Chapitre 17
Le soleil, invisible depuis la forêt, disparaissait derrière l'horizon. Mostès était resté avec Danney, toujours inconsciente, alors que Sinoran et Luzo s'étaient rendus au village pour chercher des armes et de la nourriture. Le jeune homme était inquiet que ses deux compagnons ne l'abandonnent, mais il n'avait pas eu d'autre choix.
Il était perdu dans ses pensées lorsque Danney toussota. Il se tourna vivement vers elle en se penchant, impatient de prendre de ses nouvelles.
– Comment vas-tu?
– Je... pas génial, avoua-t-elle après une violente quinte de toux.
Mostès lui laissa le temps de reprendre ses esprits, puis il dit tout bas, presque en chuchotant :
– Tu ne nous avais pas dit que tu t'étais faite mordre par une Charogne.
– Je ne pensais pas que j'allais avoir si mal, gémit-elle.
Il essuya avec un tissu le coin de la bouche de la jeune femme, où suintait du liquide verdâtre.
– Nous allons te soigner, ne t'inquiète pas.
– Où sont... les autres ?
– Ils sont partis au village chercher de la nourriture et des armes.
Après un moment de silence, Danney reprit doucement :
– Et toi, tu vas bien ?
– Tu plaisantes ? répliqua le jeune homme. Tu es allongée là, presque mourante, et tu me demandes si moi, je vais bien ?
– Je m'inquiète pour toi, Mostès. J'ai l'impression que, petit à petit, tu es en train de changer.
Celui-ci ne dit rien. Il savait qu'il n'était, en quelque sorte, plus le même qu'à son départ de Clairecombe. Il était devenu moins calme, et surtout plus renfermé.
– La priorité, c'est toi, Danney. Nous savons où se trouve le remède pour te soigner, et nous allons aller le chercher.
La jeune femme se pencha sur le côté et se mit à convulser tant elle toussait. Mostès eut peur qu'elle ne crache ses poumons.
– Ça va ? s'inquiéta-t-il en posant sa main sur son dos.
En posant cette question, il se sentit idiot ; il était évident que son amie souffrait.
– Ça va, souffla-t-elle en retombant sur le dos, un peu soulagée. Où est ce remède, alors ?
– Dans le palais principal de la famille Caly.
– Vous allez y aller, n'est-ce pas ?
– C'est ce qui était prévu depuis le début.
– J'aurais voulu venir avec vous, tu sais...
– Sinoran restera avec toi, ne t'en fais pas.
– Quoi ? fit Danney en tentant de se redresser sur ses coudes. Je n'ai pas besoin que quelqu'un veille sur moi. Par contre, vous, vous avez besoin de lui, c'est indéniable !
– De toute manière, il refuse de nous accompagner, soupira Mostès d'un air las. Il ne nous fait plus assez confiance.
– En même temps, cette mission relève presque du suicide.
– Tu ne pourras pas me dissuader d'y aller, Danney. Je le dois, pour ma sœur et pour toi.
Les deux camardes ne prononcèrent plus un mot, chacun perdu dans ses pensées. Mostès, lui, se prenait à imaginer qu'il retrouverait sa sœur saine et sauve dans ce palais. Mais cela n'empêchait pas une peur immense de grandir en lui ; il était terrifié à l'idée de ne pas la trouver, ou pire, d'apprendre qu'elle était morte. En même temps, tout était envisageable, ils avaient été séparés il y a quatre ans déjà.
Danney rompit le court de ses pensées en soufflant :
– Promets-moi de revenir, Mostès.
Le concerné ne dit rien. Rien n'était sûr ; ils étaient deux jeunes adultes et allaient infiltrer l'un des palais les mieux gardés du continent. La situation pouvait très vite déraper.
– Je vais essayer, se contenta-t-il de répondre.
– Et pour mon frère... je veux dire... j'aimerai vraiment le retrouver, mais je ne suis pas en état de vous accompagner.
– Dis-moi comment je pourrais le reconnaître, et surtout où je serai susceptible de le trouver.
– Je ne voulais pas le dire devant Luzo et Sinoran, mais... je pense que mon frère a rejoint les soldats. Il était désespéré en quittant la maison, et il n'avait nulle part où aller. Il m'a toujours dit qu'il admirait les soldats pour leur force et leur courage. Son nom de famille... enfin notre nom, est Hastryo, si cela peut t'être utile. Il s'appelle Ejo Hastryo.
– Sachant que les soldats sont nommés par leurs noms de famille, j'aurai peut-être une chance de le trouver. Mais tu habitais dans l'Est avant, dans la région de la famille royale. Il y a plus de chances qu'il se trouve là-bas.
– Je le sais, mais je tente quand même ma chance, lança Danney en tentant d'esquisser un sourire qui se transforma finalement en grimace.
– Repose-toi, maintenant, lui intima Mostès en voyant qu'elle souffrait. Tout va bien se passer.
Il souhaitait que ces dernières paroles soient vraies, mais il n'en était pas certain. Elles avaient comme un goût amer dans sa bouche.
Peu de temps après, alors que Mostès était occupé à aiguiser la lame de son épée sur un rocher, Luzo et Sinoran surgirent simultanément d'entre les arbres. Le jeune homme ne put retenir un soupir de soulagement ; ses deux autres compagnons ne l'avaient pas abandonné.
– Vous avez trouvé ce qu'il nous fallait ? s'enquit Mostès.
– J'ai rapporté une quantité importante de nourriture et quelques outres d'eau, répondit Sinoran en posant à terre un sac volumineux. Un marchand m'a dit qu'il y avait de nombreux cours d'eau dans la région, et que nous en trouverons sûrement un pour nous ravitailler en eau si besoin.
– Moi, j'ai trouvé tout ce qu'il nous fallait ! renchérit gaiement Luzo. Nous serons bientôt prêts pour notre expédition !
– Ne te réjouis pas trop, tempéra Mostès. Ce ne sera pas une partie de plaisir, je te le garantis.
Malgré les différents présents au sein du groupe, les quatre compagnons veillèrent jusqu'à une heure tardive pour élaborer une stratégie d'attaque. Mostès et Luzo restèrent un peu plus longtemps éveillés, seuls, afin définir un plan une fois qu'ils seraient à l'intérieur du palais. Les détails furent fixés, et chacun connaissait les parties de la stratégie qui le concernait, rien de plus. La méfiance persistait.
Le lendemain, ils avanceraient jusqu'à proximité du palais, et ils passeraient à l'action durant la nuit. Nuit qui s'annonçait tourmentée.
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