En arrivant à l'infirmerie, Hermione entra directement, sans frapper. Une personne était allongé dans un lit, et la regardait fixement. Hermione tomba des nues en reconnaissant Regulus Black. Elle avait un jour vu une photo de lui, dans la maison des Black...

— Tu es la nouvelle, dit Regulus d'une voix trainante.

Il n'attendait pas forcément de réponse, mais Hermione hocha la tête, trop occupée à le regarder pour lui répondre de vive voix.

Il ressemblait vraiment à son frère. Son corps semblait un peu plus chétif, avec moins de muscles, mais son visage était tout aussi beau. Ses yeux gris semblaient profond et observateurs, et Hermione détourna le regard quand elle les croisa.

Elle attendit encore plusieurs minutes, dans un silence gêné. Regulus ne la lâchait pas du regard. Au moment où la porte de l'infirmerie s'ouvrit brusquement, Hermione bénit mentalement Miss Pomfresh, avant de se redressée, sonnée. Ce n'était pas Miss pomfresh, mais bien les quatre maraudeurs, pliés de rire. Peter portait son bras en écharpe, avec un pull. Ils s'arrêtèrent net de rire lorsque ils virent Hermione et Regulus.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? Demanda Sirius.

La question n'était pas pour elle. Elle était pour son frère.

— Le quidditch est un sport dangereux, répondit simplement Regulus.

— Pas si on est doué, dit James.

Regulus lui adressa un regard mauvais.

— Dois-je te rappeler qui a gagné la coupe l'année dernière ?

James se renfrogna, et se tourna vers Hermione.

— Et toi, qu'est-ce qui t'amène ?

— Je me suis déboitée l'épaule.

Un silence tendu s'installa à nouveau dans la pièce, et quand Hermione décida que c'en était trop et qu'elle repasserait plus tard, l'infirmière daigna se montrer.

« Pas trop tôt, pensa Hermione. C'est pas comme si elle était débordée, pourtant. »

— Que ce passe-t-il ? Demanda la jeune-femme, étonnée de voir tant de monde.

— On a lancé un sort sur Peter qui a mal tourné et son bras a triplé de volume, expliqua Sirius. Ah, et Granger s'est déboitée l'épaule, apparemment.

Il pensait surement que c'était une blessure stupide, voire un peu nulle.

Elle lança à Sirius un regard mauvais, qui eut pour effet de le faire sourire.

— Bien, on commence avec Pettigrow, fit l'infirmière. Et, un seul visiteur à la fois, je vous rappelle. Deux d'entre vous vont devoir sortir.

James, Sirius et Remus se regardèrent, dépités. Ils devaient surement vouloir regarder la retransformation du bras de Peter en direct.

— Je reste, dit finalement Sirius.

Haussant les épaules, James et Remus partirent. Miss Pomfresh ôta le pull qui servait de support au bras de Peter, et examina le membre gonflé du jeune-homme en marmonnant des paroles incompréhensibles.

— Je vais vous préparer une potion spéciale, dit au bout d'un moment Miss Pomfresh. Allez vous allonger dans un lit en attendant, ça va prendre quelques heures.

Peter obéit après avoir lancé un regard rieur à Sirius, qui ne bougea pas.

— Tu ne vas pas rejoindre ton copain ? Fit Hermione tandis que l'infirmière s'intéressait à présent à son épaule.

— Mon rêve a toujours été d'entendre une épaule craquer pour la remettre en place, dit Sirius.

Hermione entendit Regulus marmonner quelque chose dans le genre « ridicule ». Sirius fit semblant de ne pas l'entendre.

— Il va falloir enlever votre gilet, miss Granger, dit l'infirmière au bout de quelques secondes. Je ne peux rien fair, si vous le portez.

Hermione lui lança un regard horrifié. Elle ne pouvait pas enlever son gilet, pour la bonne et simple raison que le bras qui la faisait souffrir était le même que celui où il y avait marqué « sang de bourbe ». Un délicieux cadeau de Bellatrix Lestrange. Cadeau qu'elle voulait éviter d'exhiber. Cette marque, elle n'en avait pas honte, car elle prouvait que la jeune-fille regorgeait de courage, mais quand même... Elle avait une certaine pudeur à la montrer à tout le monde.

— J'ai froid, fit Hermione, pour essayer.

— Allons, ça ne va même pas durer dix secondes.

L'infirmière semblait perdre patience, et Hermione fronça les sourcils. Elle remarqua que Sirius semblait tout d'un coup encore plus intéressé par la conversation qu'avant.

— Remettez moi cette épaule en place sans m'enlever mon gilet, fit Hermione d'une voix impérieuse.

L'infirmière leva les yeux au ciel.

— Et comment voulez vous que je fasse ?

Ce fut au tour d'hermine de perdre patience, et elle dégagea son bras de l'emprise de l'infirmière.

— Je me soignerais seule, dans ce cas là, dit-elle en grinçant des dents.

Elle s'en alla de l'infirmerie sous les regards médusés de l'infirmière, de Regulus, Sirius et Peter.

Elle avançait dans les couloirs d'un pas colérique, les dents serrées. Elle entendit derrière elle quelqu'un qui pressé le pas, et elle ferma les yeux, exaspéré. évidemment, qu'il allait la suivre. Comment avait-elle pu penser le contraire ?

— Granger ! Appela Sirius. Attends moi !

— Va rejoindre Peter, Sirius.

— Je n'ai aucune envie de rejoindre Peter. Il est vraiment gentil et tout et tout, mais il est assez ennuyant, à la longue.

Hermione eut envie de tout casser. Entendre dire de Peter qu'il était vraiment gentil la mettait dans une rage inimaginable.

— Qu'est-ce qui t'as prit, tout à l'heure ? Fit Sirius en arrivant à son niveau, légèrement essoufflé.

— Rien.

— ça n'avait pas l'air d'être rien.

— Je-te-dis-que-c'était-rien.

C'était la première fois qu'elle parlais aussi méchamment à quelqu'un qui n'avait rien fait de méchant.

— Tu avoueras que c'était étrange. Je ne comprends pas pourquoi tu as réagit comme ça. Et ne me dis pas que c'est parce que tu avais froid. Seule une âme naïve telle que miss Pomfresh peut croire à cette excuse bidon.

— Elle y a cru ? S'étonna Hermione en laissant échapper de la surprise dans son ton, sans le faire exprès.

Sirius haussa les épaules.

— ça m'étonnerais même pas. Tu sais, elle est nouvelle, alors elle a pas eut le temps de s'adapter aux lubies des élèves de Poudlard.

Il la regarda d'un air hautain.

— Alors tu avoue que tu caches quelque chose sous ta manche ?

Hermione haussa les épaules à son tour. Ça ne servait à rien de protester, Sirius n'était pas idiot.

— Bien sur. Mais ça ne te regardes pas.

Sirius la toisa d'un air qu'elle ne sut comment interpréter, et il secoua la tête avant de dire :

— Comme tu veux, Granger.

Il fit demi tour, surement pour aller rejoindre Peter.

°

Hermione monta dans son dortoir, et y passa l'après midi entière. Tant pis si elle séchait les cours. De toute manière, elle ne se reconnaissait plus. Elle ne prenait plus autant de plaisir à s'instruire, ni à répondre aux questions des professeurs quand l'occasion se présentait.

Le soir venu, son ventre grognait, et la jeune-fille ne pu s'empêcher de descendre dîner.

Juste après Loe repas, elle se sentit mille fois mieux, et un petit peu de courage lui vint. En rejoignant sa salle commune, elle se planta devant Lily, qui leva sur elle des yeux médusés. Cela faisait plusieurs jours qu'elles ne s'étaient pas adressés la parole.

— J'ai besoin d'aide, dit simplement Hermione.

Lily fronça les sourcils, et ferma le livre qu'elle était en train de lire pour mieux la regarder.

— Pourquoi ?

— Je préférerais en parler ailleurs, fit Hermione en jetant un coup d'oeil à la salle commune.

Il y avait pas mal de monde.

Lily opina, et rangea ses affaires avant d'entrainer Hermione hors de la salle commune, faisant grogner la Grosse Dame.

— Alors, pourquoi tu as besoin d'aide ?

Hermione prit son courage à deux mains, avant de dire :

— J'ai une mission à accomplir, ici à Poudlard. C'est pour ça, que je suis là. Mais je suis bloquée, et j'arrive pas à m'en sortir. J'ai besoin d'aide.

Hermione y avait longuement réfléchit, et elle en était venue à la conclusion qu'elle ne pouvait pas réussir toute seule. Lorsqu'elle avait mené des enquêtes, auparavant, ils étaient toujours trois : Harry, Ron et elle. Elle n'avait jamais été seule.

— Mais... Balbutia Lily. Tu n'es pas une mangemort, au moins ?

Hermione la regarda d'un air déçu.

— On se connait depuis vraiment pas longtemps, Lily, mais j'ai quand même deviné que tu n'étais pas une personne stupide, ni bête... Comment peux-tu vraiment pensé que je sois une mage mort ? Tu crois que Dumbledore m'aurait laissé resté ici ?

Lily se mordit la lèvre.

— C'est vrai, mais... Enfin, les maraudeurs ont trouvé des livres de magie noire qui étaient à toi !

— À la bibliothèque, protesta Hermione. Ils appartiennent à la bibliothèque, dans la réserve. Je les ai juste emprunté.

— ça a un rapport avec ta mission ?

Hermione approuva d'un signe de tête.

— Mais si je t'en parle, Lily, il faudra que tu fasses preuve de la plus grande discrétion. Personne ne doit savoir ce que je suis en train de faire. Ça pourrait sinon remonter aux oreilles des mauvaises personnes, et dans ce cas là, ce serait une véritable catastrophe.

Lily analysa visiblement la demande d'Hermione.

— Même pas à Marlene ?

— Même pas à Marlene. C'est très important, Lily.

La rouquine se mordit la lèvre, avant de hocher la tête.

— OK. Dis moi en quoi ça consiste, je te promet que j'en parlerais à personne.

Hermione ouvrit la bouche pour lui dire ce qu'elle attendait d'elle, quand les quatre maraudeurs déboulèrent, la fixant méchamment.

— Ne l'écoutes pas, Evans ! S'exclama James. Ne lui fait pas confiance, c'est une mangemort.

Hermione leva ls yeux au ciel avant de fusiller le garçon du regard.

— Mais vous êtes idiots, ou quoi ? s'exclama-t-elle. D'abord, vous n'avez aucune preuve, et ensuite, comme je l'ai dit à Lily, vous croyez vraiment que Dumbledore...

— Dumbledore peut se tromper, dit alors Peter.

— Je connais Dumbledore depuis mes onze ans, il ne s'est jamais tr...

Hermione se coupa net, écarquillant les yeux. Elle se rendait compte de sa grave erreur. Elle n'était censée connaitre Dumbledore que depuis quelques semaines.

— Tant pis, se reprit Hermione en voyant les maraudeurs se lancer des regards sceptiques. Je me débrouillerais seule. Merci quand même, Lily.

Elle tourna les talons, en colère. En colère contre les maraudeurs, mais surtout en colère contre elle même.

Derrière son dos, elle entendit Lily dire :

— Mais vous avez tout gâché, espèces d'idiots ! Vous êtes obligés de tout le temps ramener votre fraise, comme ça ? Vous êtes vraiment impossible.

Hermione entendit des pas, puis la rouquine reprendre pour l'appeler :

— Hermione ! Attends, s'il te plait ! Aller, s'il te plait, reviens !

Mais la jeune-fille ne s'arrêta pas pour l'attendre, ses oreilles sifflants.

— Evans ! Appela James. C'est une mangemort, Remus nous as dit qu'il était presque sure qu'elle avait la marque des ténèbres !

Hermione s'arrêta net. La marque des ténèbres, elle ? Elle n'avait jamais été aussi humiliée de toute sa vie.

— Q... Quoi ? Balbutia Lily.

Hermione se retourna vers les maraudeurs, le visage ravagé par la colère. Cette colère ne s'atténua pas en voyant que Sirius et James avaient sortit leurs baguettes.

— Je peux entendre tes arguments, Remus ? Fit Hermione d'une voix étonnement calme considérant la situation.

Le garçon semblait avoir perdu de l'assurance, comme si à présent, il n'était plus aussi sure de ce qu'il avançait. Il resta muet un moment, avant de dire :

— Sirius nous a raconté que ce matin...

— Oh, tu ne pouvais pas t'empêcher de tout mettre sur mes épaules, hein, Lunard ? Grogna Sirius.

Il regarda Hermione dans les yeux.

— J'ai juste raconté aux garçons cette attitude bizarre que tu avais eut avec ton bras, et Remus a dit que ça ne l'étonnerais même pas que tu ais la marque.

Hermione le prit vraiment mal. Le visage déformé par la peine et la colère, elle s'avança tout près du garçon, et elle le vit serrer sa main sur sa baguette. Puis, lorsqu'elle n'était plus qu'à quelques centimètres de Sirius, elle tendit son bras, et releva sa manche, mettant sa cicatrice encore flamboyante juste sous ses yeux.

— Là voilà, ma supposée marque des ténèbres, idiot.

Elle vit Sirius se raidir, et la regarder avec une drôle de tête, comme s'il était... Désolé ?

Hermione regarda les maraudeurs uns à uns, et dit :

— ça me fait de la peine, que vous me jugiez sur des à priori. Ça me blesse vraiment. Surtout venant de toi, Remus.

Elle regarda le garçon, les larmes aux yeux. Elle aurait pensé qu'au vu de sa condition, Remus serait le dernier à la juger sur des hypothèses complètement foireuses. Elle s'était trompé, visiblement.

Lorsque les larmes se mirent à couler pour de bon sur ses joues, Hermione se retourna, et courut pour s'éloigner d'eux. Elle entendit, alors qu'elle était déjà assez loin, Peter demander :

— J'ai mal vu, qu'est-ce que c'était ?

— Tais toi, Queudver, eut la décence de répliquer Remus.