Chapitre 17 : L'arme enchantée

      Aïsha avait suivi le seigneur des mers à travers un couloir étrangement étroit, les murs se rapprochaient d'elle, mais il restait encore un espace suffisamment large pour qu'elle puisse écarter ses bras. Son cœur palpitait de plus en plus, en sachant qu'elle allait bientôt obtenir la réponse sur l'identité de son paternel. Ils continuèrent à avancer jusqu'au moment où ils arrivèrent devant une porte qui ne manqua pas d'attiser sa curiosité. Celle-ci était différente de toutes les autres, elle était faite en orichalque, ce métal précieux qu'exploitaient les wodos et faisait la richesse du royaume.

      La couleur sombre du métal était faite d'un vert bien plus foncé, comme s'il avait été amalgamé avec un autre matériau. L'athénienne semblait légèrement perturbée, car la porte était barricadée par un nombre impressionnant de cadenas et de verrous. Ainsi lorsque Poséidon l'invita à entrer, elle frémit de peur. Un frisson la parcourra, puis elle fit un pas en arrière.

       Aïsha n'avait pas à le suivre, sa méfiance et sa peur soudaine l'empêchait d'avancer, malgré l'envie ardente d'en savoir plus sur ses origines. Le seigneur des mers fit quelques pas dans la pièce sans vraiment faire attention au refus d'Aïsha. Mais arrivé au milieu de la pièce, il déclara :

– Si je voulais te tuer, je me serai pas embêté à t'emmener jusqu'ici...

       La jeune femme pensa qu'il était sincère, néanmoins ses pieds n'obéirent pas tout de suite. Alors le dieu se retourna doucement et lui jeta un regard impatient. Aïsha se décida enfin à franchir le seuil de la porte d'orichalque et à s'avancer vers le centre de la pièce. Le froid l'agressa brutalement la peau et au bout de quelques secondes, elle se mit à trembler.

      Instinctivement, elle se frotta les bras et la friction généra naturellement de la chaleur. Mais ce n'était pas assez alors d'une voix faible, elle formula une incantation :

Cutanis Thermo...

      Une douce chaleur emplit doucement son corps pour la réchauffer progressivement. C'était comme une flamme tendre et agréable qui prenait naissance dans son cœur, elle ne faisait pas que la réchauffer, la sensation créée la rassura également.

      La jeune femme scruta le décor qui l'entourait et remarqua que la salle semblait avoir été taillée dans la roche, mais en regardant de plus près elle comprit qu'il s'agissait, précisément, de minerais d'orichalque. Il y avait également quelques étagères en bois supportant des vieux livres poussiéreux, ainsi que des coffres contre les murs humides et poisseux. Toutefois, malgré l'étrangeté de cette salle, la chose qui titillait le plus sa curiosité était celle qui se trouvait devant eux.

       Aïsha était incapable de dire avec précision de quoi il s'agissait, car l'objet était recouvert d'un drap. Poséidon regarda le mystérieux objet drapé avec hésitation, avant de jeter un regard brusque en direction de l'athénienne, comme s'il venait de se rappeler de sa présence.

– Elle m'a dit de le garder précieusement. Souffla le seigneur des mers avec un air rêveur.

       Le ton de sa voix trahissait sa peine. Des souvenirs douloureux qu'il aurait préféré oublier lui revenaient subitement. Doucement, sans même s'en rendre compte, l'olympien serra ses poings avant de retirer le drap sous les yeux étonnés d'Aïsha.

       C'était un marteau à manche courte, entourée d'une lanière en cuire. La partie létale de l'objet était épaisse, d'impressionnants motifs y étaient gravés dans un style scandinave.

– Mjolnir, murmura l'athénienne en s'agenouillant devant l'arme pour mieux contempler sa beauté à la fois étourdissante et meurtrière. Aïsha n'avait encore jamais vu une œuvre aussi belle, elle sentit sa puissance avant même de l'effleurer de ses doigts imprudents.

      Ses petites mains fines se posèrent délicatement sur le manche rigide et large du marteau, avec une crainte qu'elle ne saurait justifiée. À peine eut-elle posé ses doigts sur la lanière, qu'elle ressentit une puissante vague d'énergie parcourir son corps.

      La jeune femme retira brusquement sa main, elle avait vu un petit éclair s'échapper du manche pour venir lécher sa paume.  Aïsha répéta, malgré tout, l'opération. Mais cette fois-ci, comme poussée par une subite dose d'adrénaline, elle saisit fermement le manche d'un mouvement vif.

        La vague d'énergie était à présent d'une puissance telle que ses longs cheveux ondulés s'élevèrent et se mirent à flotter comme si elle se trouvait sous l'eau. Un souffle d'air froid, semblant provenir des lointaines contrées nordiques, émana brusquement du marteau, soulevant légèrement la robe de nuit que portait la jeune femme.

      Cet afflux de sensations dans son corps était tellement exaltant qu'elle en perdait presque la raison. Aïsha gardait ses yeux fixés sur Mjolnir et au bout de quelques secondes de plaisir, elle décida enfin de soulever le marteau.

      Mais au moment où Aïsha tenta de s'exécuter à la tâche, le marteau s'y opposa. Non seulement, Mjolnir restait immobile, mais c'était comme si une force intérieure résistait à la sienne. Elle ne comprit pas tout de suite, l'athénienne insista mais le marteau continuait d'opposer une résistance.

       Une main se posa sur l'épaule de la jeune femme furieuse et frustrée à l'idée de ne pas pouvoir soulever l'arme de son défunt père. Aïsha avait comprit que son paternel n'était nul autre que l'As nommé Thor, mais alors pourquoi n'arrivait-elle pas à soulever son marteau ?

      Il lui revenait de droit, elle était l'héritière de Mjolnir !

– Aïsha... insista Poséidon en exerçant un peu plus de force sur la frêle épaule de la jeune femme.

– Laissez-moi ! grogna l'athénienne sans décoller ses mains du marteau, je peux y arriver !

      Aïsha s'était, à présent, mise debout et utilisa ses pieds ainsi que toute la force de ses muscles pour soulever Mjolnir. L'athénienne n'avait jamais autant exercé de force, elle poussa même un cri de rage, tandis que Poséidon lui hurlait d'arrêter.

      Mais elle ne voulait rien entendre, alors un bras solide s'enroula autour de sa taille. C'était celui du seigneur des mers. L'avant de son bras était encore plus large que le dessus-de sa hanche. Une fois qu'elle fut éloignée de quelques mètres du marteau, elle tomba assise, toute sa colère semblait s'être retirée.

– Ne te force pas...

– Mais...il est à moi ! lança faiblement la déesse en le regardant de ses yeux larmoyants. Pourquoi m'est-il impossible de le soulever de son socle ?

– Parce que tu n'en es pas digne, répondit l'olympien en compatissant, je l'ai été une fois. C'est comme ça que j'ai réussi à l'amener ici, le jour où ta mère me l'a confié.

– Vous étiez digne du marteau de Thor ? Demanda Aïsha d'une voix faible.

      Les yeux bleus océans du dieu témoignaient de sa tristesse profonde, les remords qu'il avait longtemps gardés depuis le submergement le tourmentaient. Poséidon regarda de nouveau l'athénienne, il partageait sincèrement sa tristesse.

– Oui mais j'ai cessé de l'être le jour où j'ai abandonné mon peuple...

– Comment pourrais-je être digne de le porter ? interrogea Aïsha en se relevant, et qu'ai-je fais pour ne pas l'être ?

– Ça c'est à toi de le découvrir ! Cherches tout d'abord l'origine du mal que Mjolnir a sentit en toi...alors peut-être qu'il te laissera le dompter. Si tu réussis à contrôler le marteau, tu sauras peut-être contrôler les autres armes de ton père.

– Il en avait d'autres?

      Poséidon acquiesça avant de se diriger vers un des coffres placés contre le mur de droite, il en ouvrit un et en retira une hache d'arme magnifique avec un marteau sur le côté opposé de la lame. L'olympien le soupesa un instant, puis lâcha :

– Le briseur de tempêtes, ou plus simplement le briseur est une arme redoutable qui ne demande pas d'être digne pour être portée. Mais elle requiert une force titanesque et un mental d'acier, il s'agit d'une arme enchantée par le Roi Odin, celui qui s'est fait, malheureusement, tué par Fenrir.

– Croyez-vous que je suis capable de la porter ? Demanda Aïsha en s'approchant. Elle connaissait déjà la réponse, mais la poser était plus fort qu'elle.

– Non, répondit le dieu en la rangeant dans son coffre, avant de refermer le contenant à l'aide d'un enchantement.

– Si tu essayes, dans le pire des cas, tu pourrais en mourir. Mais dans le meilleur, tu deviendrais aussi fou que le dieu Shango. Ce dernier avait peut-être la force physique pour maîtriser son arme enchantée, mais sa faiblesse mentale a laissé " la hache des milles foudres'' le consumer de son intérieur.

– Je comprends, souffla tristement Aïsha. Alors comme ça, il s'agit d'une particularité propre aux armes à enchantement éclair et feu ? Merlin nous en a parlé.

      Le dieu se contenta de hocher la tête avant de se diriger vers la sortie.

– Désolé ! déclara Aïsha en reportant son regard sur Mjolnir, j'ai été trop dure avec vous. J'étais frustrée après les révélations sur Saban, je me doute bien que ça doit être difficile d'avoir autant de responsabilités, même pour un dieu. Ma mère me narrait souvent ses histoires, ses peines et les difficultés qu'elle rencontrait en tant que déesse.

– C'était une divinité incroyablement forte et intelligente, répondit Poséidon qui s'était arrêté. Mais sans se retourner il rajouta :

– Je suis heureux de l'avoir eu comme rivale, ami et nièce pendant tous ces siècles...et désolé de n'avoir rien fait pour les athéniens. Je te promets que tout changera bientôt, mais il faut que je trouve d'abord une solution pour régler les tensions sur mon continent.

– Je comprends.

      Aïsha se releva et sortit en même temps que le dieu, il referma la porte derrière elle et les verrous se refermèrent par enchantement.


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