Chapitre 22.1 : Un ami

      Après la première séance de combat supervisée par Anzar, Saban était finalement rentré au palais en compagnie de ses trois camarades. En cours de route, Héraclès lui avait demandé pourquoi il s'était interposé entre les deux adversaires. Mais le dieu, ne sachant pas comment satisfaire sa question, laissa la réponse en suspens.

      Les deux jeunes femmes, quant à elles, s'étaient battues vers la fin de la séance, enfin si on pouvait réellement appeler ça « se battre ». Car en réalité, la déesse orisha s'était carrément enfuie en se précipitant hors de la zone d'affrontement, après avoir supplié l'athénienne de ne pas lui faire de mal.

      La foule était hilare devant ce spectacle, mais Aja s'en fichait royalement et avait répété à qui voulait bien l'entendre, qu'elle était une déesse de la nature respectable, cela lui impliquait donc de "ne jamais se rabaisser aux affrontements bestiaux de ce genre''.

       Lors du dîner habituel en début de soirée, la discussion essaya, tant bien que mal, de dériver sur divers sujets, mais Ellegua semblait déterminé à s'éterniser sur l'enseignement d'Anzar. Le dieu fourbe était satisfait que Saban ait Héraclès comme partenaire de combat.

– Vous évoluerez très bien ensemble, lança Ellegua entre deux bouchées de dinde, ce n'est pas comme si tu aurais fais un quelconque progrès en compagnie de ce bon à rien de berbère !

      Un bruit métallique se fit alors entendre à ce moment précis, perturbant le monologue haineux du dieu fourbe, c'était Aja qui avait bruyamment posé ses couvercles dans son assiette, encore pleine de légumes et de dinde. L'orisha se leva subitement sans dire un mot, vexée par les propos du dieu au sujet de son copain disparu, avant de sortir du salon. Sous la table, le dieu grec secoua la jambe d'Ellegua, mais celui-ci soupira d'un air agacé.

      Saban regarda le dieu fourbe, il éprouvait soudainement du dégout pour cet être qui se permettait de se moquer de son ami, mais il parvint tout de même à garder son calme. L'ancien roi était imperméable aux ragots des mauvaises langues, mais pas Aja, apparemment.

– Ce n'était pas nécessaire d'en arriver là, mon cher ! se plaignit alors Orula en jetant un regard de reproche au dieu fourbe.

– Je dis ce qui me plait, insista ce dernier sans quitter des yeux sans assiette, il ne servait à rien et il a bien fait de s'en aller, ce bougre !

– Vous avez raison, ce n'est pas comme si on l'avait incité à partir. répondit Saban avec un ton sarcastique à l'adresse du grincheux. Le jeune homme ne remarqua pas l'attitude suspecte d'Olokun, le Seigneur des mers avait un regard légèrement perturbé.

– Que veux-tu dire, par là ? interrogea Ellegua en regardant enfin Saban dans les yeux, es-tu en train d'insinuer que je l'ai forcé à s'en aller ? Eh bien, figures toi que non ! Cet incapable à fini par se rendre compte tout seul de sa faiblesse.

       Aïsha et Héraclès regardaient la scène sans rien dire, ils avaient tous les deux l'impression qu'ils auraient mieux fait de sauter ce repas quotidien et de rester dans leurs dortoirs.

      Saban ne répondit pas tout de suite, préférant regarder silencieusement le dieu un bref instant puis lâcha finalement :

– Cessez de me prendre pour un imbécile, j'ai fini par vous cerner, Ellegua ! Tout ce que vous désirez, c'est de m'utiliser à votre guise comme un simple outil de guerre. Vous n'avez aucune considération pour moi et mes alliés et dès qu'ils vous paraîtront inutiles, vous n'hésiterez pas à vous en débarrasser.

– Absurde ! s'insurgea Ellegua en haussant d'un ton, si je voulais le chasser je l'aurais fais devant tout le monde de telle manière à ce qu'il ait tellement honte, qu'il n'oserait plus jamais remettre les pieds au palais !

       Ellegua se leva soudainement avant de quitter la table. Alors qu'il se dirigeait vers la porte, il rajouta sans se retourner :

– Ou alors je l'aurais tué, tout simplement et je vous aurais tous fais croire qu'il s'agissait là d'un acte commis par la Confrérie !

      En sortant, le dieu claqua la porte et à côté du jeune homme, l'athénienne frémit. Héraclès esquissa un sourire amusé, mais il devint aussitôt livide lorsque son regard croisa celui de Saban.

– Euh...puis-je avoir le sel à côté de ton assiette, s'il te plait ? demanda timidement Poséidon à l'adresse de ce dernier.

      Saban le lui tendit son rien dire et entreprit de couper  calmement son morceau de dinde.

- La vache, souffla Ratatoskr sur une table pour enfant à quelques mètres plus loin, ses tajines me manque ! Wallah, comme il le disait souvent. 

      Le lendemain, les quatres disciples se retrouvèrent dans la salle de combat. Alors que les lieux commencèrent à se remplir, Anzar fit apparaître de nouveau la zone d'affrontement. Saban remarqua qu'il n'avait toujours pas fait d'effort par rapport à sa tenue.

      Aujourd'hui c'était autour des quinze prochains groupes, ils se réunirent donc près de la zone et attendirent les deux premiers combattants. Saban et Héraclès étaient les derniers à passer, ils attendaient donc leur tour.

      Le demi-dieu vint se placer près du jeune homme et, tous les deux, bavardèrent gaiement au sujet des combats qui se déroulaient devant eux. Leur discussion dériva sur leurs styles de combat préférés et le type d'armes qu'ils avaient pour habitude de manier.

      Saban remarqua sans surprise que c'était un grand passionné des sports de combat. Exactement comme lui, c'est pour ça qu'il appréciait de plus en plus la présence d'Héraclès. D'autant plus qu'au cours des derniers mois, précédant le triste départ d'Amir, les deux comparses se limitaient à peine à des salutations respectueuses et à des de simples échanges de mots, tout simplement parce qu'ils étaient dans le même groupe.

      Mais depuis que son meilleur ami avait malheureusement quitté le palais, Saban se sentait affreusement seul. C'est vrai qu'Aïsha et lui passait de bons moments ensemble, mais cette dernière ne partageait pas totalement les mêmes passions que lui.

      Au début, il s'était dirigé vers Héraclès seulement parce que c'était le seul homme de son petit groupe de disciples. Ensuite, sans que ça lui déplaise, il avait remarqué que le courant passait plutôt bien entre eux.

       Les deux hommes avaient donc finis par renforcer les liens qui existaient déjà dans leur relation. Saban avait alors remarqué plusieurs qualités chez le demi-dieu, celui-ci était en réalité très amical et très ouvert d'esprit. Malgré son apparence de brute.

     Héraclès donnait, en effet, des allures d'homme un peu agité, turbulent et surtout agressif. Mais il devenait rapidement respectueux envers ceux qui prenaient la peine de le connaître et de le comprendre, avait remarqué Saban

      Ce dernier avait donc finalement fini par apprécier la compagnie de ce grand gaillard au cœur tendre, qui était le fils de Zeus, à tel point qu'il passait dorénavant une grande partie de son temps avec lui, sans négliger sa nouvelle copine bien-sûr.


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