Chapitre 1

June regardait par la fenêtre de la cuisine. Tout avait tellement changé depuis son enfance. Aujourd'hui, il n y avait plus ni guerre, ni famine, et pour cause, qui avait besoin de nourriture dans ce nouveau monde? En parlant de ça, elle entendit son ventre grogner. Inquiète, elle se retourna vers la porte, mais aucun pas précipité ne se fit entendre. Poussant un soupire, la jeune femme se pencha par terre et tira de toute ses forces sur un des carreaux en céramique de son sol. Elle en sorti un mince sachet de riz. Prenant prudemment une casserole, elle fit ensuite cuire son maigre repas. Durant la cuisson, elle s'assura d'avoir bien remis la latte en place. Elle sorti ensuite une assiette et se servi son repas. Les sens en alerte, elle ne fit qu'une bouchée de son plat puis elle jeta méthodiquement chaque fibre alimentaire dans la poubelle, qu'elle s'empressa de sortir dans les containers publics, avant de rincer ses ustensiles dans le lavabo, passer un coup de javel dedans et nettoyer le sol à la serpillère pour cacher l'odeur, puis remettre à la vaisselle dans les placards. Elle monta ensuite à la salle de bain et sorti du mur des produits pour le corps. Après un brossage des dents minutieux, elle décida de se faire couler un bain. Une fois le bain près, elle remit tout en place et se glissa dans l'eau chaude.

- Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu fais ça June..

La jeune femme sursauta et regarda l'homme accoudé à la porte. Il était d'une beauté à couper le souffle. Un mètre quatre vingt, des cheveux bruns courts et des yeux d'un bleu intense. Le cœur de June explosa dans sa poitrine, comme à chaque fois qu'elle voyait son mari, et elle devait faire des efforts surhumains pour ne pas montrer son trouble. Bien que les robots aient désormais des sentiments, ils n'ont pas encore insérés à leur programme tous les tics et mimiques que l'humain possède en chaque circonstance.

Reprenant contenance, elle lui adressa un fin sourire crispé et prit la parole.

- Tu devrais essayer Koram. Certaines choses sont finalement appréciables. Viens me rejoindre, tu vas voir tu vas adorer...

La pupille de Koram se contracta tandis qu'il retirait ses vêtements. June savait exactement ce que cela signifiait et elle en frémissait de plaisir par avance. Son mari se glissa ainsi dans l'eau, tandis que sa femme se décala légèrement, puis, elle se cambra et laissa échapper un gémissement. June ferma les yeux et se laissa une nouvelle fois envahir par cette sensation de plaisir intense.

- Judith je t'en supplie sauve toi! Ne les laisse pas t'attraper.

Tout autour d'elle explosait. Judith était terrorisée alors qu'elle voyait ses parents, là, à terre, un arbre déraciné les empêchant de bouger. Des larmes coulaient sur ses joues tandis qu'elle les appelait en hurlant. Ils étaient proches, elle savait qu'elle n'avait pas d'autres choix que de courir, de fuir et vite. Mais quand tu as 16ans, et que tu sais que tes parents vont mourir dans les minutes qui suivent, que peux-tu faire? Elle entendit une dernière fois la voix de son père, lui disant de courir, et, automatiquement, ses jambes obéir à cet ordre. Elle s'enfuyait. A chaque pas qu'elle faisait, l'adolescente sentait son âme se déchirer. Elle savait que c'était la dernière fois qu'elle voyait ses parents. Bientôt, ils seraient morts et leurs corps seraient utilisés pour créer de nouveaux robots, à moins qu'ils ne soient trop abîmés, dans ce cas, ils seront tout simplement brûlés. Judith trouvait cette deuxième solution réconfortante, ce qu'elle trouva également dramatique. Préférer voir les corps de ses parents mutilés et brûlés, inutilisables était certes scandaleux il y a quelques années, mais aujourd'hui, savoir qu'ils seraient utilisés comme de simples outils sophistiqués était tout simplement insupportable.

Dans sa course, elle aperçue une forêt. La jeune fille utilisa les dernières forces qui lui restaient pour se réfugier dans les fougères. Des hélicoptères passèrent au dessus d'elle, agressant chaque parcelle de noirceur d'une lumière diabolique. La jeune fille se replia sur elle-même, et, peu à peu, les hélicoptères s'éloignèrent. Tremblante et sanglotant, elle ferma les yeux, plongeant ainsi dans un sommeil sans rêve...

Un poids lourd tomba sur June, la faisant sursauter. Dans le noir, la panique la gagna, jusqu'à entendre le sifflement si bien connu de Koram. Elle se détendit et analysa la situation, malgré l'obscurité de la chambre. Son mari avait passé un bras protecteur sur elle. Bien qu'il s'agisse d'un robot, June savait qu'elle n'aurait pas pu mieux tomber. Koram était quelqu'un de gentil, attentif au moindre de ses désirs. Il l'aimait vraiment, et, parfois, elle se sentait coupable de lui mentir ainsi à chaque moment de la journée. Mais dire la vérité à Koram serait revenir à crier sur tous les toits qu'elle était humaine. Elle signerait instantanément son arrêt de mort. Chassant cette pensée horrible de sa tête, la jeune femme se blottit un peu plus contre son mari et ferma les yeux. Il n y avait pas de raisons de s'inquiéter. Elle avait dupé tout le monde jusqu'ici, et, si elle ne changeait rien à ses habitudes, tout se passera bien, du moins durant encore dix bonnes années. Ensuite, elle savait qu'elle devrait fuir, son apparence changera au fil des années, et elle se ferait vite démasquer. Mais pour le moment, elle n'avait pas trop à s'en faire pour ça.

Le lendemain matin, June fut réveillée par l'agitation environnante. Elle ouvrit les yeux et constata que Koram était déjà debout. Le jeune homme s'activait. Il se stoppa net et leva son bras parallèlement à sa figure. Il effleura ensuite son poignet d'un geste circulaire et aussitôt, sa peau s'écarta pour laisser sortir une mini boule de fer qui s'ouvrit de façon à se transformer en mini écran plasma. Bien que June sache que son mari était un robot, le voir utiliser sa technologie la surprenait toujours autant, et comme à chaque fois, elle devait tendre chaque parcelle de sa peau pour ne pas lui laisser découvrir un visage stupéfait qui trahirait de suite sa vraie nature. D'ailleurs, Koram sembla remarquer son trouble et s'approcha d'elle. June retint son souffle et son pouls s'accéléra au point de papillonner dans ses oreilles.

- Mon ange, je sais que tu fais tout pour jouer l'humaine parfaite, mais un de ces jours tu seras bien obligée d'utiliser ta technologie pour travailler. Le métier d'enseignant est certes honorable pour comprendre l'histoire humaine et comment cette race inférieur est aujourd'hui une espèce disparu, mais d'ici une dizaine voir une vingtaine d'années, tout les nouveaux modèles auront le savoir absolu intégré à leur cortex cérébral et ce métier disparaitra. Tu en es consciente ? Réfléchis un peu à une nouvelle voie, regarde tes outils et prends le métier pour lequel on t'a donné les capacités, tu verras se sera tellement plus enrichissant.

Koram marqua une pause si longue que June, retenant sa respiration par reflexe, commença à voir des points noirs devant les yeux.

- Allez j'y vais, réfléchis à ce que je t'ai dis, je pense que se serait un grand pas pour toi.

Le jeune homme déposa un fougueux baiser sur les lèvres de la jeune femme. June, qui retenait toujours sa respiration eut un hoquet de surprise et se laissa emporter dans le flot de sentiments que lui procurait ce simple contact. Puis, son mari quitta l'appartement, sourire aux lèvres. La jeune femme poussa un soupire de soulagement et leva la main vers ses yeux. Cette dernière était tremblante et encore sous le choc de l'adrénaline que ce moment avait fait monter en elle.

La jeune humaine, comme la veille, se ressorti un repas. C'était devenu tellement habituel que s'en était quasi naturel. Elle referma ensuite correctement sa cache et alla se préparer. Bien qu'elle n'ait pas d'emploi, rester chez elle ne ferait qu'éveiller les soupçons. Elle devait rencontrer des gens, discuter avec les androïdes voisins. Cela ne l'enchantait guère, bien qu'elle ait réussi à prendre la confiance de quelques voisins, il y avait toujours un risque qu'elle se fasse démasquer. Mais, rester confiner dans l'appartement n'aidait pas non plus, cela ne ferait que soulever des questions et elle se ferait démasquer encore plus rapidement.

Judith enfila donc des vêtements, maquilla sa peau de façon à cacher ses cernes et autres imperfections sous une couche de poudre blanche. Une fois le camouflage effectué, elle se regarda intensément dans la glace, à la recherche de la moindre imperfection qui trahirait sa couverture.

Une fois qu'elle fut sure que tout était clair, elle enfila son manteau et claqua la porte de chez elle. Elle avança vers la rue, les gens, ce monde qui n'était plus le sien. Elle se mélangea à la foule. Elle, simple humaine perdue au milieu de ceux qui avaient détruit sa race comme si ce n'était que de vulgaires poupées de chiffons. Elle se sentait comme un agneau au milieu des loups, mais un agneau déguisé, dont le masque pouvait tomber à chaque seconde. Et, comme à chaque fois qu'elle osait une sortie, June, puisqu'ici tel était son nom, calculait chacun de ses gestes, veillant à ne pas marcher trop vite, à ne pas être tendue, calculant le moindre geste des passants, et la moindre de ses propres réactions. Elle était certes humaine, mais dans ces situations, elle avait l'impression d'être une machine, sans naturel, calculatrice et manipulatrice. Et vraiment, elle détestait ça. Ho ça oui, elle détestait ce que la Terre était devenue, mais au fond d'elle, elle avait cette pensées malsaine, masochiste, qui lui disait adorer cette vie qui lui avait permis de rencontrer Koram, ce robot qui pourtant était l'un de ceux dont il fallait le plus se méfier, celui qui travaillait au gouvernement et qui n'aurait aucune pitié à la tuer. Était-ce sa nature d'humaine qui l'avait poussé dans les bras de ce robot en particulier ? C'était une idée ridicule, l'amour n'est pas une chose contrôlée par l'excitation du danger, bien sur que non. Et pourtant, elle savait que cette dernière phrase sonnait faux. Après tout, elle avait toujours été un peu casse-cou, rebelle, alors, l'hypothèse qu'elle soit tombée sous le charme de Koram car il était le danger, lui paraissait extrêmement réaliste, et surtout extrêmement réelle....

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