II

J'ouvre les paupières. Je me redresse dans le lit, en sueur. Mon simple tricot reste collé sur ma peau humide. Je passe une main tremblante sur mon visage trempé. Ma respiration saccadée rend ma gorge sèche et je déglutis avec peine. J'entends mon cœur battre dans mon crâne, résonnant dans la petite pièce où je me trouve.

Je repousse les couvertures sur le côté afin de m'extirper du lit. Je chancelle sur mes pieds, prise de vertige. Je me masse doucement les tempes et me dirige jusqu'à la fenêtre close. Je l'ouvre en grand, la douce brise matinale m'effleure doucement la peau.

Les rideaux se relèvent et s'abaissent au rythme de la chanson du vent, créant une jolie valse de couleurs. J'inspire une grande bouffée d'air frais, des images tournent en boucle encore et encore dans mon esprit.

Cela fait longtemps que je n'avais plus vu leurs jolis petits visages. Nous avions quel âge ? Eux quatorze ans, et moi douze ans, il me semble. Je me souviens que quelques jours après, j'avais été gravement malade. J'avais même failli quitter ce monde, mais mes parents, Michel et Daniel s'étaient tellement donné du mal pour que j'aille mieux, que j'ai pu à nouveau ouvrir les yeux.

Je me souviens du jour de mon réveil dans les moindres détails : mes paupières de papier s'ouvrant enfin au monde, les visages endormis de mes deux amis, leurs têtes posées sur le lit où je me trouvais, mes parents, appuyés contre le chambranle de la porte, leurs sourires tristes mais imprégnés d'un pur soulagement... Puis Michel et Daniel qui se réveillaient et m'enserraient de leurs bras.

     Tous ces souvenirs prennent un malin plaisir à troubler ma vision. Je recule en titubant, et m'assoie sur le bord du lit, recroquevillant mes jambes contre moi. Je laisse la douleur me transpercer de part en part, réduisant mon cœur en chiffon, un chiffon sale et froissé. Une larme coule, le chiffon se déchire.
                                  ***

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