Le Vote

Le lendemain, se réveillant, les cousins sortirent dans la rue. Pensant un instant que leurs yeux leur jouaient des tours, ils plissèrent les paupières par réflexe devant la forte lumière venant de dehors. Mais après quelques secondes, ils réalisèrent que ce n'était pas une forte lumière, mais une couche blanche qui couvrait tout la ville. Il neigeait ! Des flocons tombaient du ciel, de la vapeur sortait de leur nez ! Après un bref instant d'incrédulité, une intense joie les envahit alors, et ils se mirent à crier l'un à l'autre, à de multiples reprises :

« Il neige ! Daniel il neige !

- Il neige !

- Il neige !

- Antoine il neige ! »

Ils se mirent à courir en riant, heureux de sentir la texture de la neige sous leurs semelles et son bruit si particulier résonner à leurs oreilles. Après quelques instants de bonheur innocent, Daniel dit alors :

«Antoine, y a les élections de la mairie ! »

Ils prirent alors une voiture, en continuant de rire et de commenter la situation dans une candeur adorable. Ils observaient la ville durant leur trajet vers la mairie, avides du moindre détail, gravant ce souvenir dans leur mémoire. Arrivés à la mairie, ils garèrent rapidement leur voiture sur une des places disponibles, avant de traverser l'esplanade d'une blancheur immaculée pour se diriger vers le grand bâtiment. Quelques personnes les abordèrent durant le chemin, mais ils leur indiquèrent qu'ils discuteraient ensemble après leur vote. À l'intérieur, impressionnés par le hall, ils firent une pause durant un instant pour admirer la décoration et explorer l'endroit, avant de se diriger vers la machine de vote. Daniel passa en premier, puis arriva le tour de Antoine.

Le jeune homme passa en revue la liste des candidats. Henriette Delacroix était hors de question, elle était bien trop proche des Pichon, et ces derniers avaient fait trop de mal à Lucie. Basile Lombric était sympathique mais il ne le connaissait pas plus que cela. Le iench était atypique. Tout le monde en ville l'aimait bien, mais... C'était tout de même un chien ! Enfin, il ne restait que Donatien, et le Docteur Maison. Les sentiments de Antoine étaient contradictoires, et même s'il avait toujours promit son vote au vigneron, les derniers événements l'avaient fait douter. Il sélectionna alors le Docteur Maison, qui était le premier à leur avoir donné une chance dans cette ville, et continuait de leur parler autant comme un homme à ses amis proches, que comme un grand père à ses petits enfants. Satisfait, Antoine se recula, sans savoir ce qu'il espérait réellement comme résultat de l'élection.

Ils sortirent alors, et le ventre de Antoine se contracta quand il vit le Docteur Cox ainsi que Juan et Hayley entrer afin de voter. Daniel le remarqua et prit son cousin par la main un court instant, juste le temps de le tirer de quelques pas et de l'éloigner d'une situation pouvant le rendre triste. Dehors, deux officiers de police les abordèrent, et ils engagèrent la conversation. Cependant, après quelques mots échangés, le téléphone de Antoine se mit à sonner. Le sortant, il regarda l'écran, qui affichait le nom "Don Telo". Il sentit sa poitrine se figer, et les paroles des policiers se perdirent dans un flou étrange, tandis que seul le nom affiché sur l'appareil comptait pour le jeune homme. La sonnerie continua, et son pouce restait en suspend au dessus de l'écran, n'acceptant ni ne refusant l'appel. Il prit une inspiration, et finit par appuyer sur le symbole rouge, déclinant l'appel, et rangea son téléphone, une boule dans la gorge.

Juste après, le capitaine Bill Boid arriva, mais Daniel s'éloigna en décrochant un appel. Sentant qu'il s'agissait probablement de Donatien, Antoine préféra ne pas suivre son cousin et resta pour discuter, constatant une nouvelle fois âprement que le vigneron n'était pas si honnête qu'il le prétendait quand le capitaine l'informa :

« Si Montazac passe, il met Miguel en capitaine de police.

- Quoi ? Mais pourtant je vous aime bien en capitaine de police msieur. Pourquoi il fait ça ?

- Ben c'est Dona, il s'est entendu comme ça avec les Vagos.»

La discussion s'arrêta rapidement tandis que les collègues de l'officier le rejoignaient, et Antoine décida alors d'aller vers son cousin. Ce dernier termina alors son appel, semblant changer soudainement de ton et d'expression à l'arrivée de son cousin, comme s'il lui cachait quelque chose. Ils marchèrent alors sur l'esplanade, débatant de qui ils allaient rejoindre ensuite pour discuter. Daniel affirma alors qu'il allait envoyer un message à Vanessa, avec qui ils avaient besoin de discuter depuis longtemps mais avaient raté toute occasion. Antoine répondit évasivement à sa déclaration, son regard ayant croisé celui de Donatien, qui se tenait à une trentaine de mètres de là, seul, parfaitement identifiable grâce à ses vêtements rouges et son haut de forme. Ils s'observèrent alors sans bouger, tandis que de nombreuses émotions traversaient en même temps le jeune homme. Finalement, le contact fut brisé et ils regardèrent chacun ailleurs.

Quelques instants plus tard, Cox arriva, et Donatien se dirigea vers lui. Sentant des problèmes arriver, Antoine et Daniel marchèrent vers eux, mais Threepack vint à leur rencontre :

« Eeh salut Antoine, comment tu vas ?

- Ben ça va et toi Hayley ?

- Ça va mais j'ai super froid avec toute cette neige !

- Moi je trouve ça beau !

- Mais t'as pas froid ?

- Ben non. Dis, t'as voté pour qui ?

- Le iench ! Je lui ai dit que je voterais pour lui s'il me donnait 10 000 dollars et il l'a fait !

- T'as eu raison. J'ai failli voter Dona mais finalement non.

- C'est bien alors, tu as pensé à ce qu'on t'a dit, ma petite croute !

- Bah oui bah oui, ça m'a fait réfléchir, et puis j'ai discuté avec d'autres gens et en fait j'ai pas vraiment envie que Don Telo soit maire finalement. Oh, Daniel, regarde c'est Threepack, vous vous êtes jamais vraiment présentés.»

Alors que les deux se saluaient avec plus ou moins d'enthousiasme, Lucie se mit à crier autour d'eux que Hayley avait le même pull qu'elle et tentait d'usurper son identité. Si les deux jeunes femmes portaient effectivement le même pull gris foncé orné du symbole d'un groupe de métal, les cousins trouvèrent cependant sa réaction exagérée, et ne prirent pas vraiment part au débat. Le Docteur Cox, habillé d'un costume blanc, arriva alors vers eux tandis que le débat se finissait. Alors que Daniel chuchotait à Antoine qu'ils ne devraient pas lui parler, ce dernier refusa, restant en place. Le Docteur demanda alors :

«Ça va Antoine, tu as su retrouver ton chemin hier ?

- Oui, et vous, après la prison et tout ça ?

- Oh bah on a discuté, on s'est balladés, c'était sympathique ! Le capitaine est adorable. Et alors, tu as réfléchis à notre discussion depuis hier ?

- Oui. Y a plein de gens qui m'ont dit que j'avais tort mais je les écoute pas vraiment, parce que jusqu'à maintenant y en a pas un seul qui a vraiment réussi à montrer que vous disiez pas la vérité.

- C'est très bien Antoine. Et puis, il y aura forcément des différences de point de vue sur certaines choses entre moi et tes amis, pour autant tu sais, le fond restera le même ! Le plus important c'est que tu réfléchisses toi, car la seule personne que tu dois écouter c'est toi.

- Bah oui bah oui msieur !»

Daniel intervint alors :

« Ben oui mais ce que vous dites ça s'applique à vous aussi !

- Et oui Daniel, tu as exactement raison, vous devez remettre ce que je dis en question aussi, c'est très important ! Vous devez réfléchir par vous même. Réfléchissez, posez vous des questions, et décidez ensuite, parce que c'est vous qui êtes importants là dedans, d'accord ? »

Une officière de police demanda alors à Daniel de la suivre, sans donner davantage d'éléments. Cela marqua la fin de la conversation, et ils se saluèrent. Antoince reçut un message sur son téléphone, et le regarda. Il s'agissait de Donatien, qui disait d'une façon particulièrement froide :

« Ça fait plaisir de voir que vous préférez parler avec Cox que avec moi Antoine. À très vite.»

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top