Débat Et Ivresse

Une fois les élections terminées, la foule se dispersa doucement et chacun se mit à rentrer chez lui. Kiddy vint vers les cousins, vite rejoint par Montazac, et ils allèrent vers leur véhicule, en direction du domaine où Donatien avait promit une bouteille à ceux ayant voté pour lui. Quand la voiture démarra, alors qu'elle n'avait encore prit de la vitesse, le vigneron demanda :

« Bon, Antoine, qu'est-ce qu'il t'a dit le Docteur Cox ?»

Coincé dans la voiture qu'il conduisait, sans possibilité de vraiment changer de sujet ni de fuir, Antoine resta silencieux plusieurs secondes, surprit mais également incapable de savoir quoi répondre. Son cœur balançait tant entre ses loyautés qu'il ne savait pas qui avantager dans sa description.

« Vous savez msieur, il m'a surtout posé des questions.

- Nan Antoine, je vois bien qu'il vous a retourné le cerveau. Vous savez c'est un psychiatre, il est très fort pour ça.

- C'est vrai que j'ai réalisé beaucoup de chose ensuite.

- C'est à dire ?

- Ben que souvent on nous dit pas toute la vérité, que souvent on nous utilise...

- C'est à dire ?

- Euh... Ben... Daniel, dis.

- Je dis tout ? demanda son cousin.

- Oui.

- Ben il a peut-être dit que vous vous serviez de nous pour amadouer les citoyens quoi.

- Ça voudrait dire, rétorqua Donatien, que là je n'ai plus besoin de vous, c'est ça ?

- Oui, c'est ça.

- C'est pour ça que je vous emmène au domaine ?

- C'est vrai que dit comme ça, ça tient pas la route.

- Ben voilà.»

La discussion resta alors en suspent, tandis que Antoine ne repondait pas, ne parvenant pas à entièrement croire Donatien. Qu'ils ne servent pas que pour les élections était une chose, mais son image existait également en dehors de ces périodes, et il n'avait pas attendu de faire campagne pour être obsédé par la façon dont on le voyait. Rien ne le rassurait entièrement dans les explications qu'on venait de lui donner, de nouvelles questions avaient même emergées. Cependant, le jeune homme avait peur de les poser. Le ton moralisateur de Donatien résonnait encore à ses oreilles, et cette sensation si désagréable de se sentir incroyablement stupide quand il argumentait contre son patron lui faisait peur. Il savait que même s'il disait une vérité connue de tous, et Donatien un odieu mensonge, le vigneron, contre lui, parviendrait à gagner le débat. Il possédait l'assurance, la rhétorique, le pouvoir des mots, dont manquait Antoine, et malheureusement, il savait que la vérité ne viendrait pas de Montazac, ou du moins pas les faits objectifs.

Ils arrivèrent finalement au domaine, franchissant la grille et garant la voiture dans la cours. Quelques sangliers continuaient de marcher ici et là malgré la neige qui continuait de tomber, et Antoine entraîna alors son cousin à sa suite pour aller voir les vignes sous cette couche blanche. Les deux cousins restèrent alors à regarder le beau paysage, faisant quelques petits commentaires amusés sur les sangliers et leur résistance au froid, ainsi que sur l'état des raisins par ce temps. Donatien et Kiddy, eux, accueillaient les premiers invités arrivant au domaine. La discussion qui avait eu lieu dans la voiture ne serait probablement pas la dernière sur le sujet, et possiblement pas la moins plaisante. Cependant, Antoine préféra tromper son anxiété par l'admiration du panorama, trop inquiet par la perspective de nouveaux débats sur la véritable affection de Donatien pour eux. Une idée lui vint alors :

« Oh Daniel, viens on fais le service pour la fête !

- De quoi ?

- Ben on met nos uniformes et on donne les bouteilles aux gens et tout ! Comme des majordomes, ça va être super !

- Oh oui, trop classe ! »

Ils se précipitèrent alors en direction de la résidence, traversant à toute vitesse la salle à manger pour courir vers les vestiaires, enfilant leur chemise rouge bordeau ainsi que leur pantalon et veston noir. En se complimentant mutuellement sur leurs habits, ils retournèrent vers la cuisine, où Donatien donnait des bouteilles aux quelques personnes déjà présentes. Alors qu'il se tournait vers Antoine, ce dernier n'osa pas lui apprendre qu'il avait voté pour le docteur Maison, et non pour lui. Ils discutèrent alors des quelques changements qui viendraient avec le iench au poste de maire, ainsi que son adjoint Marius Rotarez, avant de boire du champagne. Alors que Daniel commençait à tituber, il saisit son portable en affirmant que Vanessa l'appelait. Antoine termina en un seul coup son verre, qu'il remplit à nouveau avant de le boire cul sec pour la seconde fois. Le monde tanguait, et il déclara, la bouche pâteuse :

« Il faut bien faire la fête à un moment ! »

Puis il sortit, suivant son cousin qui était dehors pour recevoir son appel. Il se ravisa cependant au dernier moment, prenant plusieurs bouteilles avec lui afin de les distribuer, avant de retourner dehors dans une démarche incertaine et la gorge bien chaude. En le retrouvant, il lui donna quelques une des bouteilles qu'il transportait, avant de voir un sanglier paisiblement marcher dans la neige. Il zigzaga alors à son côté et commença à lui parler :

« Coucou sanglier ! Alors moi c'est Antoine, lui c'est Daniel ! Et j'abais besoin de lâcher, alors du coup je lâche ! Je lâche ! Jlache ! Ah oui ! Et tu vois sanglier, tout le monde dit chuis faible d'esprit, et finalement je me demande si je le suis pas vraiment, et je me sens encore plus ridicule sanglier, oui !»

Il trébucha alors dans la neige, s'étalant de tout son long, rapidement imité par Daniel. Durant ce temps, le sanglier avait disparu, mais Antoine se releva lentement, commençant à pleurer, laissant s'écouler la tension qui l'habitait depuis la veille et grandement aidé par l'alcool :

« Et y a tout le monde qui dit que je suis stupide et... Et pis que "Oh mais comment on peux te retourner le cerveau si vite ?", et, et, et bah ils y étaient pas ! Y z'y étaient pas ! Voilà Daniel ! Et... Et...»

Ne parvenant pas à terminer, il tomba dans la neige sur les fesses, trempant son uniforme, les joues mouillées de larme que la boisson avait bien aidées à faire sortir. Daniel affirma alors, le poing serré et dressé devant lui :

« Moi tu me dis et je leur pète les genoux Antoine !

- Moi je voulais juste les autres ils écoutent !

- Moi j'écoute.

- Je sais, c'est pas toi le problème. C'est jamais toi le problème Daniel, oh non. Oh non non non non non non.
Daniel ?

- Oui ?

- On devrait remettre nos... Nos vrézav...vréz... Nos vrais... Za... Bis.

- Ah... Ah oui ?

- Oui, là on va salir les uniformes du domaine !

- Oh ben oui t'as raison.»

Ils se relevèrent alors doucement, croisant quelques personnes à qui ils donnèrent des bouteilles, en marchant laborieusement vers le vestiaire. Daniel fut appelé par Lucie, qui souhaitait savoir où ils se trouvaient, et ils eurent rapidement retrouvé leur style habituel, toujours particulièrement ivres tandis que les invités continuaient d'arriver.

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