Chapitre 3.1 : Les sabres du désert.

      Les deux amis s'étaient retrouvés dos à dos, entourés par cinq horribles créatures. Il faisait nuit noire dans le désert, le froid soufflait dans le canyon dans lequel ils s'étaient réfugies. Mais leurs ennemies les avaient poursuivis depuis les dunes sans même s'essouffler. Saban observa plus attentivement les monstres qui les menaçaient et se rendit compte qu'ils n'avaient pas d'yeux, pire qu'ils étaient dépourvus de tête. D'énormes bouches béantes munies de plusieurs rangées de dents se trouvaient à la place de leurs poitrines.

– T'aurais vraiment dû me prévenir sur la nature de ton commerce, Amir ! Lança le prince à l'adresse de son compagnon de voyage. Ce dernier s'esclaffa et lâcha d'une voix amusée.

– À quoi bon, de toute façon tu serais venue quand-même.

      Depuis quelques temps des créatures sévissaient sur les terres du mondes des hommes, des villages disparaissaient des cartes, des hommes se faisaient dévorer et des pêcheurs partaient se livrer à leurs activités pour ne plus revenir. Cela inquiétait fortement la population et certains rois donnaient des primes pour éradiquer ces créatures. Étant une tâche bien rémunéré, Amir n'a pas hésité une seule seconde à se lancer dans la chasse aux monstres. Il avait demandé alors à Saban de l'y accompagner, ce qui ne lui déplut pas vraiment car il s'ennuyait terriblement à Kuyushi.

      Saban se lança sur une des créatures, esquiva un coup de griffes avant de la taillader de sa lance, mais l'énorme plaie barrant l'orifice buccale de la créature ne semblait pas déranger cette dernière pour autant. Il entreprit d'embrocher le monstre, mais celui-ci attrapa fermement son arme et le renversa au sol.

       Amir fit des moulinets avec son sabre incurvé et trancha vivement le bras d'une créature qui s'était un peu trop approchée puis celui d'une autre. Une créature normale aurait comme point faible évident la tête, mais là comme ils en étaient déjà dépourvus, il était difficile de les éliminer.

        Saban se releva et posa ses deux mains sur sa lance toujours entre les mains du monstre avant d'entrer en lutte. Son adversaire était fort et lui rendait la tâche difficile, il sentit derrière lui deux autres créatures approchaient. Mais il n'osait pas laisser celui qui était en face de peur de succomber. Une odeur putride se dégageant de la gueule de la bête l'empêchait de se concentrer. Le prince donna alors un violent coup dans la jambe du monstre, ce qui le fit tomber à la renverse. Il arracha alors sa lance de ses horribles mains et en se retournant brusquement, il trancha les jambes des deux autres créatures. Ils tombèrent également.

Saban rejoignit Amir et lui dit:

– Coupent leurs les jambes !

      Il s'exécuta et la seconde d'après par un grand coup de sabre, il en fit tomber un et par un second en s'accroupissant, il en fit tomber un autre mais le dernier le saisit par le col de son unique bras et le projeta au sol avant de s'asseoir sur lui. La créature rapprocha dangereusement sa bouche du visage d'Amir tout en maintenant son bras droit.

       Saban voyait son ami essayait de saisir son sabre à quelques mètres de lui sans succès. Le prince positionna alors sa lance avant de la lancer de toutes ses forces vers le monstre. Celui-ci finit embroché de son épaule gauche à son flanc droit.

      Amir se releva et lui massacra à plusieurs reprises les jambes, Saban vint le calmer. Son ami venait de frôler la mort et il avait du mal à se ressaisir.

– Merci, Saban...c'est la première fois que ça m'arrive d'être dans une situation pareille. Maudits Aigamuxa, que le sheitan vous emporte.

      Après avoir exécutés tous les monstres, les deux comparses passèrent leur nuit quelques lieux plus loin et, enfin, à l'aube ils reprirent leur route. Ils se redirigèrent vers Aoudaghost où ils étaient sensés récupérer leur récompense. Mais pour cela il faudrait qu'ils présentent les jambes des Aigamuxa en guise de preuves. Leurs jambes étaient particulières car sous les plantes des pieds se trouvaient leurs yeux et cela se vendait très bien auprès des guérisseurs de la région. Saban regarda son ami confortablement installé sur son dromadaire, confiant il gardait ses yeux droit devant lui comme s'il pouvait déjà voir Aoudaghost et la récompense que lui donnerait le sauveur El-kinani. Comme ses semblables Zenagas, il avait une peau très clair contrairement à celle de Saban, son peuple avait été longtemps sous la domination de l'empire du Wagadou et quelques années avant sa naissance, un chef guerrier, nommé El-Kinani, et son armée l'a reprit aux mains des souverains. Depuis la domination Almoravide s'étend, allant de royaume en royaume.

      Amir se caressa la barbe et lança à Saban :

– Nous serons des hommes riches si nous continuons ainsi !

– À quoi sert un homme riche, mort et enterré, plaisanta le prince, on finira bien vite par se faire éventrer avant de sentir nos besaces s'alourdir.

      Amir rigola et lui rappela que le prince avait déjà tout ce qu'il lui fallait.

– Que comptes-tu faire avec ton argent, chasseur de monstre ? Demanda Saban avec un regard en biais et un sourire moqueur.

– Rien de très important, répondis son ami un peu gêné, puis économises ta salive...le désert assécheras ton gosier bien plus vite que tu ne le crois.

– On est plus très loin de la ville, d'ici ce cette nuit on sera arrivés. Parles donc, je te prie. À moins que tu aies des choses à me cacher...

– Quoi ?! s'indigna le concerné, comment pourrais-je cacher quoi que ce soit à mon meilleur ami?

– Eh bien qu'attends-tu, déballe ton sac !

      Amir hésita quelques secondes puis en constatant que Saban le regardait avec insistance, lança :

– J'aimerai construire ma mosquée et peut-être bien devenir Imam durant les derniers jours de mon existence, c'est pour ça que j'économise autant. Saban sourit légèrement.

– Rien que ça, dit-il, je pensais que tu voulais ouvrir un bordel !

– Rôh, s'indigna encore une fois Amir en lui jetant un regard de reproches et d'amusement, je suis déçu que tu puisses penser ça de moi. Pour toute réponse, Saban éclata de rire et vint le tapoter l'épaule. Amir le suivit dans son euphorie. Ils continuèrent leur avancée et à la tombée de la nuit, comme l'avait prédit Saban, ils arrivèrent aux portes de la ville d'Aoudaghost, la population était à quatre-vingt pourcent berbère, la tribu majoritaire était celle des Lemtouna dont Amir faisait également partie. Ils laissèrent leurs dromadaires aux portes de la ville et continuèrent à pieds. Saban fit quelques commandes auprès d'un vieux marchand de fruits et légumes, pour lorsqu'il rentrera. Les rues de la ville étaient vivantes. Il appréciait fortement le style des berbères qui étaient original et très plaisant pour les yeux. Des vendeurs de tissus, des orfèvres et des potiers étalaient leurs œuvres sur des étalages couverts par des installations aux tissus colorés. Saban laissa son ami à la mosquée où il devait faire sa prière comme à son habitude.

      Le prince rejoignit une terrasse tenue par une petite famille, un homme faisait une grillade de bœuf et comme il avait faim, il acheta deux entrecôtes biens grillés et assaisonnées d'épices et de sauce. Une femme qui devait sûrement être son épouse lui servit une assiette remplie de couscous, de légumes verts en guise d'accompagnements. Le prince leur paya généreusement avec quelques diamants et sourit devant leurs visages radieux. Il se régala avant de passer le reste de la soirée à attendre Amir.

      Mais se faisant tard, celui-ci sembla ne pas déterminer à pointer le bout de son nez. Saban, exténué fini par rejoindre une auberge où il passa la nuit. Le lendemain matin il partit à la recherche de son camarade, priant qu'il aille bien. Le connaissant il avait sûrement passé la soirée à négocier d'autres affaires histoire de se remplir les poches. Il arpenta une grande partie des rues de la ville, s'informa dans chaque lieu où il avait l'habitude de se divertir, et questionna même les fidèles dans les mosquées. Par chance, Amir était assez connu dans la ville comme chasseur de démons. Les habitants qui étaient reconnaissant envers lui, aidèrent Saban à l'orienter sur la piste de son ami. Le prince fini par apprendre qu'on l'avait vu se diriger vers les quartiers nord en compagnie de trois hommes. Sans hésiter, il lança ses recherches dans cette partie et comprit qu'il s'agissait du quartier où vivait le chef de la tribu des Lemtouna, El-Kinani.

      Il demanda aux gardes de s'adresser à lui et en tant que prince de Kuyushi, on le laissa pénétrer la commune du chef pour le guider jusqu'à sa résidence. Les gardes lui enlevèrent d'abord ses armes par mesures de précaution. À contrecœur, Saban se laissa faire. Une belle construction de pierres parfaitement taillées s'élevait plusieurs mètres au-dessus du sol, dominant les autres bâtisses. Lorsqu'il entra, il fût agréablement accueilli par des nuances de couleurs. La beauté des tissus des servantes lui rappelait un panier de fruits généreusement garni avec des fleurs. Le chef était assis sur un trône bas et splendide qui lui permettait aussi de s'allonger. Autour de lui se trouvaient des coussins sur lesquelles étaient allongées ses femmes. Mais le plus beau dans cette vision idyllique était le chef lui-même, il était vêtue dans les plus beaux habits. Sa djellaba blanche bordurés d'une dorée éclatant, suffisait à éblouir son assemblé.

– Prince Saban, commença poliment le chef, je suis agréablement surpris de votre visite. Vous êtes encore plus majestueux que dans mes souvenirs. Dites-moi que me vaut le plaisir de votre présence ?

– Merci à vous de m'accueillir dans votre demeure, chef Lemtouna. Je suis à la recherche d'un ami qui, d'après des informations que j'ai eu, aurait foulé le sol de votre commune en compagnie de trois hommes pas plus tard qu'hier soir.

– Ah, vous êtes donc le camarade de ce cher Amir Ibn-Fayud ?

– Oui, effectivement...l'auriez-vous vu ? Demanda Saban, il sentit que quelque chose clochait car derrière lui les gardes venaient de refermer les portes.

– Oui et voyez-vous, Prince Saban, j'aimerai tout d'abord vous posez une question importante sur la nature de votre relation avec cet homme.

– Je suis à votre écoute. Déclara-t-il alors que tous ces sens étaient aux aguets. Les gardes derrière lui semblaient s'être rapprochés. Leur présence était déstabilisante pour Saban.

– Quelles activités tenaient vous avec Amir Ibn-Fayud ? Demanda alors le chef des Lemtouna en se levant de son trône.

– Nous avions étudié ensemble à Tombouctou, c'est mon meilleur ami et de temps en temps je le rends visite, nous discutons littérature, science et projets futurs. Y a-t-il quelque chose qui vous déplait ?

– Non, prince Saban.

      Il claqua alors des doigts et deux gardes sortirent d'une pièce annexe avec Amir. Il avait été battu, ses habits déchirés et un chiffon lui avait été enfoncé dans la bouche. Des larmes coulaient sur ses joues et ses yeux imploraient Saban de lui sortir de là.


Note d'auteur: 

Merci d'être arrivés jusqu'ici. ça me touche réellement que vous lisez mon histoire. Dites moi en commentaire ce que vous en pensez, les impressions que vous avez sur Saban et Amir. à votre avis, comment vont se dérouler les prochains événements? 

Si vous appréciez l'histoire, je vous prie de laisser quelques votes, par-ci par-là. c'est la petite étoile en bas à gauche de votre écran. je trouve qu'elle est plus jolie en jaune, pas vous? 

#Vahkiin20


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