Chapitre 26.1 : La Confession de Poséidon
Aujourd'hui ils avaient réussi à vaincre deux bataillons de la Confrérie, mais ils étaient encore sur le qui-vive. Aïsha attendait impatiemment au palais, le retour de ses alliés, en contemplant la toile céleste qui dominait les cieux. Ce simple décor lui suffisait à ne pas perdre espoir. Aïsha balaya alors nerveusement de son regard le paysage que lui offrait le domaine, ses yeux se posèrent pratiquement sur chaque détail qui le composait, comme s'il elle attendait l'arrivée d'un potentiel ennemi. Pendant un moment qui lui sembla durer une éternité, elle s'était contentée d'observer avec appréhension les énormes sursauts d'énergie colorées qui surgissaient par-dessus la cime des arbres. Des bribes de l'affrontement lui parvenaient également aux oreilles, elle en avait des frissons et elle eut peur pour Aja.
Saban lui avait ordonné de rester pour surveiller le palais, en compagnie d'un groupe qui obéissait aux ordres directs d'Orula et Olokun. Le chef de guerre lui avait également assuré que c'était un poste important et qu'il comptait sur elle. Mais en réalité, elle savait très bien que c'était pour la tenir éloignée de la bataille, elle n'était pas dupe. Ça l'attristait énormément de ne pas participer aux affrontements, alors qu'elle savait très bien se battre, elle aurait tellement voulu être là pour couvrir ses amis.
L'athénienne grinça alors des dents, non seulement à l'idée que son copain soit beaucoup trop protecteur avec elle, mais aussi à l'idée d'être aussi timide et soumise devant les gens. En effet, Aïsha pensait qu'elle aurait dû refuser catégoriquement l'ordre reçu par Saban, car elle avait le droit d'apporter son aide dans cet affrontement. Mais le problème est qu'elle avait à peine bégayé quelques mots incompréhensibles, que Saban s'en était déjà allé sur son cheval.
Elle s'était donc contentée de le regarder partir au loin, avec un air abattu, tout en se maudissant d'être aussi faible.
Aïsha n'avait pas vraiment l'impression d'évoluer dans quoi que ce soit, c'était injuste, pensa-t-elle. Et en plus, aujourd'hui, elle se sentait tellement inutile qu'elle commençait à comprendre ce que pouvait ressentir Amir. C'était une sensation horrible de voir les autres en action et de rester soi-même inactif tout simplement parce qu'on vous considère comme « fragile ». Même Ratatoskr lui avait ordonné de ne pas bouger, il avait grimpé sur la tête d'Aja et était partie avec leur groupe, sans même se retourner.
Un bruit faible la fit subitement se retourner d'un bon. Aïsha laissa finalement échapper un soupir de soulagement en apercevant Poséidon traverser le salon principal pour se rendre dans ses quartiers.
Alors sans même l'avertir, l'athénienne entreprit d'emboîter son pas, en empruntant le couloir qui menait à son salon. Elle arriva juste au moment où la porte se refermait d'elle-même, elle s'engouffra alors telle une anguille, chez le dieu grec.
C'était exactement le même style luxueux des autres pièces qui décorait son salon, remarqua la jeune femme sans prêter attention au dieu qui l'observait avec perplexité, au milieu de la pièce.
– Que fais-tu ici ? interrogea-t-il sans détacher son regard d'Aïsha, tu ne devrais pas être au front avec les autres ?
Le dieu s'empara d'une bouteille de vin ainsi que d'une cruche d'eau posée sur la table, sachant pertinemment que l'athénienne ne buvait pas d'alcool. Il lui servit une coupe d'eau avant de la lui tendre.
Elle le remercia poliment et répondit d'une voix faible :
– Non, car ils ne veulent pas de moi...
– Ah, je vois. Comprit-il en avalant une énorme gorgée de vin, tu ne devrais pas t'en faire pour ça ! Viendra un jour où tu auras l'occasion de leur montrer de quoi tu es capable.
Le seigneur des mers l'invita à s'asseoir sur un fauteuil à coté de lui avant de s'essuyer la bouche avec la paume de sa main, tout simplement.
Aïsha s'installa donc sur le fauteuil qu'il lui indiquait, il était recouvert d'un tissu de soie et était d'un confort presque divin, remarqua-t-elle après s'être délicatement posée dessus.
Poséidon se servit à nouveau une coupe de vin avant de s'installer nonchalamment sur son fauteuil et d'après l'expression qu'il avait sur le visage, l'athénienne pouvait facilement comprendre que le siège du dieu était tout aussi confortable que le sien. Lorsqu'il jeta un coup d'œil vers Aïsha, celle-ci baissa instinctivement les yeux, ne pouvant pas affronter ce regard d'un bleu océan qui la perturbait tant.
– Non, mais Franchement, Thelmar ! Quand est-ce que tu apprendras à t'imposer face aux gens, lui lança alors Poséidon d'un ton désespéré. Pourtant à notre première rencontre, tu avais su me parler comme le faisait ta mère. À présent, j'ai l'impression d'être en face d'une pauvre gamine délaissée.
– Excusez-moi mais c'est un peu le cas, déclara-t-elle d'une voix faible tout en levant doucement les yeux vers le dieu, je n'ai jamais vraiment eu de famille, ni même d'amis auparavant. Ma mère est morte quand j'étais encore qu'une gamine et la seule personne qui s'est occupé de moi, n'était personne d'autre que Ratatoskr. Et il y a seulement quelques mois j'ai appris que j'avais un grand-oncle vivant dans ce palais depuis des siècles, qui ne se préoccupait même pas de savoir comment j'allais.
Poséidon déglutit, il ne savait pas quoi dire alors qu'il était sur le point de se servir une énième coupe de vin, il reposa sa bouteille sur la table en face de lui et passa ses mains sur son visage.
– On en a déjà parlé de tout ça...déclara le dieu grec avec un ton las, je t'ai déjà dis que j'étais désolé. Que veux-tu que je fasse de plus ?
Mais l'athénienne ne répondit rien, se contentant juste de fixer ses sandales, elle joua quelques secondes avec ses lanières, sans vraiment se soucier du regard persistant de Poséidon.
– J'ai l'impression qu'à chaque fois que tu viens me parler c'est dans l'intention de me sermonner, continua-t-il en baissant d'un ton, je regrette énormément de choses dans ma vie. Tu n'as pas idée.
– Elle me parlait souvent de vous, souffla rêveusement Aïsha en plongeant soudainement son regard dans les yeux du seigneur des mers, ma mère me racontait des histoires à votre sujet sur.
Tout à coup, pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, ce fut le dieu grec qui fut perturbé par le regard d'Aïsha. Il crut voir une lueur étrange dans les yeux de sa petite nièce, celle-ci continuait à le regarder avec un air étrange. Un air qui ne lui appartenait pas, remarqua le Seigneur des mers qui s'installa alors d'une façon plus convenable sur son fauteuil.
– Q-Que disait-elle ? interrogea prudemment Poséidon avec un brin d'hésitation dans sa voix.
– Que vous étiez quelqu'un de brave et honorable, répondit l'athénienne, que vous avez toujours été, pour elle, une source d'admiration et un modèle à dépasser. Alors ma mère, Athéna, s'est entrainée durant des siècles pour attirer votre attention. Mais malgré tout ses efforts, elle vous était toujours aussi invisible qu'une mortelle. Sachant qu'elle ne recevrait jamais l'amour de son père, Zeus, qui avait essayé de la tuer avant même sa naissance, elle s'était donc remise à vous.
– Non, c'est faux ! répliqua Poséidon en secouant vivement sa tête, tu mens ! Ce n'est pas ce qu'elle t'a dit !
– Je vous assure, pourtant ! déclara Aïsha en haussant d'un ton, elle vous a défié durant des siècles pour que vous soyez fier d'elle, mais au lieu de ça, vous en avez fait une rivale. Vous la détestiez et elle en a énormément souffert !
– Ta mère m'a humilié ! insista le dieu grec, elle m'a volé la ville qui me revenait de droit et a laissé les athéniens envahir Atlantide. Tout ça par ce qu'elle me jalousait. Zeus ne lui a jamais demandé d'engloutir Athènes pour les crimes de son peuple. Mais Atlante, si ! C'est injuste, tu entends ? vociféra le dieu en devenant rouge de colère, j'ai été humilié par sa faute et malgré tout ça, je l'ai laissé vivre ses dernières années sur mes terres.
– Ma mère voulait vous rendre Athènes, continua Aïsha en se penchant vers lui, elle s'en voulait de vous avoir rendu en colère. Athéna a tout tenté pour se rattraper, mais vous étiez resté sourd à tout ce qu'elle essayait de vous dire. Je vois bien pourtant que vous avez du mal à vivre avec cette rancœur, car elle vous consume doucement de l'intérieur !
– Tu ne sais rien du tout, lança furieusement Poséidon avec des yeux embués de larmes.
Aïsha voulut dire quelque chose, mais le dieu grec souffla une phrase qui lui fit rater un battement :
Jel'aimais...mais j'avais peur d'elle, car elle me surpassait...et je m'en étais rendu compte. Alors j'ai refusé son offre et j'ai obéis...à l'ordre de submergement de Zeus.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top