eut autant de cernes. Dans sa vie, atteindre un tel niveau de fatigue ne lui était déjà arrivé que deux fois. La première fois était en troisième année, lorsqu'elle avait eut l'autorisation exceptionnelle d'utiliser un retourner de temps pour suivre plus de cours dans son cursus. La deuxième fois, c'était quelques mois auparavant, lorsqu'elle se démenait avec Harry et Ron pour trouver une manière d'en finir avec cette guerre.
Du bout du pouce, elle caressa délicatement les bords tranchants du miroir. Elle l'affectionnait tout particulièrement, car quand elle le regardait, elle pouvait presque sentir autour d'elle la présence de son meilleur ami.
Elle le rangea précipitamment dans son sac en entendant Lily sortir de la salle de bain en chantonnant.
À ce qu'on disait, l'amour rendait heureux, et pour la jeune-fille, c'était vraiment le cas. Elle rayonnait depuis qu'elle était en couple avec James.
Hermione regrettait de ne pas pouvoir vivre ça.
Elle fuyait Sirius comme la dragoncelle, depuis ce matin où ils avaient été si proche de s'embrasser. Tout simplement parce qu'elle savait qu'il la rendait plus faible. Que quand il était proche, ses émotions prenaient le dessus et qu'elle pourrait succomber à ces dernières.
Et puis, elle était effrayée.
Plus vraiment de son passé avec lui, dans sa propre époque. Non, elle avait, petit-à-petit réussit à le percevoir comme une toute nouvelle personne. Ce n'était plus un adulte torturé et aux pensées sombres, mort de l'intérieur. Non, le Sirius qu'elle avait apprit à connaitre dans les années soixante-dix était bien vivant, malicieux et tel qu'il avait été dépeint par son lui-adulte.
Ce qui lui faisait peur, c'était plutôt ce qu'il représentait pour elle. Ce qu'il pourrait représenter.
Quelque chose qui pourrait me faire vouloir rester, songeait souvent Hermione.
Si elle n'y prenait pas gare, elle pourrait avoir envie de rester à cette époque. Apprendre encore à le connaitre.
Le sauver.
Elle n'aurait qu'à détruire l'Horcruxe dès à présent. Il lui serait alors impossible de retourner dans son propre présent, à cause d'un paradoxe temporel. En effet, si elle détruisait dans les années soixante-dix ce dernier Horcruxe, celui dont ils n'avaient pas connu l'existence, alors la Hermione du futur n'aurait pas eut à retourner dans le passé.
Le seul moyen pour Hermione de retrouver Harry, Ron et les autres, c'était de retourner dans son époque pour détruire l'objet.
Et le seul moyen pour qu'elle continue à vouloir ça, c'était de s'éloigner de Sirius.
— Tu es bien songeuse, dit Lily en s'essorant les cheveux à l'aide de sa serviette.
Hermione prit quelques secondes pour répondre :
— Oui, c'est vrai.
— C'est à cause du miroir, n'est-ce pas ?
Hermione se sentit nauséeuse à la simple pensée de l'horcruxe. Elle hocha la tête, et son amie s'assit à côté d'elle pour lui presser l'épaule de sa main.
— Allons, tu arriveras à trouver la force de le détruire.
Hermione tente de lui sourire d'un air reconnaissant. Lily pensait que si elle ne détruisait pas le miroir, c'était à cause de ses pouvoirs maléfiques qui lui donnaient des hallucinations trop difficiles à endurer.
Mais, elle avait envie de se confier à Lily. Elle avait envie de lui dire qu'il n'en était rien, qu'elle ne détruisait pas le miroir tout simplement parce qu'elle tentait de trouver le moyen de repartir chez elle mais que c'était impossible.
Seulement, ça aurait été trop long à expliquer. Et trop dangereux, aussi.
Alors, elle se contenta de marmonner un « merci de ton soutien », et de se lever du lit.
°
Lorsqu'elle descendit dans la grande salle prendre son petit déjeuné, elle constata comme à l'ordinaire que les regards des quatre maraudeurs étaient tournés vers elle, pleins d'espoirs. Elle comprenait pourquoi : ils souhaitaient la revoir assise à leur côtés, comme avant. Et bien que ce soit flatteur de se sentit voulu, elle n'était pas prête à leur faire face.
À lui faire face.
Alors, elle s'assit un peu plus loin, en compagnie de Lily.
— Tu peux aller t'assoir avec eux, tu sais, grogna Hermione en voyant Lily se tordre le cou pour adresser un sourire à James. Je sais que tu en meurs d'envie.
Lily la toisa quelques secondes, avant de hausser les épaules.
— C'est vrai, j'en meurs d'envie. Mais tu es ma meilleure amie.
Hermione lui sourit, et ne dis pas tout haut ce qu'elle pensait tout bas : elles ne se connaissaient pas assez pour être meilleures amies.
Hermione accordait une importance particulière à ce mot. Pour elle, des meilleurs amis étaient un peu comme des âmes soeurs. Leur amitié surpassait parfois même des amours. Au fond, la relation entre deux meilleurs amis était également basé sur de l'amour.
C'est ce qu'elle avait eut avec Harry.
Ce qu'elle avait avec Harry.
Raison de plus pour retourner dans son époque. L'amitié surpassait parfois l'amour. L'amour qu'elle avait peut-être retrouvé incarné en la personne de Sirius ne valait pas l'amitié qu'elle perdrait en restant dans le passé.
C'est avec une énergie nouvelle qu'elle avala sa viennoiserie.
Mais, un pincement au coeur la rendait consciente que cette partie d'elle n'était peut-être pas totalement en accord avec sa manière de penser.
— Tu vas réviser toute la journée, je suppose ? Demanda Hermione en songeant qu'ils étaient samedi et que par conséquent, aucun cours n'était prévu.
— Tu suppose bien, confirma Lily en buvant une gorgé de son thé. Et toi ?
Hermione déglutit, et répondit simplement :
— Oui, tout pareil.
Elle avait envie de lui avouer toute la vérité. De lui expliquer qu'il lui fallait travailler non pas pour ses ASPICs mais pour retourner chez elle. Parce que chaque jour de plus passé ici était un jour de plus qui lui donnait envie de rester.
Elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance. Que Lily ne dirait rien à personne. Même pas à James, si elle le lui demandait.
Mais, révéler la vérité à Lily revenait à répondre à des questions. Lily voudrait certainement en savoir plus sur son futur. Sur leur futur à tous.
Et alors, que pourrait dire Hermione ?
Une réponse claire serait affreuse. Ne rien dire reviendrait à avouer la vérité. Et mentir... Non, mentir serait inhumain. Promettre un futur heureux alors qu'il serait tout le contraire... Non, elle ne pouvait s'y résoudre.
°
Après son petit déjeuné, elle fonça tout droit vers son bureau, heureuse de constater que les maraudeurs, eux, n'avaient toujours pas finit de manger : elle ne les croiserait donc plus de la journée étant donné qu'elle avait prit l'habitude de prendre le déjeuné et le dîner dans les cuisines en compagnie des elfes de maison.
Et, les garçons avaient eut l'air de comprendre qu'elle ne voulait plus avoir affaire à eux : ils ne cherchaient jamais à reprendre contact avec elle. Mais, au fond, elle savait très bien que si elle décidait de retourner vers eux, ils l'accueilleraient les bras ouverts.
Il était très tard quand elle ferma un bouquin qui ne devait pas être loin de peser le même poids qu'elle - ou alors le ressentait-elle de cette manière car elle était très fatiguée ?
Elle était déprimée.
Elle n'avait toujours aucune piste. Alors, elle se rendit à l'évidence : elle devait obtenir de l'aide.
.
Debout, devant la statue cachant les escaliers en colimaçon menant au bureau du directeur de l'école, elle se sentit nauséeuse. Elle prononça le mot de passe, que Dumbledore lui faisait toujours parvenir par le biais d'un message lorsqu'il lui prenait l'envie d'en changer.
Quand le passage apparut, elle l'emprunta, et comme si Dumbledore avait deviné que quelqu'un se présentait devant son bureau, la porte s'ouvrit d'elle-même.
Elle trouva le directeur dans une robe de sorcier de couleur prune, ses yeux scruter derrière ses lunettes en demie-lunes. Cette expression, elle était caractéristique de Dumbledore, dans cette époque ou dans l'autre. Hermione avait souvent eut affaire à elle. Dans un sens, elle la trouvait réconfortante.
Car Dumbledore avait peut-être commit beaucoup d'erreurs, notamment concernant Harry, mais il n'en restait pas moins un personnage côté d'un bon fond. Désireux d'aider toutes les personnes le méritant. Et peut-être même celles ne le méritant pas toujours.
— Bonsoir, professeur.
— Miss Granger, salua à son tour le directeur avec une inclinaison de la tête.
De par ce geste, il l'invitait à s'assoir en face de lui. C'est ce qu'elle fit.
— Je craignais qu'il ne soit trop tard et que vous ne soyez déjà endormi, dit Hermione.
Dumbledore eut un sourire en coin, et secoua la tête.
— Il y a bien longtemps que je veille tard, miss Granger. Les pensées s'entremêle dans ma tête, et m'empêchent de trouver le sommeil.
Oui, Hermione connaissait bien cette sensation. En fait, à tout bien y réfléchir, elle ne s'était pas endormi sereinement depuis... Depuis sa première année d'études, alors qu'elle n'avait que onze ans.
Depuis qu'elle avait rencontré Harry.
Elle ne regrettait pas de l'avoir connu. Elle ne regrettait pas leur amitié, elle ne regrettait rien. Mais, c'était une vérité : depuis, elle ne dormait plus bien.
Elle avait tout eut sauf une scolarité classique. La menace d'un serpent géant prêt à paralyser tous les nés-moldus, la menace de Sirius en troisième année - qu'elle pensait alors être un meurtrier -, Harry mettant sa vie en danger à cause de ce foutu tournois des trois sorcier, puis, la guerre. Le retour de Voldemort, la chasse aux Horcruxes...
Tout ça l'avait fait devenir la femme forte qu'elle était à présent, mais qu'aurait-elle été si elle n'était pas devenue amie avec Harry ?
Probablement une miss je-sais-tout insupportable. Mais alors, elle aurait mieux dormi. Elle aurait été plus tranquille. Elle n'en serait pas là, à chercher un moyen de retourner dans le futur, des décennies plus loin.
Elle chassa ces pensées parasites de sa tête, pour se déconcentrer sur Dumbledore, qui attendait des explications quand à sa présence dans son bureau à une heure si tardive.
— Professeur, j'ai trouvé ce que je venais chercher ici, souffla-t-elle.
L'air de Dumbledore devint alors beaucoup plus grave. Elle ne lui avait pas avoué qu'il s'agissait d'un Horcruxe qu'elle venait chercher ici, mais il savait que ça avait un rapport avec Voldemort.
— Je cherche à présent un moyen de rentrer chez moi... Mais, je n'en trouve aucun.
Dumbledore posa ses yeux bleus sur les portraits des anciens directeurs, qui chuchotaient des choses incompréhensibles entre eux.
— Retourner dans le passé un nombre d'années aussi conséquent que ce que vous avait fait est du jamais vu, miss Granger. Il faut être une sorcière extrêmement doué pour réussir cet exploit.
Hermione sourit, recevant le compliment avec gratitude, mais ce n'était pas vraiment la réponse qu'elle attendait du directeur.
— Comment procéderiez-vous si vous étiez à ma place ? Pour retourner de là où je viens ?
Dumbledore prit un air pensif, et si elle ne le connaissait pas si bien, elle aurait pu penser que leur conversation l'ennuyait.
Au bout de quelques minutes sans parole, il parla enfin :
— La formule que vous avez utilisé ne fonctionnerait pas pour aller dans le futur, n'est-ce-pas ?
Elle secoua la tête, réprimant un frisson. User de la magie noire pour remonter le temps avait été une expérience qu'elle ne souhaitait pas remettre sur la table. Elle aurait réutilisé ce moyen, bien sur, si cela lui permettait de rentrer chez elle, là où Harry et Ron l'attendaient, mais elle ne marchait que pour aller dans le passé. Pas pour le futur.
Elle se sentait coincée.
Elle voulait hurler de désespoir.
— Et rentrer chez vous est, j'imagine, une question d'urgence ?
— Oui, souffla Hermione.
Dumbledore inclina la tête, les yeux plissés.
— Cela ne sera pas trop dur pour vous de quitter cette époque ? J'ai eut ouïe dire que vous étiez devenu très proche avec certains de vos camarades de Gryffondor. J'imagine que c'est logique, n'est-ce pas ? Vous êtes ici depuis plusieurs mois, après tout.
Hermione sentit son coeur s'affoler. Comment le directeur pouvait-il tout le temps viser aussi juste ?
Elle ne répondit pas, comme si le silence était une réponse tout aussi valable qu'une parole.
Oui ce sera dur. Très dur. Oui, je suis devenue proche de mes camarades. De Lily, des maraudeurs. De Sirius, qui est la seule et unique personne qui m'ait jamais attiré à ce point. La seule personne qui m'a fait oublié Ron. Qui m'a fait comprendre que l'amour que je portais pour Ron n'était qu'une illusion. La seule personne qui pourrait me faire rester, juste pour voir ce qui pourrait se passer.
— Miss Granger, je vous ai caché quelque chose, avoua le directeur.
Elle se redressa, intriguée.
— Depuis votre arrivée, je travaille sur une nouvelle formule. Evidemment, ces expérimentations ne sont connues de personnes, surtout pas du ministère. Je suis dans la plus totale des illégalités, aussi je compte sur votre silence.
Il baissa vers elle un regard entendu, et elle hocha la tête.
— Je ne dirais rien, promit-elle.
— Bien. Je travaille sur un sortilège permettant de faire un bond, non pas dans le passé mais dans le futur. Pour vous.
Hermione retint sa respiration. Elle l'avait peut-être, en fin de compte, sa solution de retour ?
— Pourquoi ne m'en avez-vous pas parlé plus tôt ?
— Pour plusieurs raisons.
Il marqua une pause, et Hermione le soupçonna de vouloir donner à ce moment un effet dramatique.
— Tout d'abord, pour ne pas vous donner de faux espoirs. Je ne cherche pas à me vanter en affirmant être, de nos jours en tout cas, la seule personne capable d'inventer une formule aussi complexe. Je n'ai pas encore réussit, et je ne vous en ait rien dit au cas où j'échouerais. Mon égo ne me pardonnerait pas, et je ne me le pardonnerait pas non plus si je vous avait donné une raison d'espérer se révélant finalement nulle.
Hermione hocha la tête, attendant avec impatience la suite :
— De plus, il s'agit là, miss Granger, de magie noire. Je m'étais promis de ne jamais plus y toucher, car elle peut-être très savoureuse quand on y goûte. Comme... Une sorte de drogue, voyez-vous ? Je n'en suis pas fier, mais c'est la seule solution, je le crains, pour vous de rentrer un jour.
Je m'étais promis de ne plus jamais y toucher.
Hermione savait qu'il avait déjà fait usage de magie noire. À l'époque de Gellert Grindelwald.
Peut-être était-ce la raison pour laquelle il ne voulait pas y tomber dedans à nouveau.
Mais il avait prit le risque.
Pour elle.
— Et cette formule, dit-elle lentement, pleine d'espoir. Quand pensez vous la trouver ?
— Si j'y arrive, répondit Dumbledore en insistant bien sur le « si », ce ne sera pas avant encore quelques semaines, voir quelques mois. Aussi, je vous conseille vivement de ne pas renoncer à vos propres recherches. Peut-être trouverez-vous un moyen de rentrer avant que je n'ai finit cette formule.
Hermione hocha la tête, et se leva, rejoignant la porte.
— Merci beaucoup, professeur. Vous ne pouvez pas savoir à quel point j'avais besoin de l'espoir que vous m'offrez.
Dumbledore balaya l'air de sa main, comme si ce qu'il avait fait n'était rien.
Sauf que ce n'était pas rien.
Pour Hermione, en cet instant présent, c'était tout.
— Oh, et Miss Granger ? Appela Dumbledore avant qu'elle ne ferme la porte derrière elle.
Elle rouvrit cette dernière, attendant la suite.
— Vous être vraiment une sorcière très courageuse, complimenta le directeur.
Hermione se sentit rougir. Elle accepta le compliment d'un sourire, puis ferma la lourde porte.
°°°°°
Après un nouveau chapitre des maraudeurs, arrivé de nulle part, en voici un sur ma Sirmione !!!
Bon, dans ce chapitre il n'y a pas d'interaction entre Sirius et Hermione, mais je ne sais pas si vous avez vu, les pensées de notre sorcière sont en train de se modifier, et elle assume beaucoup plus qu'avant le fait de tomber amoureuse de Sirius ! Elle se pardonne même d'avoir succombé, je ne sais pas si vous avez ressentit ça de la même manière que je l'ai ressentit en écrivant ce chapitre...
Bref, chapitre très introspectif pour notre Hermione, peut-être un peu plus barbant que les autres mais nécessaire ! J'ai essayé de l'animer un peu en faisant quelques références au Canon.
Dites moi ce que vous en avez pensé, et surtout, rendez-vous pour le prochain chapitre dans quelques jours pour du grand Sirmione, et... Le final de la partie 2 !!!!
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