Chapitre 24.3 : Trahison et confiance
Cette dernière, qui était autrefois l'enseignante des quatre disciples, avait à présent un effrayant visage qui n'avait absolument rien avoir avec le précédent. Elle était dépourvue de nez, ses cheveux avaient dorénavant laissé place à un crâne lisse et visqueux couvert entièrement de pustules.
Elle avait à présent la peau grise, ses dents étaient acérées et pointues et ses yeux semblaient dépourvues de pupilles. Deux énormes tâches grises les remplaçaient. Le jeune homme commença enfin à comprendre qu'il se trouvait en face d'un des monstres les plus mythiques d'Afrique subsaharienne.
La peur parcourait actuellement le corps des disciples et Saban avait du mal à y croire, il ne parvenait pas à assimiler tout ce qui était en train de se passer. Tout en restant prudent face à la créature qui demeurait immobile, Orula déclara au monstre :
– C'est Aja qui nous a révélé ta vraie identité, Watara.
– Comment a-t-elle été au courant ? interrogea la sorcière d'une voix totalement différente de celle d'origine, c'était un son rauque et gargouillant qui sortait de sa bouche. Elle adressa, à la déesse orisha, un regard rempli de haine.
– Elle n'est nulle autre que la fille d'Oya et tu le savais depuis le début, souffla Poséidon, la seule chose que tu ignorais c'est que la déesse du Niger l'avait prévenue de ton existence.
– C'est ce simple détail qui a saboté tout ton plan, continua-t-il en gardant son trident pointé vers le monstre. Aja est venu nous prévenir qu'elle avait apprise à reconnaître ton aura, sa défunte mère le lui avait fait sentir une mèche de tes cheveux lorsqu'elle était jeune. Oya craignait, en effet, que tu reviennes te venger sur elle ou sur sa fille. Nous lui avons demandé de garder le silence, sur ta vraie nature, jusqu'à ce moment favorable. Je suis désolé pour toi, mais nous sommes, dorénavant, obligés de t'éliminer.
– Absurde ! comment les choses pourraient-ils tourner à votre avantage, alors que dans deux jours, Damon viendra assiéger l'Académie? demanda-t-elle en adoptant une expression du visage, soudainement, plus sournoise. Au moment même où je vous parle, la Confrérie se réunis pour vous tomber dessus !
– Oui, on le sait à présent ! Mais à ton avis, pourquoi t'avons-nous demandé d'infiltrer l'organisation de Damon ? demanda Ellegua en soupirant, nous voulions simplement une raison légitime d'éliminer ses trouble-fêtes. Tu n'étais que l'élément, avec Orula, qui nous permettait de prévoir leur moindre agissement. Entrer tout bonnement dans leur faction afin de tuer Damon, aurait-été trop risqué...l'Académie aurait eu une mauvaise opinion de la part du peuple et cela aurait créé des tensions.
– Alors que c'est exactement le contraire que l'on veut, c'est ça ? demanda Saban qui commençait à comprendre la supercherie.
Ses yeux se posèrent sur ses mentors, il n'arrivait pas à croire que ces derniers l'avait manipulé. Le déclic dans sa tête avait résonné bruyamment, la colère s'était emparée de lui et il avait du mal à la contenir.
Il ne comprenait pas pourquoi, mais c'était une sensation étrange et cela lui faisait terriblement mal. Des frissons se mirent à parcourir son corps. Mais heureusement, il parvint tout de même à se contrôler :
– Donc depuis le début, votre objectif était de nous former pour ce moment précis, n'est-ce pas ? Vous retournez les cerveaux de vos disciples en leur étalant de faux espoirs sur une reconquête impossible de l'autre monde, vous leurs promettez de pouvoir se venger des dieux qui ont tué leurs parents.
Mais tout ça, c'était en réalité pour mieux les manipuler ? Afin de les amener à combattre contre la Confrérie ! Vous ne vouliez pas faire d'eux des soldats, mais un martyre. Car au mieux, s'il on gagne l'affrontement contre la Confrérie, vous prouverez aux Atlantes que nous sommes un symbole de puissance et que l'on pourrait les mener vers la victoire. Tandis que s'il arrivait que l'on perde, notre mort servira à témoigner de la violence de l'organisation, auprès de l'opinion publique. Dans tous les cas, vous parviendrez à retourner le peuple contre le régime politique qui leur a été imposé ! Ainsi le culte des dieux serait de nouveau autorisé. En fin de compte, toute cette mascarade, c'est pour vos intérêts.
– Tu as tout compris, gamin ! déclara Mayamaï en se tournant vers elle, ce sont des manipulateurs et ils t'utilisent comme un outil qu'ils jetteront, une fois que tu seras devenu inutile.
Saban regarda le monstre, puis ses mentors. Ces derniers n'essayaient même pas de répliquer quoi que ce soit. Car de toute façon, il était dorénavant obligé d'affronter la Confrérie. Il se sentit trahis.
Le jeune homme baissa alors doucement sa lance sous le regard inexpressif d'Ellegua.
– N'essayez pas de le corrompre, je vous préviens ! Lança alors Aja tout en prenant bien soin de rester derrière son bouclier nommé « Héraclès », la peau de lion était trop grande pour elle et tout en essayant de la réajuster, elle rajouta :
– Vous avez perdu Watara !
– Misérable insolente ! cracha la sorcière, tu es exactement comme ta mère ! vous êtes toutes les deux arrogantes et prêtes à toutes les ruses pour arriver à vos fins, as-tu prévenu tes mentors de l'objet que tu possèdes ?
La déesse orisha frémit, et se demanda comment Watara était au courant qu'elle possédait la clé de la vérité. Les quatre dieux, en se retournant doucement, portèrent alors un regard d'incompréhension à Aja.
– Oui, vous avez très bien entendu ! Continua le monstre, lui feriez-vous de nouveau confiance en sachant que cela n'a jamais été réciproque ? Elle détient un objet suscitant un grand intérêt pour la Confrérie ?
– Je pense que tu en as assez dis, déclara finalement Orula en levant sa main vers la créature, reposes en paix.
Un orbe de lumière intense fit son apparition dans la paume du dieu de la divination pour se diriger vers la sorcière, soudainement apeurée. Celle-ci tenta de fuir par la fenêtre du balcon, mais l'orbe lui explosa la tête avant qu'elle fasse le moindre pas.
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