Fin : Tu aurais pu être mon frère...
Alors que le nuage de vapeur soudainement créé les empêchait de voir clairement, Amir distingua un corps flou et sombre surgir dans les airs en tenant fermement sa lance au-dessus de sa tête.
Ce dernier avait bondit de son cheval pour asséner un violent coup à son ami, mais le berbère réussit à intercepter l'attaque de Saban. le meneur des bâtards se réceptionna sans problème au sol en effectuant une roulade, il se releva et jugea son adversaire qui n'était personne d'autre qu'Amir, son frère de cœur et son plus proche ami. L'ancien roi cracha par terre et lui jeta un regard noir :
– Qui es-tu, sale chien ? interrogea Saban.
Son ami esquissa un léger sourire avant de lever un sourcil d'un air moqueur.
– Que se passe-t-il, Saban ? Ne me dis quand-même pas que tu ne me reconnais plus ?
– C'est exactement ça, oui ! affirma le meneur des bâtards alors qu'ils se mirent tous les deux à tourner en cercle, d'un pas lent, sans se préoccuper du silence qui régnait à présent autour d'eux. C'était comme ci les deux camps s'étaient entendu sur une courte trêve, le temps d'observer leurs chefs livrer bataille.
– Je ne suis même pas sûr de t'avoir réellement connu un jour, continua Saban qui ne pouvait pas retenir sa rage, tu es devenu un monstre ! Regarde ce que tu as fais ! dit-il en indiquant les cadavres qui s'amassaient au sol, tu mérites l'enfer, espèce de sale pourriture.
– Restons polis, je t'en prie...souffla Amir d'un ton las, nous n'allons pas nous disputer pour si peu, tout de même !
– Pour si peu ? répéta l'ancien roi en observant l'homme qui prétendait, autrefois, être son frère. Tu as tué sans la moindre hésitation tes propres frères et sœurs d'armes ! comment as-tu pu oser, Amir ? Comment ?
Mais le concerné se contenta de bailler d'un air fatigué, il leva ensuite son épée en direction de son ami et lui dit :
– En l'honneur du bon vieux temps, je me chargerai de t'exécuter sans trop te faire souffrir, je te dois au moins ça !
– Assez ! hurla furieusement Saban en lui jetant un regard venimeux, penses-tu vraiment que tu me feras quoique ce soit avec ton arme. Je t'ai toujours battu au combat, alors s'il te plait ne met pas ta vie en jeu, ne m'oblige pas à te tuer ! Prends tes hommes et vas-t-en !
– Hors de question que je m'en aille sans la clé, répliqua-t-il sans baisser son épée, ceci n'est pas n'importe quelle lame, figures-toi ! C'est Al-Battar, l'épée des prophètes, la pourfendeuse du mal. À présent, c'est de toi qu'elle va s'occuper, Saban !
Sans crier garde, Amir se précipita vers ce dernier à une vitesse hallucinante. Le dieu esquiva de justesse. Mais la rapidité de son ami l'étonna au plus haut point. Celui-ci ne lui laissait pas une seule seconde de répit, Saban avait la désagréable impression de se retrouver face à Ogun.
Comment avait-il fait pour évoluer aussi vite ? se demanda-t-il en observant sa position de combat qui était étonnement basse, pour un épéiste normal. Le meneur des bâtards croyait soudainement avoir à faire à une bête sauvage, un félin. Ses mouvements étaient rapides, astucieux et précis. Mais bon sang, que lui était-il arrivé ?
Le dieu était à peine capable d'esquiver et il sentit que les coups de ce dernier allaient tôt ou tard finir par le tuer. Et c'est ce qui faillit arriver, lorsque l'épée des prophètes passa à quelques centimètres de son cou.
Une légère entaille se dessina à ce niveau là et il tomba à la renverse. Se retrouvant sur le dos, Saban se mit à reculer précipitamment, tout en maintenant sa lance pointée vers Amir. Mais ce dernier le désarma d'un mouvement d'épée, comme s'il lui avait arraché une simple brindille, de ses mains.
Le dieu regarda, avec effroi, son arme retomber quelques mètres plus loin. Autour d'eux, les soldats du camp ennemis se mirent à rugir de joie, tandis que ceux de Saban lui criaient vivement de se relever.
Seul l'honneur qu'occasionnait le combat empêchait les soldats d'intervenir dans l'affrontement, peu importe le camp. Amir regarda d'un œil amusé, Saban se repositionner sur ses jambes.
Le guerrier de l'Académie se trouvait au pied du mur, il ne savait pas quoi faire. Tuer Amir, était la dernière chose qu'il souhaitait, mais il ne pouvait pas non plus se laisser achever par la lame de ce dernier. L'impasse était incontournable, alors le dieu repensa à tous ses entraînements en compagnie de ses mentors. Aujourd'hui, il se devait de leur faire honneur, car toutes ces séances d'entraînement à leur côté devaient enfin aboutir à quelque chose.
Il ferma alors doucement ses yeux, cela provoqua l'étonnement de son adversaire, ainsi que celui de tous les autres soldats. Dans son camp, il entendit ses frères d'armes se demander ce qu'il était en train de faire. Alors à ce moment là, il les rouvrit enfin avec un nouvel air de détermination dans son regard.
Saban rappela son arme en tendant le bras vers ce dernier, la lance revint vers lui et il l'attrapa fermement. Le dieu vit alors Amir l'attaquer en levant son épée au-dessus de sa tête, sauf que celui-ci n'avait pas encore fait de mouvement. Saban était capable de le voir bouger dans son esprit, alors quand le berbère exécuta le même mouvement qu'il avait prédit, le dieu l'esquiva sans peine en s'écartant d'un pas sur le côté.
Saban se retrouva subitement derrière son adversaire, mais alors qu'il tentait de lui porter un coup sur le crâne avec le côté non létal de sa lance, Amir posa son épée sur tout le long de son dos.
Il réussit, ainsi, à repousser l'attaque de l'ancien roi, avant de se retourner brusquement vers celui-ci. Les yeux noirs du berbère trahissaient la rage profonde qui l'animait, tandis que le dieu continuait à se demander, comment il avait pu changer à ce point, en si peu de temps.
Saban baissa tristement la tête, il ne voulait surtout pas que ça se termine ainsi. Son regard se porta ensuite sur Héraclès qui tentaient vainement de consoler Aja, tandis qu'Amir se jetait déjà sur lui, en rugissant.
Comme lors de sa dernière attaque, le meneur des bâtards anticipa avant d'esquiver tous les coups, avec une aisance déconcertante aux yeux du berbère. Mais au bout d'un moment, la lance du dieu para l'épée de son adversaire. Alors à cet instant précis, leurs deux visages se retrouvèrent à quelques centimètres l'un de l'autre.
Leurs respirations haletantes étaient synchronisées et Saban pouvait voir toute la souffrance de son ami dans ses yeux, cette vision fit énormément souffrir le dieu qui flancha pendant un court instant.
Mais cet instant suffit justement à Amir pour lui enfonçait doucement, dans l'épaule, la pointe de son épée de feu. Saban hurla de douleur et tomba à genoux, toujours en maintenant sa lance contre la lame enflammée d'Amir.
Ce dernier relâcha finalement la pression et recula de quelques pas. Il contempla l'affreuse blessure de Saban, avant d'esquisser un rictus méprisant.
Amir tourna brides et commença alors à se replier tranquillement en direction du lac où se trouvait le navire, il était inutile de sacrifier plus d'hommes pour le moment. La clé de la vérité attendra, d'autant plus que cette attaque avait également pour but de juger les forces de l'Académie.
– Amir...murmura le meneur des bâtards, reviens !
Le dieu fixait son ami d'un regard implorant, attendant que celui-ci se retourne. Le berbère daigna à s'arrêter, tandis que ses hommes entreprirent déjà de quitter la plaine côtière.
Amir tourna légèrement la tête, puis avec un ton sincèrement triste, il lança :
– Désolé...mais si tu n'avais pas été un dieu païen, on aurait réellement combattu ensemble, hélas je me dois de remplir ma nouvelle mission. Je le fais pour mon peuple, saches-le.
Alors sur ses mots, son meilleur ami le quitta en disparaissant dans la brume qui entourait la plaine. Le dieu baissa la tête et, tout en gardant une main ferme sur sa blessure, il laissa échapper un cri de désespoir. Son cœur venait définitivement d'être anéanti, il posa son front sur l'herbe humide et froid avant de pleurer toutes les larmes de son corps.
Le sol se mouilla alors de ses larmes, en plus du sang des ennemis, mais surtout de celui de ses frères et sœurs d'armes.
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