𝓒𝓱𝓪𝓹. 𝟐 : Hantise
Désolée de cette longue absence... 🥺
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Une douce brise balayait les vastes jardins royaux bordant l'arrière du palais, incitant les milliers de végétaux éclos à se balancer. On aurait presque cru assister aux spectacles dansants de Seiai, bariolés de couleurs vives et d'accessoires virevoltants...
Soudain nostalgique, Izuku Midoriya soupira. Ses grands yeux émeraude, fixés sur le décor paradisiaque s'étendant sous le balcon princier, cherchaient une lueur cendrée qu'ils n'avaient que très peu aperçue dernièrement.
« Je te veux trop, tu vas me détruire si tu me laisses encore. »
Son cœur à nouveau meurtri se serra. Ils n'étaient à Kamino que depuis une semaine, et leur relation commençait déjà à s'étioler. Aussi, même s'il était parfaitement conscient de l'écart d'importance entre ses amours et la prophétie, il ne pouvait empêcher son instinct de jeune adulte en émoi de s'exprimer...
« Sieur Midoriya? »
L'interpellé sursauta. Gêné, il fit face à la belle femme brune derrière lui, qui patientait sagement les mains croisées. Il s'agissait de Momo Yaoyorozu, la gouvernante et meilleure amie de Shoto Todoroki.
« Je vous en prie, appelez-moi Izuku. » lui demanda-t-il, plein d'espoir.
Elle secoua la tête, un petit sourire aux lèvres.
« Je ne peux me le permettre. » répondit-elle simplement. « Je viens vous avertir du départ imminent de Sa Majesté et de ses troupes. »
Le rythme cardiaque de l'Élu s'accéléra.
« Je vous suis. »
Sans attendre, sa guide s'engouffra dans les couloirs labyrinthiques du château, suivie de près par Izuku. Ses longues mèches d'un noir de jais étaient réunies en un chignon haut – une coiffure sévère qui s'accordait à merveille à sa tenue bleu nuit sobre, quoique finement bordée de dentelle aux manches et au col. Le jupon, bien moins gonflé que ceux des dames nobles de la cour, cachait commodément les chaussures à semelles plates que Momo revêtait en toutes circonstances, en dépit des critiques des dignitaires guindés.
La domestique intriguait le vert. Dès leur rencontre, il avait pressenti qu'elle était loin d'être aussi stoïque qu'elle le laissait paraître – trahie par de légers tremblements aux commissures de ses lèvres charnues, lorsqu'elle réfrénait un de ses rares sourires. De ce fait, un lien logique s'était vite tissé dans l'esprit du héros en devenir, l'amenant à capter l'intensité de la relation qu'elle et le prince entretenaient depuis de nombreuses années.
Ils étaient deux êtres sages, dotés d'un sang-froid exemplaire, aptes à raisonner sans se laisser submerger par un quelconque sentimentalisme. Il avait suffi de quelques jours à Izuku pour saisir la démesure de leurs bagages moraux, remplis à ras bords d'événements d'une dureté quasi inhumaine. Il avait beau en ignorer le contenu exact, il ressentait au travers de leur attitude une détresse lointaine semblable à celle qu'exhalaient parfois, sans s'en apercevoir, Eijiro Kirishima et Denki Kaminari.
Ses amis d'enfance avaient eux-mêmes subi des sévices monstrueux suite à leur bannissement de leur village commun – Yuei. Pour autant, ils étaient parvenus à les surmonter, à devenir de plus en plus forts, pour finir par en rire. C'était leur façon bien à eux de se venger du sort injuste qu'avait été le leur.
Shoto et Momo fonctionnaient juste différemment. Ils mettaient à l'abri leurs âmes éprouvées derrière une façade calme et placide, d'une dureté toute relative...
Plongé dans ses réflexions, Izuku en oublia de faire attention à ce qui se trouvait devant lui, et percuta, en poussant un couinement ridicule, l'héritier du trône. Celui-ci, amusé, se contenta de lui sourire sans émettre la moindre moquerie.
« V-Votre Altesse... » bégaya le maladroit, confus. « Veuillez m'excuser... »
« Je vous en prie, il n'y a pas de mal. » le rassura Shoto de son timbre à la fois impassible et suave. « Vous vous rendez également aux grandes portes, je suppose? »
« En effet. J'aimerais saluer votre père avant son départ, et souhaiter un bon voyage à mon amie dragonne. »
Son interlocuteur hocha la tête et, naturellement, ils se remirent en route en emboîtant le pas à la discrète Momo.
« Je ne crois pas avoir aperçu sieur Bakugo, aujourd'hui. » relança le bicolore en croisant les mains derrière son dos. « J'ai entendu dire qu'il a passé beaucoup de temps à errer dans les rues le soir venu. »
« Oui, malheureusement. » acquiesça Izuku, le regard voilé de tristesse. « Je le connais depuis que nous sommes petits, mais je peine à le déchiffrer, en ce moment. »
Un silence succéda à ces paroles évocatrices. Tout en naviguant dans les couloirs parés de dorures et de bibelots précieux, les deux échangèrent des œillades, à la recherche d'un réconfort auquel ils ignoraient comment accéder. L'un comme l'autre savait que le comportement de Katsuki mettait en péril l'équilibre déjà bancal de leur nouvelle équipe.
Enfin, les immenses battants marquant l'entrée du palais furent visibles. De nombreuses personnes s'agitaient autour, venues encourager le souverain et ses soldats avant leur éloignement de la capitale. Ceux-ci étaient vêtus de leurs habits de voyage, renforcés de diverses pièces d'armures souples adaptées aux longs trajets. Les mesures de sécurité réclamées par les proches d'Enji restaient assez légères – sans doute grâce à la présence dissuasive d'Isay à ses côtés.
« Mon fils. »
Les visiteurs s'écartèrent aussitôt, s'inclinant sur le passage du prince et de ses camarades.
« Père. »
La relation filiale qu'ils entretenaient était... indescriptible, d'un point de vue extérieur. Certes, une admiration sans faille ainsi qu'une affection brouillonne en ressortaient, mais sa nature profonde demeurait obscure au public. Seuls les murs anciens des lieux la connaissaient, tenus au secret des pierres.
« Prenez soin de vous. »
« Je compte sur toi pour seconder ta mère. »
« Je serai à la hauteur. Je vous le promets. »
Puis, sur une brève accolade, ils se séparèrent. Les portes s'ouvrirent alors, et Izuku en profita pour se glisser à l'extérieur. Il se savait incapable de supporter cette scène amère : après tout, il n'avait rien à y faire. Il ne pouvait pas encore les déchiffrer, et refusait donc de tirer des conclusions erronées.
Il n'eut qu'à esquisser quelques pas avant de tomber sur la tête écailleuse d'Isay. En pleine effervescence, elle piétinait les pavés gris de la cour de ses griffes tranchantes, et remuait ses membranes par à-coups, comme secouée de spasmes.
« Je vais devenir folle s'ils ne se dépêchent pas. » se justifia-t-elle en apercevant le rictus taquin d'Izuku. « N'ont-ils donc aucune idée du temps qui passe? »
« Je comprends ton impatience. » lui assura son ami. « J'aimerais qu'ils soient déjà en route, moi aussi. »
« J'ai conscience que le statut de souverain n'est pas facile à endosser, mais ces fichus magistrats auraient pu se montrer plus ouverts! À croire qu'ils ne pensent qu'à leurs précieuses pièces d'or! »
« Nous savons tous les deux que c'est le cas. »
La semaine perdue était en effet due aux interventions aussi stupides qu'injustifiées des conseillers royaux. Heureusement, Enji avait refusé de se calfeutrer comme ils le lui avaient demandé, soucieux de son peuple et des découvertes majeures qu'il serait en mesure d'offrir à son retour.
Il était rare qu'un dirigeant de sa stature s'éloigne de sa demeure, et il semblait décidé à changer cela. Cette escapade au manoir Toga revêtait pour lui une occasion providentielle de rappeler sa détermination à endosser ses responsabilités, même sur le terrain.
« J'espère qu'ils vont bien. » souffla Isay en se calmant un peu. « J'aurais tant souhaité pouvoir les ramener seule... »
La dragonne avait évidemment tenté de retourner à l'endroit maudit afin de secourir ses protégés, mais elle s'était heurtée à un obstacle imprévu : la santé d'Eijiro et de Denki. Épuisés par leur altercation avec Himiko, les marchands s'étaient rapidement avérés incapables de se déplacer sans l'aide de Tenya ou d'Hitoshi Shinso, le majordome abandonné à son sort par sa maîtresse. Isay était donc impuissante et n'avait d'autre choix que d'attendre la troupe humaine censée suivre son vol.
« Ils sont forts. » lui rappela Izuku en posant une paume apaisante sur l'une de ses pattes. « Ils ont survécu aux Ténèbres, pas vrai? »
Elle se contenta d'approuver en silence, rassérénée par la compagnie du petit homme à la crinière ondulée.
Les montures des individus sélectionnés pour la mission s'ébrouèrent plus bas, signe qu'il était temps de partir. Les braves bêtes avaient été harnachées de façon à rendre leur course de plusieurs jours plus supportable. Il leur faudrait de multiples encouragements pour suivre le rythme effréné d'Isay...
Elles quittèrent les écuries avec leurs cavaliers et, le souverain en tête, amorcèrent les premiers pas vers leur destination. La rouge les observa s'éloigner puis souffla, laissant un peu de fumée s'échapper de ses naseaux. Au loin, les champs s'étendaient à perte de vue, offrant un contraste net avec la ville moderne entourant le château.
« Fais attention à toi, d'accord? »
Son intonation maternelle réchauffa Izuku.
« Bien sûr. Toi aussi? »
« Bien sûr. » répéta-t-elle avec un clin d'œil.
Elle déploya enfin ses ailes.
« N'en veux pas trop à Katsuki. Il reviendra vers toi dès qu'il y verra plus clair. »
Et elle quitta la terre ferme, propulsant quelques bourrasques sur les badauds attroupés.
L'Élu ne put retenir un reniflement peu flatteur, des larmes fatiguées prêtes à dévaler ses joues. Il parvint cependant à se ressaisir, conscient de l'attention qu'on lui accordait depuis son arrivée. Il devait se montrer digne de la mission titanesque confiée par All Might.
Le pincement dans sa poitrine n'en demeurait pas moins compliqué à supporter. Le fait que Katsuki ait préféré saluer sa quasi mère adoptive en secret, sans lui, le blessait au-delà du rationnel. C'était sans doute ridicule, mais il percevait cet acte comme un signe supplémentaire d'une cassure irréversible entre eux.
Il quitta la cour sans s'attarder davantage, un creux énorme en train de lui dévorer les côtes. Il fit de son mieux pour n'en rien laisser paraître et, à la vue de Shoto, se dépêcha de le rejoindre. Tel un gamin en quête d'affection.
« Comment vous sentez-vous? » s'enquit le bicolore.
Ils firent demi-tour et commencèrent à errer.
« Je ne sais pas vraiment... » lui avoua Izuku. « Je crois que je n'ai pas assez d'un seul cerveau pour... traiter les récents événements. »
Son ton blagueur ne trompa pas son interlocuteur.
« Sa Majesté n'est pas du genre à revenir bredouille, si cela peut vous rassurer. Il ramènera vos compagnons et, avec l'aide de dame Isay, les secrets cachés de la bibliothèque Toga. Ce voyage marque un tournant très positif dans la prophétie, j'en suis certain. »
« J'aimerais être raisonnable... Moins angoissé, surtout. »
Leurs bras se frôlèrent.
« Vous êtes le héros de ce siècle, sieur Midoriya. Il serait étonnant que vous ne ressentiez aucune crainte à l'idée de combattre le All For One, ne pensez-vous pas? »
« Je me sentirai sans doute plus apaisé quand nous serons tous réunis. J'ose espérer que Katsuki aussi... »
Ils ne pipèrent plus mot. Seuls leurs pas sur le carrelage décoré résonnaient dans cette partie de l'édifice, les isolant des autres représentants de la cour.
« Le phénomène qui s'est produit lors de notre rencontre l'a effrayé, n'est-ce pas? » relança timidement Shoto.
« Nous n'en maîtrisons pas encore les conséquences exactes, mais c'est une théorie plus que plausible. » admit Izuku, peiné. « Il est difficile pour lui de démêler ses propres émotions... Il a paniqué, je ne vois que ça. »
Puis, brusquement, il stoppa. Un bruit à peine perceptible, de bottes usées qu'il connaissait bien, venait d'alerter son ouïe. À côté de lui, Shoto adopta la même posture.
« Kacchan? »
Il eut peur de se retourner, pourtant parfaitement conscient de la présence de son amant à proximité. Son palpitant s'affola, à la fois soulagé et... terrifié.
« Deku... » répondit-il.
Contournant les deux hommes, Katsuki Bakugo leur fit enfin face. Ses mains abimées par des années de larcins tremblaient sous le poids de ses craintes.
« Shoto. » assena-t-il également.
Ils attendirent, suspendus à ses lèvres mordues d'anxiété.
« Il faut qu'on parle. »
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