— Maman, t'aurais vu mes créoles ?

Louna se prépare pour la sortie avec Raphaël. Elle a passé la journée de la veille à rattraper son retard en cours. Ça l'a stressée de se retrouver avec tous ces exercices et DM à gérer. Mais un message de rappel de Raph' pour leur sortie culturelle l'avait requinquée.

La brune se regarde dans le miroir, se demande si elle ne se couperait pas les cheveux pendant ces vacances. C'est la mode du carré en ce moment, ou de la frange. Dans tous les cas, elle a envie de changer de tête, remodeler sa coupe, découvrir un autre visage.

— Dans le tiroir à gauche, répond sa mère, occupée à travailler dans le salon.

Lou' retrouve ses boucles d'oreille dans ledit tiroir et les enfile sans trop de peine. Ensuite, elle emprunte un pot de vaseline de sa mère, glisse son index sur sa bouche, hydratant ces lèvres qu'elle sent plus gonflées que d'habitude.

— Tu t'es faite toute belle, remarque sa maman quand Lou' arrive au salon.

— Je sais pas quoi mettre en tenue, avoue-t-elle en grimaçant.

— C'est pour un rendez-vous ?

Louna hésite.

— Je sais pas trop, peut-être.

Enfin, ce n'était pas très clair. Elle se fait peut-être des films mais Raph' a proposé l'expo à elle, et rien qu'à elle. C'est peut-être parce qu'il n'avait qu'une place en trop... mais quand même ! À part Ségolène, tout le monde était sur Paris dans la bande d'amis...

— Il fait froid dehors. Si tu veux, prends mon col roulé blanc.

Les deux se sourient.

— Merci maman.

Dans la chambre, elle s'habille, se pose de nouvelles questions sur la nature de cette sortie. D'abord, elle ne sait pas encore si Raphaël lui plaît. Elle sait juste que changer d'air va lui faire du bien, et que ça fait des paquets de jours qu'elle essaie d'extérioriser toute la mélancolie qu'elle ressent à cause de Noé. Elle a écrit, bossé, pleuré un peu mais rien de dramatique. Juste assez pour dégager les mauvaises ondes de son esprit. Ensuite, Lou' s'est rendue compte qu'elle avait passé six jours entiers avec l'autre brun, dans une maison de vacances... mais que rien ne s'était passé. Rien de rien. Juste à la fin, bien sûr, dans le train. Comment interpréter toutes ces chances ratées ? Et enfin, pourquoi elle, elle ne comprend toujours pourquoi elle lui plairait tout particulièrement ?

Après avoir remis en place sa coiffure, Louna retrouve son rouge à lèvres paumé sur le table de chevet de sa mère. Elle l'utilise, serre ses lèvres, tente un sourire qui perd rapidement de sa vigueur. Dommage, elle aurait aimé être de meilleure humeur.

Toutefois elle se trouve jolie. Et ça fait longtemps qu'elle ne s'était pas faite la remarque.

Ça lui fait du bien de se sentir un peu désirée... même si ce n'est pas Noé qui appréciera ses efforts aujourd'hui.

— Je t'emmerde Noé, articule-t-elle seule dans la chambre pour se donner du courage.

Ça la gonfle de penser à lui, alors qu'elle va passer tout un après-midi avec Raphaël.

Enfin bon, Lou' se sent quand même impatiente au fond.