Déchirement

Daniel arriva quelques secondes plus tard et se figea en voyant Cox, Juan et Antoine. Le docteur l'accueillit jovialement et lui ordonna d'aller se positionner à côté de Donatien. Puis, après les avoir regardé, affirma :

« Toute la petite famille est réunie on dirait. Parfait ! Alors Daniel, content d'être ici ? Ton cousin t'a pas trop manqué ? »

Daniel fronça les sourcils et demanda :

« Qu'est-ce que vous me voulez ? »

Cox s'approcha quelque peu avant de répondre, d'un ton mielleux :

« Je ne veux que ton bien Daniel. Je veux juste que tu ouvres les yeux sur Donatien, et que toi et Antoine puissiez être heureux à nouveau.

- Vous dites n'importe quoi, tout ce qui vous intéresse c'est de faire du mal à msieur Donatien.

- Oh oui, évidemment. Mais autant faire d'une pierre deux coups, tu ne crois pas ? Je suppose que ton cousin t'a dit pour les Pichon ? Pour les Vagos aussi ?

- Je lui ai tout dit, affirma Antoine, même sur Hayley.

- Et pourtant, tu es toujours du côté de Donatien ? demanda Cox à Daniel.»

Le vigneron haussa la voix :

« Écoutez Cox, laissez les Croute en dehors de ça. Réglons cette histoire d'homme à homme.

- Tu sais Donatien, rétorqua le docteur, je crois que tu as pas vraiment saisi que tu étais pas en position de négocier quoi que ce soit ici.»

Daniel s'énerva alors, jetant des regards craintifs vers son cousin :

« Laissez le tranquille, laissez nous partir. Vous avez pas le droit de nous retenir comme ça.»

Antoine lui répondit, la tristesse de voir son cousin aussi embrigadé perçant dans sa voix :

« Daniel, s'il te plaît ! On veux juste t'aider, arrête de le défendre ! »

Daniel se tourna vers son cousin avant de répondre, d'un ton soudainement agressif :

«Bon Antoine j'en ai marre maintenant. J'ai été compréhensif avec toi pendant deux jours mais c'est n'importe quoi là. Tu vois pas que tu te fais utiliser et que Cox te ment ?

- Cox c'est le seul à avoir été gentil avec moi ici. Je sais ce que je fais.

- Mais c'est pas vrai, mais tout le monde est con en ce moment ! Même toi, désolé !

- Mais et toi ? Et toi ? Tu te fais tout embrouiller par un vieux vigneron qui parle bien et après tu le défend, toi aussi t'es con ! »

Cox retint un sourire qui se formait sur ses lèvres, et profita d'un court instant de silence pour glisser à Donatien :

« Tu as vu ce que tu as fais ? À cause de tes mensonges, les cousins sont en train de se parler plus mal que jamais. Tu es fier de toi, ça te rend heureux Donatien ?

- Écoutez Cox, répliqua le vigneron, j'en ai plus qu'assez de vos magouilles. Vous allez nous laisser partir, et laisser Antoine aussi. Et je ne veux plus jamais entendre parler de vous.»

Cox brandit alors son arme en direction du crâne de Montazac, et lui parla d'un ton bien plus froid :

« Écoute moi bien Montazac, si tu essayes encore de me donner des ordres je vais faire un truc affreux, alors t'as bien intérêt à te tenir à carreaux. Comprit ? Si Antoine voulait partir, il pouvait. Mais il ne l'a pas fait, et c'est uniquement par ta faute. Tout ce qui arrive en ce moment, c'est les conséquences de tes actes. Je sais que les riches dans ton genre n'ont pas l'habitude de ça, mais parfois la vie est bien faite ! »

Daniel se plaça entre le canon et Montazac avant de protester :

« Laissez le tranquille ! Je vais pas vous laisser faire ! À cause de vous je suis en train de perdre mon cousin, je vous laisserait pas me prendre Dona.»

Une boule se forma dans la gorge de Antoine, et son cœur se serra. Ainsi Daniel le voyait déjà presque comme perdu ? Il n'avait vraiment aucune intention de changer d'avis ? La peine de Daniel semblait brûler le jeune homme de l'intérieur, et le désespoir se mit à poindre. Antoine supplia son cousin :

« Daniel, laisse tomber Dona ! Tu m'as pas perdu, je suis là, il faut juste que tu réfléchisses et tout ira bien !

- Non Antoine, j'ai réfléchi. Tout ira pas bien si je viens avec Cox. J'ai pas envie de te perdre, mais c'est ce qui va arriver si tu le rejoint, parce que je ne viendrais pas avec toi.»

Les entrailles de Antoine se tordirent devant les propos aussi durs de Daniel. Les deux cousins se regardaient, les larmes aux yeux, sachant pertinemment que si rien n'était fait, cette soirée serait probablement la dernière où ils se verraient. Tout ça à cause des mensonges de Donatien. Sans lui, tout serait parfait, et Daniel et lui seraient à nouveau aussi soudés qu'auparavant. Dans un accès de rage, il demanda à Cox :

« Docteur, donnez moi votre arme.

- Antoine, qu'est ce que tu vas faire ?

- Ce que vous auriez dû faire depuis le début, je vais débarrasser la ville de Donatien, et après tout rentrera dans l'ordre, et on ira tous bien.

- Antoine, j'aime beaucoup cette idée mais je vais pas laisser un gosse se salir les mains comme ça. Surtout pour quelque chose que j'ai autant attendu.

- Je veux le faire.»

Dans un cris de rage, Daniel s'avança et frappa Antoine, en hurlant presque :

« Non ! Laisse le ! Arrête, s'il te plaît ! »

Antoine recula, tandis que le temps semblait suspendu. Chacun observait la scène, conscient de l'énormité de ce qui venait de se passer. Il passa doucement la main sur sa paumette, où le coup l'avait atteint, choqué. Daniel venait de le frapper. Après tout ce qu'il avait fait pour lui, après tout ce qu'il avait enduré, après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble. Il cria alors, rendant son coup à son cousin :

« T'as tout gâché ! Tout ! On devait t'aider mais tu veux absolument défendre Dona, tu gâches absolument tout ! »

La rage et la tristesse occultaient son jugement, tandis qu'il avait du mal à respirer. Sans qu'il ne le remarque, Cox s'était lui mit à sourire, en observant le visage grave de Dona, qui mourrait de toute évidence d'envie de faire quelque chose mais en était incapable, menacé par une arme. Antoine donna un nouveau coup à son cousin, continuant de crier sa haine, et Daniel tomba par terre, levant ses mains devant son visage pour se protéger. Antoine se plaça au dessus de lui et serra le poing, avant de le saisir par le col et de lever le bras. Cependant, alors qu'il amorçait le coup, l'horreur de ce qu'il était en train de faire le frappa.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top