Filature

Antoine arriva à la position indiquée, et vit la voiture de Cox, avant d'y rentrer. Le docteur demanda :

« Ça a été Antoine ? On t'a pas trop embêté ?

- Ça va msieur. J'ai discuté avec mon cousin, mais il est toujours sûr que Dona est le gentil. Il m'en veut pas d'être avec vous.

- Bon, c'est l'essentiel si ça va bien avec ton cousin. Bref, je vais sortir discrètement, et on va se garer pas loin de l'église. Quand Donatien partira, on prendra sa voiture en filature.

- Vous voulez lui faire quoi msieur ?

- Lé touer ! affirma Juan. C'était pas l'idée professeur ?

- Si, répondit Cox, mais je me dis que lui faire du mal psychologiquement sera sûrement plus efficace.

- Professeur, vous aviez dit qu'on souvrait mes idées !

- Oui, mais je veux le faire souffrir mentalement !

- On peut le faire souffrir mentalement et après lé touer vous savez.

- Pas faux. Enfin, on verra bien.»

Antoine n'osa rien dire. La perspective de voir Donatien mourir ne parvenait pas à le convaincre. Il tentait de se dire que c'était la meilleure chose à faire, cependant l'idée d'être mêlé à la mort d'un homme le terrifiait. La confusion s'installait en lui, tandis qu'il n'arrivait pas à décider jusqu'à où il souhaitait aller dans la violence. Si il donnerait sa vie sans hésiter un instant pour Daniel, il était bien plus réticent à ce que quelqu'un d'autre la perde, y comprit un manipulateur comme De Montazac. Les minutes passèrent lentement, et Donatien quitta enfin l'église. La filature s'engagea alors. Cependant, le peu de talent du docteur en conduite, ainsi que quelques problèmes sur la route l'entraînèrent à perdre le vigneron de vue, faisant rater toute la première partie de leur plan. Juan dit alors :

«Professeur, pourquoi vous né l'appelez pas tout simplement ? Vous loui dites qué vous voulez parler d'hombre à hombre et il viendra, non ?

- Il va prévenir les Vagos, c'est encore un coup à se faire mitrailler. »

Ils se dirigèrent alors vers un garage, afin de réparer la voiture, qui avait subit de nombreux dégâts. Sa carrosserie était rayée, et ses vitres parfois brisées. En ressortant, une voiture sportive leur coupa la route, et Cox fronça les sourcils :

« Mais ça srait pas Pichon là dedans ?

- Ah bah yé né sais pas docteur, yé né vois pas à travers les mours.»

Ils arrêtèrent la voiture et sortirent, tandis que Bernard Pichon, accompagné de Béa et un autre, sortaient également de leur véhicule. En parlant, par coïncidence, ils se rendirent mutuellement compte qu'ils avaient le même objectif : capturer Donatien. Pichon pour avoir des informations sur un certain Gonzales, Cox pour des motifs plus sombres. Alors que Juan et Cox discutaient avec Béa et son ami, Bernard vint voir Antoine et lui demanda de son accent belgo-québécois inimitable :

« Comment se fait-y donc que toi le ptiot t'y sois avec eux présentement ?

- Oh ben écoutez msieur, jme suis rendu compte que Dona c'était un menteur donc je les ai rejoint, et là on va se venger !

- Eh ben dis donc mon coco si c'est-y pas un retournement d'situation inattendu !

- En fait quand vous m'avez envoyé le message pour me prévenir que msieur Cox me cherchait, c'était quand on a discuté, et il m'a dit plein de trucs en fait, et du coup maintenant je suis avec lui, et Daniel est toujours avec Dona et on va le convaincre de venir.

- Ben dont, ça m'semble être un plan rondement ficelé mon ptit Antoine ! J'espère qu'ça va fonctionner, t'es un gentil ptit gars ! Jme suis dit qu'le Montazac était quelqu'un de bien mais si même toi tu m'dis que c'est faux c'est bien qu'jai dû m'tromper en beauté vois-tu.»

Alors qu'isl discutaient, Juan et Cox étaient à nouveau en train de s'échanger des insultes en contredisant le plan de l'autre. Bernard demanda :

« T'arrive t'y dont à les supporter ces deux cono là ? Ils m'ont l'air bien tendus tout d'même présentement.

- Oh oui oui vous savez ! Ils se crient dessus parfois mais en fait ils s'aiment bien !

- C'est tout d'même particulier comme relation dis-moi. Enfin bon quand j'vois la relation entre Gérard et Béa c'est pas si étonnant au fond. Oh dis dont jviens de recevoir un message, ça srait-y donc pas la queue du loup dont on vient d'parler ? »

Il se dirigea vers Cox et lut le message à haute voix :

« J'ai une information comme quoi le Donatien va faire un ptit saut en parachute, paraît-il qu'il est à l'aéroport avec toute une tribu.

- Parfait, en voiture. Juan, appelle ta sœur, dis lui de nous rejoindre à l'aéroport ! Antoine, monte, on y va ! »

Ils repartirent alors ensemble, mais Pichon commença rapidement à distancer Cox, qui en plus d'avoir une voiture trop lente, conduisait de façon particulièrement exécrable et semblait se prendre chaque obstacle possible. Rapidement, la voiture fut en aussi mauvais état que lorsqu'elle était rentrée dans le garage pour être réparée, quelques minutes plus tôt. Ces chocs étaient couplés aux insultes de Cox, qui maudissait Pichon pour sa conduite trop rapide, ainsi que la lenteur de la voiture. De son côté, Juan parlait à sa sœur au téléphone, alternant entre indications et cris de peur à chaque accident causé par le docteur. Antoine, lui, s'amusait particulièrement à voir cette conduite complètement inconsciente, et poussait régulièrement des "Wahouuu" et des "Lezgooooo" dans l'habitacle.

Perdus, ils tombèrent après quelques instants sur l'un des amis des Pichon qui les avait rejoint peu avant la fin de la discussion, dans une voiture de police repeinte, et le suivirent jusqu'à l'aéroport, soulagés d'enfin connaître le trajet. Arrivant finalement sur les pistes d'atterrissage, ils virent au moment même de leur arrivée la voiture de Pichon démarrer, avec Donatien à son bord. Vers la sortie de l'aéroport, Juan sortit soudainement de la voiture, pointant son arme sur le véhicule de police modifié, en n'ayant visiblement pas comprit qu'il s'agissait d'un allié. Alors qu'ils sortaient de l'aéoport et que Juan était rentré dans la voiture après un savon passé par Pichon, le docteur et lui continuèrent de se lancer des piques, dont plusieurs firent rire Antoine malgré le stress provoqué par l'événement :

« Mais docteur, comment vous voulez qué yé sache quoi faire si vous vous la jouez solo ?

- Mais je me la joue pas solo, je suis mystérieux ! »

Arrivés au Unicorn, Pichon questionna Donatien, tandis que Juan prenait de nouvelles insultes de la part de Cox après avoir à nouveau confondu la voiture modifiée avec un véritable véhicule de police. Après quelques minutes, Pichon arriva vers la voiture de Cox et affirma :

« Bon ben Cox voici dont le joli paquet cadeau que j't'offre, il a aucune info pour moi donc le voit-y dont.»

Cox sortit alors une arme, faisant entrer Donatien dans la voiture. Ce dernier fit alors une remarque cynique sur le nombre d'enlèvements dont il avait été victime, mais se tut soudainement lorsque Antoine parla :

« Bonjour msieur Don Telo. Vous savez que vous avez des problèmes là ?

- Antoine, tiens donc. Je...

- Non msieur j'veux pas vous entendre. Vous allez faire tout c'qu'on vous dit et pas... Et pas, et pas, et pas euh... Et pas ne pas faire c'qu'on dit.»

Cox eut un petit rire et affirma :

« Il a encore des progrès à faire, mais on l'a bien formé le ptit Croute, hein Dona ? Il a même l'uniforme de la team.»

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top