Chapitre 12.2 : Dépression
Azaès était un royaume aux constructions hautes, les Wodos utilisaient le mythique minerai d'Orichalque. Ils l'extrayaient depuis leurs nombreuses mines qui en regorgeaient, pour construire leurs habitations. Leurs anciens temples dédiés autrefois au culte d'Olokun étaient réaménagés en bibliothèque ou en lieux de rencontres pour les philosophes. On appelait ces mines, les poches de Vulcain, en référence au dieu grec qui maîtrisait les liquides provenant des entrailles de la Terre, ceux-ci étaient, bien évidemment, riches en ressources minières.
Ce cadeau divin avait transformé le royaume en une véritable forteresse de métal. On disait même de ce minerai, qu'il réchauffait la terre et était à l'origine de la source thermale au sud du royaume.
Aïsha avait rejoint l'Académie d'Azaès. Il s'agissait d'un gigantesque palais appartenant au Seigneur Olokun, le bâtiment avait été réaménagé afin de former les futurs disciples . Elle avait l'occasion d'accéder à des salles de combat immenses, des labos d'alchimie sophistiqués et la forêt du domaine était peuplée de créatures qu'elle n'avait encore jamais vues auparavent, la jeune femme ignorait même leur existence.
Ce lieu était splendide pensait-elle, à chaque fois qu'elle passait dans les jardins aux allées bordées de palmiers et d'autres plantes tropicales. Elle avait consacré une grande partie de son temps à visiter les lieux, mais elle savait que tout ce qu'elle avait pu voir ne représentait qu'une infime partie de ce mystérieux domaine.
Les dieux-maîtres leur avaient laissé le temps pour se familiariser avec le palais et la nature grandiose qui les entourait, au bout de deux semaines de libre action, Orula convoqua tout le monde dans la cour intérieure. Aïsha remarqua que c'était souvent le dieu de la divination qui se chargait de s'adresser à eux, elle se demanda qu'est-ce qui empêchait le Seigneur des mers à se montrer. Depuis son premier jour, elle ne l'avait pas encore aperçu. Seul Orula et Ellegua étaient apparus en public.
Aïsha jeta un coup d'œil aux gens qui l'entouraient, ils étaient nombreux. À peu près, trois cent personnes dirait-elle. Ils étaient tous debout au milieu de la cours, devant eux se trouvait Orula, toujours aussi bien vêtu. Ses deux yeux, y compris celui qui lui était tatoué sur son front, balayèrent l'assemblée comme s'il pouvait distinguer chacun d'entre eux. Le silence vint rapidement au moment où le dieu s'éclaircit la voix pour se lancer dans son discours.
Sous ses habits, Aïsha sentait le corps chaud de Ratatoskr. Il passait son temps à dormir, elle le reprochait tout le temps d'être un paresseux, mais ce dernier s'offusquait à chaque fois avant de répliquer furieusement en disant être un écureuil.
– Salutations braves disciples, dit-il calmement avec une voix qui portait jusqu'aux quatres coins de la cour, je vous remercie infiniment d'avoir rejoins les rangs de la rébellion pour la justice et pour la paix en ce monde. Soyez les bienvenus à l'Académie d'Azaès, ici vous recevrez la meilleure des formations, vous serez amenés à relever de multiples défis de plus en plus difficiles, les uns après les autres. Vous apprendrez à vous battre ensemble, car demain vous serez amenés à vous battre pour récupérerez ce qui vous a été retiré, pour émerger de nouveaux hors de l'océan dans lequel on vous a plongés !
Orula fit une pause puis des applaudissements se firent entendre dans la cour, tout le monde était motivé par les paroles du dieu. D'autant plus que c'était celui de la divination, alors venant de lui, les effets d'une telle promesse devraient se faire beaucoup plus ressentir.
Aïsha comprit pourquoi alors c'était Orula qui se montrait en publique. Alors que les bruits cessèrent, Rat extirpa doucement sa tête de la tunique de la jeune femme et lança d'une voix agacée :
– Mais qu'est-ce que c'est que ce foutoir ? On ne peut même plus pioncer tranquille...
– Chut ! Déclara Aïsha en forçant le dieu à rentrer sous ses habits.
– Tu n'obligeras jamais le grand Ratatoskr à retourner dans ce méandre infernal qu'est ton corps ! Répliqua-t-il en finissant enfin par sortir. Oh mais attends voir, c'est cet imbécile d'Orula !
– Vous vous connaissez ? Demanda Aïsha en arrangeant son habit sans prêter attention au regard curieux que lui jetait une jeune femme à quelques mètres d'elle.
– Ouais bien-sûr et je ne pourrais jamais l'oublier...je me faisais toujours avoir aux jeux de cartes, il usait des coups les plus dégueulasses. Lui et l'autre crétin d'Apollon, des escrocs-nés, je n'ai jamais vu des dieux encore plus fourbes qu'Eshu !
– Si tu veux mon humble avis Rat, je pense que tu n'es qu'un mauvais joueur, tout simplement. En plus jouer à des jeux de hasard avec le dieu de la divination, ne serait ce pas une preuve de ta bêtise ?
Rat ignora les remarques de sa protégée et préféra regarder le dieu de la divination d'un œil mauvais, avant de lâcher comme pour lui-même :
– Tu ne pourras pas m'échapper bien longtemps, je t'aurai un jour, mon salop. Je t'aurai...
******
Aja regarda la fille étrange du coin de l'œil, elle semblait être accompagnée d'un petit animal adorable, avec qui elle entretenait une discussion apparemment très passionnante.
Elle devait être une animiste de la nature, ou une druide comme on les appelle dans les cultures européennes. Aja n'avait encore jamais rencontré quelqu'un possédant un familier, elle était curieuse de connaître l'identité de cette jeune femme.
À la fin du discours d'Orula, chacun prit le chemin de son dortoir. La déesse rejoignit Amir dans leur chambre, celui-ci semblait tellement déprimé depuis son réveil. Il n'avait même pas souhaité visiter Azaès, tellement il s'inquiétait encore pour Saban.
La jeune femme embrassa son compagnon en posant ses lèvres sur les siennes. Il était assis sur le lit, et son regard se posa sur Aja qui se changeait déjà pour revêtir sa robe de nuit.
– Je suis encore allé le voir aujourd'hui, il n'y a rien à faire...il ne me répond pas, On dirait un mort-vivant. Je ne sais plus quoi faire. Et en plus de tout ça, y a un truc que je trouve étrange. Tout les jours, en début de matinée, il se rend au bord du lac, pourquoi ?
– Je ne sais pas, Amir...
Le jeune homme posa tristement son menton entre ses mains et essaya de trouver une idée pour ramener son ami à la raison. Tandis qu'Aja, elle, se glissa doucement sous les draps. Puis, le regard vague, elle fixa un point imaginaire sur le plafond avant de proposer:
– Parles-lui de vos aventures ensemble, raconte lui comment vous m'avez sauvé des crocs de Bida.
Amir ne répondit rien, il demeura encore assis sur son côté du lit durant quelques minutes avant de décider de s'allonger et de fermer les yeux.
Le lendemain, Aja se réveilla de bonne heure et constata qu'Amir avait déjà quitté la chambre. Un peu déçue, qu'il ne l'ait pas attendue, la déesse enfila hâtivement ses habits avant de traverser les couloirs du palais d'un air morose.
Elle se rendit aux quartiers d'Olokun, celui-ci se trouvait assis sur un siège, près de son balcon. Il devait sûrement penser à Ogun. Décidément tout le monde était déprimée, pensa la déesse en se dirigeant vers une pièce annexe dont l'entrée était dissimulée par une petite bibliothèque.
Il se passa quelques secondes puis la porte s'ouvrit toute seule, dévoilant une pièce sobrement éclairée comparée aux autres pièces. Un feu brulait dans un des coins et dans un autre, bien au chaud, Poséidon lisait un parchemin.
Il eut un sourire juste au moment où Aja pénétra dans la pièce. Le dieu jeta un regard intrigué sur elle avant de lui demander :
– Bonjour, qu'est-ce que je peux faire pour toi, déesse de la nature ?
– Je désirerais m'entretenir avec vous, expliqua Aja en avançant dans la pièce, histoire que vous puissiez m'éclairer sur certains points, au sujet d'un dieu en particulier.
– Lequel ? Interrogea le Seigneur des mers en l'invitant à s'asseoir.
C'est ce qu'elle fit, elle croisa ses jambes et après une petite pause, elle répondit tout simplement :
– Antée.
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