Désillusion
Horrifié, Antoine lâcha immédiatement son cousin et déserra le poing avant de se reculer en respirant difficilement. Une culpabilité intense et douloureuse, plus grande encore que celle l'ayant frappé quand Hayley avait failli mourir, se mit à l'envahir. Il bredouilla :
« Désolé... Je suis désolé Daniel, je voulais pas, je...»
Il se retourna vers Cox tandis que Daniel se relevait lentement, et demanda :
« Vous ne voulez pas les laisser partir monsieur ?
- Après tout ce qu'on a fait Antoine ? Tu es sérieux ?
- Oui... On aurait pas dû faire ça. C'est pas correct. J'ai menti à Daniel plusieurs fois alors que je reprochais aux autres de le faire, je viens de le frapper alors que je voulais que personne lui fasse de mal... On fait pas ce qu'on devrait.
- Non. Je tiens Donatien, c'est pas pour le laisser partir, tu m'entends ? Si t'as des scrupules, va attendre dans la voiture, mais ne reste pas dans mes pattes.
- Non. On devient bien pire que lui avec ce qu'on fait là. C'est pas normal.»
Juan renchérit, semblant soulagé de la réaction de Antoine :
« Vous savez Docteur, yé souis ploutôt d'accord avec lé pétit.»
Cox sembla être envahit par la rage, tandis qu'il voyait son plan partir lentement en fumée. Il se recula légèrement et pointa alors Antoine de son arme :
« Tu veux les défendre ? Très bien, défends les, mais il faut assumer les conséquences derrières. Si tu veux perdre ta vie pour protéger un type comme Donatien c'est ton problème.»
Antoine le regarda droit dans les yeux et ne bougea pas, avant de répondre :
« Si vous faites ça, vous vaudrez pas mieux que tous ceux que vous détestez dans la ville.
- Mais Antoine, tu crois que j'en ai quelque chose à faire de si je suis quelqu'un de bien ou pas ? On est pas dans le monde des bisounours ! À cause de Donatien j'ai fini en taule et Hayley a failli mourir, et il va payer pour ça.»
La colère de Cox était communicative, et Antoine le provoqua en retour, d'une voix où perçait une profonde déception :
« Alors vous faites tout ça juste pour vous ? Ça a jamais été une question de justice, ou d'aider les gens ?
- J'ai voulu aider les gens à l'hôpital. Tu sais ce que ça m'a valu ? On m'a viré, humilié et arrêté, avant de balancer des rumeurs immondes sur moi. Alors la justice dans cette ville... La seule justice c'est bien celle qu'on fait soit même. Et je compte bien réussir ce soir.
- Je vous laisserai pas faire msieur. J'avais confiance en vous et vous m'avez utilisé, vous êtes comme les autres. Vous m'avez jamais aimé.
- Bon, Antoine, tu me fatigues. Donc maintenant, soit tu rejoins Juan et tu te la fermes, soit tu restes ici et tu souffres comme ton incroyable ami le vigneron.»
Antoine inspira profondément et répondit :
« Je reste ici.»
Cox soupira avant de lever légèrement son arme et de viser la tête de Antoine. Le jeune homme ferma doucement les yeux, attendant le choc qui allait suivre. Il se demanda si il aurait le temps d'entendre le coup de feu avant de recevoir la balle, ou si tout allait se passer trop vite pour qu'il ait conscience de quoi que ce soit. Cependant, rien n'arriva. Il rouvrit les paupières et vit Donatien de Montazac, bras légèrement écartés, qui s'était placé entre Cox et lui. Après un silence pesant de plusieurs secondes, le vigneron affirma :
« Si vous voulez leur faire du mal il faudra me passer sur le corps, Cox.»
Le psychiatre haussa les sourcils avant de dire, surprit :
« Alors comme ça tu tiens vraiment à eux Dona ? Dis moi, on s'était posé une question. Si je te demande une rançon en échange des cousins, tu payes ?
- Je paye.
- Sans hésiter ?
- Sans hésiter.»
Un petit sourire sadique naquit à nouveau sur le visage du docteur, chassant la colère aussi vite qu'elle était arrivée, et il affirma alors :
« On va s'amuser un peu alors ! Dis moi donc, dans lequel des deux tu aimerais que je colle une balle ? Pas forcément mortelle hein ! Je veux juste t'entendre dire son nom, voir la déception dans ses yeux. Alors Dona ? »
Antoine avança d'un pas et cria, couvrant les protestations de Daniel :
« Dites moi msieur. J'ai pas cru en vous, j'ai pensé que vous m'aimiez pas, c'est à cause de moi que tout ça arrive. Je mérite msieur, dites moi ! »
Donatien secoua la tête :
« Non Antoine, je ne donnerais aucun nom. Je ne vous en veux pas du tout, c'est le docteur Cox qui doit payer, pas vous. Tout ça c'est sa faute, et sa faute seulement.»
Antoine commençait seulement à réaliser l'ampleur de son erreur, à quel point il s'était trompé sur Donatien et Cox, à quel point il avait été manipulé, persuadé que celui qui s'était interposé entre une arme et lui ne l'aimait pas. Cependant, il estimait qu'il était au moins en partie responsable de la situation. Il poussa alors Donatien sur le côté, avant de se jeter sur Cox. Le psychiatre parvint cependant à le saisir par les cheveux, avant de le retourner vers ses amis et de coller le canon contre sa tempe.
« Voilà, c'est ça que ça donne la bravoure inutile Antoine. Donatien, Daniel, j'espère que vous avez retenu.
- Docteur ? »
La voix de Hayley s'éleva alors depuis l'autre bout du jardin. La jeune femme était enfin arrivée, assistant à un spectacle inattendu. Interloquée, elle demanda sans comprendre :
« Doc, pourquoi t'as Antoine en otage ?
- Mêle toi de tes affaires Threepack. Il nous a trahi et il a essayé de jouer au héros, voilà ce que ça donne.
- Mais enfin lâche-le, c'est qu'un gamin ! On devait se venger de Donatien, il a jamais été question de faire du mal aux petits ! Je sais qu'il nous a fait du mal et je sais que t'es genre vraiment vraiment en colère, mais ça vaut pas le coup de faire ça à Antoine !
- Threepack je vais pas être patient très longtemps. Donc soit tu rejoins ton frère et tu te tais, soit tu pars d'ici, mais te met pas dans mon chemin, ok ? »
Hayley marcha prudemment vers Juan, constatant bien que raisonner le docteur ne servirait à rien, mais voyant bien qu'il était pour l'instant impossible d'intervenir physiquement. Cox reprit son petit sourire sadique avant de demander d'un air détaché :
« Bien, on en était où Donatien ? »
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